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4,12

sur 470 notes
Plus de cogitation que d'action ou les sentiments transcrits en actes. Beaucoup de descriptions de paysages aussi.L'histoire se passe en Autriche avant la 1ère guerre mondiale.
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L'empereur d'Autriche-Hongrie va bientôt fêter son septantième anniversaire. L'occasion est parfaite pour affirmer l'identité de l'empire au sein de l'Europe et concurrencer la patriotisme germanique qui se développe. Tout le gratin intellectuel est convoqué pour définir les actions à entreprendre dans cette fameuse « année autrichienne » qui doit marquer les esprits. Parmi eux Ulrich, pistonné par son père qui désespérait de le voir gravir l'échelle sociale, surnommé « l'homme sans qualité » par une connaissance pour son manque total d'attachement aux valeurs de son temps.

Ce synopsis ne sert pourtant que de prétexte à Musil. Les dialogues qu'ont les différents protagonistes avec Ulrich lui permettent de disséquer les idées, les courants de pensée et les situations sociales de son époque. Son oeuvre est dense, et il faudrait probablement poser le livre et méditer posément sur ce qu'on vient de lire à chaque chapitre. Je reconnais que je n'ai pas toujours eu la patience de le faire, et j'ai même parfois frôlé d'indigestion.

Malgré le contenu de haute volée qu'il nous propose, Musil semble parfois se moquer des activités intellectuelles. Ainsi, le fameux comité, malgré les grand esprits qui le compose, reste désespérément stérile : les débats tournent en rond, chaque participant tente d'imposer sa vision du monde aux autres, et rien de concret n'en sort, si ce n'est une « réunion visant à la mise en place d'un comité chargé de dégager des pistes d'actions futures ».

Ce livre est complexe et exigeant, mais certains passages sont tellement savoureux que vos efforts en seront largement récompensés.
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Plus que 300 pages!!!!!....blague à part, ce livre est une aventure ....ce qui implique des moments creux et d'autres intenses, des joies immenses, des découvertes et parfois de l'ennui...J'ai failli plusieurs fois abandonner, mais à chaque fois, quelque chose m'en a empêchée....et je ne saurais dire quoi. Je suis certaine d'être passée à côté d'une bonne partie du message ...si message il y a .... Ce livre est vraiment difficile à....absorber....il nécessite un état continu de "réflexion" tendue. Les questions posées par les protagonistes, ainsi que leurs diverses réponses, semblent parfois vraiment tirées par les cheveux. On se dit: "mais bon sang, on sent vraiment qu'ils n'ont rien d'autre à foutre à part tergiverser sur tout et n'importe quoi, juste pour s donner un air..." Certes, il y a de ça parfois, et je pense que l'un des propos de Musil est de dénoncer cette futilité de l'esprit déguisée en intellectualisme.....mais il y a des moments où l'on s'écrie: Ouiiii, c'est ça....moi aussi j'ai ressenti ça, moi aussi j'ai pensé ça.....et ça fait du bien. " toujours la vieille blague de la littérature qui nous fait sentir moins seule au monde . Mais ce qui m'a frappée à l'instant , alors que je ne suis pas entrain de lire le livre, mais un traité scientifique des plus chiants pour le boulot, en écoutant une superbe musique, entourée de gens qui discutent depuis des heures pour la énième fois du temps qu'il fait, du foot, de leurs problèmes, de leur fatigue (les gens sont tout le temps fatigués, à tout heure , tous les jours, toutes les saisons..tout le temps)...discussion que j'ai entendu ce matin, hier, au boulot, dans la rue, chez le coiffeur, et qui me bouffe la tête jusqu'à la migraine, je me sens lasse, triste à pleurer, j'ai envie de hurler: vos gueules!!! par pitié, essayez de pousser un tout petit peu votre réflexion quotidienne, ne serait ce qu'une fois par mois. C'est en ce sens, en tout cas pour moi, que ce livre n'est pas à mettre entre les mains de tout le monde: il rappelle, pour des gens vivant dans une société comme la notre, (sans aucune prétention de ma part) que l'on est fichtrement seul, qu'à part quelques moments de "contact" avec nos semblables, nous sommes noyés dans la médiocrité. Et ça , les amis, il faut une sacrée dose de nerfs solides pour ne pas péter un câble. Comment a fait Musil pour fournir un tel effort de concentration , d'observation et de précision, pour décrire des états d'âme et d'esprit d'une telle intensité.!
