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sur 164 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Le titre laissait déjà présager le malaise. Derrière le projet carnivore se profilait l'inversion des valeurs, l'atteinte à la dignité animale, la profanation d'une figure exemplaire du panthéon enfantin, bref l'acte criminel et même blasphématoire.
Bien vite on voit que Bambi est une jeune fille, et si elle n'est pas aussi fraîche et innocente que le petit animal Disney, elle est tout aussi frêle et sympathique (certes, en mode sale gosse), et elle a beau être armée d'un redoutable Sig Sauer dont elle sait se servir, on anticipe que ça va quand même mal se passer parce qu'une gamine de 15 ans et qui joue les bombes sexuelles pour attirer et détrousser des vieux cochons, c'est pas le signe d'un bon départ dans le travail salarié, même si on n'a rien contre le statut d'auto-entrepreneur et le métier d'acteur.(...)
Ce qui est fort dans ce roman, c'est tout d'abord l'écriture, une belle immersion dans la langue des banlieues, un rythme enlevé, des descriptions sensibles, ensuite c'est le personnage de Bambi, sa colère, ses angoisses, sa mère, ses beaux-pères, les hommes qu'elle croise, sa radicalité. Enfin, c'est l'histoire, ce récit poignant d'une enfant perdue, ses copines à la vie à la mort, coéquipières de ses virées dangereuses, au plus près des fantasmes sexuels des bonshommes, sans que jamais il ne soit question de sexe, mais juste de violence, d'arnaques, de coups tordus et de prises de risques inconsidérées. (...)
Bref, un très bon roman noir, une belle découverte !"
François Muratet dans Double Marge (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/mang..
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Bambi, jolie môme mais qu'as-tu fait ? Regarde-toi, de quoi t'as l'air là ? T'es qu'une gamine Bambi, t'as pas seize ans et t'as déjà l'Rimmel qui fout l'camp, qui coule des rigoles sombres sous tes beaux yeux tristes. T'as trop pleuré jolie môme ? Non, tu pleures jamais toi, sur le vide de ta vie, sur celle que tu rêves d'avoir, une vie de princesse comme dans les contes des Mille et Une Nuits mais la vie c'est pas un conte merveilleux Shéhérazade, ton palais c'est rien que quatre murs gris tout décrépis d'un quartier ouvrier, sans chaleur ni tendresse car la vie c'est une putain d'embrouille qui te fait pas de cadeaux si t'es pas née là où il faut. Alors tu refais l'histoire à ta façon, princesse glauque et sordide, sans te douter un instant que tes petits jeux sont dangereux.

Hé toi ! Oui toi, le jeune homme dans la fleur de l'âge, l'hédoniste qui cherche une petite à gâter, luxe, calme et volupté. Gaffe si tu croises la route à Bambi, elle est bien capable de te faire la peau après t'avoir vidé les poches, même pas sûr qu'elle te laisse ton slibard, tout juste un peu d'amour propre. Tu ne le sais pas mais Bambi c'est Hilda pour l'état civil, son délire c'est de racoler et dépouiller des vieux-beaux friqués et bien mis comme toi sur les sites de Sugar Dating. Et toi tu n'y vois que du feu, juste l'envie de croire que tu peux encore pécho une petite poupée, un petit bonbon à peine sorti de l'enfance en alignant quelques billets.

Alors Bambi rêve de Thaïlande, de paradis, d'îles lointaines, de cartes postales... Elle redevient une petite fille, Bambi a le seum, Bambi a le spleen des femmes qui sont fatiguées d'avoir trop vécu. Entre deux ou trois deals de shit du côté du "Santa Barbara" avec son gang de filles et un passage à tabac d'un pigeon qui n'a pas su résister à sa petite moue de baby doll, elle essaye juste d'oublier qu'elle n'a pas la vie qu'elle mérite, que sa mère picole et qu'elle a la main un peu trop leste quand son actuel (qui lui aussi aime un peu trop les petites) se fait la malle. "La vie est une pute faut la bouyave" alors Bambi sort le gun à papa et joue à la guerre. Elle gueule, elle beugle, elle crache son fiel, sa rage, elle griffe pour faire mal et pour se faire mal car elle est comme ça Bambi, elle préfère avoir mal, plutôt crever que de se laisser aller à pleurer.

