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En juin 1940, la France est sur les routes de l'exode...

Comme sans doute beaucoup de lecteurs, j'ai découvert Irène Némirovsky en 2004, lors de la publication de son livre posthume et du Prix Renaudot associé. Une écriture visuelle, un style acéré et un ton ironique pour brocarder la société française et les individus mis à nu en situation de péril. Un souvenir très net de plaisir de lecture qui m'a fait lire beaucoup d'autres titres de cette auteure disparue à Auschwitz en 1942.

J'ai donc tenté par curiosité cette adaptation graphique. J'en ressors pas vraiment surprise car la thématique de l'exode des parisiens a déjà été largement utilisée. Mais le talent du dessinateur crée des images fortes à l'appui des mots, aboutissant à un vrai travail de documentation sociale et historique.
Par chapitres dédiés aux différentes classes sociales ( bourgeois catholiques avec enfants et domestiques, banquiers, écrivains , familles, petits employés, paysans et militaires en rupture de casernement), le récit d'une débandade se décline entre drame et humour, solidarité et mesquinerie, jusqu'aux extrémités les plus assassines.
On retrouve sous les traits de crayon noir et blanc ( indispensable couleur de ces années de guerre) des planches très détaillées, la panique des départs précipités, les rumeurs de l'avancée allemande, la pénurie d'essence et de ravitaillement, le "sauve qui peut" qui se stigmatise en bassesses individuelles et en comportements les plus cyniques.

Une BD qui contribue, en marge du roman, à restituer une page d'histoire.
Un pari d'adaptation plutôt réussi.

A voir maintenant ce que nous réserve l'adaptation cinématographique de la seconde partie du manuscrit posthume.
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Digne élève de Jacques Tardi, il a repris les aventures de Nestor Burma, Emmanuel Moynot réussit avec brio l'adaptation en bandes dessinées du roman d'Irène Némirowsky. le destin de trois familles parisiennes au moment de la débâcle en juin 40, jetés sur les routes, ces hommes et ses femmes vont découvrir que l'homme est un loup pour l'homme.

La peur, la lâcheté, la duplicité, le renoncement, ce pourrait-être profondément nihiliste, c'est tout simplement lucide et désespéré.

Dans un beau noir et blanc fin et racé, Moynot éclaire magnifiquement les destins de ces personnages surpris par la guerre, une des plus belles saloperies de la vie. C'est tout simplement bouleversant.

C'est l'occasion aussi de dire un petit mot sur Folio en bédé, une formidable collection chic et pas chère, bref le cadeau idéal à offrir sous le sapin.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dire que je vénère le roman inachevé "Suite Française" d'Irène Némirovsky est un euphémisme.
Dire que j'adule Irène Némirovsky comme auteur n'est pas assez fort.
J'ai été un peu surprise de découvrir que la partie "Tempête en juin" de "Suite Française" venait d'être adaptée en bande dessinée car sincèrement, cela ne me serait jamais venu à l'esprit.
Au cinéma (je fais totalement abstraction du film sorti qui n'est qu'un massacre et une insulte à l'oeuvre originale) ou à la télévision, oui sans hésitation, mais en roman graphique ?
Et c'est là une bonne surprise, car finalement ce roman d'Irène Némirovsky se prête bien à une telle adaptation.
Parce qu'il fourmille de personnages et de situations différentes.
Parce qu'il est très vivant et écrit presque sous forme de scénario.
Parce qu'il saisi dans le vif la réalité et que ce n'est qu'une formalité à le transcrire à l'image.
On retrouve donc ici les différents protagonistes du roman : la famille Péricand, l'attachant couple Michaud, le redoutable banquier Corbin, l'imbuvable Corte et sa maîtresse, la frivole Arlette Corail, le gentil abbé Philippe, et l'on suit en image leur périple sur les routes de l'exode de juin 1940.
Entre l'incrédulité de certains : "C'est fini ? La guerre est perdue ?", la roublardise d'autres, les privilèges des uns et les misères des autres, c'est un formidable tableau de la France de 1940 qu'Irène Némirovsky avait dépeint et qu'Emmanuel Moynot a mis en image.
L'avantage de ce roman graphique pour qui ne connaît pas le récit initial, c'est que les changements de personnages sont à chaque fois notifiés et que les premières pages présentent chaque protagoniste, ce qui permet de s'y retrouver facilement.
Et pour qui connaît déjà l'histoire, et bien c'est avec curiosité et un certain plaisir que j'ai découvert cette mise en image.
J'ai été ravie de retrouver les personnages qui m'avaient tant plu, tout particulièrement le couple Michaud victime de leur redoutable employeur le banquier Corbin qui malgré sa méchanceté s'en sort bien : "Mais pourquoi la souffrance est-elle toujours pour nous ? Pour les gens ordinaires ? Que la guerre arrive, que le franc baisse, qu'il y ait le chômage ou la révolution, les autres s'en tirent. Nous sommes toujours écrasés ! Pourquoi ?", ainsi que les situations décrites dans le roman (ah, le fameux oubli du grand-père Péricand à l'hôtel).
Maintenant j'apporterai un bémol à tout ça car je n'ai été que moyennement convaincue par le graphisme et le choix de l'utilisation du gris.
Je me demande si ce roman graphique n'y aurait pas gagné en utilisant de la couleur plutôt que des teintes sombres, tout comme les traits des personnages ne m'ont pas vraiment plu.
D'ailleurs, je trouve qu'il y a un peu trop de ressemblance entre les personnages, je m'attendais à des caractéristiques physiques plus marquées.
Et d'un point de vue personnel, je n'apprécie que très moyennement les traits taillés à la serpe, les visages des personnages auraient pu être bien mieux réussis que cela, maintenant ce style plaira sans doute à d'autres personnes.