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Peut étre la plus grande oeuvre du 20 éme siécle avec Ulysse de Joyce . Rarement une étude de caractére aura était poussée aussi loin . On est ici aux frontiéres de l'essai et du roman . La profondeur des personnages est extraordinaire , le regard que Musil pose sur l'humain est d'une telle précision que l'on est pantois devant ce travail immense qui conduit le lecteur vers le summum de l'art de la littérature . Dire que ce livre est grand c'est peu dire . Cette oeuvre est une pierre essentielle de l'art littéraire . Immense , majestueux .
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Edifiant ! Vraiment excellent ! Un des auteurs les plus représentatifs, à mon estime, de la littérature allemande.
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Un roman bien difficile à résumer, d'ailleurs peut-on parler de roman ? Cette oeuvre (inachevée et réorganisée par d'autres que l'auteur d'ailleurs) fait bien souvent plus penser à un essai travesti. Succinctement : on pénètre la société de quelques personnages dont la plupart sont connectés, alors que plusieurs d'entre eux prennent une part plus ou moins active à l'organisation d'un événement exceptionnel en l'honneur de leur souverain. L'évolution de ces individus et de l'histoire au fil des chapitres m'a semblé plus guidée par le besoin de l'auteur d'évoquer un grand nombre de pensées que par le souci de laisser à la trame un peu de cohérence et d'action. Toutefois, il faut reconnaitre que bon nombre de réflexions de l'auteur sont intéressantes et qu'elles interpellent sur l'évolution de la société au cours du dernier siècle. Mais je reconnais avoir achoppé — n'ayant pas d'affinité pour la lecture d'essais — sur ce volume épais que j'ai régulièrement trouvé soporifique ou indigeste.
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Si vous commencez L'Homme Sans Qualités pour l'histoire, pour jouir du bonheur de vous laisser happer par le scénario... laissez tomber ! Ce livre n'est pas pour vous.
L'ouvrage n'est d'ailleurs pas évident à définir ni à présenter. Dans la lignée de certains chefs-d'oeuvre de langue allemande comme La Montagne Magique de Thomas Mann ou Les Somnambules d'Hermann Broch, Robert Musil pousse encore l'expérience plus avant, à son stade ultime, je pense, en utilisant la trame narrative romanesque non comme base ni un support, mais plutôt comme un prétexte pour atteindre son véritable objectif, qui n'est presque plus un roman dans l'acception classique du terme.
Il s'agit ici d'une réflexion poussée, nourrie, complexe et pluriaxiale sur l'Homme d'une part, la Société, d'autre part et finalement l'Homme dans la Société ou même, plus exactement encore, l'Homme face au changement social, à l'évolution des paradigmes. Ça vous donne une petite idée du programme...
De bout en bout, de part en part, par au-dessus, par en-dessous, par le grand portail ou par le plus petit bout de la lorgnette, une somme folle et féconde de réflexions et d'interrogations est soulevée au fil des situations. Dit autrement, cette forme romanesque est presque la définition brute de l'essai, à une petite nuance près.
On y suit Ulrich, alias Robert Musil, cheminer dans sa réflexion sur le monde et nous avec lui, ou plutôt derrière lui, loin derrière lui, comme l'ombre d'un petit chien qui courrait pour rattraper son grand marcheur de maître.
Si cela peut vous intéresser, (mais je le répète, ce n'est qu'un prétexte car l'auteur aurait pu choisir bien d'autres ancrages vu sa capacité à intellectualiser les lieux et les comportements de ses personnages dans une réflexion beaucoup plus vaste sur l'homme et sur l'époque), l'histoire se passe à Vienne en Autriche-Hongrie à la veille de la première guerre mondiale et donc de l'effondrement de cet assemblage grossier que l'auteur appelle Cacanie.
