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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Alan Moore a cette capacité de lézarder la raison, la faire vaciller telle la lumière d'une bougie lorsque la mèche d'une chandelle expire. Ses mots se jouent des Sens, déSorientent, enSorcellent.
L'Hypothèse du lézard aurait été un remarquable 9ème Sujet du documentaire « de folie douce » d'ARTE Créative : Dans la tête d'Alan Moore… car c'est à se demander si ce qui s'y passe n'est pas comme l'énigmatique hypothèse du lézard… mais comme on ne peut l'ouvrir on ne peut Savoir s'il y a réellement un lézard à l'intérieur, ou pas…

Cette novella graphique est une deScente en Spirale de la lumière vers les ténèbres, un jeu Subtil de miroirs et de réflexionS, de reflets en opposition de Lui et d'Elle avec Ses S majuScules. Une mise en Scène théâtrale dans une maison close où paSSent les heures au gré des ombres et des lueurs des chandelles, où tout est illusion et trouble de la perception.
La Scène en obsidienne de la Sphérique Maison sans Horloges est le théâtre d'un drame malaisant joué par une « ménagerie d'êtres exotiques », de « raretés animées » qui excellent dans l'apprentissage et la pratique de plaiSirs coupables des plus pervers. L'atmoSphère est onirique, à la fois Sublimée et opreSSante, chargée de Sperme et de Sueur, de Secrets et du Silence du Masque brisé, Spectateur privilégié des activités enSorcellées de l'immense Sphère et de leurs répercuSSions. Mais l'immobilité n'est pas paSSivité, une mue et la métamorphoSe s'opère…
L'hypothèse du lézard est une énigme déStabilisante.

L'intrigue sortie de la tête d'Alan Moore dans les années 80 s'est intégrée dans une anthologie regroupant d'autres textes situés dans un univers de fantasy développé autour de la majestueuse cité portuaire de Liavek, une cité de la chance aux saveurs orientales, et partagé par d'autres auteurs de renom comme Gene Wolf et Megan Lindholm. Sa situation dans un huis-clos permet toutefois à cette novella d'être appréciée, et de prendre judicieusement place, seule, dans une première édition d'ActuSF en 2005 et une deuxième en version graphique en 2020 sous la direction de Jean-Laurent del Socorro. Cette dernière, illustrée d'encre couleur d'obsidienne et par de savants contrastes d'ombres et de lumières par Cindy Canévet, retranscrit brillamment cette atmosphère dérangeante empreinte d'onirisme. le rendu fait de cet ouvrage un livre-objet esthétique et d'une grande qualité éditoriale, qui ne serait pourtant pas grand-chose sans le remarquable travail de traduction de Patrick Marcel. Mes respects, il faut oser aller vérifier si un lézard dort à l'intérieur de la boule, ou pas. On ne sort jamais indemne de la tête d'Alan Moore.

Mes remerciements à ActuSF pour cette dernière MC Mauvaise Genre. SaiSiSSant.
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J'adore les romans graphiques. Je suis une grande fan de la bibliothèque dessinée des éditions des Moutons électriques, et je craque dès que je vois un projet graphique qui sort de l'ordinaire. Je ne pouvais donc pas manquer les débuts de la collection Graphic des éditions ActuSF ! Ce sont des livres que je préfère, pour ma part, avoir au format papier, car la mise en page et les couleurs rendent beaucoup mieux. L'objet-livre est très beau, avec en plus de la superbe mise en page, une couverture en dur et un marque-page en tissu.

Si j'ai craqué pour ce premier titre, c'est avant tout pour le talent incroyable de l'illustratrice, connue apparemment pour sa couverture de l'ouvrage Je suis Providence, mais que j'ai pour ma part adorée sur des projets comme Délius – Une chanson d'été ou encore Rocaille ! Un univers entre beauté délicate et poésie sombre qui colle particulièrement bien à cette histoire fascinante, hors du temps.

La plupart des illustrations sont en noir et blanc, pleine page, double page ou éléments occupant une partie de page. le texte est parfois séparé, parfois inclus dans le dessin. J'ai bien aimé l'équilibre entre les deux, le tout est très fluide à la lecture, les émotions et les sous-entendus de l'écrit transparaissent subtilement dans les illustrations de Cindy Canévet. Il y a aussi quelques illustrations couleur pleine page qui ajoutent un éclat à certaines scènes plutôt sombres.

