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sur 95 notes
Quelle est charmante cette jeune fille qui nous sourit amicalement sur la couverture du livre où elle nous raconte son odyssée, aidée par une journaliste émérite, Christina Lamb.
Un sourire lumineux éclaire son visage, mais à y bien regarder, on y décèle comme un voile, celui tissé de ses souvenirs douloureux qui ressurgissent à l'évocation de tous les drames qu'elle a enduré, et qui ne s'estompera jamais tout à fait, malgré la résilience qui l'aide et l'aidera à affronter et à dépasser toutes les épreuves endurées, tous les drames qui ont altéré, noirci sa vie jusqu'ici.
C'est Nujeen , la bien nommée puisque ce prénom kurde signifie « nouvelle vie ».
Il y a tout juste un an, le récit commence le 2 septembre 2015, cette adolescente, accompagnée de ses soeurs et d'autres membres de sa famille, prenait la mer, tous entassés sur un canot pneumatique. Elle devenait, une immigrée noyée dans le flot de milliers d'autres immigrants, sauf qu'elle, elle était plus facile à repérer, elle était en fauteuil roulant…
Nujeen devenait une réfugiée telle que définit par la convention du 24 juillet 1951, elle fuyait les persécutions , celles du dirigeant de son pays, le Président Bachar el-Assad , les répressions, les tourments , les supplices commises par le gouvernement , les décapitations et autres barbaries perpétrées par Daesh . Des persécutions que sa famille kurde subissait liées tout à la fois à leur appartenance ethnique, leur pratique religieuse, leur opinions politique, et pour Nujeen et ses soeurs, à leur sexe …
Nous faisons connaissance avec cette adolescente quelques années avant le grand départ, quand elle vivait à Manbij, au nord-ouest de la Syrie, puis la famille s'installe à Alep. Mais la guerre civile progresse, les combats font rage et la famille retourne à Manjib où la vie devient rapidement invivable , au sens le plus fort de ce vocable. Alors, une fois de plus, il faut fuir la guerre et prendre le chemin de l'exil, celui qui conduit en Turquie. Mais la Turquie n'est pas une terre d'accueil idéale surtout quand on est Kurde.

Un des enfants de la famille, Shiar qui vit et travaille (réalisateur de cinéma) en Allemagne va inciter la famille à les rejoindre, dans un premier temps ce sera Nujéen , ses deux soeurs , leurs enfants et des cousins.
Nujeen ne va pas à l'école, sa paralysie qui l'oblige à vivre en fauteuil roulant ne lui permet que des déplacements limités, de plus elle souffre d'asthme.
Alors elle passe son temps devant la télévision, et c'est devant le petit écran qu'elle se cultive, instruction éclectique, alimentée par des feuilletons américains et toutes sortes de documentaires géographiques, historiques…
Au-delà des faits la concernant plus personnellement, ce récit qui n'est à aucun moment larmoyant, mais qui reste poignant, m'a permis de m'instruire à mon tour et de mieux cerner les origines politiques, ethniques… alimentant cette guerre qui ravage la Syrie, une lecture qui permet plus d'empathie et de compréhension envers ces réfugiés syriens.

