Citations sur Les braises (175)
" Pour moi le monde d'autrefois reste vivant, même si en apparence il a disparu. Il vit, parce que je lui ai prêté serment de fidélité. Pour moi, c'est tout ce qu'il y a dire à ce sujet, dit le Général.
Lorsque , par hasard , deux êtres qui ne sont pas de nature différente se rencontrent , quelle félicité ! C'est le plus beau cadeau du sort . Malheureusement , les rencontres de ce genre sont extrêmement rares .
"Au cours de sa vie, l'individu ne se contente pas d'agir, de parler, de penser ou de rêver - non, il garde le silence sur ce qu'il est, sur ce qu'il est le seul à savoir et qu'il est impossible de communiquer à autrui. Pourtant, il sait bien que l'objet de ce silence est la vérité même. C'est toujours sur nous-même que nous nous taisons."
(cité par JM Coetzee dans "De la lecture à l'écriture")
Je voudrais savoir à qui tu poses cette question, dit Conrad
Le général le regarde et répond :
A tous les deux. Je me suis souvent demandé si la véritable essence de tous les liens humains n’est pas le désintéressement qui attend et qui ne veut rien, mais absolument rien de l’autre et qui réclame d’autant rien qu’il donne davantage. Lorsque l’on fait don de ce bien suprême qu’un homme peut donner à un autre homme, je veux dire la confiance absolue et passionnée, et lorsqu’on doit constater que l’on est payé que d’infidélité et de bassesse…a-t-on le droit d’être blessé et de crier vengeance ?
Conrad reste immobile dans son fauteuil et demande d’une voix enrouée :
Tu parles de vengeance ?...
Il faut que je te dise toute ma pensée. Oui, je parle de vengeance […].
L'ami, pas plus que l'amant, n'a le droit d'exiger la récompense de ses sentiments... il ne devrait pas considérer comme surnaturel l'être choisi mais, connaissant les défauts de celui-ci, il devrait l'accepter avec ses défauts et toutes les conséquences de ces défauts.
Au fond de toutes les affections et de tous les liens humains nous trouvons Eros.
""". nous ne pouvons jamais changer les goûts, les penchants et le rythme de vie d'un autre et nous luttons en vain contre cette "nature différente" qui caractérise essentiellement l'être que nous aimons".
Henri apprenait facilement ; Conrad, avec difficulté, mais ce qu’il avait appris, il le retenait avec l’avidité de l’avare dont ce serait toute la fortune.
Ma patrie n'existe plus, dit Conrad. Pour moi, la patrie c'était la Pologne, Vienne, cette demeure-ci, les casernes de la capitale, la Galicie et Chopin. Qu'en est-il resté ? Le lien mystérieux qui a tenu tout cela ensemble a disparu. Tout a été démembré. La patrie, pour moi, était un sentiment. Or ce sentiment a été bafoué. Dans des cas pareils, on doit partir sous les tropiques ou même plus loin.
La passion ne se soucie pas de ce qu'elle recevra en échange. Ce qu'elle veut, c'est pouvoir s'exprimer entièrement, même si, en contrepartie, on ne lui accorde que sentiments tendres, amitié et indulgence. Aussi, toute vraie passion est sans espoir... et les autres n'ont-elles que la valeur d'un pacte, d'un compromis avantageux ou d'un échange d'intérêts mesquins. Tu m'as haï et ta haine est devenue un lien aussi fort entre nous que celui de l'amour.