Dans un univers médiéval, le vieux roi impotent depuis longtemps finit par mourir. Sa fille ainée, Tilda, doit normalement monter sur le trône. Déterminée à soulager les souffrances de son peuple accablé par la famine et les guerres entre seigneurs féodaux, elle fait revenir auprès d'elle deux membres de la cour qui en furent jadis chassés, Tankred et Bertil, loyaux au souvenir de son père et soutiens des idées plutôt modernes de la princesse. Mais à la veille d'accéder au trône, Tilda est renversée par son jeune frère, marionnette bien commode de sa mère et de son ministre. La princesse est condamnée à l'exil… Grâce à l'aide de ses deux loyaux sujets, Tilda parvient à s'enfuir et ils atterrissent tous les trois dans une communauté de femmes, qui a érigé un village en pleine forêt, loin des hommes et de leurs guerres fratricides. Une mystérieuse soeur, qui se consacre à l'étude des textes anciens, les mettra sur la piste d'un livre ancien, si vieux qu'il en est devenu légende : L'âge d'or, qui relaterait dans ses pages le souvenir d'une époque où tous étaient égaux, où il n'y avait ni seigneurs ni serfs. Une idée révolutionnaire et dangereuse dans un système féodal bien pyramidal.
Cette bande dessinée me faisait de l'oeil depuis sa sortie. Derrière l'épopée médiévale se cache une fable sociale, un récit romanesque entre utopie politique et aventure fantastique, inspiré par différents éléments et événements de notre Histoire. Il y a en Tilda un peu de Jeanne d'Arc, tout comme le soulèvement du peuple rappelle les jacqueries qui secouèrent l'Europe à partir du XIVe siècle. le peuple a désormais d'autres aspirations que la servitude, et le rêve d'égalité les anime suffisamment pour oser se rebeller contre l'ordre établi. Les seigneurs ne l'entendent pas ainsi, et même la moderne Tilda, qui cherche avant tout un moyen de récupérer son royaume, semble considérer cette idée avec méfiance. J'ai été particulièrement séduite par le discours de ce récit, où l'on retrouve aussi les classiques scènes attendues où l'on combat à l'épée pour sauver sa vie, où l'on se fait renverser par ses proches dans des jeux de pouvoir complexes. le graphisme est original, et ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais
Cyril Pedrosa a pris le parti de s'inspirer des enluminures de l'époque médiévale, et a repris à son compte l'absence de perspective -perspective qui n'aura été découverte qu'au XVIe siècle. Au final, un mélange audacieux très moderne et dynamique, qui se distingue sans difficulté de la production actuelle. Magistral !
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