Je remercie bien sincèrement Babelio, les éditions Harper-Collins pour cette lecture enrichissante et je souhaite, avec beaucoup d'affection, que Nujeen et sa famille trouvent dans leur « nouveau pays » le repos, l'apaisement et le bonheur. Je penserai à elle souvent.
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Je remercie Babelio et plus particulièrement l'éditeur Harper Collins France de m'avoir permis de découvrir ce magnifique témoignage bien avant sa parution officielle.
Je n'avais jamais entendu parler ou vu un quelconque reportage sur ce terrible et pourtant véridique périple. C'est en déroulant le bandeau de présentation des livres mis en jeu lors de la masse critique, que je l'ai appris et voulu en savoir plus. Comme je m'y suis engagée, voici donc mon appréciation en espérant qu'elle vous donne envie.
Avec l'aide de Christina Lamb, co-auteur de « Moi, Malala », Nujeen Mustafa, 16 ans, nous raconte avec justesse et sincérité comment elle a fui la Syrie pour l'Allemagne, via la Grèce ou encore la Hongrie, pour échapper à un pays déchiré par la guerre.
Dans la première partie couvrant une période de seize ans, nous faisons la connaissance d'une enfant vivant à Manbij, dans le nord de la Syrie, puis à Alep dans une famille aimante, choyée par tous les siens. Pourquoi tant de prévenance à son égard ? Parce que outre le fait qu'elle soit la benjamine de la fratrie, elle est atteinte, suite à une naissance prématurée, d'une paralysie cérébrale appelée dans le jargon médical « Infirmité Motrice Cérébrale ». de ce fait, elle est en fauteuil roulant puisque cet handicap altère fortement les capacités physiques sans aucune incidence sur l'intellect.
Avant de continuer, il m'est nécessaire de vous apporter une précision. A aucun moment dans le livre, il n'est fait allusion à l'I.M.C. mais plutôt à la paralysie cérébrale. Alors, pourquoi j'utilise ce terme ? diriez-vous. Uniquement car je suis moi-même atteinte de cette pathologie et je suis, par la force des choses, experte sur le sujet.
Vous pouvez imaginer ma stupeur quand j'ai compris au fil des pages la nature de son invalidité. Mon ressenti après cette lecture en est encore plus important.
Du fait de sa maladie et des coutumes existantes, notre héroïne n'a jamais eu accès à l'éducation obligatoire. Confinée dans l'appartement familial, elle va apprendre seule l'anglais et enrichir ses connaissances au fil du temps en regardant des soap opéra américains et autres émissions culturelles à la télévision.
Ensuite, elle nous décrit avec objectivité le début du conflit syrien et nous précise que lorsque sa ville est devenue l'épicentre de la lutte féroce entre les différentes factions armées en 2014, elle et ses proches ont été forcés de fuir.
Commence alors pour elle et sa soeur un interminable et dangereux voyage. L'adolescente nous explique comment elle a trouvé le courage, en dépit de ses limites physiques, de s'embarquer dans cette périlleuse odyssée pour plus de sécurité et surtout une vie meilleure.
Elle raconte ce périple de 6000 km sur seize mois vers la liberté comme étant ardu, éprouvant, mais cependant extraordinaire. Elle retrace la difficile traversée de la méditerranée, le passage compliqué des différentes frontières ou encore ses séjours dans les camps de réfugiés. Néanmoins, on comprend que tout n'a pas été négatif puisqu'elle a rencontré une multitude de personnes, a accompli des choses pour la première fois (prendre le train, le bateau, voir la mer, manger dans un fast-food…) et grâce à sa maitrise de l'anglais a servi d'interprète à ses compagnons d'infortune. En dépit de ses énormes souffrances, son optimiste n'a à aucun moment vacillé. Refusant de céder au désespoir ou de se voir comme une victime. Elle a gardé la tête haute en souriant sans cesse.
Arrivée enfin à destination, Nujeen nous fait part de ses premières sensations. de ses joies et déceptions quant à la découverte de l'Allemagne.
Elle évoque le processus d'installation, sa scolarisation, sa socialisation. Son Intégration en quelque sorte. Je n'en dirai pas plus concernant l'histoire. A vous de lire ce poignant témoignage.
J'ai apprécié son humour et ses principes malgré la lourdeur et la tristesse ambiante. J'ai ri de certaines de ses réflexions.
J'ai été charmée par son optimisme et sa douceur et en même temps j'ai eu le coeur brisé quant à sa situation : séparée de ses parents, en route vers l'inconnu et porteuse d'un handicap non négligeable.
Je n'ai pas été surprise par sa grande maturité, sa volonté et son désir de réussir. Je vous confirme que son infirmité, en plus du reste, n'y est pas étrangère.
J'espère que cette fille brillante va inspirer bon nombre d'entre vous par sa persévérance face aux nombreux obstacles et vous émouvoir.
Pour conclure, je dirai que c'est une lecture plaisante et captivante. Un récit qui relate de l'une des plus grandes crises humanitaires.
Etant une personne à mobilité réduite, je mesure davantage ma chance d'être Française, vivant dans un pays libre.
Si je n'avais qu'un seul mot pour décrire cette jeune Syrienne, je dirais : Respect.


