Marie-Aude Murail a déjà écrit avec son frère Loris, sa soeur Elvire, sous l'alias Moka. Cette fois, elle écrit avec sa fille Constance, une presque trentenaire.
Pour ceux qui n'ont pas lu les précédents romans de la série, il faut savoir que
Marie-Aude Murail raconte la vie quotidienne de Sauveur, un psychologue installé à Orléans avec sa compagne, Louise, et de sa famille recomposée, se permettant ainsi d'aborder des problématiques très actuelles : les réseaux sociaux et Tik-Tok, la transidentité d'Elliot, le groupe de parole avec des prisonniers sur les violences faites aux femmes, les soucis de deux soeurs qui se diagnostiquent HPI, TDI, Gabin qui veut être militaire ce qui angoisse sa Alice la fille de Louise, la communication non-verbale d'un fils, Lawrence, avec son père dans le coma, le jeune Luther qui doit s'occuper de sa mère bipolaire, et d'autres encore… Comme le précédent volume s'achevait en 2018, ce volume 7 ne pouvait pas passer sous silence l'épidémie de Covid et quelques-uns de ses effets.
On suit la vie quotidienne de l'atypique famille de Sauveur, son manque de temps pour s'en occuper correctement, son fils Lazare devenu végétarien et sa difficulté à s'entendre avec Paul, le fils de Louise. Sauveur incarne joliment l'ouverture aux autres, l'empathie, la tolérance. On se laisse facilement entraîner dans ces histoires de la famille ou de ses patients, qui ont un goût de réel alors qu'elles ne le sont pas.
À une époque de ma vie, j'ai beaucoup lu de la littérature jeunesse et de
Marie-Aude Murail, la série des Mésaventures d'Émilien,
Oh, Boy ! et la plupart de ses romans de la collection Médium, les Nils Hazard… Je sais donc que
Marie-Aude Murail possède l'indéniable talent de saisir la vie des jeunes et de la restituer, avec leur langage, dans des histoires fictionnelles. Elle le fait avec une tendresse non dissimulée, de l'humour, s'as ambiguïté. On retrouve ce talent dans Sauveur & Fils, saison 7. Bien qu'à deux mains, l'écriture est fluide et rien ne permet d'identifier qui écrit quoi.
Finement les autrices laissent deux indices qui interrogent. D'une part, le déménagement du cabinet de Sauveur hors de la maison familiale et son association avec Blandine, une des soeurs Carré, serait-il le signe d'une nouvelle série ? D'autre part, ce volume est écrit à quatre mains, avec sa fille
Constance Robert-Murail. Est-ce une façon de lui laisser la place et que
Marie-Aude Murail cesse d'écrire des romans ? "Est-ce possible ?" ne peut-on s'empêcher de penser ? L'avenir nous le dira peut-être...
Ce roman appartient à la littérature de jeunesse et est lisible par des jeunes adolescents dès le milieu du collège, par des lycéens. Mais il appartient surtout à cette catégorie de livres qui gagnent à être partagés entre ados et adultes.
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