Une collègue m'avait recommandé ce livre qui a suscité des critiques dithyrambiques, comme celle qui s'intitule « éloge du charme », publiée à la fin du roman. Certes, je vois bien où réside la modernité, l'originalité : on flotte en permanence entre banalité du réel et éléments surnaturels (pouvoir divinatoire de la narratrice, transformation de ses filles en corneilles, apparition improbable de sa mère sorcière et de son compagnon dans la cuisine de la mère de son mari, transformation de son père en escargot). Mais je n'adhère pas à ce monde ni à ce personnage. C'est une littérature qui, malgré le surnaturel, ne fait pas rêver. La narratrice est perdue, faible. Elle se laisse prendre dans une vie routinière pseudo-bourgeoise dont elle a conscience, puis elle semble assister dans l'impuissance au départ de son mari, de ses filles, et se laisse finalement recruter comme professeur de savoir ésotérique par Isabelle, la voisine curieuse et importune dont elle s'était demandé à plusieurs reprises si ce n'était pas un corbeau, dans une école improbable pour jeunes-filles riches. Elle finit par se faire arrêter pour escroquerie, et le gardien de prison essaye de la faire brûler comme les sorcières d'autrefois. Elle a des pouvoirs, mais d'autres femmes semblent plus puissantes qu'elles. La plupart des personnages sont hostiles, antipathiques, ratés ou pitoyables. Les lieux sont Bourges ou Châteauroux.
J'avais plus aimé le poème Y penser sans cesse qui présentait une certaine poésie de l'écriture, dans le ressassement et la superposition des temps, de l'Histoire et des histoires. Mais là, même l'écriture me paraît plate. On peut même lire « la femme rigola ». le récit s'achève en plein milieu d'une conversation. Cette trivialité me rappelle l'écriture de
Jean-Yves Cendrey, le mari de Marie N'Diaye. Je m'attendais à plus de puissance, justement, peut-être parce que le titre d'un autre de ses romans «
Trois femmes puissantes » me faisait espérer mieux. Je voyais justement des figures ensorcelantes, comme celles de
Laurent Gaudé dans
Ouragan, j'espérais un souffle venu d'ailleurs, et je me retrouve à Châteauroux, dans une gendarmerie de périphérie, dans des tours ou des pavillons.
Bref, je ne suis pas du tout emballée. Je lirai
Trois femmes puissantes, pour voir.