Un récit sombre, une écriture crue et féroce. Caroline de Mulder reprend avec brio les codes et le langage spécifiques de la rue en y incluant des passages d'une grande intensité, elle laisse parler le corps, la souffrance psychique. Elle dresse le portrait au vitriol d'une jeunesse à peine sortie de l'enfance et déjà désenchantée : Bambi adolescente paumée et borderline, véritable petite bombe à retardement, façonnée à l'envi par une société de plus en plus consumériste, rejette, vomit littéralement sa vie étriquée et n'a aucune conscience de la gravité et de la barbarie de ses actes, elle reproduit les violences qu'elle subit car c'est la seule manière pour elle de se révolter contre une société dans laquelle elle se sent complètement exclue et sans aucuns repères qu'ils soient familiaux ou sociaux.

Vous l'aurez compris Bambi n'aura fait qu'un bouchée de moi. Je me suis pris un aller-retour en pleine face, un uppercut, et à l'issue de ma lecture je n'ai eu qu'une envie c'est de prendre la gamine dans mes bras et de la réconforter. Je n'en dis pas plus et je vous laisse découvrir cet excellent roman de la demoiselle de Mulder.

"T'es qu'une fleur de printemps
Qui s'fout d'L heure et du temps
T'es qu'une rose éclatée
Que l'on pose à côté
Jolie môme..."



* Merci aux petits amis : Sam, Majero, Christophe-bj, Wyoming qui m'ont amenée jusqu'à Bambi.

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Bambi est une jeune fille de presque seize ans qui vit avec sa mère alcoolique dans une grande précarité. Avec son amie Leïla, elle écume les sites lui permettant de se mettre en contact avec des hommes beaucoup plus âgés et « généreux ». Mais c'est elle qui leur fait passer un sale quart d'heure. ● Comme le titre le suggère, c'est un roman très noir mais aussi très addictif, très bien construit et très bien écrit dans une excellente stylisation de ce langage jeune des cités qui est celui de Bambi. ● le rythme ne se relâche jamais, ce qui n'empêche pas l'histoire d'être poignante, car Bambi est avant tout une victime ; et elle n'abandonne jamais sa mère qui pourtant lui rend la vie infernale. ● le portrait de ces adolescentes en déshérence est remarquable. ● Je conseille fortement ce roman ! Et je remercie daniel_dz de me l'avoir fait découvrir. Je ne connaissais pas l'autrice, je vais lire d'autres livres d'elle.
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Elles sont deux, deux adolescentes, dans une chambre d'hôtel de luxe, attifées comme des… Heu… Bref ! Elles ont commandé en roomservice du homard. Mais là, elles se débattent avec la carcasse de la bête sans arriver à se sustenter. Elles devraient demander conseil à l'homme présent dans la chambre. Lui sait certainement. Mais il va avoir du mal à leur répondre. Il est bâillonné sur le lit…


Critique :

