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4,16

sur 1032 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Magistral, rude, virtuose, original, intelligent, ultra-réaliste , social , rural, journalistique ,
Ne passez pas à coté de cet excellent roman policier français ....

Tout commence avec Alice, jeune assistante sociale , hyper efficace, dont le boulot consiste à vadrouiller dans la campagne , rendre visite aux agriculteurs , leur expliquer à quelles aides , ils ont droit , leur faire un brin de causette, eux qui sont si seuls , si isolés .
"Un agriculteur se suicide tous les 2 jours ".
Puis , il y a Joseph qui élève des brebis à qui il parle plus souvent qu'aux femmes , depuis que sa mère est morte . Seul, immensément seul et isolé ...
Et puis il y a Michel, le mari d'Alice ,
et puis, et puis, deux autres personnages ...
Cinq personnages , en cinq chapitres, vous donnent leurs versions, vous content leurs histoires qui aboutissent toutes au même fait : une femme a disparu .
Sur le Causse, en plein hiver , Evelyne , riche épouse de 48 ans, faisait de la randonnée, et les gendarmes n'ont retrouvé que sa voiture .

Arrivée là dans l'histoire , je me suis demandée pourquoi sur cette couverture rouge , les éditions du Rouergue avait mis un jeune homme black , "♫sapé comme jamais"...
Je n'ai pas fait confiance... J'étais bête .
"Seules les bêtes" , c'est l'histoire de cinq personnages et cinq secrets... Cinq solitudes aussi .
♫ "Elle court , elle court la maladie d'amour ", du plateau des causses , à Paris, de la campagne à ... chhhuut .
On ferait n'importe quoi pour ne plus être seuls , pour aimer , pour être aimé , c'est Colin Niel qui le raconte, chaque personnage ayant une voix , une façon de s'exprimer particulière .
Et c'est juste magistral et virtuose et ...
Tellement réaliste et poignant .



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Je découvre Colin Niel avec ce roman chorale et je dois dire que j'ai été impressionné.
Impressionné pour commencer par la faculté de l'auteur à nous faire entrer dans la tête de ses personnages, impressionné par ce talent à créer une intrigue addictive qui ne peut se dévoiler que par touches subtiles et enfin impressionné par le style, efficace et sans effets superflus.
Nous avons dans ce récit une belle variation sur le thème du "battement d'aile du papillon", ou comment la vie de gens simples peut basculer sans préavis de façon irrémédiable.
Il y a Alice, l'assistante sociale, Joseph, l'éleveur de brebis, Maribé, une jeune marginale instable, Michel, le mari d'Alice et éleveur de vaches et enfin Armand dont je ne dirai rien ici pour préserver un certain suspense.
Je suis admiratif quant au procédé qui consiste à vivre et revivre les situations vues et ressenties par les différents personnages qui se croisent, chacun ayant sa vision et sa vérité, chacun ayant ses intuitions vraies ou fausses. Un procédé efficace pour garantir une tension constante et maintenir le lecteur dans l'incertitude.
J'ai aimé ce scénario qui nous fait vivre en cinq chapitres courts les débats intérieurs des personnages, ils ont en commun d'être mal dans leur peau et en constat d'échecs. C'est peu de dire que l'auteur va nous captiver avec le destin de ses personnages.
Il y a aussi l'occasion de s'instruire sur la vie dans le monde rural, ici les Causses et le métier d'éleveur, des sentiments qui balancent entre attachement à ses racines et absence de perspectives d'avenir, la vision désenchantée d'un monde entre espoir et inertie.
Il y a ces réflexions pertinentes sur la vie de deux mondes, ceux d'ici et les autres, c'est fin, subtil et instructif.
Et il y a enfin la montagne belle et omniprésente, elle est remarquablement mise en valeur dans ce récit, exigeante et implacable.
Bien qu'ayant été frustré par la fin, j'ai été emballé par cette lecture que je recommande vivement.
Pour finir je vais parler de la couverture qui n'a cessé de m'intriguer tout au long de ma lecture, je me suis demandé s'il n'y avait pas d'erreur, réponse dans les derniers chapitres ;)
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Salon du polar Bloody Fleury 2017, j'arrive dès l'ouverture.
Les auteurs invités ne sont pas encore installés.
Je fais donc un petit tour de repérage rapide des tables de dédicaces et me dirige vers le coin librairie en prévision des achats que j'ai prévu.
Mon choix est bien déterminé, mais je me suis laissé quelques libertés concernant certains auteurs.
Me voilà dans un moment d'hésitation...
Un homme approche et vient juste à côté de moi.
Je tourne la tête et... je crois le reconnaître. Il est bien en face des livres de l'auteur que je pense avoir reconnu, en tout cas.
"-Bonjour ! Vous pouvez me conseiller ?
- On se connait ?
- (Oh merde... si ça s'trouve c'est pô lui?!!!???... J'ai pô l'air con moi maintenant...)
Euhhhhhhhhh....
(gloups... j'dis quoi ?! Comment je me dépatouille ???? Helppppp !!!!)
euh...Vous êtes bien auteur ???
(sueur tout partout...Dis oui ! please...)
- Oui ! Oui ! Je suis bien Colin Niel !
- (oooooooh ! Que c'est bon de respirer !!!!!)
Ah ! Vous m'avez fait peur ! (Quand même, hein ! Quelle frayeur...)
Alors, je vous écoute... Parlez moi un peu de vos livres ?"

