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3,81

sur 384 notes
"Proust, un roman familial" ressemble plus à une thèse qu' a un roman. Il constitue, en quelque sorte, une thérapie pour l' autrice. le fil conducteur de l' histoire se révèle ténu et on se retrouve parfois face à une succession de chapitres sans véritable lien entre eux. Dans un tel roman ne pas avoir lu Proust avant constitue un handicap.
Le roman est bien écrit et prône des valeurs de tolérance et de liberté mais l' ensemble est très inégal. On alterne des chapitres intéressant ou l' on apprend à connaitre les us et coutumes de l' Aristocratie, ses travers et ses perversions...avec d' autres beaucoup plus "pompeux" où l' autrice emploie beaucoup de mots pour dire pas grand chose.
Certaines comparaisons et mise en évidence de liens entre l' oeuvre de Proust et des éléments urbains ( ville de Los Angeles par exemple), des évènements de la vie aussi paraissent audacieuses et sans véritable fondement.
Lisez Proust et peut être vous trouverez cette histoire très intéressante...Mais j' en doute.
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Grande fan de la Recherche, je ne pouvais ignorer cet essai enfin disponible à ma BM.

Mais comme je ne suis pas noble, j'ai eu un peu de mal avec la généalogie familiale de l'auteure qui tente pourtant de la rendre la plus simple possible.

Et puis son histoire familiale n'est pas ce qui m'a le plus intéressé dans ce livre.

J'ai aimé la lecture qu'elle fait de ce roman foisonnant à travers sa pratique de l'aristocratie, comment , grâce à la lecture de la Recherche, elle a compris les fonctionnements de son milieu social de naissance mais aussi sa vacuité.

J'ai aimé qu'à travers cette lecture, elle, la féministe et homosexuelle affichée, aie trouvé le courage de s'extraire de son milieu qui souhaitait la faire taire.

Un autre effet de la Recherche : l'effet émancipateur.

J'ai aimé que l'auteure du présent essai ai eu pour déclic un épisode de Downtown Abbey dans lequel le maître d'hôtel mesure l'équidistance des couverts. Ce détail force les portes de sa mémoire, à la manière de.

J'ai aimé que la comtesse Greffuhle revienne régulièrement dans le propos.

J'ai découvert les ressassements généalogiques de la noblesse, une vision hiérarchisé et autoritaire et monolithique du monde.

Enfin, j'ai aimé que cette lecture la console de son abandon familiale, comme l'adulte Marcel console l'enfant séparé de sa mère.

J'ai aimé cette image de la Recherche comme consolation.

Quelques citations :

Toute la Recherche peut être lue comme une investigation sur l'inadéquation des mots et des choses qui implique, à terme, une démonétisation inévitable des Noms, de leur pouvoir extravagant et trompeur. (p.77)

Dans son étude, Anne Simon formule la révolution proustienne en une équation limpide : « existence + imagination = réalité » (p.186)

Tout lieu de pouvoir s'érige sur un cimetière. Descendre en droite ligne de brutes anoblies ne m'enorgueillissait pas. (p.198)

L'image que je retiendrai :

Celle du château familiale de Luynes, sur la commune de Luynes.
Lien : https://alexmotamots.fr/prou..
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Laure Murat est issue d'une grande famille de France. Noblesse, ascendance prestigieuse, châteaux et domaines, aristocratie… un monde où paraître est primordial, les codes omniprésents et intangibles et où la forme l'emporte sur le fond. Une famille que Proust, fréquentait et dont nombre de représentants servirent de modèles pour les personnages de ses romans.

Laure Murat est également ouvertement homosexuelle et cela lui valut le bannissement familial.

Dans cet impressionnant essai biographique, elle parle d'elle, de sa famille et de Proust. Et ce petit journaliste du bout de la table sert ici de révélateur. A l'instar d'un bain photographique qui dévoile les ombres et la lumière, la recherche éclaire les propos de Laure Murat sur ce monde vide.

