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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce texte est un ovni littéraire ! Mais quel ovni ! A mi-chemin entre le conte et le roman noir, il pourrait se situer à n'importe quelle époque puisqu'il n'y a aucun indice, si ce n'est la guérisseuse que l'on va trouver pour tout et n'importe quoi. Disons que l'histoire pourrait se passer dans un moyen âge un peu particulier… Marek, fils de Jude, a la particularité d'être difforme. Sans le vouloir, il tue le fils de Villiam, le seigneur du village et accessoirement membre de sa famille. En dédommagement, le richissime Villiam adopte Marek. Il va ainsi pouvoir assouvir sa cruauté sur ce dernier. Mais le village subit la sécheresse… Qui sera le plus cruel finalement face au manque ?

J'ai aimé l'écriture d'Ottessa Moshfegh que je découvre grâce à ce livre. Il faut, certes, avoir le coeur bien accroché mais il n'y a rien de mieux que de montrer les choses pour amener le lecteur à réfléchir. L'atmosphère étouffante, morbide est retranscrite à merveille. Les personnages ont tous quelque chose de symbolique. Et, surtout, lorsqu'on en prend un en pitié, il nous dégoûte par la suite.

Bref, c'est complètement décalé, déjanté, mais diablement pervers… suffisamment pour qu'on n'ait pas envie d'en perdre une miette !

Un grand merci à Netgalley et aux Éditions Fayard pour cette découverte.
Lien : https://promenadesculturelle..
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Après ma découverte d'Ottessa Moshfegh avec My year of rest and relaxation que j'avais adoré, je me suis plongé dans Lapvona qui me faisait sacrément de l'oeil.

Fini la jeunesse dorée névrosée new-yorkaise, et bienvenue à Lapvona, village médiévale sinistre. On est dans un roman noir / horrifique. Un univers complétement différent mais tout aussi cruel, voire plus. On y suit plein de personnages, relativement tous horribles, animés par des principes qui nous dépassent parfois, cruels, égoïstes, aveuglés par la foi, à qui il va arriver plein de malheur. On pourrait avoir de la peine, mais pour certains on dira qu'ils l'ont bien cherché.

J'avais trouvé My year of rest and relaxation très drôle (même si on riait plutôt jaune) ici il est rare de sourire pendant la lecture, puisqu'on a parfois l'impression d'assister à une suite de sévices sans fin. Lecteurs et lectrices potentiels, soyez-en avertis, on est sur un récit très dérangeant.

Ceci étant dit, j'ai passé un bon moment de lecture, j'étais curieux de savoir ce qui allait arriver aux personnages (j'ai été gâté ...), il est parfois dur de prévoir leur réaction tant ils sont ... différents. Ce n'est pas bien joyeux, c'est même très sombre, avec une représentation de ce que fait la religion, la richesse, le pouvoir et la cruauté des hommes.
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Ottessa Moshfegh est autrice américaine à l'oeuvre singulière et « Lapvona » s'inscrit parfaitement dans sa continuité. Elle nous offre en effet un nouveau roman saisissant tout à fait unique, étrange, troublant et subversif.
« Lapvona » est une sorte de conte médiéval décalé assez délirant, passionnant, un faux roman historique qui nous plonge dans un monde d'inégalités, de corruption et de cruautés. Moshfegh crée fort habilement un monde avec ses propres superstitions et lois, enveloppé de magie et d'absurde.
Lapvona est un fief mineur quelque part dans une Europe médiévale aux allures d'Europe de l'Est. À sa tête, Lord Villiam, un seigneur infantile, frivole, avide, gâté, capricieux et irritable, dont la priorité est de se divertir à tout moment.
Lapvona était autrefois un endroit prospère mais il est devenu un fief sinistre et sinistré, corrompu, en proie à la sécheresse, à la famine et, enfin, à une épidémie foudroyante.
L'intrigue suit Marek, 13 ans, fils pieux et maltraité du berger du village, qui n'a jamais connu sa mère. Son père lui a dit qu'elle était morte en couches. Ina, une femme âgée et aveugle, figure de la sorcière, a été sa nourrice, une nourrice aux dons surnaturels qui a allaité des générations de lapvoniens. Ils sont nombreux encore adultes à continuer à venir s'abreuver à cette source miraculeuse puisqu'elle n'a jamais eu d'enfants. Marek est un garçon rendu difforme par les nombreuses tentatives d'avortement de sa mère. Il est la figure de l'innocent classique qui peut à l'occasion faire preuve de cruauté… le destin va l'amener à se rapprocher de la famille du seigneur.

