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sur 95 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Je sors de cette lecture avec un avis plutôt mitigé. Je m'attendais à un témoignage riche en émotions puisqu'il est porté sur le sujet de la guerre en Syrie et de la traversée des migrants vers l'Europe pour échapper à cette tragédie. de plus, il s'agit ici du témoignage de Nujeen, une jeune fille kurde de 16 ans en fauteuil roulant qui a vécu cet incroyable périple.
Le sujet me plaisait beaucoup, mais je suis un peu déçue par cet ouvrage et je vais tenter d'expliquer pourquoi.

Tout d'abord ce récit est raconté par l'intermédiaire de la journaliste Christina Lamb et on le ressent bien à la lecture. Elle retrace notamment les conflits historiques et politiques qui ont pu mener à cette guerre, le régime dictatorial d'Assad...tous ces faits journalistiques viennent appuyer le récit de Nujeen qui est beaucoup plus naïf. Même si le récit forme un ensemble, on distingue malgré tout les propos de l'une et de l'autre.
Nujeen nous parle quant à elle de son quotidien dans l'appartement d'Alep où elle ne manquerait pour rien au monde son feuilleton favoris Des jours et des vies avec lequel elle a appris l'anglais. Elle parle aussi de son univers familial et de ses rêves d'étudier à l'université. Elle a reçu très peu d'instruction en Syrie et tente de combler ce manque en s'instruisant à travers de nombreux documentaires qu'elle visionne. Elle vit la guerre à travers les bombardements quotidiens qu'elle entend depuis l'appartement et d'après ce que lui raconte sa famille du monde extérieur.

Je n'ai pas trouvé Nujeen particulièrement attachante. Elle passe plutôt pour une fille capricieuse et difficile par moment. Dans son témoignage elle veut parfois étaler ses connaissances sur certains sujets qui n'ont pas lieu d'être selon moi.
Durant la traversée, sa soeur Nasrine a eu beaucoup de courage d'endosser toutes les responsabilités. Je me dis que son témoignage à elle aurait sûrement été plus poignant je pense. Elle a vécu le voyage jusqu'en Allemagne comme une épreuve difficile (comme les autres migrants j'imagine) alors que Nujeen l'a presque vécu comme une découverte du monde, car il l'a sortie de son quotidien devant sa télévision.

Un propos m'a interpellé dans ce récit: p. 80 "C'était un sentiment atroce de dire qu'à ces endroits des gens avaient sans aucun doute trouvé la mort et que des familles comme la nôtre étaient ensevelies sous le béton. Un sentiment mêlé de soulagement, parce que ce n'était pas nous. Est-ce mal? Pourvu que Sriaa la tortue soit entre de bonnes mains!" Que dire de ces propos lorsque l'ont voit tous ces pauvres gens innocents qui sont attaqués, massacrés et torturés sans raison! À mon sens, l'empathie manque cruellement dans ce témoignage. Mis à part les quelques personnes qui ont pu aider à soulever le fauteuil durant la traversée, on constate beaucoup de "chacun pour soi" et c'est vraiment dommage.

Certains détails me semblent contradictoires entre le "côté journalistique" et le côté "témoignage de Nujeen" par exemple p.202 "Mais je craignais que les gens s'intéressent à moi uniquement à cause du fauteuil roulant." Alors que c'est le titre vendeur de son livre!

Ce témoignage est malgré tout intéressant pour en connaître un peu plus sur le sujet. Je suis contente de l'avoir découvert pour cet aspect car j'ai appris certaines choses. Après je regrette vraiment le manque d'émotions de cet ouvrage qui est selon moi essentiel à un témoignage.

Je remercie Babelio et les éditions Harper Collins pour l'envoi de ce livre avant sa parution officielle.
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Nujeen est une jeune kurde de Syrie. A seize ans, en 2015, elle quitte son pays quand sa vie est menacée par la guerre entre Assad et ses opposants. Avec une de ses sœurs, elle traverse l'Europe, parcoure 5000 kilomètres en fauteuil roulant (elle est handicapée de naissance) pour rejoindre un frère installé en Allemagne. C'est un périple de trois semaines vers une nouvelle vie, où, comme des milliers de familles, les deux jeunes filles passent de la guerre à la paix, mais doivent affronter les nouvelles difficultés inhérentes à leur statut de réfugiées.

