AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,86

sur 64 notes
5
4 avis
4
18 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Je ne suis pas véritablement parvenue à m'immerger dans la vie de cette famille aristocrate contrainte à l'exil après la révolution russe de 1917. Trop court selon moi. Mais cet effleurement d'une centaine de pages reste très agréable à lire. L'écriture délicate et empreinte de tendresse nostalgique m'a enchantée. C'est comme si on trébuchait dans une excavation du temps.

C'est à travers le regard de la vieille Nianiouchka (alias Tatiana Ivanovna), servante loyale et dévouée à la famille Karine, que nous approchons les membres cette famille. Ils gravitent autour d'elle par petites touches neigeuses, à l'instar de « la neige qui rayait l'air avec une rapidité fuyante, comme des plumes d'oiseau ». Nianiouchka s'est occupée de plusieurs générations de Karine et fait partie de la famille sans en faire complétement partie, tenant son rang, toujours un peu en marge, en accord subtil avec la tonalité de l'écriture. Elle porte un regard réservé et digne sans parvenir à s'adapter au changement, figé dans l'attente d'un monde révolu, s'en remettant inconditionnellement à la volonté de Dieu.

Les mouches d'automne, ce sont ces exilés de la noblesse Russe des années 20, dépossédés de leurs biens, qui ont fui vers la France (c'est le cas ici) ou tout autre pays.

« Ils allaient, venaient, d'un mur à un autre, silencieusement, comme les mouches d'automne, quand la chaleur, la lumière et l'été ont passé, volent péniblement, lasses et irritées, aux vitres, traînant leurs ailes mortes. »

Si les circonstances qui les ont conduits à s'exiler sont à peine évoquées, la fuite du temps, la difficulté à s'intégrer, le mal du pays sont en revanche abordés avec sensibilité et pudeur, parfois juste chuchotés dans le silence. Belle découverte.
Commenter  J’apprécie          494
Les mouches d'automne évoquent les membres de la famille Karine, nobles Russes exilés après la Révolution bolchevique de 1917. Les barines (les fils de la famille) sont partis à la guerre, les plus jeunes enfants ont suivi leurs parents dans leur fuite vers Odessa, Marseille et enfin Paris. Comme des milliers d'autres en cette époque troublée et violente, les privilégiés d'hier sont devenus les mendiants de demain, incertains à assurer leurs ressources, hésitant encore à basculer dans un monde qui n'est pas le leur, celui de l'après-guerre, des "années Folles", un monde sans tsar, sans domaine familial et sans large domesticité.

A travers les yeux de Tatiana Ivanovna, la vieille servante, la plus fidèle des nounous qui a vu naître trois générations de Karine, le lecteur découvre de façon poignante le bouleversement de cette poignée d'existences.

Comme pour "Jézabel", j'ai adoré le style de l'auteur qui se lit très facilement, coule de source et témoigne d'une très belle sensibilité. J'ai seulement regretté la fin trop abrupte et le format du roman, pareil à une longue nouvelle. Avec une telle trame, comment ne pas désirer davantage de développements et une connaissance plus intime des personnages ?


Challenge Petit Bac 2016 - 2017
Challenge ABC 2016 - 2017
Challenge PETITS PLAISIRS 2016
Commenter  J’apprécie          440
C'est en 1931 que paraissent Les mouches d'automne.
Octobre 1917 la Révolution éclate, Janvier 1918, les Karine fuient ... Seule Tatiana Ivanovna reste au Domaine, veillant sur leurs biens comme elle le fait depuis plus de 50 ans. Elle seule en connait tous les coins et recoins, elle a élevé le Maitre, ses frères et soeurs, ses enfants . Quand il lui faut les rejoindre à Odessa où ils ont trouvé refuge elle n'hésite pas un instant..
Odessa puis Marseille au printemps 1920 et enfin Paris ...
Tatiana Ivanovna observe, incrédule, ce monde où elle doit trouver sa place, un monde dont elle ne parle pas la langue, un monde où les règles de vie ne sont plus celles qu'elle a toujours connues, un monde où les convenances semblent ne plus exister, où l'argent vient à manquer, un monde où muette elle n'est pas à sa place... elle est La Femme d'autrefois, sous-titre du roman à sa publication
Irène Némirovsky ,encore jeune écrivaine, restitue l'ambiance délétère de la fuite, de l'exil, de l'installation en France. Les phrases sont courtes, sobres, ni pathos, ni trémolos, nul doute que les souvenirs de son propre exil emplissent ces pages..
Pourquoi ce titre ? Voici la réponse :
"Dès le matin on fermait les volets et les croisées, et dans ces quatre petites chambres obscures, les Karine vivaient jusqu'au soir, sans sortir, étonnés par les bruits de Paris, respirant avec malaise les relents des éviers, des cuisines qui montaient de la cour. Ils allaient, venaient, d'un mur à un autre, silencieusement, comme les mouches d'automne, quand la chaleur, la lumière et l'été ont passé, volent péniblement, lasses et irritées, aux vitres, traînant leurs ailes mortes"
Commenter  J’apprécie          342
Le temps passe tellement vite, si bien que tout semble être arrivé hier. Et pourtant, quelques signes de lassitude ne trompent pas Tatiana Ivanovna. Cinquante et un ans qu'elle élève, de génération en génération, les enfants de la famille Karine. Une riche famille de propriétaires russes qui occupent une grande et belle demeure blottie dans un vaste parc.
Le temps file, emporté par les enfants qui ont grandi trop vite et, en ce soir de Noël, c'est le traîneau qui attend les deux garçons pour les mener vers la guerre, cette guerre civile de la révolution russe.
Tatiana Ivanovna, née au Nord de la Russie, aime la neige épaisse, les nuits glacées et le sifflement du vent. La tête recouverte de son châle, elle trace le signe de la croix sur le départ des enfants et pour elle « Tout est dans les mains de Dieu. »

