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sur 829 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce matin, Lydia ne descendra pas embrasser ses parents. Ne posera pas son regard sur son frère et sa soeur. Ne déjeunera pas de son bol de céréales. Ne jettera pas non plus un oeil sur ses exercices de physique. Non, Lydia ne viendra plus jamais s'asseoir autour de la table familiale car Lydia est morte... Il est encore tôt en ce matin du 3 mai 1977 et personne ne soupçonne, n'ose même imaginer, que le corps de Lydia gît au fond du lac, non loin de la maison...
Ce matin, comme tous les matins, Nath et Hannah partiront pour l'école, James pour l'université de Middletown où il enseigne l'histoire. Quant à Marylin, la maman, inquiète du retard de sa fille, elle ira vérifier dans sa chambre si sa fille dort encore. Un lit encore intact de la veille, ses vêtements qui traînent, son cartable contre son bureau. Après avoir téléphoné au lycée et avoir appris que Lydia n'y est pas, elle appellera la police qui, elle, ne s'inquiétera nullement. Une fugue peut-être ? Malheureusement, dès lors que le lac aura été dragué et le corps remonté à la surface, moult questions assaillent toute la famille. Aura-t-elle fugué ? Fait une mauvaise rencontre ? Chuté de la barque ? Ou se sera-t-elle suicidée ?


Lydia Lee, à tout juste 16 ans, est retrouvée morte au fond du lac. Dans des conditions que personne ne s'explique. Personne, surtout pas ses parents qui ne croient guère à la thèse du suicide que soulève la police. Impensable. Incroyable... D'autant que cette gamine avait tout pour réussir : élève studieuse et brillante (un brin poussée par maman), un avenir tout tracé de scientifique, une enfant adorée voire préférée de la fratrie. Et pourtant, Celeste Ng va, au fil des pages, remonter parfois le temps, donner la parole à Nath, Hannah ou les parents et nous immerger peu à peu au sein de cette famille d'apparence ordinaire et heureuse. Peu à peu, l'image familiale se fissure, devient floue parfois. En toile de fond, le racisme ordinaire. James et Marylin formant un couple mixte, lui étant d'origine chinoise, seront montrés du doigt. Les trois enfants métis, quant à eux, seront stigmatisés. Celeste Ng dresse le portrait d'une société américaine sombre et parfois cruelle. L'intrigue est passionnante, foisonnante et malicieuse, l'auteur révélant petit à petit les secrets inavouables, les mensonges, les regrets et les remords, les désillusions, les doutes ou encore les vexations. Un roman subtil, brillant, finement et intelligemment mené.
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" Lydia est morte. Mais ils ne le savent pas encore."
( Ainsi commence ce roman , le premier roman de Celeste Ng , et quel roman…)
"ils", c'est sa famille, et on se doute avec ces deux phrases , que le reste sera douloureux et implacable .
On est le 3 mai 1977, Lydia est morte et sa famille se demandera s'il s'agit d'un crime, d'un suicide ou d'un accident. D'enquête, il sera très peu question, l'auteur préférant disséquer les rapports familiaux, les non-dits, les interprétations, les quiproquos, les souffrances, et les attentes.
Car c'est de ça aussi, qu'il est question : qu'attend-ton de ses enfants en les mettant au monde ? Veut- on des "mini-moi"? Veut- on qu'ils remplissent nos vides, nos ratages, nos non-accomplissements ? Ou désire t-on pour eux, une vie propre, leurs choix, leurs voies ?
Parce que Mr Lee , professeur à l'université aura souffert toute sa vie de ses origines chinoises, du racisme , il sera obnubilé par l'intégration de ses enfants, qu'ils aient des amis…
Parce que sa femme, la mère de Lydia, blonde aux yeux bleus, voulait être différente de sa mère, professeure d'arts ménagers, et parfaite illustration de la femme des années 60, elle voudra que sa fille réussisse ses études, travaille, soit la médecin qu' elle n'a pas pu être .
Mais Lydia , qu'est ce qu'elle voulait , elle ?
Beaucoup d'attentes sur une toute jeune fille de seize printemps, le tout enveloppé dans beaucoup d'amour…
Il suffira d'une étincelle..

