Si ces architectes renoncent un moment à pasticher l'antiquité, c'est pour imiter les monuments de la Renaissance romaine dont les lignes, les motifs, soulignés par le clair soleil italien, peuvent avoir quelque grandeur, mais qui, dans l'atmosphère grise de Paris, font triste figure. Bonnard (1765-1818) et Lacornée 1779-1856) ne réfléchissent pas à cela quand ils construisent le palais d'Orsay, qui doit abriter à la fois la Cour des comptés et le Conseil d'État. Enfermés dans celle masse de pierre, où les fenêtres, trop petites, se comptent par centaines, les conseillers référendaires et leurs commis ne voient pas clair : la lampe à huile y est allumée nuit et jour, jusqu'au moment où le palais flambe.
L'ACADÉMISME
Avec la Restauration naît, fleurit, s'impose le style académique.
Percier s'était retiré pour se consacrer entièrement à la confection des belles aquarelles où il réunissait avec un goût charmant des fragments d'antiquités et parfois des morceaux sculptés empruntés aux monuments de la Renaissance, époque qu'il affectionnait à tel point qu'au Salon de 1796 il avait, osé envoyer un « Projet de monument consacré aux arts, dans le style du XVIe siècle », où l'on voyait circuler des seigneurs en pourpoint portant fièrement la toque et l'épée.
Lorsque, le péristyle franchi, on se trouve dans le camposanto semé de dalles qui se relient fort intelligemment au sommet des arcs extérieurs et que l'on a en face de soi le petit temple élevé à la mémoire des royales victimes, une émotion véritable étreint le visiteur. On oublie qu'il y a là, derrière les arbres, de hautes et indiscrètes maisons; que tout à l'heure, c'étaient elles qui, à tort, donnaient au pauvre monument un aspect mesquin. La mesquinerie est dehors, maintenant. Ce n'est pas certains morts qui reposent ici, mais la Mort.