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Citations sur La dernière interview (44)

[À propos d’une femme que le narrateur a entendu parler au téléphone, assise derrière lui dans un bus.]

Elle est descendue à Acre. Je n’ai pas eu le temps de voir à quoi elle ressemblait, et cela vaut sans doute mieux, ça laisse la place à l’imagination. C’est l’objet même des instants qui donnent naissance à des récits : il faut qu’ils comportent quelque chose de crypté. Une dissonance qu’on souhaite combler à l’aide de l’écriture. Et il convient, bien sûr, que cela s’accorde à notre blessure intime. Qu’un tunnel invisible relie l’auteur et cet instant, comme ces tunnels qu’on creuse dans le sable sur la plage jusqu’à ce que les mains se rejoignent...

(p. 294)
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J’ai sauté dans le dernier bus pour Holon. J’ai frappé à sa porte, sur laquelle le nom de mon grand-père était encore inscrit, et elle m’a ouvert, affolée : « Qu’est-ce qui t’arrive, sheïné pounim ? » (Dans son yiddish irréductible : « joli minois ».)
Je lui ai tout raconté.
Elle m’a préparé un verre de thé avec trois cuillerées de sucre et y a introduit une longue cuillère métallique pour touiller. Pendant que je buvais, elle a ouvert un convertible dans la petite pièce à côté de la douche et a étalé un drap à fleurs.
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« Au marché de Damas, on trouvait des artichauts de la taille d’une pastèque », a-t-il dit, et tous les convives se sont tus, sidérés.
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J’ai déjà entendu des choses encore plus étranges, répondit le jeune docteur. La médecine a fait beaucoup de progrès mais, de vous à moi, en ce qui concerne les rapports entre le corps et l’âme, nous tâtonnons encore dans le noir… »
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J’ai toujours été persuadé que la publicité était un métier de pacotille. Ce n’est que lorsque mon chemin a croisé celui de Yoram Sirkin que j’ai compris qu’il s’agit d’un métier corrompu. Que moi-même j’étais corrompu après tant d’années dans cette profession. Mais je ne savais rien faire d’autre.
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« Nous, les narrateurs d’histoires, a-t-elle poursuivi en me lançant un regard perçant, nous ne racontons jamais le véritable secret, l’inavouable. Ce véritable secret inavouable demeure enfoui au plus profond de nous. Parfois, nous ne sommes pas complètement conscients de son existence, alors, nous le sublimons, conjurons la preuve et le transformons en art. »
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Avez-vous déjà fait l’expérience de la page blanche ?

Vous rigolez ? Chaque matin, je fais l’expérience d’une panne d’inspiration. Toute cette interview – pour être sincère – n’est que la tentative d’affronter la panne d’écriture d’un autre texte.
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La dysthymie, c’est pareil. Sauf qu’au lieu de quelques secondes, ça dure des années. Une sorte de mélange entre une vigilance maximum et une défaite annoncée. En général, les individus se préparent pour une mission mais, là, il n’y a ni volonté, ni capacité d’accomplir une tâche, uniquement une vigilance en vue de rien, peut-être de la mort, peut-être même que le corps renifle le danger contenu dans le désespoir ou le potentiel de sauter depuis un toit…
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Il me semble qu’en mon for intérieur j’avais pris le deuil des séparations inéluctables d’avec Ari et d’avec Dikla bien avant qu’elles ne se produisent, les « cinq phases de deuil » théorisées par Kübler-Ross, je les avais vécues au préalable et, désormais, je ne sais quelle énergie murée en moi s’était libérée.
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[Lors d’une rencontre du narrateur avec des habitants des Territoires palestiniens]

Je remarque la main levée et, surfant sur la vague précédente des rires, je déclare au public : « Est-ce comme au Concours biblique où il y a toujours "la question du Premier ministre" ? Eh bien, nous voici avec "la question de la directrice de la bibliothèque" !
— Je ne mérite pas tant d’honneur », chuchote modestement Iris, presque inaudible. « Voici la question que je me sens obligée de vous poser : comment se fait-il... pourquoi avez-vous accepté de venir chez nous ?
— Comment ça "pourquoi" ? Pourquoi pas ?
— Aucun autre écrivain de... gauche n’a jamais accepté de venir. Chaque année, j’essaie de les inviter. Et ne prétendez pas que vous n’êtes pas de gauche, je vous ai googlé. J’ai lu vos articles. On voit bien à quel camp vous appartenez. »
Je réfléchis avant de répondre.
J’avale une gorgée d’eau.
Je pèse mes mots. Puis je réplique : « La curiosité. Je suis curieux de vous connaître. De même que les implantations, plus généralement. Le fait que vous ayez choisi d’habiter dans un endroit pareil... exerce une influence sur l’avenir de notre pays. Et sur ma propre existence. À vrai dire, je pense que vos communautés représentent un obstacle à la paix. Franchement ? Je pense que vous anéantissez toute chance que moi et mes enfants vivions jamais une existence normale dans ce pays. Mais tout cela, je le pense de loin. La dernière fois que j’ai franchi la Ligne verte, c’était pendant mon service militaire. Et ça m’intriguait de revenir voir les choses de mes propres yeux. En général, chez moi, la curiosité prime sur tous les obstacles. Y compris l’idéologie. »

(p. 255-256)
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