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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce polar est bien plus qu'un polar et devrait plaire même à ceux d'entre vous qui n'ont pas l'habitude de lire des romans policiers.

Nous y découvrons les enquêtes de Kostas Charitos, un commissaire grec aux prises avec un tueur de banquiers. Etant donné les difficultés financières des citoyens grecs, de tels meurtres prennent une dimension tout à fait particulière.

Car le roman se déroule en pleine crise, et la population souffre : les salaires et pensions de retraites sont diminuées, l'âge du départ à la retraite est augmenté (ce qui n'arrange pas Charitos), les faillites se multiplient et certains se suicident... On est donc dans une ambiance tout à fait réaliste, qui nous permet d'en apprendre plus sur l'ambiance au jour le jour dans le pays, où règnent la débrouille et, heureusement, l'entraide.

Au début donc, ce polar peut surprendre : meurtres sur fond de politique et d'économie, c'est quand même une combinaison peu courante en termes d'intrigue policière. Mais Markaris s'en sort parfaitement bien, grâce à un élément essentiel : l'humour.
Loin de s'apitoyer sur eux-mêmes, les personnages sont tous très ironiques et s'amusent quand même un peu de leur propre situation. D'ailleurs, Charitos m'a fait tellement rire à certains moments, qu'il m'a rappelé Toby Peters, le héros récurrent de Stuart Kaminsky (gros éloge venant de moi, puisque je suis une fan inconditionnelle de Peters).

L'intrigue en elle-même est également très intéressante. Et le coupable, facile à identifier, car Markaris nous donne quelques gros indices à plusieurs endroits du roman...

Tout compte fait, même si trois volumes des enquêtes de Charitos sont venus s'ajouter à ma PAL de l'été, je ne m'en plains pas : c'est une excellente découverte !
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Que ce soit dans le justicier d'Athènes, ou dans liquidations à la grecque, le commissaire Kostas Charitos est confrontés à des questions qui outre celles que lui pose l'enquête, empoisonne sa vie quotidienne comme celle de tous les citoyens grecs depuis qu'ils sont dans l'oeil du cyclone de la crise financière.

Les manifestations quotidiennes bloquent les rues d'Athènes dans lesquelles il est pratiquement impossible de circuler :
« Les forces anti-émeutes ont dressé un barrage, une anguille ne passerait pas.»

Les services publics, dont la police voient leurs moyens réduits à la portion congrue, à tel point que les agents essaient de trouver des expédients :
«Tu déclares ouvertement que tu va ponctionner les boites de nuit, Apostolakis ?»
La consommation intérieure s'effondre, à la fois du fait des salaires de plus en plus bas, mais aussi des normes qui doivent s'appliquer et contraignent une activité qui ne peut se permettre le luxe de les appliquer :
« C'est là qu'on achète la marchandise, d'où qu'elle vienne, le plus souvent sans facture, et les autorités ferment les yeux. Les clients sont pauvres, on vend à bas prix et on gagne son pain quotidien. Mais avec les nouvelles mesures, ils veulent faire de nous des Européens, Greek Type.»
«Et voilà l'Etat qui réclame des factures et veut que je paie la TVA. Quelle facture et quelle TVA je vais demander pour de la contrebande ?»

La purge s'applique aussi aux salaires des fonctionnaires qu'aux retraites :
«Ils ont réduit de quinze pour cent ma pension de résistant. Je toucahis quatre cent cinquante euros qui sont devenus trois cent quatre-vingt-trois euros. Quand tu penses que je suis l'un de ceux que les Allemands insultent parce qu'ils ont pris leur retraite à quarante-cinq ans à taux plie ? Ma retraite, je l'ai eue à cinquante-quatre ans. Jusqu'alors j'ai vécu dans la clandestinité ou déporté à Makronissos ou Aï-Stratis, je me suis fait tabasser dans les geoles de la sureté, là où nous nous sommes connus.»

Ses perspectives de promotion au grade de Sous-Directeur, et la retraite qui va avec sont toujours agités par son chef comme une promesse soumise à conditions :
«Ton seul espoir de partir à la retraite avec le grade de sous-directeur, c'est que je devienne chef de la police. Si c'est un autre (...) Et vu qu'ils taillent dans les retraites, tu l'auras dans l'os.»

