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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un roman féministe
Publié en 2008 j'ai découvert ce roman récemment au hasard d'un échange avec l'autrice elle-même à l'occasion du prix Simone de Beauvoir qu'elle a reçu en 2021. C'est peu de dire que ce récit m'a touchée. C'est peut-être de tous les livres que j'ai lus de Scholatique Mukasonga, celui que je préfère. Livre "linceul", livre tombeau consacré à la mère, il est aussi le livre des femmes : mères, soeurs, tantes, voisines, amies. Hommage à la mère, Stefania, femme forte, mère protectrice, nourricière, curatrice, libre dans sa condition de déportée. Mais au delà de ça, c'est un livre de la féminité qui s'interroge sur l'image de la femme et sur sa représentation. C'est aussi un récit qui brise les tabous de la sexualité féminine, évoquant coutumes et mariages (réussis et manqués). Récit aussi de la terrible condition des femmes par temps de guerre, récit du viol, arme de destruction massive parce qu'il broie l'individu et démembre la structure sociale, met à mal la collectivité. Comment ne pas penser aux prix Nobel Denis Mukwege
dans ces pages qui évoquent le viol ? "les viols. Personne ne voulait en parler. Personne ne pouvait en parler. Il n'y avait rien dans la coutume qui permettait de faire face à cette catastrophe qui bouleversait les familles" . Pour lire des extraits cliquez sur mon adresse web.

Lien : https://twitter.com/claire_t..
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Happant. Prenant. Bouleversant. Un livre que j'ai dévoré.
Scholastique Mukasonga nous emmène loin de France, à la rencontre du Rwanda, à la découverte d'une culture à cent mille lieues de la nôtre dans un contexte complètement différent. Elle raconte les champs de sorgho, l'enfance tendre et belle, les nombreux frères et soeurs, les coutumes, le quotidien de son peuple. Et plus encore, elle raconte sa mère, Stefania. Une femme de courage, une lionne dont la principale obsession est d'assurer la survie de ses enfants dans un monde qui ne veut pas d'eux. Car c'est la guerre entre les Hutus et les Tutsis. Ou plutôt, c'est le massacre des Tutsis depuis que les Hutus ont pris le pouvoir. le danger est partout. Ils sont déportés, battus, leurs maisons sont saccagées, leurs femmes violées, leurs enfants tués, leur culture menacée... Toute leur vie est organisée autour de la survie. À tout instant, les enfants doivent être capables de se cacher pour réussir plus tard à franchir la frontière du Burundi – dans le meilleur des cas.

Scholastique Mukasonga raconte son évolution au sein de cet univers à la fois hostile et chaleureux, dans l'ombre d'une mère qu'elle aime et admire – à raison ! Une mère qui la protège, une mère qui est un modèle de dévouement pour sa famille. On ne peut s'empêcher d'admirer la force et le caractère de cette femme si particulière et si extraordinaire.

L'histoire décrit le quotidien de la famille au travers de petites anecdotes qui nous montrent à quel point la culture de ce peuple, ses habitudes, ses croyances sont différentes des nôtres. Certaines choses sont tellement inenvisageables pour nous qu'on se demande parfois si on vit sur la même planète !

Leur quotidien est rempli de surnaturel, ils vivent en permanence avec leurs contes et leurs légendes. Parfois merveilleuses, celles-ci sonnent aussi comme des excuses pour cacher une réalité bien difficile à avouer. Pour eux, un foetus peut très bien se mettre à vagabonder dans le corps de sa mère, mais cela l'empêche de se développer et retarde l'accouchement. Durant son enfance, Scholastique a ainsi connu un homme qui a attendu l'enfant dont sa femme prétendait être enceinte pendant cinq ans. Cinq ans ! Moui. Ils sont bien naïfs, les maris.
Une autre croyance que j'ai trouvé très belle, c'est celle des larmes de la lune, qui tombent parfois sur le ricin, un arbre particulier
J'aime cette ambiance entre réel et magie. Pour les Rwandais, tout est prétexte à maléfice ou enchantement. On dirait encore un monde d'enfant.

Je recommande ce livre à TOUT LE MONDE. Ne serait-ce que pour avoir connaissance de ce génocide qui a lieu au Rwanda. Mais aussi pour pouvoir découvrir la plume de Scholastique Mukasonga, entraînante, enivrante, enchanteresse.
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Très bel hommage à sa mère à laquelle elle n'a pu dire correctement au revoir, en déposant un pagne sur son corps. L'auteure nous dépeint également joliment des éclats de vie du Rwanda, et esquisse de belles images de son enfance rwandaise d'avant le genocide.
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Stéfania, quelle mère, quel exemple, tous les gestes du quotidien deviennent des instants d'une beauté pure. Livre exceptionnel, merci Sholastique Mukasonga
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Ce livre est un hommage à Stefania et à travers elle, à toutes les femmes rwandaises qui survivaient pour sauver leurs enfants d'une mort quasi-imminente. Dans cette courte autobiographie, Scholastique Mukasonga
nous plongé dans la vie des déportés Tutsi à Nyamata. Comment étaient conçues les maisons, comment étaient réparties les tâches dans la famille. Elle raconte l'éducation, les relations de voisinage, la médecine, les mariages, la beauté rwandaise, le pain, l'agriculture tel un art...

Elle évoque également la place de la colonisation : l'école, la messe, les prêtres, les prénoms chrétiens, le "progrès", ceux qu'on appelle les "évolués". Elle évoque également, les incursions et les exactions des soldats Hutus...

C'est vraiment très beau. Je recommande cette lecture si on souhaite lire sur le Rwanda d'avant 1994.
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Un très beau texte de l'auteur sur sa mère à qui elle offre un linceul de ses mots. Une très belle peinture du Rwanda d'avant le génocide et des peurs déjà à l'oeuvre...
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