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Le récit d'une jeune fille obligée de fuir la Syrie en proie à de terribles combats entre milices kurdes et le groupe Etat Islamique. Elle s'appelle Nujeen et son histoire est retranscrite par Christina Lamb, grand reporter qui a entre autres co-écrit « Moi Malala ».

Nujeen Mustafa, la force et la détermination de ceux qui ne veulent pas perdre espoir

Nujeen a 16 ans et fait partie de ces civiles obligés de quitter leur pays pour sauver leur vie. D'origine Kurde, c'est en Syrie que sa famille a élu domicile jusqu'à ce que le groupe Etat Islamique et les forces Kurdes s'affrontent. Leur ville en proie à une violence inouïe, la famille doit fuir pour survivre. Direction l'Allemagne où l'un des frères de Nujeen réside. Un voyage dangereux, compliqué par le fait que la jeune fille soit handicapée. le chemin, c'est en fauteuil roulant qu'elle devra le faire.

Mon avis :

J'ai lu de nombreux romans, témoignages ou essais qui traitent de près ou de loin au déracinement forcé de populations opprimées. C'est un sujet qui me touche beaucoup. Voir tous ces civils qui subissent la folie des fanatiques religieux ou des tyrans politiques me stupéfie. Je ne cesse de me dire que nous avons de la chance de vivre dans des régions où règne la paix. Mais je ne cesse de me demander pourquoi nous n'arrivons pas à arrêter ce massacre.

Nujeen, l'incroyable périple ne m'a pourtant pas totalement convaincue. Son histoire est tragique et son courage est a saluer, cependant, plusieurs choses m'ont gênée dans ce témoignage. J'ai eu l'impression que des pages ont été « noircies » pour augmenter la taille du texte. Des répétitions sur les manies de Nujeen alourdissent la lecture. Cette obsession qu'elle a de nous parler des programmes télévisés m'a insupportée. Et la télé par ci, et la télé par là, et mon feuilleton... c'était trop. Ensuite, la façon dont elle est décrite lui donne une image totalement immature, même pour ses 17 ans. On en est presque à la limite de la caricature.

Ce témoignage a tout de même des bons côtés. À commencer par l'écriture de Christina Lamb qui raconte la vie de Nujeen et son voyage de manière très fluide bien que les nombreuses références politiques soient par moment quelque peu difficiles à suivre. le récit de la vie de Nujeen avant et pendant la guerre nous permet de voir comment ce conflit a vite dégénéré et l'influence qu'il a eu sur les conditions de vie des habitants.

Malgré son obsession pour la télé, Nujeen semble être très cultivée. Ce livre commence d'ailleurs en nous disant que la jeune fille a une particularité, celle de tout mémoriser. Aussi, elle connaît de nombreuses anecdotes sur à peu près tout. Et là, on tente de nous le prouver en faisant l'étalage de tout ce qu'elle sait. J'ai trouvé ça totalement inutile dans ce récit. Alors que la partie voyage  vers l'Europe du roman ne commence qu'à environ 50 % du livre

Vous l'aurez compris, pour quelqu'un comme moi qui lis énormément sur ce sujet, Nujeen, l'incroyable périple ne m'a pas séduite. Si je salue le courage de la jeune fille, car entreprendre un tel périple en fauteuil roulant et parvenir à destination relève presque du miracle, j'ai trouvé le récit creux. La faute à l'image retransmise de Nujeen qui donne l'impression d'être une personne plutôt égocentrique. Chose dont elle ne se cache pas, elle en a toujours joué d'ailleurs pour obtenir ce qu'elle veut auprès des membres de sa famille. Attitude normale d'une enfant qui se sait différente et qui apprend assez vite que cela peut lui servir, mais dans le portrait dressé dans ce livre, cette particularité est trop marquée.

