1793. L'année de tous les dangers pour les monarchies européennes qui observent, la peur au ventre, la Révolution française.
A Stockholm, Gustav III a été assassiné l'an passé et quand son fils monte sur le trône, l'ambiance de la capitale est délétère. Paranoïaque, le défunt roi avait missionné des dizaines d'espions chargés de rapporter le moindre propos anti monarchique, dans les cafés fréquentés par le peuple, aussi bien que dans les nobles maisons.
C'est dans ce contexte délétère que Mickel Cardell, boudin de la garde séparée, vétéran de la guerre avec la Russie, manchot et porté sur la bouteille, repêche, dans les eaux nauséabondes du lac Fatburen, le corps d'un inconnu sauvagement mutilé. Les boudins n'ayant pas vocation à résoudre des meurtres, l'affaire devrait s'arrêter là pour Cardell. Mais il ne peut s'empêcher de penser à la pauvre victime et, quand Cecil Winge, de la chambre de police, lui demande son aide, il finit par accepter. Les deux hommes sont aussi différents qu'on peut l'être. Cardell est un bon vivant, Winge un ascète. Condamné par la phtisie, déjà pâle comme la mort, il sait qu'il vit ses dernières heures dans la police qui va passer entre les mains du redoutable Gustaf Adolf Reuterholm, ainsi que ses dernières heures sur cette terre. Mais avant de rejoindre ses ancêtres, Winge est déterminé à trouver l'immonde bête qui a torturé et mutilé Karl Johan, comme l'ont baptisé les deux hommes.
Un meurtre, deux enquêteurs dissemblables et au bout du rouleau…On pourrait penser, a priori, que
1793 est un polar comme les autres. Ce serait une grave erreur !
1793 est bien plus qu'un simple polar historique. C'est une plongée dans la misère et la violence d'une société suédoise qui voit les riches se livrer aux pires bassesses quand le peuple lutte au jour le jour pour sa survie.
Aucune tendresse, aucun espoir dans ce roman où règnent la noirceur, la haine et la folie. D'une écriture nerveuse et très sensorielle, Niklas Natt och Dag nous entraîne dans les bas-fonds, dans la fange, la crasse et les excréments, à travers le destin de personnages complexes, torturés, ni tout blancs, ni tout noirs. Son roman, en quatre parties, est un puzzle qui peut déconcerter, mais toutes les pièces se réunissent à la fin pour ‘'éclairer'' une histoire tragique où la lumière ne brille jamais.
On l'aura compris,
1793 est un polar historique sans concessions, dur et réaliste, à ne pas mettre entre toutes les mains tant il faut avoir le coeur bien accroché pour en supporter les relents putrides, la noirceur des âmes, l'absence d'espoir. Un livre qui bouscule.