Un livre émouvant, drôle, accessible et érudit, éloquent et engagé. le livre marquant de 2023 !
Lien : https://www.noid.ch/proust-r..
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À la question un livre peut-il sauver, Laure Murat répond oui.
C'est en se plongeant dans les sept volumes de « La Recherche » de Marcel Proust que l'historienne a compris le fonctionnement de son milieu d'origine pour mieux s'en extraire. C'est grâce à cette lecture qu'elle découvre que la société qui y est décrite correspond à celle qu'elle a connue.
Née d'un père descendant de la noblesse d'Empire et d'une mère issue des Luynes, grande lignée de la noblesse d'Ancien Régime, Laure Murat grandit dans un milieu où non seulement les règles de politesse s'imposent mais aussi un « savoir-vivre » difficile a définir car « ce qui se transmet vraiment ne s'enseigne pas ».
La devise de la Reine Victoria reprise par Elizabeth II « Never complain, never explain » colle parfaitement à cet état d'esprit.
Il faut savoir se tenir à tout prix et surtout « s'abstenir de penser ».
Laure Murat enfonce le clou en soulignant que « les aristocrates se piquent d'être littéraires parce qu'ils parlent bien […], même s'ils n'ont rien à dire ».
Si on gratte « la couche superficielle et brillante », c'est le néant qui se dévoile. L'attention portée à la forme et aux apparences a pour objectif de convaincre les autres de la légitimité des aristocrates « comme si la Révolution française n'avait jamais eu lieu ».
Ce constat est en contradiction avec la perte d'influence de la noblesse au sortir de la guerre de 1914-1918 si bien décrite par Proust.
« Cette élite […] n'a plus rien aujourd'hui à offrir que des titres désuets et un blason qui s'étiole » écrit l'autrice qui décrit avec un humour distancié et une grande intelligence son parcours personnel : une enfance illuminée par une nurse qui lui apporte la tendresse que sa mère lui refuse ; une scolarité médiocre et agitée ; une domesticité pléthorique obligée d'user des titres Prince et Princesse pour s'adresser à ses parents ; une adolescence au cours de laquelle elle est persuadée que les personnages de « La Recherche » dont elle a entendu parler sont bien vrais et font partie de sa famille.
Réels, trop réels, tellement réels qu'elle trouve dans la somme proustienne des ascendants !
Ce n'est qu'à vingt ans qu'elle se décide à affronter l'Everest littéraire. Histoire de « relire le réel sous un autre jour ».
Cette expérience vertigineuse fut un choc : « la forme proustienne donnait du sens à la vacuité de la forme aristocratique ».
Cette aristocratie, Proust s'en moque avec délectation en mettant en relief son mauvais goût, sa vulgarité, son égoïsme, sa bêtise, son snobisme, son ridicule...
Un exemple de ses sarcasmes : la duchesse de Guermantes, modèle d'élégance et d'humour dans un premier temps, « précipitée du sommet proustien pour s'écraser au sol dans son absence de jugement esthétique, son inconsistance, sa méchanceté ».
En déshabillant la noblesse, Proust a délivré Laure Murat de son milieu. le second bouleversement concerne l'homosexualité qu'il
est le premier à avoir pris « au sérieux » déclenchant le « coming out » de l'écrivaine, la rupture définitive avec sa famille, un rejet du passé, un bannissement de l'immobilisme, une ouverture au réel et une libération salvatrice.

EXTRAITS
« On ne pleure pas comme une domestique » répétait mon arrière-grand-mère.
Ce roman total me suit partout depuis trente ans.

Lien : http://papivore.net/litterat..
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Comme la majorité des étudiants en lettres j'ai fait semblant de lire Proust. J'ai grappillé un extrait ou deux, histoire de briller dans les concours puis de briller dans les dîners. J'ai trois éditions différentes d'A l'ombre des jeunes filles en fleur, que je n'ai jamais lu (mais ce sont de très jolies editions). Maintenant que je me suis confessée, passons à Laure Murat et son roman familial.

Tout le monde n'a pas la chance de descendre du grand Joachim Murat. Enfin, chance... une collègue américaine de Laure Murat lui a dit "A une lettre près, tu aurais pu avoir un nom célèbre !" Tout le monde n'a pas non plus la chance de passer à la postérité révolutionnaire. Et puis, chance, à lire le portrait de l'aristocratie fait dans ces pages, on pourrait en douter. Si mythe il y a avait encore, l'autrice le brise. Il y a bien peu de lettrés parmi eux et être duc ou prince ne fait pas de vous un brillant homme. Pour preuve, la Recherche, qui en sept volumes (que Proust rêvait de voir réunis) ne fait que dépeindre un monde de faux-semblants et de mondanités. L'autrice passe de ses souvenirs d'enfance aux mots de Proust, cherchant sa famille entre les lignes, et nous donnant à voir un monde qui n'existe plus ou presque.