Mesdames et Messieurs, si vous attendez des « héroïnes » de cette histoire qu'elles s'expriment dans un langage châtié, approuvé par l'Académie française, ne vous attardez pas ! Vous risquez un malaise ! Caroline de Mulder fait parler « ses filles » de façon très crédible… Pour des filles de banlieue ! Pas de banlieue chicos ! Non ! D'une de ces banlieues où la misère est présente à tous les nivraux et l'éducation au dernier sous-sol plutôt qu'à l'ultime étage de l'instruction d'où l'on a une vue sublime sur le Larousse, Le Robert et le Littré. Ses personnages sont-ils crédibles ? Oh, que oui ! Pas seulement parce que des gangs de filles extrêmement violents ont vu le jour, mais aussi parce que, malgré les horreurs qu'elles peuvent commettre, elles n'en restent pas moins des êtres humains que la vie n'a pas épargnées et qui décident de prendre ce qu'elles n'ont pas, tout en manifestant parfois des sentiments tels que l'amitié, la fidélité, l'amour filial, etc.
C'est là aussi que certaines lectrices et lecteurs risquent de faire les grands yeux à l'auteure : ces filles ne sont pas des victimes ! Ne cherchez pas les prédateurs parmi les hommes ! Ces gamines à peine pubères sont des prédatrices. Attention : Caroline de Mulder ne dit pas que c'est bien ! « Super les filles, il faudrait dire « frères » si l'on parle le même langage qu'elles, super les filles ! Vous êtes au moins aussi douées que les mecs pour commettre des horreurs. »
Elle constate simplement que des femmes, des jeunes filles, ici, peuvent aussi commettre des atrocités et se montrer parfaitement malveillantes. (Ouille ! Je sens que certaines féministes qui considèrent toujours les femmes comme des victimes ne lui pardonneront pas, alors que d'autres féministes ne lui en tiendront pas rigueur puisque ces adolescentes deviennent les égales des hommes, fut-ce au travers de crimes). Soyons clairs : personne, et certainement pas Caroline de Mulder, n'encourage les comportements décrits dans ce livre. C'est un roman ! Une fiction, quoi ! … Mais grâce à l'immense talent de Caroline de Mulder, on y croit… Ou pas si on est convaincu.e que jamais une fille ne pourrait commettre de tels forfaits. Et pourtant, Hilda, Bambi pour son « crew », et la blonde (à perruque), Leïla, n'hésitent pas.
Bambi et Leïla attirent des hommes, mariés de préférence, dans des pièges qu'elles dressent via des sites de rencontres où des hommes plutôt âgés cherchent des contacts avec des jeunes filles pour des échanges tarifés. Elles les piègent pour les dépouiller comptant sue le fait qu'ils n'oseront pas porter plainte puisque Bambi n'a même pas seize ans. Les hommes ont plus à perdre qu'elles… Beaucoup plus ! « Plutôt crever que de se faire gauler la main dans le string. »
Et Bambi est tellement douée qu'elle n'a aucun mal à faire chanter le directeur de son établissement scolaire grâce à ses talents de comédienne, et à l'habile préparation de sa mise en scène, qui font d'un innocent un sacré vicelard !
N'allez surtout pas croire que ces furies, dont au moins une a des airs angéliques, ne s'en prennent qu'aux mâles ! Une fille de leur âge est aussi une belle victime potentielle, tout simplement parce qu'elle a de jolies pompes aux pieds et qu'elle est jolie, alors si en plus elle refuse de refiler ses godasses, elle ne devra pas venir se plaindre s'il lui arrive une ou deux bricoles.
C'est un ouvrage à déconseiller aux âmes sensibles tant la plupart des passages sont durs. Mais la violence n'est pas étalée juste pour obtenir un effet gore. Elle est là parce que l'histoire le veut pour être crédible.

Ce n'est pas un polar, ni un thriller, ni un roman policier… C'est un roman noir de chez noir !
Mais sortez de l'obscurité et lisez-le. Il est remarquable !
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Vous pourriez imaginer mille choses à travers le titre, pourtant aucune ne sera celle à laquelle vous penserez. Vous pourriez imaginer une intrigue sur la cause animale, pourtant, même s'il est question d'animalité, ce n'est pas celle à laquelle vous penserez. Vous pourriez imaginer que l'auteure souhaite parler de ces animaux en voie d'extinction, pourtant même s'il est question de bestialité, ce n'est pas celle à laquelle vous penserez…

Manger Bambi, quel drôle de titre que cette référence à l'enfance avec le dessin animé éponyme, pourtant ici point de contes à la clé, sauf un conte des temps modernes où l'horreur côtoie l'enfance, l'adolescence. Un parallèle avec la perte de l'innocence et de ces illusions enfantines.

