Les vacances d'un serial killer

Il est étendu de tout son long, chaussettes vissées aux pieds et en train de ronfler sur la carpette rongée par les mites lorsque Josette vient le retrouver. Quelque chose dépasse de sa poche. Elle tire ce qu'elle croit être un mouchoir...et se retrouve avec une tente d'Indien dans les mains ! Une tente à trois trous qui ressemble à la robe de Mimi Mathy. Mais vu l'odeur, Josette, fine mouche, détecte immédiatement qu'il s'agit d'une culotte. D'ailleurs, dessus, elle remarque, écrit en grosses lettres tracées au rouge à lèvres:
A ALFONSE, EN SOUVENIR DU DOIGT DE LA JOIE DANS MON CHOU-FLEUR EPANOUI.
TON GILBERT (ALLIAS GIGI).

Le lendemain dimanche, après le petit déjeuner, Alfonse est parti sans la smala pour se dégourdir les jambes Il a enfilé ses belles chaussettes blanches rehaussées d'une ligne bleu et rouge, qu'il a bien remontées jusqu'aux mollets. Il marche dans les dunes. De gros nuages couvrent le ciel. Il s'assoit sur le sable. Il n'y a personne, vu le mauvais temps. Mais lui ne désespère pas. Il enfile son maillot moulant, se lèvre et court vers la mer, tel un jeune dieu grec plein d'entrain. Arrivé là où les premières vagues s'échouent, il recule et retourne vers le sable, visiblement frigorifié.

- Manquerait plus que ça que je raque, tiens, s'insurge la mémé. M'ont obligée à venir en vacances. Moi, je ne voulais pas. Je suis attachée à mon bled. Puis les voyages, ça me donne mal au cœur. J'étais bien tranquille dans ma caravane, là-bas. En plus, j'aime pas les touristes. Et j'aime pas la mer non plus. Ça me tape sur les nerfs. La preuve, fait-elle en montrant ce qui reste de la chasse d'eau.

Les ados se regardent, peu convaincus par les prouesses sportives de leur père qui arbore un abcès de comptoir.

- Tu n'es jamais contente! Qui a tourné en rond pendant une heure pour trouver une place? Tout ça pendant que madame se pavanait à la plage avec son chapeau de paille alors qu'il drache!
- La vendeuse m'a dit qu'il pouvait attirer le soleil.
- C'est ça! Et moi mon caleçon de bain il attire les sirènes peut-être?

La mer est tourmentée. Le gris du ciel s'y noie et arrache un peu de poésie à ceux qui ont le cœur en miettes. Des petits bateaux en papier voguent sur les rêves perdus des enfants qui ont grandi trop vite. Les vagues sont les bras de Dieu, s'il existe. Elles enlacent tout le monde,.......

- ça fait près de vingt ans qu'on est marié. Au début, c'était mon amour. Puis c'est devenu ma femme, et maintenant, c'est ma boniche.

Pensive, Josette regarde un bateau s’éloigner à l’horizon. Elle rêve à nouveau de partir à l’aventure, de traverser les océans avec Di Caprio sur le Titanic. Et tant pis s’il coule. Vaut mieux faire naufrage avec Leonardo que rester le cul sur la plage avec un péquenot.

De toute façon, le vin, c’est que des fruits. D’ailleurs, Jésus aussi en buvait.

Parce que la vraie obscénité nest pas dans le vocabulaire. Elle est dans la violence gratuite. Dans ces trous-du-cul qui nous font gober nimporte quoi pour s'en mettre plein les poches. Dans ce putain de monde où tout part en couilles, où les riches se pavanent sur leur tas de pognon sans même jeter un regard à ceux qui crèvent la dalle. La grossièreté, c'est pas de causer comme un pillier de comptoir, mais c'est avoir un langage châtié et de fouttre la planète en l'air en remplissant des piscines alors que des mômes meurent de soif