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« Les tribulations de Maqroll le Gabier » Tome 2

Quel plaisir de retrouver Alvaro Mutis, sa langue éblouissante de fluidité et de beauté, ainsi que son héros récurrent, Maqroll, dont les aventures peuvent être lues dans l'ordre que l'on souhaite.

Ce marin d'eaux troubles et citoyen du monde, fin connaisseur des âmes sur lesquelles il glisse, laissant les clichés à ceux qui ont peur de les employer, s'arrêtera cette fois-ci à Panamá, en cale sèche dans un port humide, échoué sans coque à calfater sur le Pacifique, d'où même la mer semble pétrifiée.

Il y croisera par le plus grand des hasards une amie de toujours, Ilona la belle de Trieste, impétueuse comme le Bora soufflant des Alpes, partenaire idéale de cette histoire dont on n'aimerait pas connaitre la fin.

On y attendra la venue d'Abdul Bashur le levantin, autre taulier de l'univers créé par Mutis, contrebandier plus honnête qu'un starets, et la promesse d'un retour à l'errance, eux qui ne connaissent pas les règles de la vie sédentaire.

Entre temps, d'amitié érotique en raffinement alcoolique, consommés au refus d'obtempérer, aboutissant à la création d'un discret lupanar, peuplé d'hôtesses de l'air n'ayant jamais décollé.

La magie d'une histoire qui a tout moment peut basculer, dans l'indolence de celui qui sait encore raconter.
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Un ciel capricieux chargé de nuages bas, un crachin breton sans doute parti pour durer : les conditions atmosphériques appellent à découvrir « Ilona vient avec la pluie " d'Alvaro Mutis !

L'écrivain colombien, disparu en septembre dernier, a choisi pour escale littéraire en 1987 un lieu de passage entre deux océans, un isthme aux averses interminables : Panama.

Maqroll el Gaviero est le personnage emblématique d'Alvaro Mutis, son double déjà rencontré dans « La Neige de l'Amiral » publié un an plus tôt.
Cet aventurier aux pérégrinations incessantes, ce marin qui porte en lui cette folle hélice qui ne s'arrête jamais, a joué dernièrement de malchance. le bateau sur lequel il travaillait a été saisi par les autorités portuaires de Cristobal et dans le même temps son capitaine, ruiné, a mis fin à ses jours.
Après un court voyage en train sur la ligne longeant le fameux canal, voici notre loup de mer hébergé dans une pension interlope de la capitale panaméenne, soignant son mal de terre à la vodka.

Les jours passent, les économies se tarissent, les ardoises aux comptoirs s'additionnent, la mouise approche à grands pas.
« Ilona vient avec la pluie » et le ciel de Maqroll soudain s'éclaire, rien n'est plus pareil. A deux, les projets les plus extravagants fleurissent. Sortir de l'impasse panaméenne est enfin possible grâce à cette jolie femme jamais à court d'idées.

Dès le premier chapitre, la verve et la truculence sud-américaines apparaissent. Alvaro Mutis excelle dans la façon de superposer à l'histoire principale une anecdote croustillante, un souvenir loufoque, un personnage déjanté.
On apprécie pleinement la compagnie de Maqroll et d'Ilona, des débrouillards de première jamais résignés, abhorrant les situations figées, penchant toujours dans le doute du côté de l'errance.

« Ilona vient avec la pluie » : trois petites heures de lecture rafraîchissante, idéales pour se délasser d'une semaine de labeur !
Déjà se dessine là-haut un petit coin de ciel bleu...
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Le beau titre en espagnol « Ilona llega con la lluvia » rappelle qu'Alvaro Mutis est un poète tout autant qu'un conteur.
C'est le second tome des tribulations de Maqroll le Gabier (1988) mais il n'est pas nécessaire d'avoir lu la Neige de l'Amiral pour le comprendre. le Gabier est la représentation du poète, l'homme qui, solitaire tout en haut de son mât, voit et annonce tout au navire, le bon et le funeste.

Lorsqu'il a vu s'approcher l'embarcation grise des douaniers avec le pavillon du Panama flottant fièrement à sa poupe, Maqroll a su qu'ils étaient arrivés au bout d'une "tumultueuse traversée dans ce marécage gris plein d'ordures et d'oiseaux morts" qu'est la mer des Caraïbes. Et il nous raconte la destinée funeste de son ami Wito, le capitaine endetté du Hansa Stern. Fuyant Cristobal, Maqroll échoue ensuite à Panama city. Une ville de passage, de transit, « un couloir perpétuel où nul ne fait attention à personne ». Panama est pleine d'hôtels en tout genre, de boutiques à touristes, de casinos illusoires. Maqroll est bloqué là, il s'efforce d'y survivre et de tromper son ennui dans l'alcool et les femmes. Et puis soudain une après-midi, une averse s'abat sur la ville menaçant de tout emporter. Il s'abrite sous le porche d'un petit hôtel sans prétention. Il la voit de dos. Elle joue avec une machine à sous. Ilona c'est la joie, l'optimisme, la vie croquée à belles dents. Elle vient toujours avec la pluie.