Le passage en roman graphique de "Suite Française - Tempête en juin" est une forme intéressante pour retrouver les personnages ou les découvrir, néanmoins le graphisme n'est, selon moi, pas des plus élégants.
J'espère toutefois que "Dolce" sera également adapté car je le lirai là aussi par curiosité et plaisir.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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(NB971) Honte à moi, je n'ai pas lu Némirowski. Quel récit... Quelle force !
On imagine sans peine le travail de découpage qu'il a fallu réaliser pour l'adaptation. Chapeau Moynot. Bonne idée que de nous présenter les 20 personnages dès le début. Pour l'oeuvre, son adaptation, les raisons historiques, les choix artistiques et aussi l'opportunité cinématographique (le T2 est adapté), je dirais bien OUI pour le mettre en sélection pour le Prix BDz'îles 2016 des lycées. Mais que faire ? C'est encore la guerre et il y a aussi Irmina dans cette présélection...

(LX971) Personnellement, je me suis vite ennuyé dans ces parcours saucissonnés. le dessin, un peu plat et fade à mon goût, manque de mordant pour dépeindre une France en déroute, en particulier les bassesses de la bourgeoisie habituée aux privilèges. Tardi aurait sans doute mieux convenu à la peinture ironique et acerbe du roman... Pas du tout convaincu donc par cette adaptation. Non pour le Prix
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Irène Némirovsky est morte en déportation en 1942. Ecrivain, elle avait consigné dans des carnets ce roman qu'elle voulait en cinq volumes "sur le vif". Elle n'y parviendra pas, arrêtée avant, seuls deux romans sortiront de ses carnets, publiés en 2004 uniquement, ses filles les ayant conservés sans les lire pendant cinquante ans. Son roman recevra de nombreux prix, sera traduit et récompensé un peu partout dans le monde.

Ceci étant dit, j'avoue une certaine déception. le livre n'apporte rien de bien nouveau. Les histoires des différents protagonistes, on les a déjà vues ou lues. J'essaie bien de me dire qu'elles ont été écrites quasiment en direct et ça force mon respect, mais à part cet élément important, l'ensemble est assez plat et fade. Je ne sais ce qui tient du roman ou de l'adaptation BD, mais les personnages ne me semblent ni sympathiques ni profonds. On ne sait rien de leurs liens, de leurs relations, à peine esquissées, c'est le contexte qui domine. Pourtant Irène Némirovsky a pris des gens totalement différents vivant la même tragédie, mais évidemment pas de la même manière. Il y a matière à construire une histoire et des relations fortes entre les personnages, des questionnements, enfin bref, un roman choral avec de vraies personnalités aux parcours différents qui peuvent se croiser, s'opposer, se rencontrer voire se combattre. Rien de tout cela dans cette adaptation en roman graphique, chacun vit la guerre de son côté.