Celeste Ng a écrit deux romans et, déjà , on devine ses obsessions , ses sujets de prédilection : la famille, l'adolescence , les non-dits ou les secrets , et les névroses qu'on se transmet de générations en générations… Il se trouve que ces thèmes m'intéresse beaucoup et qu'elle en parle magnifiquement bien.
Ses romans sont plein de suspens et très bien écrits… Implacables, lancinants, subtils, fins, fulgurants, intenses ..
( Merci à nameless qui la première, avait attiré mon attention sur cette auteure…)
Voilà, je crois que je vous ai tout dit...
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Décidément, j'adore cette auteure. Coup de coeur après La Saison des feux avec beaucoup de passerelles entre les deux romans.

Une nouvelle fois, Celeste Ng nous livre une autopsie au scalpel d'une famille américaine en mode thriller de l'intime afin de savoir pourquoi Lydia, 16 ans, est retrouvée morte au fond d'un lac. Accident ? suicide ? meurtre ? La réponse sera révélée avec brio, par petites touches subtiles suite à la dissection d'un microcosme familial précis qui résonne très vite en réflexion universelle sur les ressorts familiaux.

Désir de revanche sociale transféré sur l'enfant, poids du racisme et sexisme dans la construction de névroses personnelles, rapport de force dans une fratrie lorsqu'un des enfants est privilégié, les renoncements, bref toute la pression ordinaire que peut engendrer la cellule familiale est analysée avec une acuité et une finesse psychologique incroyables.

Certaines pages sont bouleversantes, comme celle où, alors que sa mère a fui le domicile conjugal, Lydia ouvre le livre de cuisine de sa mère, et en découvrant les traces de larmes sur certaines pages réalise les frustrations et les renoncements de sa mère à une carrière brillante de médecin. Un choc qui l'entraîne à une promesse silencieuse : si sa mère revient, elle se conformera pour toujours aux rêves de cette dernière, elle sera la fille idéale, elle sera médecin, elle étouffera ses aspirations sous un masque de sourires.
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Lydia Lee est morte. Un beau jour du mois de mai 1977, son corps a été retrouvé, noyé dans le lac , juste derrière la maison familiale. Elle n'avait que 16 ans. Meurtre, accident, suicide ? Pour ses parents, cela ne fait aucun doute : quelqu'un a fait du mal à Lydia, leur fille tendrement aimée, la plus jolie, la plus douée, la meilleure de leurs trois enfants. Pourtant, derrière la lycéenne brillante, appelée à être docteur, la fille populaire entourée d'amies que décrivent ses parents, se cache la vraie Lydia, timide, solitaire, écrasée par la pression parentale. Alors que Nath, l'aîné, et Hannah, la petite dernière, sont totalement délaissés par Marylin et James, Lydia est la somme de toutes leurs espérances. Elle sera médecin, comme sa mère rêvait de l'être, elle sera une parfaite américaine, comme son père, d'origine chinoise, rêvait de l'être. Oui mais, malgré ses yeux bleus et ses cheveux clairs, pour la société américaine frileuse des années 70, Lydia est une chinoise. Sa différence se voit dans ses yeux bridés et dans ce père qui, même s'il enseigne la littérature américaine à l'université, ne sera jamais un grand blanc, bleu, blond made in US. Pour cette famille dévastée, la vie ne sera plus jamais la même sans Lydia mais pourront-ils surmonter les petits secrets, les non-dits, les trahisons, le manque de communication ? Sauront-ils se rendre compte de leurs erreurs ?