Ce très court roman est celui de l'exil de ces Russes face à la violence des Rouges, de l'incompréhension et de la stupidité des évènements de cette période, de la richesse disparue et du « chez nous » qui ne reviendra plus. La fuite se fera jusqu'à Paris où les Karine et Tatiana Ivanovna, « traînant leurs ailes mortes » comme les mouches d'automne, porteront avec nostalgie et tristesse les souvenirs de leurs belles années.

En quelques chapitres, d'une concision surprenante, Irène Némirovsky réussit à retracer les grandes lignes de cette famille russe en s'attachant à quelques faits qui résument parfaitement leur triste devenir d'exilés. Mais c'est en suivant la lassitude grandissante chez Tatiana, son repli dans l'attente désespérée de la première neige que l'émotion nous étreint. Une émotion qui s'accentue avec la sensibilité et la beauté de la plume de l'auteure.

Cette petite oeuvre est dramatique. D'une grande part d'Histoire de la Russie, elle nous offre une toute petite page bouleversante, attachée à cette nourrice dévouée.
Commenter  J’apprécie          313
Ce court roman peut être considéré comme une biographie des Russes Blancs exilés lors de la révolution de 1917.

Il débute avec la Première Guerre mondiale quand les fils de la famille endossent l'uniforme et partent se battre. L'histoire est racontée autour de Tatiana Ivanovna, la vieille nounou qui a vu grandir des générations d'enfants de la famille Karine en plus de cinquante ans de présence dans la maison.

Nous les suivons dans leur exil en France. Ils souffrent de la pauvreté mais surtout de la violence que fut cet abandon de leur vie qui durait depuis des générations. La vieille Nianiouchka continue son train-train mais ne comprend pas, ne veut pas voir et ne s'adapte pas !

Une chape de plomb est posée sur cette famille et son histoire depuis le début, comme si tout était inéluctable, voulu par Dieu, sans qu'ils puissent intervenir. La prose d'Irène Némirovski est claire et pure comme un ruisseau de montagne malgré l'atavisme qui ressort dans toutes pages. Il n'y a pas de critiques ni de condamnation juste une constatation décrite sans enluminure.

Challenge MULTI-DEFIS 2021
Challenge PLUME FEMININE 2021
Challenge RIQUIQUI 2021
Challenge SOLIDAIRE 2021
Challenge ATOUT PRIX 2021
Commenter  J’apprécie          260
Dans Les mouches d'automne, nous suivons la destinée de la famille Karine, à travers les yeux de Tatiana, la vieille servante qui a vu grandir 3 générations, comme un témoin de leur mémoire. le récit se campe dans les années qui suivent l'exil obligé de nombreuses familles, après la Révolution bolchevique de 1917. Mais c'est surtout le déclin de ses riches bourgeois, venus en France pour fuir, qui transcende le roman. L'argent s'envole, en même temps que tous leurs biens qu'ils sont obligés de vendre pour se nourrir, les menant à vivre dans des conditions plus que précaires.

Dans ce très court roman, presque une nouvelle, le style Némirovsky demeure. Une plume intelligente, posée, émouvante, presque poétique. Les lignes se lisent très facilement, malgré la dureté du propos. C'est aérée, mais sombre... le personnage de Tatiana est émouvant. Cette vieille dame qui refuse le changement, ce nouveau décor et qui rêve de retrouver ses plaines gelées, préférant quitter que de vivre tous ces bouleversements, malgré et contre elle. Une oeuvre à lire pour qui a envie d'en savoir un peu plus sur cette période...
Commenter  J’apprécie          260
A travers le regard de Tatiana Inavnovna, une vieille servante, l'auteure nous relate la vie de la famille Kabine, une famille que Tatiana sert depuis 51 ans, elle parle de leur chute au moment de la révolution avec un calme inouï qui marque l'ère nouvelle, un changement des temps où des domestiques, des paysans deviennent des maîtres alors que les bourgeois sont obligés de s'exiler...O revolution! ! Deux amis d'enfance passent sous les armes leur amitié parce qu'ils n'appartiennent pas à la même souche sociale...
Irène Némirovsky aborde cette vaste question de la révolution russe en se servant d'un personnage non bourgeois afin de faire vivre la peine de cette classe déchue. L'étau se resserre autour de Tatiana Ivanovna. Elle suivra ses maîtres dans leur fuite à Odessa, ensuite à Paris. A chaque pas, c'est en elle que la révolution semble faire plus d'effets. Elle reporte tous ses souvenirs d'autan surtout de sa loyauté envers la nature. Les autres eux ils veulent s'en éloigner.... mais Tatiana attend la neige... en vain elle ne tombe toujours pas... elle attend... c'est avec la neige qu'elle pourra situer ses souvenirs... puis elle semble l'apercevoir la neige...
Un court roman très touchant! La plume de Irène Némirovsky, très concise, est d'une délicatesse exquise!!!