L'histoire de Nujeen racontée par Christina Lamb, une journaliste anglaise, nous plonge dans l'enfer syrien dont on se demande comment il peut cesser, tellement les forces en présences sont multiples et irréconciliables. C'est d'ailleurs le grand intérêt du livre d'exposer clairement l'imbroglio du pays d'Assad. On prend conscience d'une guerre impitoyable qui massacre les populations civiles et détruit le pays, y compris les lieux historiques. Son autre vertu majeure étant de montrer le sort de populations, qui n'ont d'autre choix que de partir pour tenter de s'installer dans des lieux où elles sont rarement les bienvenues.

Par la voix de Christina Lamb on découvre une jeune fille volontaire qui a, malgré la guerre, les aspirations de son âge. Une adolescente qui a toujours refusé d'être une victime, allant même jusquà considérer son handicap comme un avantage (elle est plus facilement aidée) et l'exil comme un moyen pour n'être plus « la fille dans sa chambre ». Un récit d'une aventure humaine emblématique de la crise humanitaire actuelle, qui m'a parfois gênée par sa forme - quand la journaliste parle à la place de la jeune fille avec ses mots et son expérience -, mais captivée par le fond, l'histoire dramatique de la guerre en Syrie, avec ses conséquences humaines et politiques, étant précisément relatée. Merci à Babelio et aux Editions Harper Collins pour la découverte de ce livre prenant et fort instructif.
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Ce livre m'a un peu déçue car trop journalistique à mon goût. Une trop grande partie historique revisitant tous les événements qui ont pu mené à cette guerre terrible où les populations de ces régions d'Irak et de Syrie sont sacrifiées n'aurait pas du être faite par la voix de Nujeen mais par celle de Christina Lamb. Cela enlève, dans un premier temps, de la crédibilité au récit de Nujeen.

Cette réserve faite le témoignage de Nujeen concernant sa vie quotidienne et celle de sa famille depuis la révolte syrienne contre le régime de Assad qui les faisait rêver d'une libération avant de se transformer progressivement en un massacre, permet de partager ce que peut être la détresse et la douleur de tous les réfugiés qui arrivent en Europe.
La vie de toute la famille va n'être qu'une suite d'abandons successifs jusqu'à la nécessité de quitter définitivement leur pays : ils doivent quitter Alep, bombardée quotidiennement, le vendredi 27 juillet 2012, retourner à Manbij où ils possèdent une maison, où "le seul point positif, c'est qu'on pouvait de nouveau voir les étoiles. Les étoiles et la beauté du silence. Même Assad ne pouvait pas gâcher ça."

Deux ans après ce sera la seconde rupture avec la chaleur du cocon familial où elle est choyée. Rupture d'autant plus douloureuse que ses parents, Ayee et Yaba, restent car ils ne veulent pas à leur âge tout laisser derrière eux. L'avancée de Daesh les pousse à quitter la Syrie pour la Turquie.
"Et au fond de moi je savais qu'ils ne voulaient pas quitter la Syrie. Nous nous sommes dit au revoir. Mes joues étaient baignées de larmes. Je me suis agrippée à Ayee (sa maman). Jamais je n'avais été séparée d'elle, nous avions toujours dormi ensemble." p 115

