Pour une suite, ça c'est une suite ! Il y a quelques mois j'avais fait une chronique sur
1793 du même auteur, à l'occasion de sa sortie chez Pocket (Voir le lien vers cette chronique en bas de page). Bien que très perturbé par l'ambiance très particulière de ce roman mais enthousiasmé par la construction très originale non chronologique, j'étais impatient de lire la suite.
On reprend donc les mêmes personnages quelques mois plus tard en
1794 à Stockholm et on les retrouve peu ou prou avec les mêmes problèmes. Tout commence ici par un prologue qui nous présente Érik Tre Rosor, jeune aristocrate hospitalisé dans un état second. Puis, d'une manière assez inattendue, nous nous retrouvons quelques mois auparavant avec lui pour un séjour "éducatif" aux Antilles, à St Barthélémy très précisément. Érik y découvre les horreurs de la traite négrière, et j'emploie ce terme à dessein, et les abominations qui en découlent. Il y fait une étrange rencontre avec un dénommé Ceton qui laisse planer un malaise certain. Niklas Natt och Dag est très habile, le décor est paradisiaque mais il y a comme un truc qui ne "colle" pas... Érik, lui, est heureux d'avoir trouvé un ami.
Retour en Suède. Érik se marie avec Linnea, l'amour de sa vie. Mais, horreur, au matin de la nuit de noces, Linnea a été sauvagement assassinée (le mot est faible, il y a du sang jusque sur le lustre). Érik lui-même, amnésique, semble être le coupable. A moins que lui aussi... Rien n'est clair. L'affaire est étouffée. On retrouve alors nos deux héros de
1793 Cardell et Winger chargés de l'enquête par la mère de la victime. Je n'en dirai pas beaucoup plus sinon qu'on repasse par "la Filature", qu'Ana Stina enceinte se retrouve sans abri.... que corruption et profiteurs s'en donnent à coeur joie. Cardell ne va pas bien, Winger encore moins bien...
Le portrait de la Suède que nous brosse l'auteur est toujours aussi peu flatteur : alcoolisme généralisé, prostitution de tout sexe et tout âge, crasse, misère et maladies, abus éhontés du pouvoir royal. Et...
Et le coupable est un pervers immonde (et là aussi le mot est faible) qui en remontrerait à Hannibal Lecter ! Nos héros vont payer un lourd tribut pour arriver au bout de cette histoire... le malaise et la folie irriguent tout ce livre. La fin est hallucinatoire, flamboyante, horrible et désespérée. Gardez-vous du temps pour lire la 4e partie d'une traite, environ 150 pages, ce serait dommage de gâcher cela. Une fin ouverte entre hallucinations et réalité qui, avec l'annonce d'un 1795 dans quelques mois, présage donc d'un 3e volume.
Ceux qui n'étaient pas à l'aise avec l' atmosphère de
1793 le seront encore moins en
1794....
Âmes sensibles vous voilà prévenues !
Cet excellent thriller historique n'est pas pour tout public 😉...