AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782701129396
74 pages
Editions Belin (21/03/2001)
4/5   2 notes
Résumé :
Traduction d'Ed Pastenague et Olivier Apert
Que lire après Le mouvement sans coœur de l'imageVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Même s'il a assez peu publié, Ion Mureșan écrit de la poésie depuis son enfance «libre» dans un village de Transylvanie. Cela l'aide à vivre tout simplement. «Le mouvement sans coeur de l'image» est la traduction du deuxième recueil de Ion Mureșan, paru en 1993 et intitulé « Poemul care nu poate fi ințeles » (le poème qui ne peut être compris).
En somme, l'équation poétique semble simple à comprendre : appréhender la réalité ne se peut qu'à travers une poésie fatalement incompréhensible (cf. le poème «La vie détruite par la poésie», p. 40).

La quatrième de couverture de cette traduction indique : «S'il est possible de le considérer comme l'héritier du «groupe onirique» roumain qui marqua les années soixante par la recherche, dans le verbal de l'image, d'une règle intérieure, Ion Mureșan s'en détache aussitôt par le caractère à la fois énigmatique et transparent de ses poèmes. Sa vision du monde est cruelle, presque fantomatique, hantée de légendes universelles au proprement transylvaines, cependant qu'une aspiration à la pureté toujours la traverse comme, dans un rêve, un éclair soudain vient dissiper la brume inquiétante.»

Ainsi, on comprend mieux cet amer constat :
«Maintenant plus question de la poésie, d'une
harmonisation relative des erreurs,
mais seulement des pleurs et de la manière d'enlever
les sacrées griffes accrochées aux tempes.
Le bon Dieu a descendu brusquement les chaînes sur les fenêtres.» (p. 42)

Je partage aussi ce point de vue exprimé par Olivier Apert dans son émouvante postface :
« La tradition rapporte que «tout Roumain naît poète» : retenons-en au moins, tout en nous méfiant extrêmement de ce genre de généralités, qu'un goût natif pour l'irrationnel narratif (que l'on retrouverait dans l'histoire politique du siècle ?) traverse la poésie roumaine, laquelle parie davantage sur le mouvement vernaculaire du fond que sur le jeu gratuit de la forme. Chez Ion Mureșan, cet irrationnel narratif s'impose comme l'association implicitement évidente, la mise-ensemble, le recueil-recueillement de scènes intimes et extimes par lesquelles sans cesse la transaction de l'être et du monde se réalise, par lesquelles le transvasement réciproque du dedans au dehors s'effectue sous perfusion :
[…] c'est ainsi que je vois
serré comme je suis la cagoule de la folie...
une herbe blanche et bruissante remplit ma mémoire,
par-ci par-là un rocher, un bloc
de sang glacé […]»(p. 73).
Commenter  J’apprécie          190

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le poème flottant

Je me tiens devant la baraque bleue.
Moi, l’adroit, l’habile, le rusé,
j'ai fini le poème ainsi :
« Sous la calotte du fou grande comme le pré de la mer
grésille et ronronne doucement le mécanisme du destin. »
Et je ne le regrette pas maintenant
quand tes yeux, presque sauvés de l'aveuglement,
sautent comme deux petites grenouilles
d'un mot à l'autre
d'une strophe à l'autre
dans ce poème flottant.
(p. 19)
Commenter  J’apprécie          270
L’ange parle en moi avec une voix de grenouille
il parle avec une voix d'oiseau,
où trouver le courage de lever ma langue
parmi les herbes folles,
car, voilà, les fenêtres du bistrot gonflent comme
des sacs de peau bien lisse,
comme des pis de vache,
ils sont toujours plus près les essaims de papillons
obscurs
qui bruissent affamés.

(p.7, début d’ « Entre les rideaux de l'expérience »)
Commenter  J’apprécie          120
Le printemps

Ce cerisier fleuri.
L'œil ensanglanté, l'œil grand comme un bœuf
reste appuyé sur ses branches.
Mes petits yeux, mes yeux si petits que le regard
ne peut y passer
et sort par la peau comme dans une écume rose.
Toutes ces choses je les ai dites à Ariston
celui qui est malade et chauve,
ces choses-là m’ont mené à la perdition.

(p.18)
Commenter  J’apprécie          90

Video de Ion Muresan (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ion Muresan
Vidéo de Ion Muresan
autres livres classés : roumanieVoir plus

Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1228 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}