Nujeen est vive et attachante. Elle garde sa naïveté d'enfant tout en faisant preuve de plus en plus de maturité quand elle se trouve embarquée dans le voyage chaotique et incertain qui doit les mener, sa soeur et elle, en Allemagne où l'un de leur frère les attend.
Elle découvre, au contact des autres réfugiés, que malgré son infirmité elle peut servir à quelque chose comme les aider grâce à l'anglais qu'elle a appris en regardant son feuilleton télévisé préféré, "Des jour et des vies" sa bouée de sauvetage, la seule chose qui pouvait me faire oublier les bombardements nous dit-elle. Ces petites choses qui font sa vie quotidienne, cette addiction à la télé qui lui permet de combler son désir d'apprendre qu'elle ne peut satisfaire en allant à l'école, elle va s'en servir au long du chemin plein d'embûches qui va la conduire en compagnie et avec l'aide de sa soeur Nasrine jusqu'en Allemagne. Malgré les souffrances, la peur, ce parcours lui ouvre des possibilités qu'elle n'avait pas enfermée chez elle en Syrie. Elle découvre le monde et se découvre elle-même.
Tout en étant complètement incertaine de son avenir et de celui de Nasrine, elle continue aussi d'apprécier la beauté, par exemple quand elle quitte le camp de rétention de Postojna en Slovénie :
"Ce n'est qu'en quittant Postojna que je me suis aperçu de sa beauté, entourée de nature, de collines, où tout était vert. Plus tard, j'ai fait des recherches sur cet endroit et j'ai appris que des bébés dragons étaient nés dans une cave des montagnes, juste au-dessus de l'endroit où nous étions. Je ne savais pas que les dragons existaient. Je trouvais dommage que nous ne voyions de ces pays que des policiers et des réfugiés." p 213

Elle estime aussi qu'elle a eu beaucoup de chance grâce à "son avantage handicap" qui incite ceux qu'elle croise à les aider elle et sa soeur. pourtant parvenue presqu'au bout de ce périple semé d'embûches, elle craint une chose : ... j'allais redevenir la fille dans sa chambre. Au cours des trois semaines qui venaient de s'écouler, je m'étais sentie comme tout le monde et j'avais fait l'expérience de la vraie vie, même si j'avais eu besoin de ma soeur pour me pousser."

Tout son optimisme lui revient quand elle et Nasrine parviennent enfin en Allemagne le jour de l'anniversaire de cette dernière.
"Depuis notre départ d'Alep nous avions parcouru 5500 kilomètres, à travers 9 pays, de la guerre à la paix -- un périple vers une nouvelle vie, comme mon prénom.
Soudain tout devenait quand, et non plus si. Je regardais les Allemands en me disant qu'un jour je parlerais comme eux, je vivrais comme eux, j'aimerais comme eux. Je marcherais peut-être comme eux." Et même si les difficultés, les humiliations sont loin d'être derrière elle, on se dit que cette adolescente obstinée, qui a su garder son humour et sa capacité d'émerveillement, s'en sortira et que ses parents Ayee et Yaba pourront être fiers d'elle.

Merci à Babelio et aux éditions Harper Collins pour cette leçon de vie qui fait paraître bien dérisoires nos propres problèmes.
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Nujeen n'aime pas que l'on en sache autant sur la vie des dictateurs, des méchants, et rien sur celle de leurs victimes. Elle n'aime pas non plus le mot "réfugié", ni les statistiques qui vont avec. Finalement, elle ne sera pas anonyme à l'intérieur d'un chiffre, elle ne sera pas une victime mais une héroïne.
Sa volonté l'a poussée à apprendre l'anglais et à s'instruire seule quand elle restait toute la journée bloquée au cinquième étage de leur immeuble d'Alep et qu'elle ne pouvait fréquenter l'école comme ses frères et soeurs.
Une grande force l'a aidée à tenir pendant ce long exode particulièrement difficile.
Une grande force, mais aussi et surtout, une soeur incroyable qui a eu une volonté et une force encore plus puissantes que celles de Nujeen. C'est elle, Nasrine, qui a poussé son fauteuil roulant pendant une bonne partie de ces 5701 km, d'Alep (Syrie) à Cologne (Allemagne).
Avec une intelligence instinctive, Nujeen se protège de la violence de la guerre, elle sait que certaines images peuvent la blesser à tout jamais. Elle se doute bien que c'est affreux et elle fait tout pour que trop d'horreurs ne s'impriment dans sa mémoire, elle ne regarde pas les infos, elle ne va pas sur la terrasse pour voir où sont tombées les bombes et plus tard, elle fera tout pour éviter d'écouter les histoires dramatiques des autres réfugiés.
Même avec ces précautions, pendant un tel voyage, elle ne peut se protéger de tout, elle a inévitablement vu et entendu des choses difficiles, mais Nujeen garde le sourire et un entrain extraordinaire.