J'avais pu découvrir la plume d'Alan Moore avec le recueil de nouvelles La Voix du Feu, mais j'étais assez partagée : certaines nouvelles m'avaient parues géniales et d'autres incompréhensibles. C'est de ce côté que j'avais un peu peur, mais j'ai été tout de suite happée par ce récit hors du commun, et je l'ai dévoré en deux jours (je l'aurais d'ailleurs fini en une fois si je n'avais pas du partir travailler xD).

Le lieu de l'intrigue est une maison close assez particulière : les prostitué(e)s y proposent des services hors normes, qui promettent des expériences d'exception. Som-Som est vendue à l'âge de 5 ans par sa mère dans cette Maison sans Horloges et y demeurera dans l'innocence jusqu'à l'âge de 9 ans. Elle découvrira à ce moment la spécialité qui lui est réservée au sein de la maison et quels sacrifices cela exigera de sa part. J'ai vraiment été captivée par cet univers sombre, à la fois d'une beauté extérieure magique et d'une noirceur intérieure effrayante.

Même si on s'intéresse d'abord au personnage de Som-Som, c'est surtout l'histoire de Raura Chin qui va ensuite nous fasciner. Personnage androgyne envoutant, à la fois homme et femme et aucun, séduisant les uns et les autres par un magnétisme ensorcelant que personne ne comprend. Som-Som est sa confidente et assiste indirectement à toute son histoire. Raura Chin entretient une relation avec le très beau Foral Yatt également employé à la Maison sans Horloges, mais va un jour décider de tout quitter pour poursuivre sa carrière d'actrice. Cinq ans plus tard, elle décide de revenir… et offre une étrange boule en métal à son ancien amant.

J'ai adoré l'évolution de ce récit, la tension et le malaise montent petit à petit, menant vers une fin inéluctable. Qui est réellement la victime et qui est le bourreau ? le lézard mord sa propre queue, mais celle-ci repousse…

Un roman graphique coup de coeur : un univers sombre et fascinant, des personnages ensorcelants, un récit dans lequel la tension monte petit à petit jusqu'à ce que le lézard morde sa propre queue. Une histoire magnifiquement illustrée par Cindy Canévet. Une très belle réussite pour la nouvelle collection Graphic d'ActuSF !
Lien : https://livraisonslitteraire..
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Ce livre, j'ai craqué dessus au moment de sa sortie, et comment ne pas craquer sur cette beauté des éditions ActuSF? Je profite donc du Pumpkin Autumn Challenge pour le menu Automne des Mystères, catégorie Cabinet de curiosité : art, sciences, musée, singularité sont les mots clefs. Et ce petit livre colle parfaitement aux termes.

La centaine de pages de ce livre évoque le parcours de Som-Som, une enfant vendue par sa mère à la maison sans Horloges de Liavek. Elle sera soumise au Silence et portera le Masque brisé pour devenir l'amante des Magiciens. Isolée, elle sera le témoin d'une histoire d'amour violente et cruelle.

Ce court texte marque par son étrangeté et par sa poésie. La langue est belle, chantante, un brin nostalgique aussi. Cela crée un accord parfait avec les graphismes qui accompagnent l'ensemble du récit : les dessins sont sublimes, tantôt sur une double page, tantôt sur une seule ou sur une moitié. Deux parcours de lecture coexistent : l'histoire racontée par les mots et le drame chanté par les coups de crayon. Les deux viennent embraser notre coeur et notre esprit de lecteur et leur alliance nous emporte aux confins d'un univers cruel, où se joue une réelle tragédie, à laquelle nous assistons, impuissants. En cela, nous devenons les doubles de Som-Som, ce qui ajoute une strate de littérarité au texte. Elle est, elle, piégée dans son monde de silence, nous sommes, nous, piégés dans notre monde de lecteur silencieux, témoins sans aucun pouvoir d'un jeu pervers et violent.

Ce récit est à la fois beau et dérangeant. C'est un constat déroutant qui laisse en bouche toute la complexité de l'oeuvre. L'univers imaginé par Alan Moore met mal à l'aise, ce huis clos dans un univers plein de non dits, de désirs frustrés, de manipulation et de violence larvée laisse une sensation étrange. Som-Som est abandonnée par sa mère, mais le destin qu'on lui impose est aussi tragique que celui des amants qu'elle observe. J'ai été profondément émue, choquée et accablée par le destin de cette femme, qu'elle accepte pourtant sans rien dire, comme une évidence, comme si elle n'avait pas le choix. Il y a quelque chose de déchirant dans son destin, dans la sérénité avec laquelle elle l'accepte et dans la façon dont elle est le témoin lucide mais silencieux des événements.