Pourquoi cette lecture ? :

J'ai lu Nujeen, l'incroyable périple de Christina Lamb, car il m'a été proposé lors d'une Masse Critique spéciale sur le site Babelio.com. le sujet m'intéressait, j'ai donc accepté cette lecture. Je remercie donc Babelio et les éditions Harper Collins pour cette lecture. Si mon avis est mitigé, j'ai vu à travers d'autres critiques que de nombreux lecteurs ont fortement apprécié cette histoire. Je vous invite donc à vous faire votre propre avis.
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Nujeen, l'incroyable périple de Nujeen Mustafa et Christina Lamb est un ouvrage reçu en tant que gagnante du premier net galley challenge qui attendait tranquillement dans ma PAL que je me décide de le lire :)
A 16 ans, Nujeen a fui la Syrie ravagée par la guerre en fauteuil roulant, accompagnée de sa soeur. Elles ont réussies à atteindre l'Allemagne.
En 2015, Fergal Keane, journaliste à la BBC, repère dans la foule des migrants une adolescente en fauteuil roulant. Ému et admiratif devant tant de cran, il recueille son témoignage. Aussitôt, les médias et les réseaux sociaux s'enflamment...
Avec la collaboration de Christina Lamb, Nujeen raconte comment elle a trouvé le courage de s'engager dans ce dangereux périple de 6 000 kilomètres, depuis la Syrie jusqu'à l'Allemagne en passant par la Grèce et la Hongrie.
Je ne pense pas que j'aurais lu cet ouvrage si je ne l'avais pas reçu grâce à net galley et aux éditions Harper Collins. Je lis rarement ce genre de témoignage désormais.
Je dois avouer que l'histoire de Nujeen m'a beaucoup intéressé car je connais mal La Syrie et toutes les informations sur ce pays puis sur son périple m'ont parues très intéressantes.
Nujeen est une jeune fille touchante même si je l'ai trouvé parfois un peu agaçante. Sa vie en Syrie devait être éprouvante car de part son handicap elle sortait peu, passant le plus clair de son temps chez elle devant la télé ou devant les livres. Elle ne voyait personne à part sa famille. C'est touchant et il m'est impossible de rester indifférente vis à vis de se qu'elle a traversé.
Toutefois, je dois avouer que même si j'ai aimé ce témoignage j'ai parfois un peu décroché. Je trouve qu'il y a quelques longueurs. Et la personnalité de Nujeen m'a parfois agacée.
Mais dans l'ensemble je ne regrette pas du tout d'avoir lu l'incroyable périple de Nujeen.
Ma note : 4 étoiles.
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Merci à Babelio et aux éditions Harper Collins pour l'envoi de ce livre dans le cadre de l'opération Masse critique.
J'ai retrouvé le même plaisir de lecture que celui que j'avais pris en lisant Moi, Malala. En effet, j'aime beaucoup ce style de récit qui me permet de comprendre des évènements importants de notre époque et surtout qui me les rend plus humains et plus concrets.
Dès les premières lignes, j'ai été saisie par le récit de Nujeen. J'ai admiré son courage, sa force de vie, ses connaissances et sa maturité. J'ai frémi au son des bombes. J'ai eu peur pour elle et sa famille. J'ai apprécié sa manière de décrire sa vie quotidienne, de nous expliquer les particularités des Kurdes de Syrie. Elle nous fait comprendre qu'elle aimait son pays où elle s'imaginait vivre durant toute sa vie. Seule la guerre l'a obligée à le quitter pour un environnement plus sûr, propice à des études et à des soins médicaux notamment.
Au fil des chapitres, elle nous raconte sa naissance, son enfance, sa fratrie, sa famille, ses soucis de santé, ses traitements en vue de marcher. Je n'ai pas pu m'empêcher de me dire que si elle était née dans un autre pays, un diagnostic aurait probablement été posé plus tôt, elle aurait été soignée en conséquence et elle aurait pu marcher ou tout au moins développer plus d'autonomie.
J'ai apprécié que son récit colle autant à l'actualité. Elle évoque Angela Merkel, le corps d'Eylan sur la plage, les frontières qui se ferment peu à peu, les attentats commis en France par Daesh… Et là, ce ne sont plus les journaux ou les émissions que j'écoute à la radio, c'est le périple de Nujeen en route pour l'Allemagne où elle aspire à rejoindre son frère et à se mettre en sécurité tout simplement. Quoi de plus normal ?
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J'ai été très émue par le témoignage de Nujeen, cette adolescente qui a traversé l'Europe avec sa soeur afin d'aller jusqu'en Allemagne... Ce qu'elle a vécu est très dur : elle a dû faire preuve d'énormément de bravoure et de force de caractère pour ne jamais baisser les bras. J'admire beaucoup cette demoiselle qui, malgré son handicap et les épreuves qu'elle a traversé, fait preuve d'optimisme, d'humour, d'auto dérision, de simplicité et d'humanité. C'est une jeune fille pleine de courage et de volonté qui a vécu un sacré périple... Je me suis attachée à elle ainsi qu'à sa forte personnalité. C'est une personne qui est très cultivée et qui a appris l'anglais grâce à la télévision, aux séries et à internet. Dans son témoignage, elle n'hésite pas à faire dans l'humour et à parler de ce qu'elle lit ou regarde. On a vraiment l'impression d'être face à une adolescente normale... Pourtant, elle a perdu des proches, a dû faire face à la guerre, à des passeurs malintentionnés, aux médias, aux autorités et a vécu dans la peur... On ne peut qu'être émerveillé(e) face à elle et à Nasrine, sa soeur aussi courageuse que sa cadette.