Ce récit, co-écrit par Christina Lamb, je l'ai trouvé plus incertain que celui de "moi, Malala"...il a peut-être été écrit trop vite pour profiter de l'actualité. Mais justement, il nous éclaire sur le déroulement des événements et ce que peuvent être les histoires de tous les autres réfugiés, pour sans attendre, leur porter un regard bienveillant.
Exactement ce que veut Nujeen... "...j'espère que vous verrez que je ne suis pas un nombre et qu'aucun de nous ne l'est".

Un grand merci à babelio et aux éditions Harper Collins pour l'envoi de ce livre.
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Le récit d'une jeune fille obligée de fuir la Syrie en proie à de terribles combats entre milices kurdes et le groupe Etat Islamique. Elle s'appelle Nujeen et son histoire est retranscrite par Christina Lamb, grand reporter qui a entre autres co-écrit « Moi Malala ».

Nujeen Mustafa, la force et la détermination de ceux qui ne veulent pas perdre espoir

Nujeen a 16 ans et fait partie de ces civiles obligés de quitter leur pays pour sauver leur vie. D'origine Kurde, c'est en Syrie que sa famille a élu domicile jusqu'à ce que le groupe Etat Islamique et les forces Kurdes s'affrontent. Leur ville en proie à une violence inouïe, la famille doit fuir pour survivre. Direction l'Allemagne où l'un des frères de Nujeen réside. Un voyage dangereux, compliqué par le fait que la jeune fille soit handicapée. le chemin, c'est en fauteuil roulant qu'elle devra le faire.

Mon avis :

J'ai lu de nombreux romans, témoignages ou essais qui traitent de près ou de loin au déracinement forcé de populations opprimées. C'est un sujet qui me touche beaucoup. Voir tous ces civils qui subissent la folie des fanatiques religieux ou des tyrans politiques me stupéfie. Je ne cesse de me dire que nous avons de la chance de vivre dans des régions où règne la paix. Mais je ne cesse de me demander pourquoi nous n'arrivons pas à arrêter ce massacre.

Nujeen, l'incroyable périple ne m'a pourtant pas totalement convaincue. Son histoire est tragique et son courage est a saluer, cependant, plusieurs choses m'ont gênée dans ce témoignage. J'ai eu l'impression que des pages ont été « noircies » pour augmenter la taille du texte. Des répétitions sur les manies de Nujeen alourdissent la lecture. Cette obsession qu'elle a de nous parler des programmes télévisés m'a insupportée. Et la télé par ci, et la télé par là, et mon feuilleton... c'était trop. Ensuite, la façon dont elle est décrite lui donne une image totalement immature, même pour ses 17 ans. On en est presque à la limite de la caricature.

Ce témoignage a tout de même des bons côtés. À commencer par l'écriture de Christina Lamb qui raconte la vie de Nujeen et son voyage de manière très fluide bien que les nombreuses références politiques soient par moment quelque peu difficiles à suivre. le récit de la vie de Nujeen avant et pendant la guerre nous permet de voir comment ce conflit a vite dégénéré et l'influence qu'il a eu sur les conditions de vie des habitants.