Commenter  J’apprécie          230
Une famille d'aristocrates russes, les Karine. Pris dans la tourmente de la révolution bolchévique et menacés de mort, ils sont contraints de quitter précipitamment leur pays. D'abord réfugiés à Odessa, ils embarquent ensuite pour Marseille avant de s'exiler définitivement à Paris.

C'est un déracinement total et un changement de vie radical pour les Karine. Il en est fini de leur statut social, de leur luxueuse villa, des fêtes somptueuses et des nombreux domestiques à leur service. Ils sont maintenant pauvres contraints d'habiter un petit appartement du quartier des Ternes et de s'adapter à un nouveau style de vie. Selon sa génération et ses aspirations, chacun devrait parvenir à progressivement oublier sa souffrance et s'acclimater.

Malheureusement il n'en sera pas ainsi pour Tatiana Ivanovna, la vieille gouvernante de la famille, qui a élevé et aimé trois générations d'enfants. Totalement dévouée à ses maîtres elle a sauvé leur demeure du pillage, préservé l'argenterie et les bijoux, enterré leur fils Youri lâchement assassiné. On ne peut qu'admirer son courage absolu et sa fidélité, à elle qui a réussi à traverser la Russie pour les rejoindre à Odessa et s'exiler à Paris avec eux. Mais comment pourra-t-elle s'habituer à cette ville où la neige ne tombe jamais...

Les mouches d'Automne est un très beau roman, court (148 pages) mais dense, empreint de réalisme et de nostalgie. Irène Nemirovsky s'inspire de son propre vécu et raconte avec pudeur et retenue, la guerre, l'exil et le déracinement de ceux qu'on appelait les "Russes blancs". Son écriture est limpide et sobre avec moults détails précis et un ton toujours juste.

#Challenge Riquiqui 2024

Commenter  J’apprécie          220
"Les mouches d'automne" est une courte nouvelle d'Irène Némirovsky publiée en 1931. Dans ses écrits, elle évoque souvent la situation des russes blancs au moment de la révolution de 1917 par expérience car sa famille a été contrainte d'émigrer en France à cette époque.
C'est à travers les yeux de la vielle bonne et gouvernante Tatiana Ivanovna qu'elle raconte ce qui arrive aux Karine, grande famille de la Russie tsariste exilé à Odessa en 1918 puis en France en 1920.
Tatiana leur restera fidèle persuadée que la situation est la sainte volonté de dieu.
Je dois dire qu'au départ je ne suis pas particulièrement sensible à la situation des aristocrates exilés qui ont toujours des bijoux ou autres richesses cachés dans les doublures de leurs vêtements. Alors que les Karine sont censés être devenus pauvres ils ont quand même les moyens d'aller au restaurant ou de commander une messe pour le repos de l'âme de Youri, un des fils mort en Russie. Je préfère les révolutionnaires russes qui luttent pour la survie des pauvres et miséreux. Pourtant, je trouve qu'Irène Némirovsky a un vrai talent de conteuse et qu'elle met beaucoup de sensibilité dans les portraits qu'elle décrit, témoins des tourments de l'exil et du déracinement.
Et puis, il y a cette belle métaphore des allées et venues des Karine qui se cognent aux murs de leur petit appartement parisien comme « Les mouches d'automne ».


Commenter  J’apprécie          152
Les mouches de l'automne est une oeuvre forte et concise, que je ne sais où classer. Court roman ? Longue nouvelle ? Elle est strictement centrée sur le personnage de Tatiana, fidèle entre toute, en dépit des épreuves à surmonter.
Tatiana est une domestique, oui, mais surtout elle est la mémoire de la famille. le temps, elle l'a mesuré à l'aune de la croissance de ses petits protégés, qui ont été remplacés par d'autres petits protégés, au fil des saisons. L'hiver, pour elle, est incarné par la neige, la rudesse du froid, et non ce qu'elle découvre en France. Son dévouement lui est naturel, comme le seul bien qu'elle posséderait. Et s'il faut chercher des personnages secondaires, ce sont les Karine qui pourtant nous font vivre le destin de ces Russes qui durent fuir leur pays, trouver une terre d'asile et modifier considérablement leur manière de vivre, au point de penser que la mort est préférable.
Les mouches de l'automne est à conseiller aux amoureux de la Russie et à toute personne désirant découvrir l'oeuvre d'Irène Nemirovsky.
Lien : http://deslivresetsharon.wor..
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (127) Voir plus



Quiz Voir plus

La littérature russe

Lequel de ses écrivains est mort lors d'un duel ?

Tolstoï
Pouchkine
Dostoïevski

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature russeCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..