Voilà, c'est en gros comme ça que tout a débuté.
Comment je me suis retrouvée avec Seules les bêtes entre les mains.
J'ai été immédiatement séduite par ce qu'il m'en a dit.
J'avais vraiment hâte de pouvoir le débuter !

Ce qui m'attirait ?
Juste le fait que ce soit un roman choral. Noir qui plus est.
Tour à tour, plusieurs protagonistes nous exposent leur version de l'histoire.
Et à partir de là, les jeux étaient faits !
C'est vraiment un genre que j'adore.

Imaginez...
Une disparition, des montagnes, des sentiers de randonnées, quelques fermes isolées, un monde rural où la solitude prédomine, où les hommes n'ont que leurs bêtes pour seule compagnie, en plein hiver.
Imaginez...
5 personnes qui ont un lien avec cette disparition.
Chacune leur tour, elles exposent leur version de l'histoire.
Chacune avec son vocabulaire, sa culture, ses émotions, son environnement, sa situation personnelle, professionnelle, ses conditions, ses pensées, ses croyances et ses coutumes, sa singularité...
Chacune avec ses failles, sa détresse, ses faiblesses, ses blessures, ses combats...

Colin Niel a fait un travail remarquable sur ses personnages.
J'ai vraiment eu l'impression de les avoir en face de moi, d'être leur interlocutrice. Je les ai vu vivre. Ils étaient tous là, bien réels.
Ce coin de montagne sauvage, le causse, cette campagne isolée, ce monde agricole, cette vie solitaire parmi les bêtes, j'y étais. Avec toute la rudesse de l'hiver par dessus le marché !
Même quand l'auteur nous entraîne vers un autre continent, je m'y croyais.
Niel est très habile pour nous projeter sur les lieux de son intrigue, nous faire voyager, planter un cadre, un décor, tout cela sans en faire des pages. C'est ce qui est particulièrement plaisant et admirable.

Un roman qui m'a donc énormément plu !
Que je vous invite à découvrir à votre tour.
Une intrigue qui m'a tenue en haleine.
Des récits qui s'imbriquent les uns aux autres, pour en faire une histoire saisissante.
Une construction virtuose...
Alors, bien sûr, beaucoup de coïncidences peut-être... Mais dans la réalité, Il y a des choses bien plus tordues, parfois...
Et il n'est pas rare que le hasard fasse le bien...ou le mal.
La force du destin...

Monsieur Colin Niel, vous faites dorénavant parti des auteurs pour lesquels je suis avec intérêt les prochaines sorties.
En attendant, comme vous me l'avez conseillé, je lirai Obia. Ca me fera patienter...
Merci encore pour tout ces moments que nous avons partagé. J'aime les gens passionnés.
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Évelyne Ducat, femme d'un notable du coin parti faire fortune à la capitale et revenu s'installer au pays, a mystérieusement disparu. Au village, cela en fait causer plus d'un. Certains vont même jusqu'à supposer que c'est la tourmente, ce vent d'hiver qui se déchaîne parfois sur les montagnes, qui l'a emportée, comme autrefois. En cette mi-janvier, alors que l'hiver s'est rudement installé, c'est le lendemain de la disparition de cette femme qu'Alice a appris la nouvelle par son amie et collègue, Éliane, assistante sociale elle aussi qui apporte son aide aux paysans du coin. Une nouvelle qui ne l'ébranle guère, Alice étant plutôt soucieuse aujourd'hui du comportement de Joseph. Celui-ci, éleveur de brebis habitant dans un hameau, tout là-haut, dans une grande maison caussenarde, dépressif et isolé depuis la mort de sa mère, est devenu son amant. À force de visites régulières, elle en est tombée amoureuse mais aujourd'hui il ne veut plus d'elle. Alice est bien loin de s'imaginer que ce dernier peut être impliqué dans cette disparition dont on parle à la télé....