De la même façon, une véritable tragédie se noue avec le couple d'amants de la Maison sans Horloges. le lieu semble sordide, osons le mot, et les amours accueillies ne sont guère plus positives. Lorsque deux artistes des lieux se laissent porter par l'amour, l'issue ne peut pas être positive. Les jeux de pouvoir, la culpabilité, l'ascendant de l'un ou de l'autre, la façon dont l'un s'étiole puis l'autre, tout ceci nous arrache incompréhension et compassion. Nous aimerions en tant que lecteur, en tant qu'individu secouer le malheureux, l'enjoindre à se réveiller, nous voyons poindre l'issue, et comme dans toute tragédie qui se respecte, nous ne pouvons pas éviter la catastrophe. La machine infernale est mise en marche dès la naissance de cet amour et tout concourt à nous porter jusqu'au dernier acte, bouleversant, cruel, violent et aussi désespérant.

Sur un laps de temps très courts, 120 pages, nous avons donc une démultiplication des tragédies : tragédie de l'être, faillite de l'individu, faillite du couple, revanche, joie honteuse et désespoir non feint. C'est le sordide de l'humanité qui ressort, une poésie de l'horreur du couple, le désastre d'une humanité qui se noie dans le silence ou la joie honteuse. C'est une lecture, belle, émouvante et hors norme. Un ovni littéraire et graphique qui ne laisse pas indifférent.

Ainsi, je suis enchantée de ma lecture. Je ne saurais pas vraiment classer l'Hypothèse du lézard dans une catégorie tant le verbe prend ici des chemins variés pour s'immiscer au plus profond de notre coeur de lecteur et pour nous troubler. Ce roman ne vous laissera pas indifférent, c'est certain ! Reste à savoir si vous êtes prêts à plonger tête la première dans cette nasse.
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Le commentaire de Martine : ♥ Coup de coeur ♥
La nouvelle nous offre une ambiance désillusionnée, suffocante, brumeuse, c'est un ouvrage poétique. Les illustrations soutiennent à merveille l'histoire de cette jeune femme réduite au silence pour devenir une esclave sexuelle pour les mages, mais l'histoire va mettre en avant-plan un autre mystérieux personnage ambigu.
Cette histoire est celle que nous raconte l'auteur, met en scène les relations toxiques entre les personnages, l'amour possessif, la victime qui devient le bourreau, les manipulations, le désespoir, la tristesse, les comportements malsains.
J'adore les univers dérangeants, sur une trame de romance avec des lignes glauques et tragiques. Alan Moore y arrive très et avec excellence, à mettre en scène la toxicité de la démesure, c'est avec une précision chirurgicale de ces mots et de sa plume qui relève avec violence, cruauté, ce qui se prête très bien au genre fantaisiste de ce récit.
Un coup de coeur phénoménal avec une ravissante couverture.
Lien : https://lesmilleetunlivreslm..
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L'action de cette novella prend place dans la ville fictive de Liavek, un univers partagé par plusieurs auteurs de SFF (notamment Robin Hobb). Si comme moi vous découvrez Liavek à travers cet ouvrage, vous en saurez peu du monde extérieur, car l'oeuvre est un huis-clos dans la Maison sans Horloges, une maison close bien particulière. Comme son nom l'indique, le temps ne s'écoule plus dans cet endroit où les clients payent pour des prestations particulières (contorsionniste, apparence animale, mimétisme d'un cadavre…). C'est dans cette « maison » que va atterrir la petite Som-Som, vendue par sa mère contre quelques pièces, quand celle-ci a compris la beauté naissante de sa fille.