Malgré leurs manquements ou leur trop plein d'investissement selon les cas, le couple Lee est attachant et émouvant. Elle, pur produit de l'Amérique des années 50, élevée par une mère professeure d'arts ménagers, éduquée pour être la plus parfaite des épouses, et qui choisit, envers et contre tous, d'être médecin. le destin en décidera autrement. Elle tombe amoureuse d'un jeune professeur, James Lee. le mariage, les grossesses et son rêve s'effondre au profit de la famille. Lui est d'origine chinoise. Il est né en Californie, n'a jamais mis les pieds en Chine mais pour tout le monde, il est chinois. Après une enfance solitaire, rejeté, humilié, insulté, il garde la trace de cette intégration rendue impossible par les préjugés et le racisme ordinaire. Leur rencontre est un miracle, un bol d'air pur dans un monde qui a du mal à les accepter. Ils ont jeté le voile de l'amour sur leurs blessures, leurs fêlures, leurs déceptions, leurs rêves avortés. Chacun à sa façon a une revanche à prendre sur la vie, le poids des espoirs déçus que devra porter Lydia, la gentille, la docile, la belle Lydia. Négligés, les deux autres enfants du couple sont livrés à eux-mêmes, privés d'amour et d'attention. Quelle énorme pression pour cette enfant fragile qui doit briller dans ses études, s'entourer d'amis et ne pas se faire détester par son frère et sa soeur.
L'histoire de cette famille fait bien sûr froid dans le dos mais elle donne aussi à réfléchir sur le rôle de parents, le passif que l'on transmet malgré soi à ses enfants, les erreurs que l'on commet là où l'on croit bien faire. Céleste Ng, dont c'est le premier roman, fait preuve d'une parfaite maîtrise de l'intrigue et de l'écriture et d'une belle sensibilité qu'on sent à fleur de peau. Elle a su nous plonger dans cette famille dysfonctionnelle sans nous faire détester ses membres les plus faillibles. Au contraire, elle a su nous les rendre proches, nous faire ressentir la même tendresse qu'elle a pour eux. Et puis, elle fait là une fine analyse critique de la famille, ce microcosme complexe où s'agitent différentes personnalités liées par des drames, des joies, des expériences vécus en commun mais ressentis différemment. Ce livre est une claque, un bijou, une pépite ! Un coup de coeur absolu !
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Un coup de coeur !!!! Un vrai !!!
Une jeune fille de 16 ans meurt, noyée dans un lac.
Nous rentrons alors dans l'intimité de cette famille de 5 personnes : le père, la mère, le fils aîné et les 2 filles. Une famille comme il y en a partout en Amérique. Une famille qui se construit, sur le passé de chacun.
Les parents amènent leur propre vécu, les sentiments et les ressentiments, les rêves et les regrets, de générations en générations... Les enfants se construisent peu à peu, avec leurs propres envies, mais surtout " en traînant des casseroles", celles de leurs parents et grands-parents.
Une famille construite sur des non-dits.
Celeste Ng apporte ici une ambiance pesante. On a mal pour la petite Hannah, on a mal pour Nath, on comprend que Lydia a mal également. Quant aux parents, eux aussi souffrent, en silence !! On aimerait les aider, leur dire de communiquer. Facile à dire !
Ce roman n'est pas un polar, un thriller. C'est un roman qui raconte l'histoire d'une famille ordinaire.
Les pages se tournent les unes après les autres. On est pris dans cette histoire qui pourrait être la nôtre. Construire une famille, élever ses enfants, se réaliser soi-même... Comment ne pas faire d'erreurs, comment voir les personnes de notre entourage telles qu'elles sont réellement, sans transposer nos rêves et nos espoirs ??...
Bravo à Celeste Ng pour ce 1er roman.
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Lydia Lee avait tout pour elle.
L'amour des siens semblait sans faille.
A 16 ans, le monde vous appartient, dit-on.
A 16 ans, c'est désormais le monde des ténèbres qu'elle côtoie.
Retrouvée noyée au fond d'un lac, Lydia n'aura eu le temps que d'encaisser en silence avant de connnaître une fin tragique.

Tout est beau dans ce roman.
La couverture (édition poche), le titre, le récit, rien à jeter.

Tout en abordant subtilement le thème de l'enfance éperdue d'amour pour ses proches, Celeste Ng dresse le portrait d'une famille aux faux airs de premier de la classe que rien, enfin pas grand chose, ne prédisposait à l'implosion.

Lydia n'est plus.
Elle va faire office de révélateur.
Mettre en lumière le côté obscur de ce bercail visiblement peu enclin à lui faciliter un épanouissement personnel de première bourre.
Papa Lee voulait en faire un véritable symbole d'intégration.
Maman Lee une projection aboutie d'elle-même dans des études de niveau stratosphérique.
Lydia, elle, aurait bien voulu faire de Jack son casse-croûte mais ceci est un autre débat.

Tout ce qu'on ne s'est jamais dit ou les tourments d'une jeune fille rongée par la contrainte et le doute.
Autopsie d'une fatalité en marche, il assoit habilement l'incertitude quant aux raisons profondes de son mal-être, jouant à saute-mouton avec l'ensemble de la maisonnée, présentant chacun des protagonistes comme possible responsable de son funeste épilogue.

Celeste Ng ravit les mirettes de par son écriture ingénieuse et le ciboulot de par sa construction originale emprunte d'un élégant suspense bienfaisant.