« Lapvona » est un roman brillamment écrit à l'intrigue intelligente et captivante. Un roman dérangeant dans lequel Moshfegh caricature volontairement un monde médiéval avec ses crimes horribles, châtiments corporels extrêmes, la famine, du cannibalisme etc (j'ai pensé à « Game of thrones » et aux Monty Python). Un roman que j'ai trouvé brillant, qui joue et se joue des pulsions de cet animal social qu'est l'être humain.
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Lapvona est un village des côtes d'un moyen âge dark-féodal où les septentrionaux grands, blonds et forts sont les seuls venus d'ailleurs pour protéger Villiam le seigneur fantoche des lieux. Seule Ina, l'énigmatique vieille femme sorcière aux yeux de cheval semble comprendre ce qui se passe dans le fief aveugle de ce roi pécheur, où Marek et son père Jude gardent des agneaux.

Le roman s'ouvre sur la rapine, le meurtre et l'exécution d'un bandit, acte presque anecdotique dans ce lieu convoité au dehors, mais qui cristallise comme un point de convergence ou de départ, les incohérences de la vie du p'tit berger Marek, comme la pièce manquante d'un puzzle qui réunit tous les personnages, comme l'énigme à résoudre par le lecteur.

Il est aussi l'amorce du destin laissé-pour-compte de Marek. Quasimodo, Poil de carotte, Jean-Baptiste Grenouille, Schlingue n'ont rien à lui envier. Crasseux, difforme, battu, ignorant de la morale, Marek qui tète tout ce qui trouve ( je vous aurais prévenus) nous attendrit et nous répugne. C'est la trajectoire de ce personnage qui va traverser sa vie sans rien y comprendre, qui structure ce roman à la narration impeccable.

Ottessa Moshfegh tissent des fils qui créent l'énigme à résoudre, la quête identitaire, ou la fable biblique échouée dont l'inversion des valeurs provoque autant de ridicule risible que d'effroi ou d'indignation.
Elle joue avec les codes de notre imaginaire médiéval, et construit grâce à ses clichés les plus sombres – la peste, la famine, les viols, le prêtre incrédule et défroqué, le seigneur dévoyé plus cruel par habitude que par goût – un univers inquiétant redoutable qui se dérobe sous les pas des personnages chaque fois que ceux-là se croient sur le bon chemin.

L apvona est ce lieu « à part », sorte de huis-clos où personne ne semble plus venir comme « à l'époque où […] les commerçants et les pèlerins traversaient le village avant de rejoindre Iskria et Bordjijn ». Il n'y a pas de chemin sûr à Lapvona, même pour Jacob fils de Villiam qui porte pourtant de bons souliers.
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C'est rare que j'apprécie autant de la littérature américaine mais Moshfegh m'a hypnotisé avec l'histoire du fief de Lapvona. C'est aussi mystérieux que mystique, morbide que poisseux, pesant et lourd, christique et diabolique.. Sa plume est très particulière parce qu'elle est bizarrement neutre, on a l'impression de lire un conte, une vieille histoire. Elle retranscrit des horreurs avec une implacabilité quasi terrifiante et le roman est certain de mettre mal à l'aise, du début à la fin. C'est assez brillant.
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"" Et le paradis Ina ? Tu ne veux pas y aller ? "

"Aucune importance. Je n'y connaîtrai personne."

Dans le royaume de Lapnova non plus, elle ne risque pas de connaître de futurs agneaux du paradis.

Dans ce royaume, nous suivons un Marek, plus proche du "monstre" que de l'homme, gravitant, dans un monde où on mange du cuire pour se remplir le ventre et où on se flagelle pour le moindre écart. Quand il n'est pas battu par son père.

Marek va commettre presque innocemment un geste monstrueux et sera pris sous l'aile du monarque. Dans les plus hautes sphères de ce monde médiéval, qui ne semble pas plus vertueux.

J'avais entendu de très bons avis comme de très mauvais. Je partais donc sans savoir si j'allais être prise et surprise par cette lecture. Et bien... j'ai adoré !

Le concept même d'un livre sombre, presque d'horreur, moyenâgeux est original et plutôt rare. Je n'ai pas été brusquée par les quelques actes de violences ici et là. Étant plutôt habituée du style et/ou même de livre plus historique, mais pas moins tendre ( j'ai en tête Je, François Villon de Teulé... Entre autres)

Les personnages sont atypiques et bien construits. Je ne dirai pas qu'on s'attache a eux, car ils restent tous a leurs manières, détraqués, mais on a envie de les suivre et de connaître leur méandre, leur névrose, leur noirceur et leur destin.