L'horreur et l'effroi de la guerre sont très bien retranscrites. En tant que lectrice, je ne suis pas restée de marbre face aux descriptions des massacres, des viols et des injustices liés à la guerre. C'est à la fois effrayant et intéressant d'imaginer Nujeen et sa famille au milieu de tout cela... En ce qui me concerne, il m'a fallu entrecouper cette lecture avec des romans plus légers, car ce qu'a vécu cette jeune kurde est très bien décrit : c'est long, difficile, rempli d'espoir, de chagrins, de rêves de Liberté, de craintes et de morts. Ce n'est pas une fiction. On sait que c'est la réalité, puisque c'est un témoignage. Chaque chapitre m'a donc prise aux tripes. C'est aussi incroyable que déroutant...

Critiquer un témoignage est très difficile, surtout lorsque l'on n'a pas l'habitude de ce genre de lecture. de plus, les sujets sont très forts, puisqu'il s'agit de Guerre, de Daesh, des migrants et du handicap. C'est vraiment ancré dans notre réalité... J'ai eu beaucoup de mal à coucher mes émotions et espère avoir réussi à faire comprendre ce que j'ai ressenti... Nujeen permet non seulement de découvrir le périple d'une kurde pleine de volonté, mais également de donner la parole à tous ces migrants anonymes et à ces bénévoles qui aident les réfugiés. On ouvre les yeux sur cette réalité cruelle et saisissante... Merci à Babelio pour cette Masse Critique ainsi qu'aux éditions Harper Collins pour l'envoi de cet ouvrage. Merci également à Marina53 et Gouelan qui ont ajouté plusieurs reportages/vidéos sur Nujeen, ce qui m'a permis de poursuivre cette lecture bouleversante...
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«Nous sommes cernés d'ennemis. C'est pourquoi nous devons rester forts. Au XVIIème siècle, notre grand Shakespeare kurde, Ahmedê Khanî, a écrit que nous sommes «[...] comme une citadelle/Ces turcs, ces Persans les assiègent des quatre côtés à la fois. / Et les deux camps font du peuple kurde / Une cible pour la flèche du destin.» Yaba pense qu'un jour il y aura un Kurdistan, peut-être de mon vivant. « Celui qui a une histoire a un avenir», dit-il toujours.»

