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Ice Cream Man tome 4 sur 7

Martin Morazzo (Illustrateur)
EAN : 9781534313767
128 pages
Image Comics (24/12/2019)
5/5   1 notes
Résumé :
The critically acclaimed horror anthology drives back into town, offering four new stories that zoom in on folks who are just barely scraping by--and willing to do anything to change that.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait à suite à Ice Cream Man Volume 3: Hopscotch Melange (épisodes 9 à 12) qu'il vaut mieux avoir lu avant. Il contient les épisodes 13 à 16, initialement parus en 2019, écrits par W. Maxwell Prince, dessinés et encrés par Martín Morazzo, avec une mise en couleurs réalisée par Chris O'Halloran. Il comprend également les 4 couvertures originales de Morazzo, ainsi que les couvertures variantes réalisées par Wes Craig, Paul Rentler, Patrick Horwarth, Andrew Rae.

Épisode 13 - Dans une banlieue résidentielle, la camionnette de Ice Cream Man est garée devant un pavillon. À l'intérieur, Paul regarde une photographie dans un cadre : Michael et lui en amoureux à Paris. Michael est décédé il y a trois semaines d'un cancer au pancréas, diagnostiqué trop tard. Ses amis lui disent qu'il doit aller de l'avant, mais Paul ne peut pas envisager la vie sans Michael. Il sort tranquillement de son pavillon, et note qu'il y a une plaque d'égout soulevée, laissant entrevoir les premiers barreaux pour descendre, juste à côté de la camionnette du marchant de glace. Sous l'impulsion de la curiosité, il décide de descendre. Épisode 14 - Earl et sa femme Rita vivent dans un spacieux pavillon de banlieue. Ils ont décidé de faire construire une maison d'amis juste en face de chez eux pour recevoir plus souvent. Earl est en train de faire ses mots croisés, pendant que Rita est à la fenêtre. Elle observe les trois ouvriers et elle est persuadée qu'ils fument de l'herbe. En plus l'un d'entre eux travaille torse nu. Elle ne comprend pas que son époux ne leur dise rien. de son côté, Earl est sorti pour aller acheter un magazine de mots croisés. Chemin faisant il pense à des définitions, au fait que chaque définition est comme une énigme, à ce que ça enrichit son vocabulaire. Ce n'est pas le vendeur habituel à la caisse, et celui-ci a un drôle de sourire.

Épisode 15 - Lilian est internée dans une maison pour individus souffrant d'une maladie mentale. Elle est actuellement dans un fauteuil roulant, comme sa mère avant elle. Elle souffre d'une fissure dans la perception rationnelle, son esprit ayant tendance à focaliser son énergie mentale sur des objets et des idées, souvent des fleurs, et un manteau. En réponse à la doctoresse Sweet, elle indique qu'elle s'inquiète pour savoir qui va donner le bain à sa mère, et du fait qu'elle a pris un manteau de quelqu'un d'autre. Peu de temps auparavant, elle dînait au restaurant avec Mitch qui l'avait invitée. Elle lui avait indiqué clairement ce qu'elle pensait de la banalité de sa conversation et avait récupéré son manteau à l'accueil mais avait dû en accepter un qui n'était pas le sien, tendu par un employé à l'étrange sourire. Épisode 16 - Mitch s'occupe seul de Jennifer sa fille adolescente, son épouse étant décédée. Un jour qu'il fait le ménage dans sa chambre, il remarque son journal intime et le lit. Sa fille y parle d'une professeure qu'elle n'aime pas, d'une invitation à une soirée, et de son envie que Derek soit son premier. Elle a bien noté de passer au magasin pour acheter le nécessaire. Quand sa fille rentre, il ne dit rien de sa découverte, ni de ses plans pour la soirée, mais lui demande si elle a besoin qu'il lui parle des fleurs et des abeilles. le soir, il se rend à son groupe de paroles, des pères monoparentaux. Quand vient son tour, il évoque ce qu'il a trouvé dans le journal de sa fille, pour recueillir des avis.

Accro depuis le premier tome, le lecteur replonge avec impatience dans cette anthologie à la forme sortant de l'ordinaire. Il s'agit bien d'histoires en 1 épisode, indépendantes les unes des autres, avec une fin en bonne et due forme à chaque fois. D'un autre côté, il s'agit aussi d'une série réalisée par la même équipe créatrice depuis le premier épisode, scénariste & dessinateur, avec une sorte de personnage récurrent, ou tout du moins dont une incarnation apparaît à chaque fois, à savoir ce marchand de glace, parfois appelé Rick. Dans ces 4 épisodes, sa présence se fait sentir soit directement (le buraliste, l'employé au vestiaire, un témoin dans une émission de télévision), soit indirectement (la simple présence de sa camionnette). le lecteur peut y voir la manifestation de l'émotion négative qui va habiter le personnage principal de l'épisode, ou la volonté de l'auteur de donner un point de repère au lecteur pour bien établir qu'il s'agit d'une série. À chaque fois, il est facilement repérable grâce à son uniforme, à ses yeux verts, à son menton un peu pointu, ou à son sourire, soit l'un de ces éléments, soit tous réunis.