Malgré son obsession pour la télé, Nujeen semble être très cultivée. Ce livre commence d'ailleurs en nous disant que la jeune fille a une particularité, celle de tout mémoriser. Aussi, elle connaît de nombreuses anecdotes sur à peu près tout. Et là, on tente de nous le prouver en faisant l'étalage de tout ce qu'elle sait. J'ai trouvé ça totalement inutile dans ce récit. Alors que la partie voyage  vers l'Europe du roman ne commence qu'à environ 50 % du livre

Vous l'aurez compris, pour quelqu'un comme moi qui lis énormément sur ce sujet, Nujeen, l'incroyable périple ne m'a pas séduite. Si je salue le courage de la jeune fille, car entreprendre un tel périple en fauteuil roulant et parvenir à destination relève presque du miracle, j'ai trouvé le récit creux. La faute à l'image retransmise de Nujeen qui donne l'impression d'être une personne plutôt égocentrique. Chose dont elle ne se cache pas, elle en a toujours joué d'ailleurs pour obtenir ce qu'elle veut auprès des membres de sa famille. Attitude normale d'une enfant qui se sait différente et qui apprend assez vite que cela peut lui servir, mais dans le portrait dressé dans ce livre, cette particularité est trop marquée.

Pourquoi cette lecture ? :

J'ai lu Nujeen, l'incroyable périple de Christina Lamb, car il m'a été proposé lors d'une Masse Critique spéciale sur le site Babelio.com. le sujet m'intéressait, j'ai donc accepté cette lecture. Je remercie donc Babelio et les éditions Harper Collins pour cette lecture. Si mon avis est mitigé, j'ai vu à travers d'autres critiques que de nombreux lecteurs ont fortement apprécié cette histoire. Je vous invite donc à vous faire votre propre avis.
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Nujeen (envoyé par Masse critique, avec tous mes remerciements)

Nujeen est la fille d'une nombreuse famille. Une partie vit à Alep au cinquième étage d'un immeuble, une autre a déjà émigré vers l'Allemagne. Toute la famille est unie par le territoire. Nujeen est paralysée des jambes et vit la plupart du temps sur son lit ou sur un canapé avec la télé comme compagnon essentiel. Ses frères et soeurs, valides, font des études. Nujeen est musulmane sans trop savoir ce que cela signifie sauf à se conformer aux règles essentielles, vestimentaires et alimentaires. Nujeen ignore tout ou presque de l'histoire de son pays.

Exemptée de fait d'école et de mosquée, elle ne cherche pas nécessairement à s'inscrire plus avant dans la politique et dans l'Islam. Lorsqu'en 2012 les massacres et les bombes se rapprochent d'Alep ; il est convenu que Nujeen et une partie de sa famille se rendront à Manbij proche de la frontière turque, plus sûre, où elle restera deux ans en complétant sa culture télévisuelle.

En 2014 alors qu'on dépasse les deux cent cinquante mille morts, elle passe en Turquie, d'abord en voiture jusqu'à Gaziantep puis jusqu'à Izmir en avion.

A partir de là le fauteuil roulant devient indispensable pour passer de la Turquie à la Grèce., puis de la Grèce à l'Autriche et l'Allemagne « patrie de Mama Merkel »(sic) où elle retrouve ses frères, un foyer et un centre de rééducation pour handicapés auquel personne n'avait supposé d'intérêt depuis sa naissance et ses premiers « faux » pas jusqu'à son arrivée en Europe.

Durant son périple, un journaliste de la BBC remarque la migrante en fauteuil et voit sans doute là le moyen de réitérer le scoop du gamin de trois ans noyé sur la plage (croisé d'ailleurs par hasard par Nujeen…). Aussitôt les médias et les réseaux s'enflamment (sic). Bingo.

Nujeen qui a appris un anglais de voyageur à la télé est débriefée par Christina Lamb diplômée d'Harvard et d'Oxford - couverte de récompenses - et traduite en toutes les langues dont le français par l'éditeur Harper Colins qui ne cite pas le traducteur et nous offre en couverture une « épreuve anticipée non corrigée ». (Ça va être corrigé donc...)