Une femme disparaît et c'est la vie de plusieurs personnes qui va s'en trouver bouleversée, depuis le coeur de ce village jusqu'en Afrique. Colin Niel tisse sa toile autour de cette disparition et, tel le vent, glacial, s'engouffre dans les tréfonds de l'âme humaine et saisit le coeur des hommes pour les dévoiler. Notamment ces cinq personnes qui se savent directement ou indirectement lié à cette étrange disparition et qui, tour à tour vont prendre la parole et se mettre à nu. Des amours cachés, des rancoeurs, des jalousies, des désillusions, des rêves ou encore des chagrins. Toutes ont un secret, pour certains inavouables. L'auteur se glisse parfaitement dans tous ces personnages, écorchés et fouillés, changeant l'intonation et le phrasé, créant ainsi l'illusion. Il dépeint méticuleusement les décors, que ce soit ces terres du causse, arides et ingrates, ces montagnes écrasantes ou ce village africain aux mille croyances.
Un roman choral saisissant, habilement construit et mené, une intrigue vertigineuse et cinq voix inoubliables.
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Dans Seules les bêtes, écrit par Colin Niel, le début de l'histoire ressemble à une chronique de faits divers presque ordinaire. Une femme, Evelyne Ducat, a disparu, on retrouve sa voiture abandonnée, en pleine campagne, au départ d'un sentier de randonnée. Tiens, me direz-vous, encore un polar. Ça y ressemble en effet de très près, et pourtant j'ai trouvé ce roman totalement atypique et bien éloigné des codes du genre.
Nous sommes dans une région de basse montagne, quelque part dans un des causses du Massif Central. Nous n'en saurons pas plus sur le lieu.
Cinq personnages en quête de sens, vont intervenir, l'un après l'autre et construire le récit comme un puzzle, chacun apportant son histoire, sa musique, sa petite pierre à l'édifice, ses doutes et donc forcément les nôtres aussi au fur et à mesure que le récit se déroule, se noue et se dénoue.
C'est une polyphonie à cinq voix qui se répondent. Ce sont des voix différentes, sans doute dissonantes et au bout du récit qui nous mène presque au bord d'un abime, non plus en plein causse mais vers un tout autre vertige, celui au plus profond de l'âme humaine, nous entendons en effet une chorale, c'est-à-dire quelque chose d'harmonieux, même si la douleur s'y mêle.
Les histoires se croisent, c'est comme un écheveau à démêler entre les pages qui défilent sous nos doigts ahuris.
Ici donc ce sont les causses, une France rurale, oubliée, dont on parle de temps en temps pour dire la misère sociale, les faillites des exploitations agricoles, la dépression, l'alcoolisme, les suicides des paysans. On en parle de temps en temps au hasard d'un reportage dans un magazine, à la radio ou à la télévision, l'investigation d'un journaliste, on s'émeut ; pour beaucoup d'entre nous, nous venons de ce milieu rural par le biais de nos aïeux proches ou lointains. Ici par chez moi en Bretagne, dans certains lieux, c'est un lien encore très fort avec le passé de chacun d'entre nous.
On en parle, on s'émeut et puis on oublie...
C'est habilement construit, on comprend au fur et à mesure du récit quelques petits détails dont on n'y avait pas prêté attention au départ, comme l'écho d'une pierre qu'on a jeté au fond d'un puits, rien que pour voir, rien que pour entendre et qui revient à la surface de l'onde longtemps après, tranquillement, inexorablement.
Ce sont des plateaux avec quelques bêtes qui pâturent, le paysage est à la fois rude et sublime dans son immensité. Les quelques fermes qui y subsistent sont occupées par des hommes qui y vivent le plus souvent seuls ou bien parfois il y a encore la présence d'un parent, une mère le plus souvent lorsqu'il n'y a plus qu'un seul parent. Allez savoir pourquoi...
Bien sûr il y a l'intrigue, mais on l'oublierait presque tant ses cinq voix sont désespérées. Elles se croisent, s'évitent au début et puis finissent par faire écho l'une à l'autre, s'entrechoquer. Ici il est question d'amour, de solitude, d'isolement, de fragilité, de dépression, de désespoir... Le ciel paraît brusquement bien lourd pour porter les rêves abîmés de celles et ceux qui tendent les bras une dernière fois vers cette clarté éphémère. Ce vertige est au fond de chaque personnage et les fait vaciller à chaque instant plus près encore du vide sidéral.
Colin Niel ne ménage pas notre sérénité. Nous sommes tout le temps happé par ce récit haletant et inventif.
La fin est déconcertante, poignante aussi, nous ramène à la misère sociale.
C'est le premier livre que je lis de Colin Niel. Je l'ai découvert à la faveur de la sélection du prix Cezam 2018. J'aime beaucoup ce prix car il met en lumière de petites maisons d'édition qui ne sont pas toujours médiatisées et c'est très bien ainsi, mais elles ont justement besoin de nos mains, de nos yeux pour vivre, et de nos mots pour transmettre à d'autres lecteurs, inconnus ou fraternels, l'envie de découvrir quelques pépites merveilleuses et insolites.
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Alice parle, elle aime parler, entretenir la conversation, d'ailleurs c'est son boulot, puisqu'elle est assistante sociale, de faire parler les paysans en fin de course sur le causse. Mais son mari travaille beaucoup, et lorsqu'elle essaie d'aider un éleveur de brebis, lui aussi est mutique, et même va jusqu'à la chasser un jour de chez lui « va-t'en, je ne peux plus te voir. » 