Bambi à l'aube de ses quinze ans a déjà tout du monstre… Bambi mord avant de l'être, elle s'est construit dans un rôle lui permettant de prendre sa revanche. Ce qu'elle veut c'est du pognon pour s'en sortir. A la tête d'un trio d'ado toutes aussi perdues qu'elle, elle se sert d'un site de sugardating, sur lequel ces messieurs, bien plus âgés, cherchent de la chair fraîche… Elle monte des traquenards, dignes des plus grands bandits, elle emprunte les codes des mecs pour se faire sa place.

On pense à tort que la violence est réservée aux garçons, or, lorsqu'elle est utilisée par les filles, elle est aussi virulente, si ce n'est plus. Comme si elles devaient prouver qu'elles sont capables d'être violentes. Ce qui est horrible dans ce livre ce n'est pas tant la violence, mais c'est le détachement avec lequel Bambi en use. Même ses copines ont du mal à la comprendre, ne comprennent pas dans quoi elle les entraîne. Sauf que Bambi, ne lutte pas seulement contre la société qui l'enferme dans sa misère, alors que d'autres ont tout, mais lutte surtout contre elle-même est ses démons.

Ce qu'elle n'a pas, elle le prend de force et prendre par la force lui donne un sentiment de puissance qui l'exalte. Pourtant, elle va se brûler les ailes et toute cette violence qui l'exalte et la broie de l'intérieur, va la consumer.

Ce n'est pas une simple histoire, c'est une histoire qui prend aux tripes, ce n'est pas une simple intrigue, c'est un roman sociétal qui pointe les dysfonctionnements de notre société moderne. C'est un roman sur la lutte des classes, sur la pauvreté et ce qu'elle peut engendrer. C'est l'histoire de la violence sous toutes ses formes et dans ce qu'elle a de plus abject. C'est l'histoire de toutes les Bambi dont la violence est le reflet d'un mal-être d'une grande profondeur. C'est l'enfance bafouée, l'absence de parents, c'est la violence comme héritage familial.
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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Trois gamines qui jouent aux putes pour braquer et plumer de vieux vicelards. La chef c'est Bambi, la plus jeune qui tire sa force de sa rancoeur envers 'Nounours', l'ex de sa mère.

C'est assez 'trash' et pourtant on craque devant ces gamines paumées, Bambi si attachée à son alcoolique de mère, Julie, l'éducatrice à la dérive et dépressive harcelée par les filles.

Pas toujours crédible, mais c'est fort!
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Respect ! Voici un texte remarquable, surtout par sa maîtrise de la langue, mais aussi par la finesse et la justesse de ses portraits d'adolescentes marginales, qui séduisent des hommes nantis pour leur extorquer leurs belles montres et leurs liasses de billets.

Le point de départ de l'histoire est une situation qui, malheureusement, n'est pas bien originale. Hilda, que ses amis ont surnommée Bambi, est une adolescente d'une quinzaine d'années qui vit seule avec sa mère, profondément alcoolique. Son père a quitté la maison lorsqu'elle avait 5 ans. Alors Bambi vit sa vie. Et là, on commence à sortir des sentiers battus. Des amies l'ont entraînée dans des mauvais coups: attirer des hommes friqués, « sugar dadies », et leur extorquer de l'argent en leur mettant une arme sous le nez. Il ne s'agit donc pas de malheureuses jeunes filles qui se feraient abuser, bien au contraire. Bambi s'en tire plutôt bien, elle prend goût à l'argent qu'elle en retire. C'est une fuite, mais on la voit attentive à ne pas aller trop loin, par exemple en évitant de tomber dans les pièges de la drogue.

Caroline de Mulder décrit ici fort bien cette charnière entre l'enfance et l'âge adulte qu'est l'adolescence. Livrée à elle-même, Bambi doit s'assumer, comme une adulte. Mais l'auteur fait finement ressentir qu'elle est encore une enfant, qui a besoin de sa mère. Paradoxalement, on voit l'adolescente s'occuper de sa mère comme un adulte s'occuperait de ses parents devenus âgés, mais je dirais qu'elle voudrait parvenir à sortir de sa mère de son alcoolisme pour qu'elle puisse redevenir la maman qui lui manque encore. de ce point de vue, la fin de l'histoire est particulièrement touchante.

