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3,63

sur 1842 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Bien plus accessible que ce que j'imaginais, j'ai beaucoup aimé cette lecture.

Usbek quitte pour un temps son harem et son pays afin de découvrir la vie européenne. Dans un échange de lettres avec ses amis, il constate de la différence notoire de comportement et s'étonne chaque jour en philosophant.

Ces Lettres persanes forment un ensemble éclairé sur les différences sociales et religieuses entre deux cultures. Il est clair qu'à travers ces échanges, Montesquieu se permet d'écrire publiquement ce que beaucoup ne font que penser. Écrits libératoires donc, ces observations de la vie mondaine, de la politique, de la religion, enfin des moeurs de l'époque sont clairvoyantes et la diatribe n'est jamais loin des esprits.

Particulièrement sensible au genre épistolaire, je me suis régalé avec cette lecture où la philosophie se cache derrière chaque ligne; une plénitude qui touchera certainement les lecteurs partageant les mêmes affinités littéraires.

Classique, ce roman pourrait surprendre ceux qui s'y attendent le moins : à tester, donc !
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Comme pour vous, sans doute, les « Lettres Persanes » représentent un souvenir scolaire (bon, mauvais ou neutre, ça dépend), éternellement liés aux classiques Garnier à couverture jaune. Rares sont les élèves qui peuvent être emballés par un roman du XVIIIème (à part les « Contes » De Voltaire, et encore pas tous). Alors vous pensez, un roman épistolaire… Moi, j'ai mis des années avant de me replonger dans ce bouquin, pour finalement y trouver un autre intérêt, sinon un certain charme.
Il est vrai que la lecture d'un tel ouvrage peut rebuter. Les auteurs des lettres, comme leurs destinataires, ainsi que leurs contenus, sont à chaque fois différents. Il nous faut du temps pour comprendre qui est qui, et quels sont les liens qui relient les personnages entre eux. Une fois qu'on a compris ça, c'est beaucoup plus facile.
Deux Persans (mais pas le shah, hélas, un shah persan, dans cette histoire aurait été le bienvenu), Usbek et Rica, entreprennent un voyage à Paris. C'est essentiellement un voyage de découverte, aussi nos deux touristes improvisés ne se gênent pas pour commenter, dans leur correspondance, tout ce qu'ils voient, entendent et ressentent de ce grand pays qu'est la France et qui pour eux est encore une énigme : l'étonnement est leur première réaction, suivi par une critique faussement naïve et parfois mordante.
En fait il y a deux histoires, dans ce roman : la première, c'est ce voyage, et cette découverte d'une nouvelle civilisation aux antipodes de celle qu'ils ont quittée : sur le plan politique, économique, social, sociétal, religieux… tout est nouveau, et la surprise est totale. La deuxième histoire concerne Usbek sur un plan plus… privé (je ne suis pas certain que ce qualificatif soit le plus approprié, mais je n'en ai pas d'autres sous la main) : Usbek est parti en laissant derrière lui cinq épouses (quand on aime, on ne compte pas) : Zachi, la première épouse, la préférée (en tous cas au début), Fatmé, une passionnée, Zéphis, une orgueilleuse et une inconstante, Zélis, une provocatrice, et Roxane la plus jeune, mais pas la plus innocente. Au fil du temps les choses se gâtent dans le harem. le grand eunuque est assassiné, les femmes sont livrées à elles-mêmes : Zélis enlève son voile à la Mosquée, Zachi couche avec une de ses esclaves, Roxane est surprise dans les bras d'un jeune homme .. Usbek, à distance, tente de rétablir l'ordre, mais il est trop tard. Roxane s'empoisonne en accusant Usbek de sa mort, et en revendiquant sa liberté.
La première histoire, de par son aspect satirique, reste souriante ; nos voyageurs, étant sans préjugé, d'un esprit vif et impertinent, et faussement ingénu, ont beau jeu de souligner les incohérences et les ridicules de la société française dans tous ses domaines, et même de remettre en question, sans y toucher, aux fondements de la civilisation occidentale.
La seconde histoire, au contraire, passe d'un orientalisme convenu (style « Mille et une nuits") à la tragédie complète, ce qui fait basculer l'ensemble du roman dans un drame auquel l'auteur, par petites touches, nous a préparés.
On a souvent intérêt à relire nos classiques. Et qui sait, si la France du XXIème siècle était visitée par des Martiens en goguette, comment nous jugeraient-ils ?