Les grosses légumes de cet étonnant empire-royaume réfléchissent à l'organisation d'un jubilé pour commémorer les 70 ans de règne de leur souverain. Sachant qu'ils veulent dans le même temps damer le pion des Allemands, qui en ont eux-aussi prévu un de leur côté pour leur propre kaiser.
L'un des immenses intérêts de cette oeuvre très réfléchie, parfois un peu indigeste à lire tellement elle est dense, l'un des immenses intérêts de cette oeuvre, disais-je, en tant que roman est surtout d'avoir choisi un parfait point d'ancrage pour analyser une société en mutation. On aurait pu choisir la France de 1780 ou la Russie de 1910 ou n'importe quelle société figée à la veille d'un grand bouleversement.
Les dignitaires du régime de l'époque sont encore un pied dans l'ancien régime mais la révolution industrielle est passée par là et a conduit à l'avènement des financiers qui constituent la nouvelle aristocratie.
Tous les repères s'en trouvent bouleversés et cette société moderne, mouvante, changeante vis-à-vis de laquelle nous avons (même aujourd'hui) qu'assez peu de recul par rapport à la grosse dizaine de siècles de morale judéo-chrétienne et par rapport à cette société qui évoluait très lentement jusqu'au XVIIIè siècle, cette nouvelle société donc, qui nous laisse parfois déboussolés.
Arnheim représente la nouvelle aristocratie capitaliste ; Hans annonce les révolutionnaires de tous poils pourquoi pas même, la " révolution " nationale-socialiste et Ulrich ne sait quoi penser de tout cela.
Le personnage de Moosbruger rappelle beaucoup le Lennie de Des Souris Et Des Hommes. Il symbolise peut être le désaxé, le marginal, l'exclu social, qui toujours est pointé du doigt et est l'objet des manoeuvres politiques. Rien n'a changé de nos jours, quand par exemple un certain Nicolas S., bien aidé par ses petits copains des médias, élève le cas des camps de Roms comme étant un " vrai problème " de la France. Et on pourrait multiplier les exemples et dans bien d'autres pays.
Un livre riche donc, qui gagne à être lu lentement en faisant de fréquentes pauses afin de laisser décanter toute la substance que l'auteur nous livre et de la laisser travailler minutieusement en nous pour faire son oeuvre.
Je vais même aller plus loin, aussi incongrue que cette idée puisse paraître, à peine refermé ce premier tome, déjà gigantesque, avant de vous attaquer au second, relisez-le intégralement. Vous verrez comme c'est bon.
Vous verrez qu'à la deuxième lecture, la prose maligne, ironique, caustique, subtile dans ses doubles sens apparaît plus clairement, et c'est presque une jubilation (voir, à titre de teaser, l'extrait que je donne dans les citations) de suivre les méandres de la pensée de ce grand penseur et de cette fine plume qu'était Robert Musil.
Ceci étant dit, ce n'est là que mon avis, un avis sans qualités, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Je veux toujours le relire, je ne l'ai pas encore fait..
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Vous savez vraiment bien nager? Alors plongez-vous dans ce livre. Moi, je m'y suis noyé vers la 250ème page, ne sachant que penser. Beaucoup de passages m'ont plu, mais je n'ai pas eu la force de continuer la traversée. Est-ce ma méconnaissance de l'Autriche de l'époque (je ne la connais pas beaucoup mieux aujourd'hui). Est-ce l'incompréhension du texte? L'homme sans qualités est un livre que je respecte, comme on respecte quelque chose de mystérieux et d'imposant, comme on respecte la forêt amazonienne ou l'Everest. Comme on respecte la personne qui est arrivée au bout de ce livre.
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Ce premier tome ne peut se lire comme ça à la va-vite car il demande beaucoup de concentration et de réflexion notamment sur ce que pense l'auteur à travers le personnage d'Ulrich. J'ai entendu parler de ce livre lors de mes cours de culture générale. Je vous préviens tout de suite c'est un PAVE et le deuxième tome l'est encore plus. J'ai beaucoup aimé le mélange de roman et d'essai, j'ai même adoré
Lien : http://leschroniquesdemilie...
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