Je vous recommanderais ce roman pour ces intéressants portraits d'adolescentes, mais je vous le recommanderais tout autant pour sa forme. En préambule, je précise que Caroline de Mulder est originaire de Gand. Cette ville est bien flamande, mais l'excellent ouvrage de Bart van Loo, « Les téméraires », vous en rappellera qu'elle a été un chef-lieu bourguignon. Je ne sais pas trop si cela explique, des siècles plus tard, que l'on trouve à Gand nombre de néerlandophones qui maîtrisent particulièrement bien le français. C'est le cas de Caroline de Mulder, qui affirme avoir appris à parler en néerlandais et appris à lire en français.

Dans « Manger Bambi », les nombreux dialogues des adolescents sont écrits dans une langue d'adolescents. Mais ce qui est remarquable est qu'il s'agit ici d'une langue d'adolescents particulièrement bien maîtrisée. Je ne suis plus un adolescent, mes enfants non plus, mais je connais tout de même « keuf » et « meuf », par exemple. Et puis, je sais ce qu'est le verlan et je peux deviner ce que veux dire « tepu ». Vous aussi, sans doute. Mais « bouyave », « bicrave », « macrave », vous connaissez ? Je vous laisse chercher, ça vient du romani, une langue des Roms.

Là, je tire mon chapeau à Caroline de Mulder, la gantoise. Ces dialogues plongent le lecteur dans l'univers des jeunes avec une force remarquable. Cela n'aurait pas été le cas si elle s'était contentée de saupoudrer ses phrases de quelques mots d'argot: on aurait senti l'adulte qui imite les jeunes. Et sa maîtrise ne s'arrête pas là car le reste du texte est écrit dans un français plus classique mais sans que l'on sente de hiatus en passant d'un style à l'autre. le texte est remarquablement fluide, naturel !

Enfin, je féliciterai encore l'auteure pour être parvenue à rendre l'ambiance glauque dans laquelle évoluent les adolescentes sans abuser de mots crûs ni de violence trop explicite. On reste fort dans la suggestion.

Bref, une fois plus, me voilà fier de promouvoir une auteure belge. Lisez « Manger Bambi » et faites-le lire à des grands ados, ça leur plaira sans doute !
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C'est le second polar de Caroline de Mulder que je lis après "Calvaire" qui me faisait découvrir cette auteure flamande il y a quatre ans. C'est le second polar et c'est surtout la seconde claque que je prends.
Il faut dire que la puissance de l'écriture immersive de Caroline de Mulder est incroyable. Direct on entre dans le monde et la tête de Bambi, cette jeune fille frêle mais sans doute plus dangereuse qu'il n'y parait.
En effet, leader d'un gang d'adolescentes zonardes, Bambi, 15 ans, utilise les sites de sugardating pour sortir de la précarité. Loin de se laisser séduire par des hommes plus âgés, elle se défend avec force contre les violences auxquelles elle est exposée quotidiennement.
Là j'ai du mal à digérer ce conte cruel et trash que j'ai adoré.
J'aimerai vous en dire plus sur Bambi, sur la petite fille qu'elle a été auprès d'une mère alcoolique et mal aimante.
J'aimerai vous dire que Manger Bambi est un hymne contre les violences faites aux femmes.
Je devrais aussi vous dire que les hommes n'ont pas le bon rôle ici. Je pourrais rajouter que c'est sans doute mérité !
Manger Bambi m'a bousculée et il en faut pour me déstabiliser. Il faut dire que tout un tas de sentiment souvent contradictoire viennent vous percuter et souvent en même temps durant votre lecture. Une lecture qui ne vous laissera pas indemne, c'est certain.
Alors oui c'est cru, c'est jeune, c'est trash. Certains diront surement laid et vulgaire. Oui c'est osé, réaliste, rude, saignant, brutal. Oui c'est féroce, sauvage et violent. Oui on comprend parfois Bambi et ses motivations à vouloir sortir de la misère, oui on s'indigne car on peut penser qu'elle va trop loin, oui, on s'apitoie aussi tellement ce récit est impitoyable. On a peur, on juge, on s'attache. On est submergé par des sentiments, des émotions contradictoires.
Mais ce qui est certain c'est que cette jeune Bambi fera partie de ces héroïnes qui ne vous lâcheront plus et vous marqueront à jamais.
Et le style tout en tension de notre autrice est inimitable.
Bravo Madame de Mulder, votre roman est brillant , tellement actuel et nécessaire, j'allais dire impérieux.