Som-Som sera mutilée pour satisfaire le désir des puissants. Destinée à devenir la maîtresse des magiciens, elle doit succomber aux silences pour ne jamais dévoiler les secrets et les faiblesses que certains laissent échapper dans leurs étreintes ou dans les confidences de l'oreiller. Ainsi, une opération sur son cerveau le modifiera à tout jamais. Désormais incapable de discerner la profondeur, sa mémoire est autant impactée que sa vue. Des souvenirs confus lui reviennent parfois, des phrases saugrenues qu'elle laisse échapper. Mais plus jamais elle ne sera capable de réagir et agir à ce qui passe devant elle, faisant de Som-Som la témoin impuissante des drames au sein de la Maison sans Horloges. le décalage entre certaines de ses interventions avec le réel de la situation crée un malaise tragique, un commentaire d'une noire ironie, une sombre prémonition. Outre son esprit, on lui vole également son visage. La moitié, pour être exacte. On lui moule un masque sur le côté droit qu'elle portera à jamais. Une figure divisée, une existence fracturée.

Suite au premier chapitre, Som-Som va s'effacer pour se fondre à travers le lecteur. Comme elle, nous allons devenir les spectateurs d'une tragédie sous nos yeux. Il s'agit de la relation cruelle et destructrice entre deux comédiens de la Maison sans Horloges : Raura Chin et Foral Yatt. Raura Chin étant à la fois genré au masculin et au féminin dans le texte, je désignerai donc ce personnage par le pronom « iel ». Iel est un.e comédien.ne de talent, qui un jour va vouloir quitter la maison close pour tenter sa chance dans son monde, quitte à briser le coeur de Foral Yatt. Cinq plus tard, iel revient enfin. Ensemble, les deux amants seront-ils capables de reprendre leur idylle comme autrefois ?

La plume puissante et belle d'Alan Moore nous plonge dans les coulisses de cette maison close aussi fascinante que dérangeante. Lentement, on sent la pression monter au fur et à mesure que la relation entre Raura Chin et Foral Yatt gagne en passion tout comme elle s'envenime. Il y a quelque chose de malsain, des scènes qui pourraient mettre mal à l'aise certains lecteurs (notamment des allusions à violences sexuelles). L'intrigue est cruelle, on sent monter la tragédie et pourtant on ne peut s'en détourner. Et comme Som-Som, nous demeurons témoins muets, impuissants, comprenant trop tard le dénouement de choses.

Comme toutes les nouvelles, celle-ci s'achève sur une chute marquante. le tout est sublimé par de somptueuses illustrations qui font de cette édition la meilleure version possible du texte. le travail de Cindy Canévet est remarquable, avec un jeu des noirs et des blancs colorant le texte pour lui donner encore plus de drame et de profondeur. L'expression des personnages, ou la non-expression dans le cas de Som-Som au double visage, referment toutes les émotions brutes que les mots suggèrent. Quant à ce titre énigmatique, il repose sur une métaphore revenant tout le long du texte, que je vous laisse découvrir par vous-même. Un message profond sur ce que le coeur humain referme en chacun de nous, son incertitude et ses doutes, qui vous laissera songeur même après avoir tourné la dernière page.
Lien : https://moonlightsymphonyblo..
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L'action de la novella se situe à Liavek, ville de fiction que se sont appropriés un certain nombre d'auteurices (citons Nancy Kress et Megan Lindholm par exemple), et se déroule plus précisément entre les murs feutrés de la Maison sans Horloges, une maison de plaisirs un peu spéciale.

Dès les premières pages, la petite Som-Som y est vendue par sa mère, et est rapidement condamnée à un destin sans doute pire encore que celui des autres résidents (je vous laisse en découvrir les détails exacts à la lecture). Som-Som, n'ayant pas l'âme d'une rebelle, s'y soumet sans broncher, et passe son temps libre à observer les autres résidents, avec lesquels elle ne peut véritablement interagir.

Attention, la suite révèle quelques éléments de l'intrigue. Il m'était impossible d'écrire un tant soi peu ce que je pense de ce livre sans en révéler un minimum.

C'est ainsi qu'elle va assister, impuissante à en pleurer, à l'histoire d'amour tragique entre Raura Chin et Foral Yat. À leurs égoïsmes, aux haines violentes et extrêmes qui germent sur le terreau de l'injustice, quand l'abandon amoureux est impardonnable. Aux désirs de reconnaissance qui éloignent de l'être aimé, quand l'un est admiré, mis sur un piédestal et peut vivre sa meilleure vie ailleurs, au prix de laisser l'autre brisé, sans espoir d'un futur qui ne soit pas "le pire". Mais où dominant et dominé peuvent, au gré de la culpabilité éprouvée, s'intervertir. Vous avez dit relation toxique ?
(...)
Lien : http://lesnotesdanouchka.com..
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