Christina Lamb nous parle de Nujeen, une jeune syrienne kurde; elle a fui son pays, l'année dernière, à seize ans et a effectué plus de cinq mille kilomètres utilisant différents moyens de transport, dont son fauteuil roulant. Nujeen est une jeune fille pleine de vie, curieuse et très intelligente, une jeune fille comme tout le monde, qui aspire, tout comme sa famille, tout comme des milliers de Syriens, tout comme des milliers de citoyens d'un état en guerre ... à une vie libre et sereine, hors des bombardements devenus incessants, hors de la peur qui tiraille, et qui souhaite mettre le cap sur le berceau de la démocratie. Christina Lamb donne la parole à Nujeen Mustafa, qui nous raconte son enfance, sa famille, ses caprices, ses joies, ses peines, ses colères, son handicap qui ne lui permet pas de se tenir sur ses jambes, son mode de vie à Alep, détaille ses journées passées dans son appartement à regarder la télévision et notamment, le soap américain Days of Our Lives, qui lui permettra d'apprendre l'anglais et lui sauvera en quelque sorte la vie.

«Pour réussir en tant que migrant, il faut connaître la loi. Il faut être débrouillard. Il faut un smartphone, avoir un compte Facebook et WhatsApp. Il faut de l'argent. Idéalement, il faut connaître quelques mots d'anglais. Et, dans mon cas précis, il faut une soeur pour pousser le fauteuil roulant.» NUJEEN

Mais au-delà de ce récit, de ce périple, de ce bouleversant témoignage, Christina Lamb raconte aussi l'escalade de la violence en Syrie, et pose le contexte historique pour expliquer les événements. Elle dénonce la cupidité des passeurs «Pour une personne normale, le trajet en ferry entre l'ouest de la Turquie et Mytilène, la capitale de Lesbos, coûte 10 euros et dure quatre-vingt dix minutes. La même traversée en tant que réfugiés nous avait demandé douze jours de préparation et s'élevait à 1500 dollars par personne.», montre du doigt la passivité de l'Europe et soulève l'incompréhension face à l'accueil des migrants syriens qui n'auraient pas dû être si compliqué.

Alors que j'entamais ce livre, j'avais compris que cette lecture ne serait pas facile, que l'histoire de Nujeen allait me bouleverser, me choquer, que j'allais prendre une grosse claque, que je me sentirais certainement impuissante et que je ne serais peut-être pas certaine de pouvoir tout lire ...
In fine, j'ai tout lu, ce livre est d'une richesse incroyable; le ton, quasi journalistique, procure malgré tout des émotions, et sur quelques passages, je n'ai pu retenir mes larmes ... un livre fondamental, à mettre entre toutes les mains, assurément, pour que l'humanité porte un regard apaisé et serviable sur la cause des migrants, pour que les peuples persécutés ne soient plus considérés comme des membres surnuméraires de la population mondiale, ou assimilé à «un [simple] raz-de-marée d'être humains», pour que les portes ne se ferment plus, pour que l'entraide existe, pour que la migration cesse d'être illégale, pour qu'elle soit encadrée, discutée avec les populations des pays accueillants ... La cause des réfugiés nous concerne TOUS. Soyons ouverts ! Qui peut se croire à l'abri aujourd'hui ?
"Riez tant que vous respirez et aimez tant que vous vivez."

Nujee, une voix unique et sincère, une voix touchante, souriante, une voix optimiste...qui fait du bien.

Merci Nujee Mustafa, merci Christina Lamb, merci Fabienne Gondrand ... merci pour ce très beau message, cette magnifique leçon de vie, ce témoignage fascinant, merci d'avoir donné un visage aux réfugiés, le Monde en a vraiment besoin aujourd'hui.

«Je peux vous parler de Staline et d'Hitler, mais d'aucune de leurs victimes. Est-ce que ce sera la même chose avec Assad dans cinquante ans ? Sans doute. Les gens sauront tout de lui mais rien des bonnes gens de la Syrie. Nous ne serons que des nombres, Nasrine, Bland, moi et tous les autres, tandis que le tyran entrera dans L Histoire. Cette pensée est effrayante.»