Avant d'écrire ce commentaire, j'ai lu l'excellent livre de Xavier Baron qui traite de l'histoire de la Syrie de 1918 à nos jours, et j'invite toute personne que mon propos pourrait déranger à lire utilement ce bouquin clair et sans manichéisme qui éclaire les évènements contemporains à la lumière des origines lointaines (l'empire Ottoman) ou plus récentes (1922, le mandat de la France sur la Syrie jusqu'en 1946 et la suite).

Ce qui domine dans ce livre est le seul récit.
Seul « l'incroyable périple » (sous-titre de la couverture façon Paris Match) reste la centralité du sujet. Et en fauteuil roulant par-dessus le marché ! Et vivante…

Nujeen, dans cette mesure a-t-elle une valeur d'exemple autre que celui de la récupération médiatique si prompte à créer des idoles et aussi prompte à les oublier (…voir le petit garçon cité plus haut, dont l' « incroyable périple » s'est terminé sur une plage le nez dans le sable et qui n'est plus qu'un vague souvenir photographique).

« Ne pas être une victime » aurais déclaré Nujeen comme principe de vie. Elle est en tout cas bel et bien celle de ceux qui ont exploité son aventure.

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Je crains que certains lecteurs n'aient confondu "témoignage" et "oeuvre littéraire". Je m'explique: dans une Masse Critique , personnellement, j'attends davantage une critique littéraire sur un livre qu'une opinion sur le sujet traité. D'ailleurs, je remercie Babelio et les éditions Harper Collins de m'avoir permis de lire cet ouvrage.
Oui, Nujeen, jeune kurde, - et surtout sa soeur Nasrine qui l'a complètement prise en charge- a vécu des choses difficiles, qu'elle a plutôt bien traversées finalement, paradoxalement grâce à son handicap qui lui a souvent valu un régime de faveur, et c'est tant mieux, mais aussi parce qu'elle vit dans un monde un peu irréel (soap operas et autres); elle répète souvent qu'elle préfère ne pas regarder la réalité.
Cependant n'oublions pas qu'elle a 16-17 ans, mais se comporte parfois comme une fillette gâtée voire capricieuse.
Oui, je compatis et suis heureuse que mes propres enfants n'aient pas eu à vivre ces épreuves, mais j'ai des critiques à émettre sur la qualité littéraire de ce livre.
Nujeen, n'est pas "l'auteur" de ce livre; elle a raconté son périple de 6 000km,de Syrie jusqu'en Allemagne, en fauteuil roulant, à la journaliste Christina Lamb ; c'est cette dernière qui se fait le porte-parole de la jeune fille.
Je reproche un hiatus entre l'attitude adolescente voire gamine de Nujeen (elle peut rester des heures assise avec une tortue sur les genoux) et sa présentation plutôt complexe de la politique et de l'Histoire de la Syrie.
J'aurais aimé que C.Lamb respecte davantage la tournure d'esprit de l'adolescente; le texte y aurait, entre autres, gagné en émotion.
Comme d'habitude, je me plaindrai de la quatrième de couverture qui présente le livre comme étant le récit du voyage de Nujeen alors qu'en fait, cela n'en représente que le tiers.
Néanmoins, en dehors de toute considération littéraire, il est bon que de tels ouvrages fassent connaître le sort dramatique de nombreux immigrants à un moment où les Européens en ont très peur.
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Christina Lamb, journaliste anglaise, correspondante du Sunday Times, a couvert l'an dernier la crise des migrants et leur long périple à travers l'Europe. Pour personnaliser son propos, elle nous propose dans ce livre le témoignage d'une jeune fille kurde syrienne. Née au jour de l'an 1999, Nujeen dont le prénom signifie « nouvelle vie », est physiquement handicapée, séquelles d'une naissance prématurée.
Dans la première partie de l'ouvrage Christina Lamb retrace l'enchaînement inexorable des événements qui en quelques années ont conduit la Syrie dans une guerre civile multipartite dans laquelle la population paie un prix exorbitant.
Dans la deuxième partie du livre, on va suivre Nujeen dans son fauteuil roulant et avec sa soeur Nasrine, à la fin de l'été 2015 de Gaziantep en Turquie jusqu'à Dortmund en Allemagne. Christina Lamb souhaitait comprendre et montrer ce que signifie concrètement un tel voyage, comment il s'organise, les rapports avec les passeurs, avec les autres migrants, la manière dont se créent les itinéraires, les aspects légaux ou non, le jeu des rumeurs, la compréhension des différentes législations, la manière dont les informations circulent au cours du voyage, l'argent, les conditions de vie, l'attitude des autochtone à leurs égards, etc.
La troisième partie, beaucoup plus courte, évoque la nouvelle vie de la jeune fille, une fois installée en Allemagne.

