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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un ciel capricieux chargé de nuages bas, un crachin breton sans doute parti pour durer : les conditions atmosphériques appellent à découvrir « Ilona vient avec la pluie " d'Alvaro Mutis !

L'écrivain colombien, disparu en septembre dernier, a choisi pour escale littéraire en 1987 un lieu de passage entre deux océans, un isthme aux averses interminables : Panama.

Maqroll el Gaviero est le personnage emblématique d'Alvaro Mutis, son double déjà rencontré dans « La Neige de l'Amiral » publié un an plus tôt.
Cet aventurier aux pérégrinations incessantes, ce marin qui porte en lui cette folle hélice qui ne s'arrête jamais, a joué dernièrement de malchance. le bateau sur lequel il travaillait a été saisi par les autorités portuaires de Cristobal et dans le même temps son capitaine, ruiné, a mis fin à ses jours.
Après un court voyage en train sur la ligne longeant le fameux canal, voici notre loup de mer hébergé dans une pension interlope de la capitale panaméenne, soignant son mal de terre à la vodka.

Les jours passent, les économies se tarissent, les ardoises aux comptoirs s'additionnent, la mouise approche à grands pas.
« Ilona vient avec la pluie » et le ciel de Maqroll soudain s'éclaire, rien n'est plus pareil. A deux, les projets les plus extravagants fleurissent. Sortir de l'impasse panaméenne est enfin possible grâce à cette jolie femme jamais à court d'idées.

Dès le premier chapitre, la verve et la truculence sud-américaines apparaissent. Alvaro Mutis excelle dans la façon de superposer à l'histoire principale une anecdote croustillante, un souvenir loufoque, un personnage déjanté.
On apprécie pleinement la compagnie de Maqroll et d'Ilona, des débrouillards de première jamais résignés, abhorrant les situations figées, penchant toujours dans le doute du côté de l'errance.

« Ilona vient avec la pluie » : trois petites heures de lecture rafraîchissante, idéales pour se délasser d'une semaine de labeur !
Déjà se dessine là-haut un petit coin de ciel bleu...
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Le beau titre en espagnol « Ilona llega con la lluvia » rappelle qu'Alvaro Mutis est un poète tout autant qu'un conteur.
C'est le second tome des tribulations de Maqroll le Gabier (1988) mais il n'est pas nécessaire d'avoir lu la Neige de l'Amiral pour le comprendre. le Gabier est la représentation du poète, l'homme qui, solitaire tout en haut de son mât, voit et annonce tout au navire, le bon et le funeste.

Lorsqu'il a vu s'approcher l'embarcation grise des douaniers avec le pavillon du Panama flottant fièrement à sa poupe, Maqroll a su qu'ils étaient arrivés au bout d'une "tumultueuse traversée dans ce marécage gris plein d'ordures et d'oiseaux morts" qu'est la mer des Caraïbes. Et il nous raconte la destinée funeste de son ami Wito, le capitaine endetté du Hansa Stern. Fuyant Cristobal, Maqroll échoue ensuite à Panama city. Une ville de passage, de transit, « un couloir perpétuel où nul ne fait attention à personne ». Panama est pleine d'hôtels en tout genre, de boutiques à touristes, de casinos illusoires. Maqroll est bloqué là, il s'efforce d'y survivre et de tromper son ennui dans l'alcool et les femmes. Et puis soudain une après-midi, une averse s'abat sur la ville menaçant de tout emporter. Il s'abrite sous le porche d'un petit hôtel sans prétention. Il la voit de dos. Elle joue avec une machine à sous. Ilona c'est la joie, l'optimisme, la vie croquée à belles dents. Elle vient toujours avec la pluie.

Le roman est beau, riche, métaphorique. A mesure qu'il avance il est de moins en moins réaliste. Il oscillera entre réel et fantasme, entre deux univers parallèles. Il fera apparaître une autre femme, un autre bateau, une autre histoire. A Panama s'est échoué l'ancien monde, le monde de la vieille marine marchande, des solides amitiés au long cours. Et le monde nouveau, rapide, anonyme, celui du transport aérien et des hôtesses de l'air interchangeables, semble bien triste et bien illusoire.

Alvaro Mutis était un visionnaire.
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Les amours mélancoliques et belles d'Ilona et de Maqroll El Gaviero. Superbe roman poétique et désenchanté sur le thème de l'errance de port en port et des sentiments délicats et forts qui font de la vie et de la littérature une expression de la beauté.
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Maqroll s'embarque dans un bateau à la Nouvelle-Orléans à destination de Panama. le capitaine n'est autre que Wito, son vieil ami dont il a fait la connaissance quelques années auparavant à Chypre. Mais après un incident tragique, le suicide de Wito, Maqroll débarque à Cristobal avant de se rendre en train à Panama City. Il se retrouve alors bloqué à Panama où " ici il faut être de passage, c'est tout ". L'appréhension et la peur le gagnent comme à chaque fois qu'il s'attend à un long séjour sur la terre ferme. Il passe son temps entre le bar d'Alex et à déambuler dans les rues, vendant des objets volés pour le compte d'un juif boiteux. Quand les pluies torrentielles ne s'abattent pas sur la ville bien sûr !