Kostas Charitos et sa femme, Adriani, sont inquiets de l'avenir de leur fille, Katerina, marié à un médecin, Phanis. Malgré son niveau d'études, elle n'a toujours pas de travail fixe.

L'enquête s'attache à faire le lien entre des crimes de banquiers décapités et les relations que des présumés suspects (débiteurs, expulsés, licenciés) ont entretenus avec les établissements bancaires des victimes. Elle se complique lorsque les murs d'Athènes se couvrent d'affichettes enjoignant les Grecs à ne plus rembourser leurs emprunts bancaires.

De façon classique, c'est Kostas Charitos, lui le flic en dehors du système qui va se jouer de la guerre entre les services de police, obnubilés par des dogmes gouvernementaux et la peur du scandale médiatique, et trouver le coupable.
Guikas veut devenir chef de la police, Stathakos est persuadé de l'existence d'une piste terroriste, le Ministre est prêt à tout accepter tout, à condition qu'il en sorte valorisé.

Kostas Charitos agit, non pas à la manière d'un héros, mais comme un honnête citoyen las des forfanteries des politiques. Un peu à la manière des Grecs qui vivent un quotidien qu'ils organisent tant bine que mal en s'accommodant des contraintes de toutes sortes qui leur tombent dessus.

Pour faire tomber la pression, et décompresser, Charitos a recours à un expédient sympathique, il retourne au vocabulaire en consultant son dictionnaire favori, le Dimitriakos qui lui apprend à regarder les choses sous un angle différent, en un mot à réfléchir différemment, avec sa propre intelligence, sans être pollué par des parasites entre lui et la réalité.
Moments savoureux où il se lit à voix haute les définitions d'emprunt, de banquier ou d'usurier pour comprendre.

Petros Markaris nous rappelle aussi que la Grèce est un pays de migrants. Ses enfants l'abandonnent pour les USA, l'Angleterre ou d'autres pays européens ; reviennent une fois fortune faite se jouant des solidarités nationales, ce qui explique pour partie le délitement de la société grecque.

Polar, mais aussi analyse lucide de la crise financière liée à la multiplication des produits dérivés toxiques, à la domiciliations de société écrans dans les paradis fiscaux, ayant conduit les banques à provoquer la panique financière que l'on sait.
Dénonciation d'une société rongée par les renoncements, la corruption et le laxisme, Liquidations à la Grecque est loin du modèle traditionnel du roman policier.
Kostas agit sans réagir aux contraintes de plus en plus fortes sur l'exercice de son métier. Il trace son chemin, louvoyant entre les obstacles, laissant dire et faire les soutiens d'un système aux abois. Il ne cède en rien aux honneurs, aux faux-semblants, aux apparences mais reste d'une prudence héritée des années de dictature des colonels. il a appris à relativiser. Son chef, Guikas le connait et sait comment lui parler :
«Ecoute Kostas, il y a dans le pays deux sortes de fouteurs de merde : ceux qui cassent et ceux qui gouvernent. Toi le flic, avec lequel es-tu ?
Avec ceux qui gouvernent dis-je à contrecoeur.»

Liquidations à la grecque est aussi une ballade dans les rues d'Athènes avec leurs noms évocateurs, Omonia, Syntagma, Pireos, Evelpidon, Eleftherias, Mitropoleos, Ypsilantou, Monastiriki, Sokratous, Ermou, Patissios, Panormou, Paraskevi.

Et comme d'habitude, Kostas Charitos est entouré de la même équipe, Koula, la secrétaire de Guikas, Dermitzakis et Vlassopoulos les inspecteurs, Stavropoulos, le médecin légiste.

A lire.









Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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J'ai ADORÉ !!! J'ai eu l'impression de me retrouver à Athènes pendant mes années de fac que de souvenirs.
C'est le premier roman de cet auteur que je lis et j'ai beaucoup aimé. Il y a longtemps que je ne suis pas retournée en Grèce mais je sais que la vie quotidienne n'est pas facile depuis la crise.
Le commissaire Charitos enquête sur des meurtres de l'élite financière alors que le pays s'enfonce encore plus dans la crise.
Je trouve les personnages attachants et j'aime la façon que l'auteur à de décrire la vielle d'Athènes en citant toutes les rues où Charitos passe, j'ai l'impression de déambuler avec lui.
Une très belle découverte.
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Des banquiers et hommes d'affaire sont retrouvés décapités, avec la lettre d'épinglée sur leur cadavre. Il n'en faut pas plus pour mettre en branle la cellule anti-terroriste de la police grecque, persuadée de trouver là les signes d'une attaque signée DAECH. Il n'en faut pas moins, cependant, pour mettre la puce à l'oreille du commissaire Charitos, persuadé que des terroristes dignes de ce nom ne vont pas s'en prendre à ceux qui détiennent l'argent dont ils ont tant besoin. Il va donc devoir mener une enquête parallèle qui va l'amener, et nous par la même occasion, de surprise en surprise. Comme dans les autres opus de la série, Petros Markaris nous révèle un pan de la réalité grecque, ici la crise économique qui ravage ce petit pays et a mis fin au beau rêve européen. La philosophie n'est pas absente, proposant à notre réflexion : qu'est-ce qu'une société ? du cousu main, efficace et intelligent…
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Des banquiers sont décapités au sabre, tandis qu'un mystérieux Robin des banques inonde la ville de tracts, exhortant la population à ne plus rembourser ses emprunts auprès des banques. Cet appel à la désobéissance civile n'est pas le premier dans l'histoire contemporaine, Gandhi et Martin Luther King ont été les précurseurs de ce moyen de défense.


Le commissaire Kostas Charitos, qui était déjà flic à l'époque des Colonels, c'est dire s'il a déjà vu souffrir son pays, mène l'enquête avec ténacité dans une ville embouteillée par les manifestations de fonctionnaires qui ne sont plus payés, de retraités sans pension, de chômeurs, de malades privés de soins, d'enfants sans enseignants. Avec un sens pédagogique affûté, Petros Markaris fait endosser à Charitos le rôle du naïf, de celui qui cherche à comprendre en posant des questions candides, et ainsi livre aux lecteurs des explications limpides sur tous les petits arrangements entre gouvernants européens.


Liquidations à la Grecque, c'est un peu l'Europe pour les nuls, c'est le meilleur compliment que je peux adresser à ce roman qui prouve une fois de plus que le polar est le reflet de la société. Mieux que des économistes peu atterrés ou sociologues abscons, il explique de manière claire et accessible comment une mafia bancaire décide de plonger dans la misère, la détresse, l'indignité, des millions de personnes.


Liquidations à la Grecque a reçu le Prix du Polar européen en 2013, et Petros Markaris a reçu la Médaille Goethe en 2013, distinction allemande officielle pour notamment "la recherche d'une collaboration culturelle internationale". D'une certaine manière, l'auteur a inventé le polar qui venge par procuration ceux qui souffrent dans l'impuissance. J'allais oublier, Charitos est aussi sur les traces d'un meurtrier.
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L'affaire avait fait grand bruit au moment de sa parution : un polar sur fond de dette grecque et de Troïka.

8 ans plus tard, le pays n'est pas sortie d'affaire (et la pandémie ne va rien arranger), mais je me décide à ouvrir le livre.

L'auteur m'a plongé d'entrée de jeu dans Athènes asphyxiée par les embouteillages. Et le narrateur, le commissaire Charitos lui-même, m'a voituré au gré des rues de la capitale.

J'ai aimé ce personnage qui regarde les soirs les définitions dans son vieux dictionnaire. Ce commissaire plein d'humour qui ne suit pas les consignes de son GPS, le seul qu'il peut envoyer paître.

J'ai aimé sa femme qui professe des proverbes à chaque phrase.

J'ai découvert les PIIGS : acronyme formé par les initiales des pays d'Europe les plus fragiles économiquement : Portugal, Italie, Irlande, Grèce, Espagne (Spain).

J'ai aimé trouver juste la croisade du meurtrier contre le Grand Capital.

L'auteur donne à lire l'éternelle corruption des puissants et les souffrances de leurs victimes, dont certaines se suicident.

