Sous ses airs de blondinette angélique, Lou est une collégienne parmi tant d'autres : elle textote en cours, sèche les cours d'EPS et impose ses propres modes vestimentaires. Vivant seule avec sa mère _une gameuse invétérée, elle semble parfaitement épanouie dans un univers où gravitent également Mina, sa meilleure amie grincheuse, Trisan, le jeune voisin qu'elle drague et le chat puant qu'elle a recueilli. Apparaissent aussi, épisodiquement, la grand-mère faussement acariâtre et Richard l'écolo, un thésard vêtu d'une peau de mouton qui aimerait bien sortir avec la maman...
Même si chaque planche contient son gag et peut être lue indépendamment des autres, l'album suit une chronologie allant du début à la fin de l'année scolaire ; les mois racontées dans "Journal infime" seront particulièrement riches en événements plus ou moins drôles et légers : les jeunes lecteurs retiendront l'arrivée inattendue du chat dans l'appart de Lou et de sa mère, suivie de l'emménagement de Richard, le voisin de palier. La grand-mère fera aussi un très très long séjour d'une semaine dans le cocon familial un peu bordélique. Il va sans dire que quelques planches centrales sont réservées à la période de la Saint Valentin, durant laquelle mère et fille se montreront aussi hystériques l'une que l'autre.
En ouvrant l'album à la couverture colorée où le titre se déploie en lettres arrondies et où le rose domine clairement, j'étais en proie à quelques a priori : tout annonçait une histoire "pour les filles" en bonne et due forme _et surtout la double page initiale ; quelles situations stéréotypées allais-je bien trouver là-dedans ? En fait, pas tant que ça. Bien sûr, Lou tient un journal, aime fabriquer ses propres fringues et se faire prendre en photo _avant d'estimer une "super sale face" _ce qu'on s'est habitués à attendre d'une fille. Bien sûr, son dessus de lit est un patchwork aux teintes douces et pastel ; bien sûr qu'elle est aussi chamboulée que dégoûtée quand elle découvre que le garçon qu'elle aime se cure le nez de temps en temps.
Pourtant, Lou et sa mère vivent avec leur époque et savent habilement casser certaines de nos représentations : déjà, à l'appart, on n'aime pas trop cuisiner et on n'est pas trop doué pour ça. Ensuite, la console de jeux est à maman, et "l'ancienne rebelle" n'a pas l'intention de la céder à qui que ce soit, pas même au beau Richard ; à tel point que lorsque Lou ramène des amis, elle leur propose une "partie" plutôt qu'un petit gâteau ou truc à boire. Enfin, la jeune héroïne ne connaît pas son père et, alors que d'autres crieraient au manque, elle s'en moque royalement. On est bien loin de la maman au foyer esclave de ses gosses et de la pression sociale ! C'est toujours bon à lire et à prendre..
Chez Lou, on aime les beaux mecs mais on aime encore plus la liberté et l'indépendance ! Au final, Lou ! 1. "Journal infime" permet de passer un bon moment au milieu de beaux dessins apaisants et de gags sympathiques qui parlent encore très bien aux collégiens d'aujourd'hui. le coup de théâtre final vous donnera envie d'enchaîner au plus vite sur le tome 2.
Lien :
http://pulco-suivezlepapillo..