La vérité, la vraie, c'est que je ne suis pas certaine de savoir exister par moi-même, tout simplement parce que je n'ai jamais eu à le faire.
Les paroles de Casey me heurtent à nouveau de plein fouet. Je ne veux plus avoir à me battre. Je n’ai plus d’énergie pour cela. Je suis fatiguée. Je veux juste dormir. Faire une pause.
Alors je ferme les yeux… et pour la première fois deux ma vie, je lâche prise.
Je pose mes mains sur ses hanches, sans jamais quitter son regard des yeux, et elle me sourit comme si je possédais toutes les étoiles de la galaxie.
J'en ai marre. J'en ai marre que ma mère invalide ce que je suis. J'en ai marre que certains s'évertuent à me dire que je suis homosexuel et dans le déni, marre que d'autres, au contraire, pensent que je m'invente un rôle mais que je finirai forcément avec une femme.
En dix- sept ans d'existence, on ne s'est jamais quittées plus de quarante- huit heures. Mon père adore raconter que le jour de notre naissance, je suis sortie la première et ai hurlé à plein poumons. Quand, six minutes plus tard, ils ont enfin libéré Amelia de son cocon, je me suis immédiatement calmée. C'est simple, je n'ai jamais supporté être loin d'elle.
À aucun moment on m’a demandé ce que je voulais faire, moi.
La vérité, c’est que je ne peux m’empêcher de rêver à un monde où je pourrais performer sous un immense chapiteau étoilé et émerveiller les plus petits.
Cette fois, tous les yeux seront rivés sur moi.
Ma sœur, c’est toute ma vie. La vérité, c’est que je suis terrifiée de la personne que je suis sans elle...
Je la regarde, cette fille merveilleuse et incroyablement forte, qui a enduré plusieurs années de ces pensées noires. Seule. Elle a dû tellement souffrir...
Ils ne pourront pas m'arrêter. IIs pensent que je suis faible, mais ils ont tort. Je vais leur montrer. le vais leur montrer quel monstre ils ont créé.
Moi, en dépression? Certainement pas. Je n'ai pas le temps d'être dépressive. J'ai beaucoup trop de choses à faire pour cela.