La mère d'Ed lui avait dit un jour que les vrais amis étaient ceux avec qui on pouvait reprendre là où on en était resté, que ce soit une semaine ou deux ans plus tard.
La grand-mère de Jess disait souvent que la clé pour une vie heureuse, c'était d'avoir la mémoire courte.
Bien sûr, c'était avant qu'elle perde la tête et commence à oublier où elle habitait, mais Jess comprenait son point de vue.
En fait, être riche, c'est ne pas être obligé de penser constamment à l'argent.
La loi des probabilités combinée à celle des grands nombres dit que pour l'emporter sur les probabilités, il faut parfois répéter un événement un nombre croissant de fois pour obtenir le résultat voulu. Plus on le répète, plus on s'en approche. Autrement dit, comme je l'ai expliqué à maman, il faut parfois savoir persévérer.
Pendant si longtemps, elle n'avait pensé qu'aux enfants, au travail, aux factures et à l'argent. Mais à présent, sa tête était pleine de lui. Quand il se tournait vers elle, elle rougissait. Quand il prononçait son nom, elle l'entendait comme un murmure dans le noir. Quand il lui tendait une tasse de café, frôler ses doigts envoyait une décharge électrique à travers tout son corps. Elle aimait sentir son regard s'arrêter sur elle et se demander à quoi il pensait.
Il s'appuya contre le bar. Jess s'efforça de ne pas rire lorsque son coude glissa sur le bord du comptoir.
- Je dois prendre ça pour des excuses ?
Il la regarda d'un air vaseux.
- Je suis désolé. Je suis vraiment, vraiment, vraiment désolé. Mille fois désolé, Ô dame du Bar. Maintenant puis-je avoir un dernier verre?
- Non. Il est 23 heures passées.
- Oui mais ça, c'est seulement parce que vous m'avez fait parler.
- Je ne peux pas rester là à attendre que vous ayez descendu votre dixième pinte. Je dois rentrer chez moi.
- Alors donnez-moi juste un shot de vodka. S'il vous plaît, j'ai besoin d'un dernier verre. Tenez. vous pouvez garder la monnaie, dit-il en abattant un billet de vingt livres sur le comptoir.
Le mouvement trop violent le fit vaciller.
- Juste un. Ou plutôt un double. Je le boirais en deux secondes. Une seconde.
- Non. Vous avez assez bu comme ça.
On ne s'entend pas très bien. Elle n'approuve pas ce qu'elle appelle mes "choix de vie". Je n'ai jamais pu lui expliquer qu'une fois qu'on a eu un bébé à dix-sept ans, les choix sont plutôt limités.
La grand-mère de Jess disait souvent que la clé pour une vie heureuse, c'était d'avoir la mémoire courte.
-et si elle s'éloigne de toi ? Si elle commence à avoir honte de son milieu ? Je dis ça, je ne dis rien, mais il ne faudrait pas qu'elle oublie d'où elle vient.
Jess regarda longuement Nathalie, qui conduisait la camionnette.
-elle vient du quartier le plus pourri d'Echecville, Nat. Je serais ravie si elle pouvait oublier ça.
- Cette nuit, répondit Tanzie, j’ai rêve d’un chou qui faisait du skate. Il s’appelait Kevin.
Maman la regarda longuement.
- C’est très bien.