Avec subtilité, elle aborde son homosexualité et le rejet franc et unanime de toute sa famille. Si on peut imaginer que cette "chose" existe, surtout on ne doit pas le dire. L'homosexualité est finalement tolérée si elle reste cachée entre les quatre murs d'une chambre. Son coming-out lui vaudra le pire des reproches : tu as fait pleurer ta mère en public comme une domestique. le lien avec Proust se fait malin et délicat.

On ressort de ce livre en ayant une furieuse envie de se lancer dans la Recherche, de tout lâcher pour partir à la rencontre de ce monde si particulier, si codifié, en constante représentation. le livre de Laure Murat avait tout pour me plaire. Il n'a pas manqué sa cible. Je le trouve brillant. Brillant parce que jamais il n'écrase le lecteur. Bien au contraire, il nous amène à comprendre Proust, à l'appréhender, comme un cousin eloigné qui porte un regard vif sur l'aristocratie et sur ses jeux de cour. Un regal pour drama queen.
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Intéressant dans la mesure où ce livre est un témoignage de la vie décrite par Proust dans la Recherche. Laure Murat a des ancêtres prestigieux qui ont côtoyé Proust et qui ont probablement nourri ses réflexions et critiques de la société aristocratique. Ce qui me gêne un peu est que tout en indiquant s'être sortie de ce milieu, avoir renié ce lourd héritage, j'ai malgré tout senti cette complaisance, cette fierté des personnes bien nées à citer leurs prestigieux ancêtres.
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je ne trouve pas les mots adéquats pour décrire mon enthousiasme pour ce livre qui est qualifié d'essai et qui vaut tous les livres d'autofiction que j'ai pu lire ces derniers temps.

Laure Murat descend d'une lignée de princes de l'empire par son père et d'une noblesse de l'ancien régime par sa mère, Ines d'Albert de Luynes. Elle est rejetée de la famille, surtout de sa mère, quand elle avoue son homosexualité. Un jour en regardant « Downtown Abbey » elle a une révélation, elle comprend que sa famille est construite sur une apparences et qu'il ne faut jamais montrer les efforts (les siens ou ceux des domestiques) qu'il faut faire pour tenir son rang. le naturel ? c'est ce qui demande le plus d'efforts quand il ne doit être ni une expression de ses sentiments, ni une affirmation de sa personnalité. La plongée dans sa famille, lui fait mesurer à quel point seules les apparences sont importantes, il faut tenir son rang et ne jamais se comporter « comme une domestique ! » . Toutes les déviances n'ont aucune importances si elles sont cachées, et en recherchant l'histoire de sa famille Laure se rend compte que sa grand-mère maternelle doit être en réalité une enfant que son arrière grand-père a fait à une nièce. Mais inutile de chercher à savoir ce qui ne sera jamais mis au grand jour.

L'autre révélation de Laure Murat, elle se trouve dans l'oeuvre de Marcel Proust, d'abord parce que nombre de ses ancêtres ont servi de modèle aux aristocrates décrits par Proust. Je pensais avant de lire ce livre que c'était surtout de cela qu'elle allait nous parler, et je n'étais pas très tentée par cette lecture, j'y voyais une sorte de Bottin mondain. Mais c'est tout le contraire, elle reconnaît à cet auteur le fait qu'il a su décrire le vide de ces personnalités qui à force de ne vouloir que paraître ne sont le plus souvent que des coquilles vides. Elle est mieux placé que quiconque pour faire un sort à celui que l'on méprise parfois pour être un auteur « mondain ! » alors que justement il a su montrer qu'il n'y avait pas grand chose derrière ces façades de « bons goûts ». Ensuite, elle était bien placée pour comprendre comment Proust décrit l'homosexualité et elle retrouve encore une fois le poids du jugement de sa propre famille : ça ne se dit pas ! même si tout le monde sait que ça se fait, bien sûr. Elle enseigne aux États-Unis, dans une université californienne et elle fait découvrir Proust à des étudiants qui vivent à l'heure des textos et sous le soleil de la plage. Si loin leur semblent-ils de ce monde du début du XX° siècle français. Mais je suis certaine qu'elle sait leur montrer qu'il suffit de rentre dans cette oeuvre pour s'y retrouver, car il s'agit bien encore une fois d'un auteur qui décrit « l'humaine condition »

Vous retrouverez dans son livre des extraits de la Recherche, toujours parfaitement choisis : vous n'oublierez l'attitude de la Duchesse de Guermantes lorsque son ami Swann vient de lui annoncer que, s'il ne vient pas à Florence avec elle, c'est qu'il ne lui reste que quelques semaines à vivre, elle lui dit de venir dîner un soir parce que là elle n'a n'a pas le temps de lui parler mais, le temps, elle le prend pour remonter changer de chaussures que son mari trouve inapproprié avec la robe qu'elle a choisie ! ! ! (j'ai recopié ce passage dans les extraits)

