Il y avait chez cette jeune fille quelque chose qui l'émouvait et le troublait sans qu'il en comprenne la raison. Tout comme les teintes mystérieuses de la lumière, à un moment du crépuscule, rappellent certains souvenirs particuliers.
En réalité, le temps n'est pas rectiligne. Il n'a même aucune forme. C'est quelque chose qui, dans tous les sens du terme, ne possède pas de forme. Mais comme nous ne sommes pas capables de concevoir des choses qui n'ont pas de forme, nous le figurons sous l'apparence d'une ligne droite, par commodité.
- Vous avez dit que vous iriez loin, reprit Tamaru. De quelle distance parlez-vous ?
- Une distance qui ne se mesure pas.
- Comme celle qui sépare le coeur des hommes.
Que votre vie ait de l'importance pour vous, je le conçois. Vous n'en avez qu'une, une seule. Je le sais. Mais elle m'est indifférente. A mes yeux, vous n'êtes que des figurines en papier découpé qui se déplacent devant un décor. Tout ce que je vous demande, c'est de ne pas me déranger. Restez ce que vous êtes, des silhouettes de papier.
Son tailleur sans âge, certainement démodé dès sa confection, dégageait une légère odeur de naphtaline. Un tailleur d'un rose étrange, comme si une autre couleur avait été mélangée par erreur au cours de la fabriquation. On imaginait volontiers qu'à l'origine, on avait recherché une teinte douce et élégante, mais la recherche n'avait jamais abouti. Ce rose avait lourdement chuté dans le manque de confiance en soi, l'autoeffacement, la résignation. De ce fait, ce chemisier blanc tout neuf qui était visible au col ressemblait à un visiteur indiscret surgissant à une veillée funèbre.
Il y aura toujours plus de gens qui ne font rien d'utile à la société que le contraire.
Si je devais désigner un responsable, ce serait l'intolérance, quand elle est dominante dans l'esprit des hommes.
Depuis que j'ai été entraînée dans ce monde de 1Q84, songeait-elle, tout n'était-il pas déterminé à l'avance?
"D'autre part, il avait appris dans sa propre chair qu'il y avait de par le monde des souffrances bien plus graves que le froid et la nuit."
"La solitude, c'est un acide qui vous ronge."