Un polar touchant juste à plus d'un titre.

Quelques citations :

Il n'y a pas de sociétés, monsieur. Il n'y a que des groupes. Des entrepreneurs qui défendent leurs intérêts, des travailleurs qui défendent les leurs à travers les syndicats et d'autres organisations, il n'y a que des groupes qui défendent leurs intérêts. La société est une création de l'esprit.

Nous tous qui nous sommes dopés pour une médaille, nous l'avons payé très cher. Je l'ai payé de ma santé, les trois autres ont été ruinés. La sanction est juste. Mais ce que font les banques, si ce n'est pas du dopage, alors c'est quoi ? Les cartes de crédit qu'elles t'envoyaient par la poste, sans qu'on les demande, les prêts au logement, les prêts à la consommation, les prêts vacances ou mariage qu'elles distribuaient à tous, les hedge funds, les paris sur la faillite d'un pays étranger qui ne leur a rien fait de mal, tout cela, ce n'est pas du dopage ?

L'image que je retiendrai :

Pas une journée sans une manifestation dans les rues d'Athènes.
Lien : https://alexmotamots.fr/liqu..
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Première rencontre avec l'inspecteur Charitos confronté à 4 meutres de requins de la finance. Un « Robin des banques » se plait à convaincre les grecs acculés par la crise,de ne plus rembourser leur prêt. L'intrigue est en lien direct avec l'actualité du pays décrivant un peuple en grande difficulté sociale.
Une première approche avec le polar Grec, qui me donne envie de découvrir d'autres enquêtes de ce policier fort sympathique.
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Un polar qui parle de décapitation et de crise économique... sur un ton qui reste léger ! Loin d'être un polar noir, "Liquidations à la grecque", qui est une mauvaise traduction du titre original et qui conviendrait mieux au second volet de la trilogie (Peraiosi), nous permet d'enfiler le costume du commissaire Charitos, un commissaire plutôt sympathique qui se plonge complètement dans son enquête, ne laissant aucune piste de côté, avec parfois quelques ratés. le livre parle autant de l'enquête que de sa vie familiale, des embouteillages qu'il affronte quotidiennement dans les différents quartiers d'Athènes et bien sûr de la crise grecque. On découvre le fonctionnement de la police grecque mais aussi celui des banques. L'écriture est simple, très agréable à lire, et convient parfaitement au sujet. C'est drôle, les relations entre les personnages sont intéressantes.
Je ne parle pas de l'enquête pour ne pas dévoiler l'intrigue. Tout ce que je peux dire, c'est que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cet ouvrage et que je le conseille à tous, même à ceux qui ne pensent pas aimer les romans policiers. C'est sympa, on passe un bon moment tout en découvrant la "société" grecque contemporaine et on a envie de lire la suite des aventures de Charitos.

La seule chose qui me chiffonne est l'emploi du tutoiement par le commissaire alors qu'on ne le retrouve pas dans le texte original. Pourquoi ce choix de la part du traducteur ? Ca transcrit une certaine familiarité qui surprend d'abord, puis séduit, mais qui en fait n'existe pas dans le texte de Markaris.
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Polar au milieu d'une Grèce en pleine crise économique.
Une intrigue originale, une enquête rondement et astucieusement menée, un inspecteur bien dans ses baskets et son pays, un peu d'économie pour les nuls, et voilà un roman qui se lit de manière très instructive et agréable à la fois
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Enfin un bon polar qui ne vient ni du monde anglo-saxon, ni de Scandinavie. Avec de surcroit, un enquêteur qui pourrait ressembler à son voisin : quelqu'un doté d'une vie de famille et qui essaie de joindre les deux bouts. La crise économique grecque est le cadre de ce roman en contradiction avec les embouteillages qui paralysent la ville d'Athènes. le coeur de l'enquête est plus subtil qu'une vengeance économique. Comment se fait il qu'une poignée de personnes riches arrogantes et sûres de leur fait, se permettent d'humilier une nation entière? La lecture de ce polar donne un éclairage très pertinent sur ce point. Avec des mots simples, l'auteur donne des clés pour comprendre le pourquoi d une série de meutres commis à Athènes.
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