Elle qui aime tellement converser, est obligée de se taire. Quand advient, le 19 janvier, la disparition d'une autre femme, Alice ne pense qu'au fait qu'elle vient de se faire larguer sans rien comprendre, car l'éleveur est devenu son amant. Elle s'en veut de ne pas prêter attention aux ragots : « Parait qu'elle aime pas que les hommes, si vous voyez ce que je veux dire, » mais c'est plus fort qu'elle, elle ne pense qu'à son amour perdu.
Elle qui aime parler, ne peut se confier à personne. Et nous, qui aimons lire, nous ne pouvons que noter, sans en apercevoir l'importance, les petits détails que Colin Niel sème mine de rien, en donnant la parole à Alice, puis en la donnant à Joseph, l'amant, pas seulement muet, mais aussi pas très intéressé par elle, ni par aucune femme, finalement, parce qu'il ne sait pas parler aux gens. Aux brebis, oui, quand il le faut, seules les bêtes le motivent, il est comme ça, même s'il se le reproche.
Deux solitudes, deux personnes incapables malgré leur bonne volonté de comprendre ce qui leur arrive.
Une troisième solitude intervient, éperdue, d'une jeune femme hippie, avec drealocks, catapultée par amour dans ce village des causse, recouvert de neige, transi de froid. La seule peur qu'elle ait, c'est de se retrouver seule, putain.

Quand on dit roman choral, je croyais que les protagonistes intervenaient l'un après l'autre, en communiquant entre eux, comme dans un choeur. Dans le livre de Colin Niel, chacun vit seul, se raconte avec son vocabulaire, sa manière à lui ou elle de voir les choses, sans jamais, même entre les amants, se parler.
Trois solitudes, deux largages, une mort, une disparition, les suppositions de chacun et nous qui nous dépatouillons avec bonheur.
Et puis l'Afrique, dont rêvent Alice et le mari...
Bien entendu je ne peux pas en dire plus, moi non plus, sauf pour vous engager vivement à lire ce chant venu d'une terre aride, désolée et les solitudes conjuguées de ces agriculteurs assez perdus.
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Parfait !!!
Tout simplement parfait. ...
- roman noir : oui
-polar : euh. ...oui (un tout petit peu )
- roman social : oh combien
Roman à cinq voix , extrêmement bien développé, les personnages sont peu décrits pourtant ils ont une épaisseur. ..incroyable.
Non seulement je les visualisais très bien, mais j'avais même l'impression de les sentir : eux et leur environnement.
Une écriture parfaite , admirable, je ne l'ai pas lâché, ni même sauté un mot ou une ligne.
Seule petite chose , comme le dit si bien Killing 79 : une petite facilité scenaristique ...qui n'a pas du tout gâché mon plaisir
Parfait je vous dis !!!
À noter que je ne peux plus à nouveau colorer les étoiles donc ce sera 5/5
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Une de ces lectures dont on a envie de parler et que l'on souhaite partager pour peut-être en prolonger le plaisir, par reconnaissance pour l'auteur qui par son talent nous a offert un bon moment.

Ce roman choral est un roman policier dont l'intrigue menée avec maestria garantit le suspense par des rebondissements multiples et originaux.
D'abord, on est bien dans ce récit rendu vivant par ses personnages charismatiques et c'est sans doute une étude des caractères très fouillée, précise, ,toute en subtilité qui va permettre au mystère de s'épaissir de chapitre en chapitre.