Nujeen est très optimiste, elle garde une certaine naïveté d'enfant et s'efforce de vivre ce voyage comme un moyen de découvrir le monde, après être restée sans pouvoir bouger de chez elle tant d'années. A mon sens, le récit ne fait pas suffisamment justice à sa soeur, Nasrine. C'est elle pourtant qui s'est occupé de Nujeen pendant tout le voyage, qui a poussé le fauteuil roulant, qui a endossé toutes les responsabilités avec beaucoup de force et de courage, en ne laissant jamais paraître ses doutes pour ne pas inquiéter sa jeune soeur. le livre est intéressant, et en effet on y apprend pas mal de choses, mais au bout d'un certain temps un sentiment diffus et ambigu apparaît et on se prend à s'interroger sur les phénomènes de récupération médiatique et leur appétence à créer des icônes éphémères.
Merci à Babelio et aux éditions Harper pour cette lecture et la rencontre avec l'auteur qui a suivi. Un satisfecit particulier à la traductrice Fabienne Gondrand, qui était aussi l'interprète de la rencontre.
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Derrière les affres de la guerre se trouve des millions d'êtres humains qui ne désirent qu'une chose : vivre, vivre dans des conditions où l'humain se respecte, se nourrit et s'entraide, découvre le monde et chemine comme il peut. Nujeen est l'une d'entre eux, avec ce petit plus : elle est handicapée.Dans ce livre, Nujeen témoigne de son quotidien, l'avant, le pendant et « le presqu'après » car la guerre n'est pas finie. Encore aujourd'hui, son pays baigne dans des affrontements qui ne cessent de détruire et balayer les moindres traces de vie et d'histoire. Des pays transformés à l'état de poussière rouge.

Au travers de « L'incroyable périple de Nujeen », c'est également des bribes d'autres vies que l'on entr'aperçoit : des personnes qui vivent encore « là-bas », des personnes qui traversent la mer avec l'espoir d'une meilleure vie « ailleurs », des personnes qui leur viennent en aide… Lire l'histoire de Nujeen, c'est réaliser à quel point nos mondes sont différents, c'est le choc des réalités : d'un côté la guerre, la barbarie, la peur… de l'autre la « douceur » de vivre dans un pays où les problèmes sociétaires paraissent ridicules, et pourtant…

Nujeen retrace son histoire et celle de ses ancêtres. Elle raconte les frontières traversées et les conditions qui les ont accompagnées elle et sa famille. Elle relate les barrières, le choc des cultures, les ont-dit, les préjugés, les peurs des uns et des autres…

Derrière la jeune fille « immigrée syrienne » et « handicapée », se cache un esprit fort perspicace dont la grande curiosité et l'analyse de ce qui l'entoure démontrent une grandeur d'âme et une belle soif de vie. Quand on lit Nujeen, on a envie d'apprendre à la connaître et qu'elle continue de nous raconter son histoire avec ses mots. On a également envie de lui dire bravo pour son courage et son témoignage…


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Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio et Harper Collins pour l'envoi de ce livre qui m'a permis de comprendre plus en détails la situation de la Syrie et des syriens.