Je remercie Babelio et les éditions Harper Collins pour m'avoir permis de découvrir cette histoire en avant-première.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Nujeen (envoyé par Masse critique, avec tous mes remerciements)

Nujeen est la fille d'une nombreuse famille. Une partie vit à Alep au cinquième étage d'un immeuble, une autre a déjà émigré vers l'Allemagne. Toute la famille est unie par le territoire. Nujeen est paralysée des jambes et vit la plupart du temps sur son lit ou sur un canapé avec la télé comme compagnon essentiel. Ses frères et soeurs, valides, font des études. Nujeen est musulmane sans trop savoir ce que cela signifie sauf à se conformer aux règles essentielles, vestimentaires et alimentaires. Nujeen ignore tout ou presque de l'histoire de son pays.

Exemptée de fait d'école et de mosquée, elle ne cherche pas nécessairement à s'inscrire plus avant dans la politique et dans l'Islam. Lorsqu'en 2012 les massacres et les bombes se rapprochent d'Alep ; il est convenu que Nujeen et une partie de sa famille se rendront à Manbij proche de la frontière turque, plus sûre, où elle restera deux ans en complétant sa culture télévisuelle.

En 2014 alors qu'on dépasse les deux cent cinquante mille morts, elle passe en Turquie, d'abord en voiture jusqu'à Gaziantep puis jusqu'à Izmir en avion.

A partir de là le fauteuil roulant devient indispensable pour passer de la Turquie à la Grèce., puis de la Grèce à l'Autriche et l'Allemagne « patrie de Mama Merkel »(sic) où elle retrouve ses frères, un foyer et un centre de rééducation pour handicapés auquel personne n'avait supposé d'intérêt depuis sa naissance et ses premiers « faux » pas jusqu'à son arrivée en Europe.

Durant son périple, un journaliste de la BBC remarque la migrante en fauteuil et voit sans doute là le moyen de réitérer le scoop du gamin de trois ans noyé sur la plage (croisé d'ailleurs par hasard par Nujeen…). Aussitôt les médias et les réseaux s'enflamment (sic). Bingo.

Nujeen qui a appris un anglais de voyageur à la télé est débriefée par Christina Lamb diplômée d'Harvard et d'Oxford - couverte de récompenses - et traduite en toutes les langues dont le français par l'éditeur Harper Colins qui ne cite pas le traducteur et nous offre en couverture une « épreuve anticipée non corrigée ». (Ça va être corrigé donc...)

Avant d'écrire ce commentaire, j'ai lu l'excellent livre de Xavier Baron qui traite de l'histoire de la Syrie de 1918 à nos jours, et j'invite toute personne que mon propos pourrait déranger à lire utilement ce bouquin clair et sans manichéisme qui éclaire les évènements contemporains à la lumière des origines lointaines (l'empire Ottoman) ou plus récentes (1922, le mandat de la France sur la Syrie jusqu'en 1946 et la suite).

Ce qui domine dans ce livre est le seul récit.
Seul « l'incroyable périple » (sous-titre de la couverture façon Paris Match) reste la centralité du sujet. Et en fauteuil roulant par-dessus le marché ! Et vivante…

Nujeen, dans cette mesure a-t-elle une valeur d'exemple autre que celui de la récupération médiatique si prompte à créer des idoles et aussi prompte à les oublier (…voir le petit garçon cité plus haut, dont l' « incroyable périple » s'est terminé sur une plage le nez dans le sable et qui n'est plus qu'un vague souvenir photographique).

« Ne pas être une victime » aurais déclaré Nujeen comme principe de vie. Elle est en tout cas bel et bien celle de ceux qui ont exploité son aventure.

