Juin 1920. Un an après les événements relatés dans
L'attaque du Calcutta-Darjeeling
Wyndham et le sergent Banerjee ne peuvent empêcher l'assassinat du prince héritier de Sambalpur, bien qu'au moment du drame ils se trouvaient avec lui, dans sa Rolls. Cet assassinat aurait-il un rapport avec les étranges messages reçus par le prince la semaine précédente, messages laissés dans ses appartements privés, l'un ur son oreiller, l'autre dans la poche d'un costume? Peu de personnes sont habilitées à pénétrer dans la chambre du prince...
Qui est le commanditaire de l'attentat, visiblement soigneusement préparé? Un tireur isolé? Un groupuscule quelconque? le mystérieux tireur portait sur le front une marque étrange, deux lignes de cendres blanches se rejoignant à la racine du nez de part et d'autre d'une ligne rouge plus fine, généralement portée par les prêtres. Aurait-il un lien avec la procession religieuse dans laquelle Wyndham l'a perdu?
Que ce soit un attentat religieux ou politique, la situation s'avère on ne peut plus délicate pour Wyndham mais surtout pour la police coloniale. Comment expliquer au vice-roi que le prince héritier d'un Etat souverain se fasse assassiner en plein jour en présence de deux officiers impériaux, qui de surcroît s'avèrent incapables d'arrêter le tueur? Attentat qui tombe on ne peut plus mal, au moment où le gouvernement britannique réunit les principaux maharadjas et nababs pour l'instauration d'une Chambre des Princes dans le but d'apaiser les exigences d'autonomie de plus en plus grandissantes des souverains indigènes.
Seul indice tangible pour Wyndham et son sergent, les messages reçus par le prince. Qui pouvait savoir qu'il se trouvait en danger? Manifestement, la réponse se trouve à Sambalpur. le maharadja mandate les deux policiers pour qu'ils retrouvent l'assassin de son fils, mais la conjoncture s'avère bien plus complexe et délicate que ne le pensait Wyndham. Entre susceptibilités princières, protocole et intrigues de palais, Wyndham et le sergent Banerjee vont devoir "marcher sur des oeufs" s'ils veulent trouver la vérité sans faire imploser le palais royal.
Les princes de Sambalpur est doté de nombreuses qualités, mais celle que j'apprécie le plus est l'impartialité de l'auteur qui passe au crible aussi bien les travers de la civilisation anglaise que ceux de la société indienne. Sous le prétexte d'informer le capitaine Wyndham,
Abir Mukherjee esquisse des pages de l'histoire de l'Inde, renseignant dans le même temps le lecteur peu ou mal documenté.
Le +: l'enquête menée par les autorités britanniques se heurte aux traditions indiennes, qu'elles soient religieuses ou culturelles, ainsi qu' aux conventions et coutumes qui régissent la famille royale de Sambalpur: "-J'aimerais fouiller les appartements du prince, s'il vous plaît. le dewan me regarde comme si j'étais fou. -C'est hors de question, répond-il fermement...Libre à vous de faire tout ce que vous voudrez, capitaine, répond-il calmement. Sachez d'abord que cette suite est reconnue officiellement comme territoire souverain de Sambalpur." (Page 38)...Tout comme lorsque Wyndham veut interroger les femmes de la famille royales qui ne peuvent être vues par aucun homme à part les eunuques.
Le +: grâce aux nombreux passages livrant les pensées de Wyndham concernant l'enquête, réfléchissant à ses tenants et ses aboutissants, éclairant la lanterne du lecteur.
Les Princes de Sambalpur est un roman intelligent, original, bourré d'humour et de fantaisie, extrêmement bien construit: rythme, rebondissements, contexte historique bien reconstitué, personnages crédibles et attachants en font une lecture passionnante et divertissante.
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