Épatant et pis c'est tout.
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Lydia a disparu le 3 mai 1977, elle venait de fêter ses seize ans.
Lorsqu'on retrouve son corps sans vie dans le lac voisin, la question se pose : accident, meurtre, ou suicide ?
Les enquêteurs et les proches s'interrogent sur le passé récent de la jeune fille, mais aussi sur l'histoire familiale et celle du couple parental en particulier.
Lydia était-elle l'adolescente sans histoire, sans problèmes, sérieuse et bosseuse, que voyaient papa et maman ?
Son frère aîné et sa jeune soeur semblent plus clairvoyants sur sa personnalité et les difficultés qu'elle a pu rencontrer ces derniers temps.

Cet ouvrage est-il un thriller, un roman à suspense ? Qu'importe. Ce premier roman d'une jeune auteur américaine est de nouveau un très bon choix des éditions Sonatine.
J'ai lu rapidement ce terrible récit, la gorge de plus en plus serrée.
On découvre peu à peu ce qui se passait entre les murs de ce foyer. Rien d'inavouable, de glauque, ces parents sont aimants, persuadés d'agir au mieux, n'empêche que...
Encore une histoire de différence(s), de souffrances induites par le rejet - souffrances qu'une vie ne suffira pas à effacer, ni même plusieurs.

L'écriture de l'auteur est parfaite, j'aime beaucoup ses allégories (l'eau, l'astronomie...).
Deux légers bémols : les prénoms sont trop ressemblants (tous comportent des 'a', ce qui fonctionne mal avec ma façon de mémoriser), et je trouve le titre - traduction littérale de la version originale - niais et trompeur. J'aurais plutôt vu une idée d'écrasement, comme l'exprime si bien cette phrase : « Un livre ou une robe n'étaient pas simplement quelque chose à lire ou à porter ; [...] l'attention était accompagnée d'attentes qui - comme la neige - s'abattaient et s'accumulaient et vous broyaient sous leur poids. »
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Rarement livre aura aussi bien porté son titre.
« Tout ce qu'on ne s'est jamais dit » est une étude au scalpel des petits dysfonctionnements du quotidien dans une famille en apparence normale. Tous ces silences lourds de conséquences, ces choses que l'on tait par souci de garder la face, celles qu'on n'ose pas dire par peur de décevoir. Les incompréhensions mutuelles et les interprétations erronées…
D'une efficacité magistrale, tant dans la construction que dans le style, ce livre m'a fascinée.
Seul ( petit) bémol, la toute fin qui m'a semblée légèrement en deça.
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On sait tous qu'un homme, pour être heureux, a besoin d'une bonne tarte (la vraie, celle aux pommes par exemple, parce que, en fonction de l'état d'esprit avec lequel une lit cette phrase, l'interprétation peut être ambigüe), et que sa douce épouse l'attende docilement à la maison après sa longue et dure journée de travail.

[Aparté : Mon Dieu! Doux Chéri doit être extrêmement malheureux. Je lui demande, pour vérifier. « Mon amour, (il faut bien amadouer l'animal), tu es heureux avec moi même si je ne sais pas faire les tartes (à ma décharge on n'a pas de four), et que je ne cuisine que les pâtes dont je peux rater la cuisson ? ».
Réponse de Doux Chéri : « Oui mon amour, tu es la femme parfaite. ».
Quoi ? J'ai entendu votre raclement de gorge, si Doux Chéri le dit, c'est que c'est vrai ! Fin de l'aparté ].

C'est du moins ce que prône un célèbre manuel de cuisine destiné aux femmes au foyer des années 50 (hum, hum, heureusement que je ne suis pas née dans les années 50). Il correspond à la conduite que devrait tenir Marylin, femme au foyer, toute sa vie. Même si elle rêve d'autre chose. Elle rêve d'être médecin.

Son mari, James, a été un vrai coup de foudre. Une rencontre sur les bancs de l'université, quand elle était décidée à s'éloigner des pas de sa mère. L'amour de sa vie, intelligent, charismatique et d'origine chinoise. Un mariage mixte. Sa mère s'en offusque. Mais Marylin s'en moque, elle ne voit que James.

Sauf qu'il n'en va pas de même pour lui. Il aime sa femme, mais porte sa différence au plus profond de lui, comme une blessure sourde, lancinante. Il est américain, mais les autres ne le perçoivent pas comme ça. « Vous n'avez pas d'accent ? » constatent-il. Inutile de le leur expliquer qu'il est du même pays qu'eux, ils ne comprendraient pas, songe-t-il.

