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EAN : 9782707314918
Editions de Minuit (23/02/1999)
3/5   1 notes
Résumé :
Un stigmate nous désigne. Alors que nous nous croyions en pleine gloire, quelque chose en nous s’effondre, signe la fin de nos illusions et nous promet avec plusieurs années d’avance une fin horrible. Aucun geste ne peut plus nous sauver.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai eu une lecture très mitigée sur cet ouvrage, difficile de dire si j'ai aimé ou non puisque c'est un texte aux styles différents, à la fois critique de la société, critique de la médecine mais également témoignage poétique et lyrique.
D'abord, j'ai été touchée par l'honnêteté du style d'écriture plein de désillusion, ne laissant aucune place à l'espoir avec un pathos omniprésent. Les comparaisons et images mortuaires ne peuvent que nous faire partager le désespoir de l'auteur : p13 « aucune action ne peut s'y porter, aucun geste ne peut nous sauver ». J'ai trouvé qu'il s'agissait d'une oeuvre difficile à lire par cette conscience même de l'absence d'espoir. Il est question de la perte d'une vie, de la perte d'une identité que l'on perçoit dans ce clivage entre les souvenirs d'une vie dite « normale » et les changements après le diagnostic de la maladie qui font que rien ne sera plus jamais pareil p15 « nous ne sommes plus désormais qu'en exil, livrés à un dédoublement singulier »
Puis, j'ai été très sensible à l'idée que l'auteur défende la liberté sexuelle, autrement dit le sexe pour le plaisir et non pas comme pratique visant la reproduction : p40 « Comme si une santé éternelle, vision païenne et hygiéniste de l'immortalité devait être le but ultime des civilisations respectables ».
Et malgré l'absence d'espoir, j'ai trouvé qu'il y avait néanmoins une quête du beau, une tentative de bonheur dans le présent comme accepter la chance de vivre le moment présent car demain n'existera peut-être pas : p53 « Comme si, au coeur d'une peine si noire, une valeur claire avait paru : la joie tentée d'amertume, de découvrir à nous-mêmes. le Mal ouvre une brèche en nous, par où s'engouffrent mille impressions… » Etre heureux réside alors dans les choses simples : p53 « Il y a des heures où nous n'avons plus de gout que pour quelques occupations modestes… »
D'autre part, j'ai été marqué par le passage poétique page 77 dans lequel on retrouve un côté très lyrique au travers de questions, d'anaphores et d'un vocabulaire axés sur les émotions. Nous pourrions voir dans ce passage un paysage état-d'âme où la description des pièces est en lien avec l'état des malades. J'ai été beaucoup émue.
En revanche, j'ai moins aimé le côté pamphlétaire vis à vis de la médecine p33 qui donne au corps médical une apparence de chercheur visant à alarmer plutôt qu'à rassurer s'emparant des personnes contaminées comme simples sujet d'études. On retrouve dès lors une idée de résilience p34 « nous acceptons de nous soumettre dans l'espoir de parvenir à gérer notre intégrité menacée ». Il y a ainsi une ambivalence entre la recherche d'espoir et cet espoir mis à mal par le manque de confiance envers la médecine. Ainsi, le corps médical n'apparaît pas comme un potentiel sauveur mais plutôt comme une faucheuse annonçant le dernier jour p34 « Il s'agit non de guérir mais de prévoir le moment de notre défaite ». La personne malade se transforme en sujet clinique, perdant toute humanité, toute identité, toute individualité au profit d'une position de patient. Je crois alors que ce n'est pas que j'ai n'ai pas aimé cela mais plutôt que j'ai eu une posture de rejet face à cette subjectivité qui m'a paru difficile à admettre car loin de moi.
J'ai également été choquée par cette mise à l'écart dans la société entre les personnes hétérosexuelles non contaminées et les personnes homosexuels contaminées notamment p34 « Sarcome, tuberculose, telles seront les contrées hostiles balayés d'orages où nous serons exilés ». C'est un changement de lieu, un changement de vocabulaire, un changement de fréquentations, finalement c'est tout le bouleversement d'une vie et j'ai beaucoup de mal à me représenter et m'imaginer cela car ce rejet, cette haine de la différence me semble inconcevable.
J'ai aimé cette critique de la société dans laquelle l'auteur dénonce le manque de connaissance vis à vis des pratiques sexuelles p39, levant le voile sur un cliché qui persiste à dire que seuls les homosexuels sont ceux qui répandent le virus alors qu'il met en avant la « lubricité des indigènes ».
On retrouve dans le texte cette idée du bouc émissaire que j'ai trouvé très intéressante, avec ce virus inconnu on comprend qu'il a été nécessaire de mettre en place des coupables et comme en temps de guerre, de les assigner dans des guettos. Il y a dès lors une inversion de la victime en bourreau p42 « Nous sommes la proie des sarcasmes quand nous sommes au coeur même du désespoir »
Finalement, je dirai que c'est une lecture qui m'a dérangée car elle touche à un sujet qui m'est lointain et dont j'ai du mal à comprendre pourquoi toutes ces personnes souffrantes ont été victimes d'une deuxième vague de souffrance. Comme si la maladie n'était pas suffisante et qu'il fallait en plus les exclure sous un prétexte sans fondement qu'est l'attirance sexuelle.
Je pense que c'est un texte qui m'a mise en colère face à notre incapacité en tant qu'humain à nous aider les uns les autres et à agir ensemble plutôt que les uns contre les autres.
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