Le roman est beau, riche, métaphorique. A mesure qu'il avance il est de moins en moins réaliste. Il oscillera entre réel et fantasme, entre deux univers parallèles. Il fera apparaître une autre femme, un autre bateau, une autre histoire. A Panama s'est échoué l'ancien monde, le monde de la vieille marine marchande, des solides amitiés au long cours. Et le monde nouveau, rapide, anonyme, celui du transport aérien et des hôtesses de l'air interchangeables, semble bien triste et bien illusoire.

Alvaro Mutis était un visionnaire.
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"Ilona vient avec la pluie", ce titre seul m'avait fait ajouter ce livre à ma PAL il y a de cela quelques années. Un titre magnifique n'est pas toujours le gage d'un roman extraordinaire : je pense par exemple au livre de Julian Barnes, "Une fille, qui danse", avec sa virgule insolite, mais qui ne m'avait pas apporté le plaisir de lecture que j'escomptais. J'ai eu un peu la même déception avec ce roman d'Alvaro Mutis : la lecture en est facile, intéressante par moments, mais je n'y ai rien trouvé qui puisse en faire (à mes yeux, bien-sûr) un roman remarquable. Mutis consacre environ un tiers de son roman à chacun de ses trois personnages : Maqroll, Ilona, Larissa mais il échoue à nous les montrer interagir entre eux. Chacun est dans sa bulle en quelque sorte et l'entrée en scène d'un personnage éclipse les autres. Si la ville de Panama est bien présente dans le premier tiers du livre, elle aussi disparait pratiquement de la suite et il ne reste alors que les tribulations de nos trois personnages-caricatures pour tenter d'assouvir notre faim (ce qui n'a pas été le cas pour moi).
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Quel conteur que cet Alvaro Mutis ! Il vous emmène dans les histoires les plus improbables et cela vous semble naturel. Evidemment, cela peut arriver (je n'ai envie de rien dévoiler). Et pourtant, tout esprit rationnel vous dirait le contraire.
Du plus pur esprit littéraire sud ou latino-américain. Mais avec le sentiment de lire de la vraie littérature, de la grande littérature, qu'après nous, on lira encore. Un pur régal pour moi, vous l'aurez compris. Avec un seul bémol : je suis incapable de le lire en version originale et qu'est-ce que je dois y perdre.
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N°100 - Mars 1992


ILONA VIENT AVEC LA PLUIE - Alvaro Mutis - Éditions Sylvie Messinger

Et revoilà le personnage de Maqroll dit El Gaviero, figure mythique du voyage, éternel errant, bourlingueur, homme aux semelles de vent, incapable de se fixer quelque part et à la recherche perpétuelle d'un coin où s'arrêter, tout en ayant aussitôt la volonté de fuir. Marin en partance, il est de toutes les expéditions risquées et la routine ne saurait faire partie de sa vie. Son sac marin jamais plein déteste le contact avec la terre ferme et c'est sur le pont d'un bateau ou au fond d'une cale que notre homme reprend vraiment vie. Quand il touche terre ou fait escale, l'éternelle question qu'il se pose à lui-même est « Qu'est ce que je fais ici? », la réponse étant tout aussitôt donnée par la commande d'un (ou plusieurs)verre de vodka salvateur...
Une femme dans chaque port, il connaît tous les bouges et ses beuveries sont légendaires. Il joue avec sa vie comme à la roulette russe... et pour le plaisir du lecteur il gagne toujours, se réservant grâce à son auteur -géniteur le droit et surtout le devoir de nous faire vibrer à l'occasion d'autres aventures!
Il faut dire que l'art consommé de la narration et le style truculent qui caractérisent Alvaro Mutis sont pour beaucoup dans l'extraordinaire charisme de ce personnage qui tient en haleine jusqu'au bout le lecteur attentif et passionné.
Le voilà encore coincé dans un petit port des Caraïbes avec le cadavre de son capitaine qui vient de choisir de mettre fin à ses jours. Mais El Gaviero reste un sentimental et ses souvenirs surnagent, l'émotion revient.
Wito, le capitaine sans avenir d'un cargo au nom pompeux et peint « d'un jaune rageur » couleur queue de perroquet, Wita, sa femme morte prématurément mais qui reste la passion de son mari par-delà le trépas, leur fille qui s'est enfuie à quinze ans avec un pasteur protestant père de six enfants...! Pour wito aussi la haute mer est un refuge et quand il touche terre les ennuis commencent. Ce petit port de San Cristobal, sorte de cul de sac en mer signifie pour ce pauvre capitaine la fin du voyage. Pour lui voyager était une fuite plutôt qu'un gagne-pain!
Bref, revoilà El Gaviero dans une de ces situations inextricables et néanmoins coutumières à base de dettes, d'envies de fuir mais aussi de solutions bâtardes qui finalement sont préférées malgré les risques à cause de quelques dollars éphémères qu'elles peuvent lui procurer. C'est à chaque fois le même scénario, la même dérive, la même histoire sordide mais répétée à l'envi avec son dénouement connu à l'avance qui se traduit par une fuite d'El Gaviero et l'amer goût de l'arnaque. Pourtant « les dieux tutélaires » veillent sur lui et le tirent toujours à la fin de ce mauvais pas que lui vaut la terre ferme. Son souvenir est peuplé d'inoubliables escales plus rocambolesques les unes que les autres qui se terminent toutes au fond d'un bar tout comme ses traversées scabreuses le conduisent immanquablement devant les autorités portuaires pour y répondre de frauduleux transports...!
Il finit par croiser Ilona, femme de toujours, son double féminin, aussi friande d'aventures que lui-même, des aventures amoureuses aussi mais qui n'a avec les hommes que des relations fugaces qui ne peuvent pas ne pas plaire à El Gaviero. Ilona, personnage aussi attachant et gouailleur que Maqroll lui-même et qui comme lui a un sérieux sens de l'amitié. Comme lui elle apparaît ou disparaît mais revient toujours dans sa vie quand il est au bord du gouffre... et à la faveur de la pluie. Sa vie à elle est faite d'échecs annoncés (comme pour Maqroll) d'entreprises douteuses... mais peu lui chaut. Tous les deux vivent leur vie, vont dans le sens de leur destin et cela seul est l'essentiel. Même si ce destin est de voir mourir ceux qu'on aime.