On lui doit donc beaucoup à cette écrivaine, d'abord de partager avec nous sa passion pour Proust et ensuite de démystifier l'aristocratie française. Je doute que celle des autres pays soit très différente ! Mais en France, il y a eu la révolution, mais cela n'empêche pas les nobles d'aujourd'hui de se parer des titres de prince/princesse, duc/duchesse …..
Lien : https://luocine.fr/?p=17511
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Si vous n'avez jamais eu l'occasion ou l'envie d'entamer la lecture d'A la recherche du temps perdu, ce livre vous donnera peut-être...non sûrement l'impérieuse tentation de vous y jeter à corps perdu.
Laure Murat nous entraîne dans une "visite guidée" de cette oeuvre colossale...mais ce n'est pas tout. C'est également la description d'un monde dont la seule raison d'exister est de continuer à exister, l'aristocratie.

Parallèlement à Proust, l'autrice nous décrit le comportement aristocratique sous tous ses aspects. Elle le connaît bien puisque c'est son milieu.

Les amateurs d'Histoire ne seront pas déçus : Laure Murat a passé son enfance dans un cadre plein de souvenirs historiques.
Elle a notamment pour aïeux le duc de Luynes, favori du roi Louis XIII, et surtout un des héros les plus marquants de l'Epopée napoléonienne, le maréchal Murat. Il fut l'un des plus grands noms de l'histoire de la cavalerie française. Fils d'aubergiste, donc roturier, il accéda aux plus grands honneurs grâce à son seul courage.
Il y a de belles et intéressantes pages sur les différences entre noblesse d'Ancien régime et noblesse d'Empire.

Et de l'émotion également, celle d'une enfance marquée durablement par une froideur maternelle. La famille de Laure Murat n'a jamais accepté son orientation sexuelle, ce qui amènera à la rupture avec ses parents.

En somme un livre plein d'humanité, de réalisme au sujet d'une caste que certains envient et un plaidoyer pour le respect de chacun quelles que soient ses orientations et ses origines sociales.

Merci à Laure Murat, aux éditions Robert Laffont et à Babelio pour ce beau livre
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Entre autobiographie, essai littéraire, exercice d'admiration et de reconnaissance à Proust qui a sauvé Laure Murat et lui a ouvert le monde.
Laure Murat, née dans un milieu aristocratique, noblesse d'Empire pour son père et d'Ancien Régime côté maternel prend conscience à l'adolescence de la vacuité de ce monde purement formel. La lecture de Proust dessille ses yeux, Proust décrivant, selon elle, ce monde du théâtre permanent avec une cruauté terrible. Il révèle le squelette, le mécanisme de ce monde et le démystifie. Ajouté à cela, une lecture singulière pour Laure Murat puisque nombre des personnages de "La Recherche du temps perdu" sont ses ancêtres.
Proust met également l'homosexualité au coeur de son oeuvre, l'homosexualité accède à l'universel au moment où l'autrice avoue la sienne à sa mère, ce qu'elle ne lui pardonne pas. Elle lui reproche moins d'être lesbienne que de le dire. Enfin l'oeuvre de Proust se situe dans le flux permanent, la discontinuité à l'opposé du monde de son enfance marqué par l'immobilisme. Proust offre ainsi compréhension, consolation et phare, ouverture, énergie créatrice.
Une lecture agréable, analytique et narrative, souvent drôle voire caustique.
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Laure Murat nous raconte dans cet essai romanesque, d'une intelligence éblouissante, et délicat…comment elle a été sauvée par la lecture notamment de « La recherche du temps perdu » par Marcel Proust.
Etant issue de deux grandes familles, les Luynes (noblesse d'Ancien Régime) et les Murat (noblesse d'Empire). Laure Murat a passé sa jeunesse dans un monde proustien, aristocratique, muséal et figé. Petite anecdote : Cécile Ney d'Elchingen son arrière-grand-mère, recevait Proust à dîner, vers 1904. « Ah oui, disait-elle à son sujet, ce petit journaliste que je mettais en bout de table… »
À plusieurs reprises, Proust cite les Luynes et les Murat dans la Recherche
Cet essai est un des meilleurs livres qu'on puisse rêver sur Proust, parce qu'il se tient au plus près d'une véritable expérience de lecture.
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