Je commence tout de suite, au risque de me faire lyncher, mais je n'ai pas du tout aimé Nujeen et ce n'est pas son périple qui m'aurait le plus intéressée...Je pense que découvrir le périple d'un réfugié qui n'a pas de famille dans le pays d'accueil aurait été plus marquant, aurait sans doute eu plus d'impact...Et ce qui m'a encore plus "énervée" contre Nujeen, c'est son avantage handicap, comme elle le dit si bien elle-même. Désolée si je passe pour une sans coeur mais malgré tout, il lui a facilité pas mal de choses parfois, comparé aux autres réfugiés. Avoir le témoignage de sa soeur Nasrine aurait pu certainement plus me toucher, car c'est sur elle que tout repose à partir du moment ou elles se retrouvent toutes les deux. Enfin bref, je n'ai pas aimé Nujeen et ses caprices d'enfant choyée donc j'ai eu du mal à faire preuve d'empathie, du moins envers elle...

Par contre, grâce à son récit, on comprend vraiment la situation en Syrie et les conditions de vie qui poussent ces millions de personnes à fuir leur patrie. Entre un gouvernement dictatorial qui n'hésite pas à tuer sa propre population, les conflits centenaires avec les Kurdes rebelles et les fanatiques de Daesh, oui il faut reconnaitre que la Syrie est vraiment en mauvaise posture et son avenir plus qu'incertain. Ce raz de marée humain se comprend donc aisément mais je comprends également la position de certains pays européens qui leur refusent l'entrée, comme la Hongrie. Ce n'est pas parce que nous sommes pays européens que tout le monde y est forcement riche, certains gouvernements préfèrent favoriser leur propre peuple avant d'aider les autres, et je comprends cette décision...Quand je vois les sommes que certains réfugiés peuvent/doivent débourser pour atteindre nos pays, je me dis que je ne risque pas de pouvoir moi-même m'enfuir en cas de conflit...Je ne pense pas que l'exil de ces personnes soit la meilleure solution, ni pour eux ni pour nous, mais apparemment certains doivent y voir un intérêt...
Bref, j'ai tout de même un point commun avec Nujeen ! Comme elle, j'ai tendance à fermer les yeux sur les évènements qui sont en train de bouleverser le Monde. Je coupe les infos à la TV ou radio et je ne lis plus que très peu les journaux tant je désespère de jour en jour. Je sais que ce n'est certainement pas ce genre d'attitude qui fera avancer le schmilblick mais on a déjà tous des vies, plus ou moins compliquées à gérer...Grâce à son témoignage, je connais donc bien mieux une situation qu'au final, je maitrisais mal, je ne connaissais que les grandes lignes et je connais maintenant comment et pourquoi ces conflits ont commencé et dégénéré. Tout en partageant des moments de sa vie, des moments intimes avec sa famille, Nujeen nous livre sa vision des choses et pour cela, je la remercie. de plus, grande ignare que je suis mais aussi très curieuse, j'ai appris des parties de l'Histoire de cette patrie qui m'intéresse, comme la reine Zénobie, j'ai donc du pain sur la planche !
La seconde partie du roman, celle du voyage et de l'exil est celle que l'on attend le plus. Personnellement, je voulais savoir comment les réfugiés arrivent chez nous, quels sont les itinéraires, les moyens légaux ou illégaux pour eux de rester sur le territoire, voir les animosités ou la bienveillance des gens à leurs égards, c'est tout cela qui m'intéressait, voir comment eux procèdent et réagissent en arrivant dans des pays à la culture bien différente de la nôtre et comment nous, nous percevons les choses...J'ai donc été servie avec ce témoignage, Nujeen raconte tout dans les détails, étape par étape, jour après jour, même si je le répète, suivre le périple de sa soeur ou de son frère Bland m'aurait certainement encore plus intéressée car lui semble avoir eu beaucoup plus de difficultés à rejoindre l'Allemagne.

C'est donc une lecture très intéressante que l'on doit lire pour comprendre. N'arrivant pas à accrocher avec la personnalité de Nujeen et parfois son point de vue, j'ai seulement pris le côté témoignage du récit pour apprendre et comprendre une situation qui semble pour l'instant sans solutions pour nos chers politiques...
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