Lien : https://collectifpolar.com/
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Caroline de Mulder à une écriture très actuelle, quasi punk, complètement trash. Dès les premières phrases, elle nous propulse en chute libre dans la descente en total free style de Bambi, 16 ans, gamine trop "pas de chance", qui a décidé d'aiguiser ses griffes roses toutes rongées pour tout déglinguer. Et ça va saigner !

Chaque choix de l'héroïne la pousse un peu plus dans la fatalité de son very bad trip. Et pourtant... Pourtant, au risque de se ramasser une bonne grosse mandale en retour, on n'a qu'une envie, c'est de la prendre dans nos bras pour pour lui dire qu'elle est la plus belle, la plus incroyable, la plus extraordinaire, la plus touchante des écorchées esquintées qui hantent la littérature noire.

Je n'ai pas mangé Bambi, je l'ai dévorée.
À lire ABSOLUMENT !

#MangerBambi #CarolineDeMulder #LaNoire #Gallimard #Polar #thriller #lecture #livres #chroniques

Le quatrième de couverture :

Quinze ans bientôt seize, Bambi est décidée à sortir de la misère. A la tête d'un gang d'adolescentes zonardes, terrorisantes et terrorisées, elle a trouvé un filon : les sites de sugardating qui mettent en contact des jeunes filles pauvres avec des messieurs plus âgés désireux d'entretenir une protégée. Bambi y pose en proie parfaite. Mais Bambi n'aime pas flirter ni séduire et encore moins céder. Ce qu'on ne lui donne pas gratis, Bambi le prend de force. Et, dans un monde où on refuse pourtant aux femmes jusqu'à l'idée de la violence, Bambi rend les coups, y compris ceux qu'on ne lui a pas donnés.
Lien : http://lesbouquinsdesylvie.fr
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Bambi n'est pas une petite jeune fille douce et innocente comme pourrait le suggérer ce surnom. Tout en elle n'est que violence et furie et son histoire n'a rien d'un conte de fée.
Un père absent, une mère alcoolique dépressive qui ne s'apaise qu'en la frappant, un "beau-père" qui investit la place pour mieux la "manger" ...on peut comprendre les pulsions qui l'animent.
Mais elle a des plans pour s'en sortir ! Avec 2 copines elle joue les suggar babies pour s'introduire chez de vieux messieurs prêts à succomber à leurs charmes. Les caresses durent peu : munie de son gun, Bambi humilie, frappe, terrorise pendant que les deux autres dérobent tout ce qu'elles peuvent. le monsieur n'aura pas intérêt à porter plainte, elle le sait.
L'autrice reconstitue la vie de ces adolescentes dans une langue appropriée faite de franglais, de verlan, d'argot ( je ne comprends pas tout!). les scènes sont criantes de vérité et on se doute bien que ça finira mal !
Ce roman met aussi en évidence la naïveté et l'incompétence des services éducatifs, sociaux, juridiques chargés pourtant de la protection de l'enfance. Face aux comportements des adultes, les jeunes "Bambi" ne peuvent espérer s'en sortir.
Un roman noir, sombre et violent dont je conseille vivement la lecture.
Merci à Bebelio et Gallimard pour cette découverte.
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