Les années passent et ils s'aiment, chacun ignorant les failles de l'autre, chacun cachant ses failles à l'autre. Trois enfants sont le fruit de leur amour. Ils sont heureux, du moins en apparence.

Jusqu'à ce jour tragique où Lydia, la prunelle de leurs yeux, disparaît.

Je m'attendais à lire un thriller, mais finalement, ce récit s'en éloigne et ce n'est pas plus mal. C'est un récit introspectif qui cherche les causes du drame qui frappe cette famille. Et s'il ne fallait pas chercher des raisons extérieures, un autre qui serait responsable, s'il fallait se plonger dans l'intimité des membres de la famille, dans tout ce que les uns et les autres cherchent à dissimuler ?

Mêlant habilement présent et passé, le récit, nous immerge entièrement dans la psyché des personnages, leurs secrets, leurs silences, leurs frustrations. Aucun d'entre eux n'est épargné, pas même Lydia. C'est une famille brisée, et pas seulement à cause du drame. Petit à petit, les pièces du puzzle s'imbriquent, l'histoire se reconstitue. C'est une histoire ordinaire, c'est l'histoire du silence.

Je dois reconnaître que j'ai adoré cette lecture. Les premières pages m'ont laissée dubitative, je ne savais pas à quoi m'attendre. Quand j'ai compris que je n'étais pas face à un thriller traditionnel, je me suis laissée porter par cette plume vive, criante de naturel, je me suis laissée gagner par le mal-être, les questionnements, mais aussi les bonheurs des uns et des autres. J'ai aimé Marylin et ses fêlures, James et sa difficulté à trouver sa place, leurs enfants, pièces complémentaires sur lesquelles sont projetées leurs propres aspirations. Et j'ai embarqué vers ce « pourquoi ? », vers ces réponses que l'on cherche, les pages défilant sans que je sois capable d'arrêter ma lecture.


Encore une fois, une très jolie découverte de la part des Editions Sonatine...

Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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Voici un premier roman écrit par une jeune américaine d'origine chinoise. Une maîtrise admirable. Chapeau!
*
Et forcément ici elle parle de racisme, de difficultés d'intégration, de couple mixte. Ces évènements se passent dans les années 70, dans le Middlewest, dans l'Ohio plus précisément. Aujourd'hui, cela peut paraître banal de trouver des familles métissées mais 50 ans en arrière, ce n'était pas si simple.
*
La famille Lee : le père James d'origine chinoise , la mère Marilyn, blonde américaine et leurs 3 enfants (Nath l'aîné, Lydia la première fille et Hannah la seconde).
Cette famille va connaître une souffrance indicible - la disparition et mort de Lydia - et on va , tout au long du récit, entrapercevoir à travers les différents protagonistes cette lente descente aux enfers.
La disparition de Lydia est le détonateur , le catalyseur d'un drame intime de l'inconscient familial.
*
Avec un réel souci des détails (dans un mot , un geste, un souvenir), l'auteure réussit à nous dépeindre les fissures et les craquèlements d'un vernis social d'une famille américaine.
Le racisme (la notion de différences) et le sexisme (la place de la femme) sont omniprésents dans le récit.
*
On entre directement dans le vif du sujet, par le bout de la lorgnette, on examine et dissèque chaque membre familial avec une psychologie poussée à l'extrême. Des non-dits, des espérances, des frustrations, des souvenirs douloureux, telles sont les pensées que chaque membre veut bien nous raconter. Et cela fait mal, très mal.
Les propos sont d'une telle justesse que c'en est douloureux. Beaucoup d'amour pourtant, ce qui fait le ciment d'une famille, on est d'accord sur ce point. Mais ici, cet amour est étouffé, caché, envahi par une violence intime et fulgurante.
Comment ne pas répéter les mêmes schémas "toxiques" inter-générationnels? Ne pas céder au poids de la pression venant des espoirs "refoulés" des parents? Ces enfants doivent se protéger et se forger une carapace. Difficile....
*
Une puissance narrative, des émotions à me couper le souffle, une beauté dans cette violence singulière, une finesse des caractères, une sensibilité toujours en filigrane, voilà ce que j'ai ressenti à travers ma lecture.
Malgré un début un peu lent, je me suis laissée happer par cette galerie de personnages. Par ces destins brisés.



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