J'ai tout de même eu énormément de tendresse/curiosité pour le personnage d'Ina qui apporte beaucoup de mystère et de questionnement. Et qui porte en elle, des stéréotypes très portés folklore et références de diverses légendes.

La " morale" de l'histoire reste classique, mais n'est pas pathos et je l'ai trouvée plutôt bien amenée.

Je suis bien contente d'avoir effectué cette lecture, la tête baissée. Spécial coup de coeur pour la couverture que je trouve magnifiquement choisie, et qui colle très bien avec l'épigraphe.
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Lapvona est un livre très particulier, à ne clairement pas mettre dans les mains de tout le monde. En plein milieu de la catégorie de livres que j'appelle des "weird books for weird girls", vous retrouverez ici une grande quantité de violence et de sang, de la religion et du cannibalisme sporadique. Les descriptions de ce village médiéval et de ses habitants risquent de vous soulever légèrement l'estomac.

Il s'agit d'un livre glauque et sombre qui m'a provoqué une certaine quantité de frissons. Vous trouverez ici de nombreuses révélations, une cargaison de personnages et d'innombrables événements loufoques. Comme souvent avec les « livres bizarres », l'étrangeté permet d'aborder des thèmes graves et sérieux. C'est alors la religion et son instrumentalisation qui sont ici mises en lumière. Des personnages aux moeurs discutables évoluent entre aliénation, nature humaine tordue, et enfermement. Où Dieu trouve-t-il sa place au milieu d'un enfer humain pareil, au milieu d'une telle folie ? A-t-il réellement une place ? La religion et la figure divines sont-elles la source de la folie des habitants ? En effet, les croyances tiennent une place importante dans l'esprit des protagonistes. Elles guident les crimes qu'ils commettent, la manière dont ils décident de traiter les autres. Tandis que de nombreux désastres prennent place, les habitants joignent leurs mains et lèvent les yeux au ciel. Ils se rendent rapidement compte que la religion suit un rythme qui lui est propre qui n'obéit pas à leurs prières.

Est-ce que l'intrigue est crade par moments ? Oui, absolument. Cependant, cette violence et ces éléments dégoutants servent parfaitement l'intrigue et son développement. L'écriture d'Ottessa Moshfegh est tantôt dérangeante, tantôt hilarante. Elle livre ici des personnages profonds, humains et plein de défauts. En somme, une lecture aussi dérangeante que satisfaisante (tout ce que j'aime), particulièrement bien construite.
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Ce qui est certain, c'est que l'on ne ressort pas du royaume de Lapvona immaculé tel l'agneau Pascal. Dans ces contrées dans lesquelles la famine autant que la cruauté sont quotidiennes réside un être pétri par toutes les horreurs de ce monde.

Marek, difforme d'apparences, battu par l'un, ignoré par les autres, c'est pourtant dans un geste monstrueux qu'il trouvera le salut.

Car pour compenser le tort commis par son acte irréparable, Marek est pris sous l'aile du monarque vivant dans les hauteurs du village : le seigneur Villiam.
Cet homme vivait dans la distraction perpétuelle depuis si longtemps qu'il était incapable de concevoir que ce tumulte, dans sa maison, fût autre chose qu'une blague.

C'est une autre facette de Lapvona qui s'offre désormais est celle de la frivolité, de l'arrogance, de la vulgarité, de l'irrévérence, des caprices enfantins et tant d'autres vices...

Dans cette époque médiévale fictive, poisseuse et violente, il est difficile de s'attacher aux personnages, à part peut-être Ina, la vieille guérisseuse aveugle du village dont les pratiques ancestrales et empruntes de sorcellerie attirent autant qu'elles repoussent les villageois.

Il est pourtant diaboliquement difficile de ne pas plonger dans les affres poisseuses de la grotesque Lapvona. La religion y est également omniprésente, le courroux de Dieu comme réponse aux terribles épreuves qui leur sont imposées et la flagellation pour expiation.

L'homme dans toute sa noirceur et sa vilenie, se repaissant dans la cruauté et la complaisance, le stupre et la luxure, et ce, malgré les courroux divins.
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Lapvona est un ovni de la rentrée littéraire 2024 d'une noirceur incomparable. Dans Lapvona vous croiserez des personnages aussi répugnants qu'absurdes, des vies misérables rythmées par la misère et la violence. Vous pataugerez dans la fange avec eux de la première à la dernière page. Lapvona est captivant car son univers fascine par son étrangeté. Une expérience de lecture surprenante et surtout impitoyable.
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