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Les amours mélancoliques et belles d'Ilona et de Maqroll El Gaviero. Superbe roman poétique et désenchanté sur le thème de l'errance de port en port et des sentiments délicats et forts qui font de la vie et de la littérature une expression de la beauté.
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Maqroll s'embarque dans un bateau à la Nouvelle-Orléans à destination de Panama. le capitaine n'est autre que Wito, son vieil ami dont il a fait la connaissance quelques années auparavant à Chypre. Mais après un incident tragique, le suicide de Wito, Maqroll débarque à Cristobal avant de se rendre en train à Panama City. Il se retrouve alors bloqué à Panama où " ici il faut être de passage, c'est tout ". L'appréhension et la peur le gagnent comme à chaque fois qu'il s'attend à un long séjour sur la terre ferme. Il passe son temps entre le bar d'Alex et à déambuler dans les rues, vendant des objets volés pour le compte d'un juif boiteux. Quand les pluies torrentielles ne s'abattent pas sur la ville bien sûr !

Mais soudain le ciel s'éclaire pour le Gabier qui retrouve Ilona, une ancienne conquête et amie perdue de vue depuis longtemps. Ils partagent cette même foi dans l'inattendu et ce goût pour le hasard, qui les ont conduit à bourlinguer partout sur le globe. Sur les conseils d'Ilona, ils décident d'ouvrir un bordel dans un quartier résidentiel, en recrutant des prostituées qu'ils font passer pour hôtesses de l'air en transit à Panama. Tout semble aller pour le mieux, jusqu'à ce que débarque la jeune Larissa du Chaco, qui aura la faculté de faire réapparaître de vieux démons...

Encore une fois un très beau roman poétique et désenchanté sur les thèmes de l'errance, de la volonté de vivre en acceptant son destin ou encore sur les sentiments amoureux.
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Mon 2eme roman de Mutis après La neige de l'amiral.

J'ai vraiment aimé ce roman empreint de dérision, de lâcher prise, de liberté, d'amour, de fatalisme … et de Caraïbes, moi qui les aime tant!

Mutis m'a capturé avec sa si belle écriture et ses faux airs de roman d'aventure qui sont plutôt des romans introspectifs.
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Maqroll le Gabier, loup de mer archétypal a, de ses voyages, conservé un goût farouche pour la liberté, affranchi des conventions de la société. le voilà en rade à Panama, suite à sa dernière et piteuse virée sur un rafiot jaune canari avec un capitaine en fin de cycle, au bout du rouleau. Après avoir tiré le diable par la queue, et par un heureux coup du hasard, Maqroll retrouve une vieille connaissance, Ilona une aventurière de sa race et de son calibre,  ancienne amante de rencontre, qui lui propose de mettre sur pied une maison de rendez-vous d'un genre bien particulier...

Encore un passager clandestin dans la PAL. Cet opuscule narrant la petite combine d'un marin en perdition est à mille lieues marines d'émouvoir en quelque manière que ce soit; dire qu'il y a toute une série des aventures du sieur... C'est rigoureusement insipide, ça peut, à la limite, voisiner avec la crème solaire et les tongs dans le sac de plage, pour se vider la tête devant un paysage balnéaire d'une platitude confondante.
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