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L'édition de 1960 de la collection "Classiques Garnier" des lettres persanes est précieux pour la riche et savante introduction de Paul Vernière, assortie de ses notes et des variantes. L'introduction s'attache à la genèse de l'ouvrage, à ses modèles, à son organisation, à ses sources, à ses interprétations, à ses éditions, une somme en 42 pages !
+ chronologie, bibliographie & illustrations
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Texte de jeunesse d'un auteur philosophe dont L'Esprit des lois marqua la consécration, Lettres persanes est un roman épistolaire où nous est donnée à lire la correspondance de deux Persans, exilés politiques partis à la découverte de l'Occident. Satire sociale, philosophie politique, dénonciation des absurdités religieuses, le point de vue des étrangers devient la porte ouverte à une liberté de penser que l'on tente en vain de censurer. En 1721, le succès est immédiat : les échanges entre Rica, Usbek et leurs compatriotes fictifs sont bientôt déclinés sur le mode chinois, juif ou encore iroquois. C'est l'occasion pour la société française de l'époque de prendre du recul sur elle-même, à l'heure où la monarchie absolue révèle ses limites et où commence l'ère des Lumières.

Lettres persanes met en scène une multitude de personnages. Les voyageurs sont Rica, jeune homme gai qui ne manque pas de vivacité, et Usbek, plus âgé, porteur d'une maturité mais aussi d'une gravité qui donne un peu de corps au roman. Si Rica ne laisse rien derrière lui, Usbek abandonne en effet son sérail, ses femmes et ses eunuques pour venir en France : tolérant, ouvert d'esprit et brillant dans ses lettres, il ne laisse pas d'être d'une grande sévérité auprès de ses épouses, qu'il enferme jalousement. Quelques-unes de leurs missives nous sont données à lire, égrenées au fil des pages avec d'autres réponses qui donnent l'illusion d'un véritable échange. Cependant, Fatmé, Zélis, Roxane, Rhédi ou encore Ibben manquent de corps : avant d'être des protagonistes, ils sont les destinataires d'une correspondance qui se fait presque à sens unique et dans un relatif désordre chronologique.

Je m'attendais à être conquise par ce récit que je rêvais de lire depuis plusieurs années : j'ai finalement été divertie et surprise, sans être emportée comme je l'escomptais. Lettres persanes relève davantage de la philosophie que du roman. J'ai été agréablement étonnée de voir la correspondance d'Usbek avec les eunuques et les femmes, qui apportait une dimension personnelle bienvenue. Toutefois, cet aspect reste trop réduit pour avoir une véritable importance, aussi a-t-il engendré une certaine frustration, d'autant plus accentuée par la lettre finale. L'aspect philosophique, s'il est très juste et passionnant, ne m'a rien appris de plus que L'Esprit des lois. La satire sociale m'a beaucoup amusée, mais j'espérais la voir porter sur des classes sociales plus variées. Je n'en ai pas moins particulièrement apprécié la modernité de ce roman, notamment en ce qui concerne la religion, le journalisme ou encore les manies de la vie sociale.

J'en veux presque un peu à mes professeurs de lycée de m'avoir fait lire les lettres les plus piquantes. La partie avec le sérail m'a déçue : Usbek se révèle d'une trop grande contradiction selon ses destinataires. Néanmoins, on peut aussi y voir l'incarnation de l'homme qui, voulant connaître le monde, ne se connaît pas lui-même, et doit encore parcourir un long chemin quand il croit avoir tout vu.

Pauline Deysson - La Bibliothèque
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
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Mon classique préféré
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Ce grand classique de la littérature épistolaire contient plusieurs centres d'intérêt : bien entendu le premier et le plus évident tient à la critique sociale menée par Montesquieu sous le couvert de la fiction et à l'aide la technique du « regard éloigné » . Mais il y a aussi une réflexion de moraliste sur la nature humaine et aussi un dramatique conflit homme -femme qui fait la part belle au magnifique personnage de Roxane . Sans oublier la magnificence du style.
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Toute critique serait vaine devant le talent , l'intelligence et l'humour décalé
de Montesquieu. Un texte qui ne vieillit pas .Un texte à lire,à relire et à relire encore
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Magnifique et fascinant ! Quelle leçon d'humanisme ! Totalement transposable à notre époque. Troublant de vérité. Un classique.
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Que dire d'un chef d'oeuvre de la littérature classique du dix-huitième siècle qui n'est pas déjà été dit ? chef d'oeuvre d'écriture, un style inimitable : à lire absolument quelque soit l'époque et encore plus actuellement !
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Oeuvre de réflexion, l'échange épistolaire n'est qu'un prétexte pour Montesquieu pour distiller ses commentaires sur son époque. Les Français n'ont pas le beau rôle; ils surprennent par leur fantaisie, leur superficialité appliquées indifféremment aux moeurs, à la mode et à la politique.
C'est furieusement moderne.
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