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Je crains que certains lecteurs n'aient confondu "témoignage" et "oeuvre littéraire". Je m'explique: dans une Masse Critique , personnellement, j'attends davantage une critique littéraire sur un livre qu'une opinion sur le sujet traité. D'ailleurs, je remercie Babelio et les éditions Harper Collins de m'avoir permis de lire cet ouvrage.
Oui, Nujeen, jeune kurde, - et surtout sa soeur Nasrine qui l'a complètement prise en charge- a vécu des choses difficiles, qu'elle a plutôt bien traversées finalement, paradoxalement grâce à son handicap qui lui a souvent valu un régime de faveur, et c'est tant mieux, mais aussi parce qu'elle vit dans un monde un peu irréel (soap operas et autres); elle répète souvent qu'elle préfère ne pas regarder la réalité.
Cependant n'oublions pas qu'elle a 16-17 ans, mais se comporte parfois comme une fillette gâtée voire capricieuse.
Oui, je compatis et suis heureuse que mes propres enfants n'aient pas eu à vivre ces épreuves, mais j'ai des critiques à émettre sur la qualité littéraire de ce livre.
Nujeen, n'est pas "l'auteur" de ce livre; elle a raconté son périple de 6 000km,de Syrie jusqu'en Allemagne, en fauteuil roulant, à la journaliste Christina Lamb ; c'est cette dernière qui se fait le porte-parole de la jeune fille.
Je reproche un hiatus entre l'attitude adolescente voire gamine de Nujeen (elle peut rester des heures assise avec une tortue sur les genoux) et sa présentation plutôt complexe de la politique et de l'Histoire de la Syrie.
J'aurais aimé que C.Lamb respecte davantage la tournure d'esprit de l'adolescente; le texte y aurait, entre autres, gagné en émotion.
Comme d'habitude, je me plaindrai de la quatrième de couverture qui présente le livre comme étant le récit du voyage de Nujeen alors qu'en fait, cela n'en représente que le tiers.
Néanmoins, en dehors de toute considération littéraire, il est bon que de tels ouvrages fassent connaître le sort dramatique de nombreux immigrants à un moment où les Européens en ont très peur.
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Je tiens en tout premier remercier Masse Critique et les Editions HarperCollins pour ce magnifique cadeau.
L' histoire de Nujeen remet beaucoup de choses en place et répond à de nombreux questionnements et nous incite à nous interroger sur la nature humaine. de n'importe quel coté que l'on se place "migrant" ou vivant sur une terre d'asile il nous faut avancer dans nos modes de pensées.
Qui sait ce que demain nous réserve ? N'avons pas été nous mème des migrants , ou quelqu'un l'a été dans notre entourage et qui peut dire que nous ne le serrons jamais ?
C'est une histoire vraie qui incite à la tolérance, à la foi en l'être humain. On est révolté aussi choqué des actes de manipulation, bien que nous le sachions déjà, je l'ai ressenti plus intensément.
Nujeen nous rappelle le contexte géopolitique , et l'on peut se demander si la gestion de " la crise des migrants" plus communément appelée ne pourrait être traitée plus à froid avec des réponses et des solutions alternatives qui pourraient peut être éviter des dérives dans un contexte socioéconomique précaire quel que soit le pays receveur. le débat est épineux certes et sujet à controverses. Et je pense qu'il n'y a pas de réponses justes, tout n'est que questionnements.
Bien évidemment je me suis laissée émouvoir pas la vie de cette adolescente. C'est impossible de ne pas l'être! Une jeune fille brillante qui pourrait être un proche et pour qui nous souhaiterions une "vie normale", avec des copines, le lycée... et un surtout un avenir. Parce que Nujeen n'en avait aucun, juste la crainte que un jour elle soit victime d'une bombe!

"Nous sommes simplement des gens qui qui mourrons chaque jour dans l'espoir de nous brosser les dents le matin et d'aller à l'école"

On ne peut que se laisser transporter dans ce périple et être heureux de la belle issue finale. L'optimiste de Nujeen malgré toutes les difficultés est contagieuse et l'on ne peut qu'admirer cette jeune fille et sa famille en particulier sa soeur Nasrine.

"il y a beaucoup de bonnes choses dans cette société et j'aimerais les mélanger à la mienne pour obtenir le cocktail Nujeen"

A lire absolument.
Lien : http://missneferlectures.ekl..
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