Mais soudain le ciel s'éclaire pour le Gabier qui retrouve Ilona, une ancienne conquête et amie perdue de vue depuis longtemps. Ils partagent cette même foi dans l'inattendu et ce goût pour le hasard, qui les ont conduit à bourlinguer partout sur le globe. Sur les conseils d'Ilona, ils décident d'ouvrir un bordel dans un quartier résidentiel, en recrutant des prostituées qu'ils font passer pour hôtesses de l'air en transit à Panama. Tout semble aller pour le mieux, jusqu'à ce que débarque la jeune Larissa du Chaco, qui aura la faculté de faire réapparaître de vieux démons...

Encore une fois un très beau roman poétique et désenchanté sur les thèmes de l'errance, de la volonté de vivre en acceptant son destin ou encore sur les sentiments amoureux.
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Coincé à terre dans le calme plat et glauque de Colón, au Panama, Maqroll le Gabier cherche une issue où le tragique et le fantastique vont s'inviter sans prévenir.


Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/06/08/note-de-lecture-ilona-vient-avec-la-pluie-maqroll-le-gabier-2-alvaro-mutis/

Maqroll, dit le Gabier, marin au long cours et aventurier impénitent aux facettes ô combien multiples, aux amies et amis nichés aux quatre coins du globe, aux brusques réussites dissipées en assauts de générosité et aux fréquents revers de fortune supportés les dents serrées avec sa curieuse bonhomie, est cette fois embarqué, faute de mieux sans doute, sur un caboteur du golfe du Mexique et des mers antillaises. Las, après que le navire de l'infortuné capitaine qui l'avait pris à son bord ait été saisi par des créanciers, le voici échoué à Cristóbal, le port de Colón, au Panama. En proie aux risques et à la malédiction potentielle du marin à terre, il parvient néanmoins à gagner de sa hautaine habileté la bienveillance d'un caïd local, et lorsque sa vieille amie et amante occasionnelle Ilona (le troisième côté du triangle magique formé avec l'ami lointain Abdul Bashur, déjà mythique) le rejoint quasiment par hasard, les voici bientôt tous deux à la tête d'une curieuse maison de passe où officient de fausses hôtesses de l'air… jusqu'à ce que survienne à son tour une certaine Larissa et certains bouleversements en perspective…

Cadre de l'industrie pétrolière internationale en rupture de ban, poursuivi un temps – et même emprisonné quinze mois – dans une sombre affaire de détournement de fonds, le Colombien Álvaro Mutis publie de la poésie depuis 1948 et de la prose depuis 1960 lorsqu'il entreprend en 1986, à soixante-trois ans, de donner un destin romanesque à Maqroll le Gabier, un personnage qui hante alors déjà sa poésie depuis quelques années. Marin professionnel et aventurier impénitent, celui-ci porte certainement une partie de l'héritage d'un autre marin, maltais, cornouaillais et gitan, créé en 1967 par Hugo Pratt pour hanter les rêves issus du premier quart du vingtième siècle. Si Maqroll descend bien par certains aspects de Corto Maltese, il évolue toutefois dans un univers devenu bien différent, celui d'un vingtième siècle finissant où Hambourg, Gênes, Naples, Port of Spain, Lisbonne, Recife ou Marseille ont certes gardé un air de parenté avec leurs ancêtres homonymes, mais ont vu les activités portuaires et maritimes devoir largement vivre avec les notions de pavillons de complaisance, de détournements de certificats de destination finale, de maquillages de cargaisons ou de fraude aux assurances et aux contrôles écologiques.

Dans ce deuxième roman d'une série qui en comportera sept au total (avec deux recueils de poèmes de surcroît), publié en 1988 et traduit en français en 1989 par Annie Morvan, d'abord chez Sylvie Messinger puis chez Grasset, l'ancrage de la saga n'est pas cette fois colombien et amazonien, comme dans « La neige de l'amiral » précédemment, mais bien avant tout caribéen : centré sur cette sublime impasse qu'est la deuxième ville du Panama, sur sa façade atlantique, et sur ses correspondances mystérieuses avec La Nouvelle-Orléans comme avec Port-of-Spain, avec Kingston comme avec – plus curieusement – l'Adriatique, renouvelant sa formidable galerie de personnages si faussement simples, un univers entier de grand large et de ports interlopes rôde et obsède, maniant les prétendues évocations d'autres récits, existants ou non-existants, en résonance avec les procédés d'un Rodrigo Fresán, d'un Juan Carlos Mondragón, d'un Juan Carlos Onetti ou même d'un Antoine Volodine, pour laisser entrevoir les recoins insondables de l'âme de Maqroll. Un art fort rare du récit qui dissimule sa poésie fiévreuse et son fantastique tragique au coeur même d'une narration affectant d'être chevillée au réalisme le plus contemporain.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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