Comme à son habitude, Martín Morazzo participe à rendre la réalité étrange. D'un côté, ses traits de contour fins donnent la sensation de cases descriptives précises, collant à la réalité. Ainsi le lecteur peut regarder la rue avec les pavillons respectant l'urbanisme de ce type de zone, l'aménagement intérieur du pavillon de Paul, la cuisine et la chambre à coucher de Rita et Earl, la maison de repos de Lilian, le cabinet de sa psychologue, une salle de restaurant, la chambre de Jennifer, la cuisine de Mitch, etc. À chaque fois, le lecteur peut avoir l'impression que ces dessins ont été réalisés avec un logiciel de modélisation 3D, augmentant la sensation descriptive, la précision technique. du coup, lorsqu'un élément surnaturel apparaît dans le récit, étant représenté de la même manière, le lecteur l'associe également à du concret, dessiné à partir du réel, que ce soient des masques étranges, un lieu qui ne peut pas exister ou des actions monstrueuses. La déstabilisation du lecteur s'effectue également par les cadrages de certaines cases, avec un angle de vue penché, donnant la sensation que son esprit est en train de basculer, que le mode de pensée des personnages commence à être déséquilibré. L'artiste accentue cette sensation avec les expressions des visages des personnages : un peu trop prononcées, des plans un peu trop rapprochés. Il brise les règles de la proxémie en imposant au lecteur d'être dans la sphère personnelle du personnage, et même dans sa sphère intime. Il pause l'image sur un visage habité par une émotion intense, alors que le lecteur ne la ressent pas, provoquant en lui une sensation de malaise, du fait du décalage d'affect.

Alors qu'il s'agit de 4 histoires indépendantes, les auteurs les ont conçues de manière à ce qu'elles soient liées : thématiquement par la dérive vers un comportement anormal, mais aussi dans la forme. La première constitue en un exercice de style virtuose : elle est racontée comme un palindrome. Ce n'est pas juste une symétrie où la dernière case répond à la première l'avant dernière, à la seconde, etc. La dernière page est identique à la première, l'avant dernière à la seconde, etc. Les phylactères et les cellules de texte sont les mêmes sur chaque page identique. L'histoire peut effectivement se lire dans les 2 sens, de la première page à la dernière, ou de la dernière à la première, racontant la même chose, transcrivant la sensation de situation immuable dans laquelle le personnage se sent prisonnier. le deuxième épisode est raconté en reprenant des éléments de mots croisés : cases blanches vides, cases noires, définitions. La troisième file la métaphore des fleurs reflétant la manière de penser de Lilian. La quatrième place un journal intime au centre de l'intrigue. À chaque fois, cet élément narratif est coeur du récit et de la narration visuelle, attestant du degré de coordination du scénariste et de l'artiste, pour réaliser une oeuvre conçue à partir des spécificités de la bande dessinée.

Bien sûr, le premier épisode attire fortement l'attention du lecteur sur sa structure en palindrome au point de devenir l'intérêt premier du récit. Effectivement en ayant terminé la lecture de gauche à droite, le lecteur ne peut pas s'empêcher de faire l'exercice de la recommencer de droite à gauche et de bas en haut, pour être sûr. Si son niveau d'anglais lui permet, il note que W. Maxwell Prince a inséré de nombreux palindromes en texte dans les phylactères. Il reste épaté par le fait que le dessinateur ait réussi à faire en sorte que la narration visuelle fonctionne dans les deux sens, et il ressent bien l'effet sur le personnage : quel que soit le sens dans lequel il envisage sa situation, il revient au point de départ, sans échappatoire. Dans le deuxième épisode, Martín Morazzo transcrit avec nuance l'impression de la vie tranquille d'une banlieue dortoir, et l'effet catastrophique du doute qui ronge l'assurance, qui transforme la normalité en un milieu où chaque élément est un danger agressif qui cache son jeu. Maxwell Prince joue sur le décalage qui va en grandissant entre le comportement normal d'Earl, et le glissement progressif de Rita. Dans le troisième épisode, il suffit d'un manteau qui n'est pas le sien pour que le besoin de cohérence et de transparence de la jeune femme vole en éclat avec des conséquences catastrophiques. le dernier épisode est une merveille d'horreur avec 2 retournements de situation successifs, d'une noirceur terrible, à nouveau rehaussé par la narration visuelle pragmatique, comme si tout était normal.

W. Maxwell Prince & Martín Morazzo continuent de mettre en scène la perte d'équilibre progressive d'individus très normaux, suite à un événement ayant échappé à leur contrôle, soit un bouleversement comme un décès, soit un regard juste un peu différent sur une personne, des choses très banales. le lecteur se confronte à ses propres angoisses dans des récits malins, intelligents et terriblement humains.
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