L'histoire en elle-même est captivante mais située là, au coeur d'une région sublime, la région des Grands Causses, au pays des gorges et des vallées ,nichés dans le Massif Central ,les grands espaces...
Ces paysages grandioses mais hostiles n'ont jamais offert à l'homme une vie facile. Et, ce roman démontre aussi par son dénouement que si la modernité à peu à peu désenclavé ces terres, isolement et austérité peuvent toujours générer misère sociale et affective .
Mais, ici, qui veut la fin, met les moyens !

C'est donc un roman que j'ai adoré.
Pour plusieurs raisons: d'abord, amoureuse de ces immensités, j'y randonne souvent , alors, imaginez le film que je me suis fait !
Ensuite, le style: merveilleux , de la poésie , de savoureuses touches de nature writing ...
Et puis, l'intrigue :subtile, originale ...vous verrez à la fin !
Mais, si énigme il y a, ne la dévoilons pas !

A l'occasion de cette chronique, j'ai envie d'ajouter que si ce livre est d'abord un roman policier, il appartient ,d'une certaine manière, au genre "terroir " ; un genre qui parfois n'a pas l'intérêt qu'il mérite et cet ouvrage pourrait peut-être contribuer à en redorer un peu le blason !

Alors Colin Niel a une fan de plus. Il me tarde de découvrir la série Guyanaise.
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Seules Les Bêtes est une formidable machine de guerre.
Non pas qu'elle soit porteuse d'un quelconque message belliciste mais sa trame diabolique couplée à un découpage astucieux s'appuyant sur des thèmes très actuels en font un redoutable annihilateur de temps.

Une femme a disparu.
Jusque là, rien de novateur.
Je m'attendais à une enquête classique débouchant sur une fin classique. Point.
Plébiscité par le plus grand nombre, à juste titre, ce roman casse les codes en prenant votre ciboulot pour un rubik's cube.

Divers protagonistes touchés de près ou de loin par cette disparition.
Pas de jaloux, chacun aura voix au chapitre.
Comme à confesse, chacun ira de sa version quant à son éventuelle incrimination dans l'affaire susmentionnée, déconstruisant méthodiquement toute pseudo vérité découlant du cassage de tête consciencieux d'un lecteur évoluant à l'insu de son plein gré en plein labyrinthe narratif.

Intelligent, ancré dans son époque et parfaitement cohérent, Seules Les Bêtes ou l'éloge de la solitude confinant à la déraison.

Vertigineux !
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Le dernier polar, Seules les bêtes de Colin Niel donne la parole à Alice une assistante sociale qui gère le dossier de Joseph « (…) un adhérent comme un autre de la Mutualité Agricole, un de ceux que je visite chaque jour dans le secteur dont je suis responsable. C'est ça notre boulot (…) Cinq assistantes sociales pour quatre mille paysans, sillonnant les fermes du territoire pour rencontrer ceux que plus grand monde ne va voir (…) »
Sur fond de crise agricole, le récit dénonce un système qui conduit certains agriculteurs au suicide.
Par la voix d'Alice, l'auteur décrit avec justesse le programme de vigilance mis en place par la MSA pour identifier les signes avant coureurs de la dépression du refus de soi et peut-être du suicide, « Cette année, il n'a pas fané et il y a ses bêtes qui divaguent. », justifiant la nécessité d'une intervention quand bien même l'intéressé « ne se serait pas manifesté de lui-même. »
Ce réalisme donne à l'intrigue policière, la disparition d'une femme partie randonner sur le Causse et jamais revenue, une coloration particulière. Et en fait tout l'intérêt.
Outre Alice, d'autres personnages prennent la parole et racontent leur histoire et ses liens avec la disparition. Joseph Bonnefille, Evelyne Ducat la femme disparue, son mari Guillaume, Michel le mari d'Alice paysan lui aussi, Maribé l'amoureuse fusionnelle, et dans un lointain pays d'Afrique un groupe de jeunes gagnant sa vie en jouant les trolls sur des sites de rencontre pour soutirer de l'argent à des naïfs à la recherche d'une nouvelle vie.
La superposition des faits rapportés par les différents témoignages donne au lecteur les éléments lui permettant à la fois de se mettre dans la peau des personnages, de comprendre les imbrications entre eux et la succession d'événements qui a conduit à la disparition d'Evelyne Ducat.
Un polar comme je les aime, branché sur une réalité sociale.
Pour ceux qui veulent aller plus loin
https://www.msa.fr/lfp/presse/prevention-suicide-populations-agricoles
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