Tragédie shakespearienne au XXIe siècle
Comme d'autres l'ont fait avant lui, Nesbø s'est livré à l'exercice consistant à transposer l'oeuvre d'un auteur ancien à une époque moderne.
Orson Welles avait remplacé les envoûtements des sorcières par les maléfices vaudou, Nesbø les remplace par les délires d'une drogue appelée le "bouillon" fabriquée par des soeurs chinoises issues d'une région où les gens sont très moches. L'idée est bonne. On peut, en l'occurrence, s'amuser à trouver les coïncidences : noms, faits, scènes célèbres... On peut aussi s'amuser à vérifier si l'intrigue correspond jusqu'au bout.
J'avoue que je m'en suis lassée. Au tout début le personnage de
Macbeth m'a plu : courageux, efficace, désintéressée, il dirige un commando de
police appelé "la garde" sans jalouser le talent de ses deux tireurs d'élite. Ayant eu une enfance et une jeunesse malheureuses et destructrices, une seule chose est importante pour lui, retrouver les bras de sa Lady.
Mais après, il devient consternant, comme s'il se laissait entraîner par un engrenage inépuisable. Ces manigances, stratagèmes et conspirations qui passent très bien dans une pièce du XVIIe siècle m'ont semblé, transposés à nos jours, tirés par de grosses ficèles.
Cependant, si vous ne connaissez aucune version de la pièce, vous aurez peut-être plaisir à découvrir ce roman qui surgit comme un accident dans l'oeuvre de Nesbø.