Sans doute faudrait-il juger cette bande dessinée sur l'ensemble, au moins sur la base des deux romans écrits et publiés mais je crois que seul le premier, a été adapté par Emmanuel Moynot pour le moment. Sans doute même faudrait-il parler -comme du roman- d'une petite partie d'une saga en cinq volumes et dont ce premier tome serait la présentation des lieux, du contexte et des personnages, avant d'entrer dans le vif du sujet. C'est donc muni de ces précautions qu'il faut lire mon humble chronique. Néanmoins, on a le droit d'être déçu par ce qui est présenté comme un roman inévitable, plutôt d'ailleurs par son adaptation graphique puisque je ne peux juger du roman que je n'ai pas lu.

Réédité chez Folio, Tempête en juin, se présente en un petit format qui cependant ne nuit pas à la qualité de lecture, une version poche pas chère pour vous faire une idée...
Lien : http://www.lyvres.fr
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Juin 1940, malgré les messages rassurant de la tsf, l'avancée allemande ne fait plus doute dans l'esprit des français. Une peur panique s'empare des parisiens et ils son nombreux à partir sur les routes, direction le sud.Sous la plume acerbe d'Irène Némirovsky, adaptée par Emmanuel Moynot, quatre familles quittent la capitale.
Sur la route: les vols mesquins, les bombardements, les soldats en déroute, les denrées manquantes... Dans la panique, les bons sentiments ont peu de place.
Chaque personnage pense avant tout à sa personne ou à sa famille. Irène Némirovsky a un sens particulier du tragique à taille humaine. Elle décrit le chacun pour soi avec finesse.
Et Emmanuel Moynot a très bien adapté cette ambiance. Son trait n'est pas sans rappeler celui de Tardi ( quoique de moindre qualité.) et illustre ainsi parfaitement l'époque.
Un récit humain à la fois romanesque et noir, presque cynique (avec le retour dans une capitale intacte et la reprise du quotidien.).

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Ecrit dans l'urgence historique de la seconde guerre mondiale, Suite Française n'a été publié qu'en 2004. le succès a tout de suite été au rendez-vous avec un prix Renaudot, des critiques dithyrambiques et une diffusion internationale (traduction dans 38 pays). Irène Némirovsky a été déportée et morte à Auschwitz en août 1942. Les mots de l'auteure n'ont pu voir le jour que cinquante ans plus tard grâce à une de ces filles qui a conservé le manuscrit de sa mère et qui y a mis de l'ordre. le tout assemblé a tout de suite donné un sens.

Le style mordant de l'auteure a permis d'imposer l'histoire qui se situe au coeur de la société française lors de l'Exode de 1940. Pour montrer l'évènement sous toutes les coutures, une vingtaine de personnages avec quatre lignes narratrices distinctes nous sont présentées. Riches, nobles, pauvres, serviteurs... ils sont tous sur un pied d'égalité entre les mots et les bulles.

Denoël puis maintenant Folio ont publié l'adaptation bd signée par Emmanuel Moynot. Il retrace fidèlement la cruauté humaine des hommes face à la peur avec des nuances de noir et de gris très efficaces. Les découpages sont plein d'énergie et de fougue. Il faut dire que le dessinateur sait bien ce qu'il fait puisque Tardi l'a choisi comme son successeur dans sa série Nestor Burma. L'univers sombre, il maîtrise. En plus, il est aidé pour la mise au gris par Chantal Quillec.

Une bd assez intéressante qui nous plonge dans une période de l'histoire à un moment donné. Un récit sans suite à l'égal d'un roman qui n'a jamais pu être terminé. Prêt pour un bon dans la littérature d'époque?
Lien : https://22h05ruedesdames.wor..
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Emmanuel Moynot s'attaque au roman posthume de Nemirovsky, véritable best-seller à sa sortie en 2004, plus de soixante années après son écriture. Si je n'ai pas lu le bouquin d'origine (vous me connaissez), je présume qu'adapter une oeuvre où l'on rencontre une vingtaine de personnages principaux ne doit pas être chose facile. Si Moynot arrive fort bien, grâce à une narration et un découpage bien pensés et un dessin stylisé, à retranscrire l'époque tourmentée durant laquelle se déroule cette histoire (la France subit la débâcle de la défaite contre les nazis et les habitants de Paris fuient la capitale, bien souvent à pieds) on a plus de mal à s'attacher à certains des protagonistes. Faute de place peut être, mais en même temps sur un roman graphique de plus de 220 pages, il aurait été difficile de faire autrement.. Un score tout adapté pour écouter avec: http://bobd.over-blog.com/2015/02/la-suite-s-il-vous-plait-suite-francaise-vs-lucie-aubrac.html
Lien : http://bobd.over-blog.com/20..
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