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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Mon repli, c'est la congélation. C'est le varan. C'est m'enfoncer dans la vase et attendre que ça passe, en montrant à quel point je ne veux pas être là. »
Voilà, c'est ça le syndrome du varan.
Et il faut au moins ça pour supporter tout ce que cette fille a enduré dans l'enfance.
Une mère folle. Un père égocentrique. Tous les deux dépravés sexuels et faisant subir à leur fille ce qu'en enfant ne devrait jamais devoir endurer.
J'espère juste que ça n'a rien d'autobiographique. Et si c'est une pure fiction, elle a pour but de dénoncer l'innommable.
La narratrice a maintenant 37 ans et se débat comme elle peut avec ces souvenirs , avec le marasme de son enfance.
C‘est dur. C'est cru. C'est difficile à lire et à entendre, tout comme il est difficile de savoir que partout, dans tous les milieux, des enfants sont victimes de détraqués.
C'est un roman très fort, à l'écriture tranchante, imagée, glaçante.
Malgré la noirceur, j'ai envie de lire d'autres livres de Justine Niogret, que je ne connaissais pas.
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"Je suis quelqu'un qui aime mais qui reste loin"

Je vais une fois n'est pas coutume, mêler des tripes à mes mots. Mes excuses pour l'inhabituelle longueur et les violons.

J'ai déjà remarqué que ceux qui avaient eu une enfance souillée ne se reconnaissent pas.
Comme tout le monde on se dit "mais qu'est ce qu'il/elle a ?" Même quand ses réactions sont les vôtres. Alors on comprend trop tard.
On sait aussi que c'est dur de se construire.
D'être aimé. D'aimer. D'être. Parmi les autres êtres.
Qu'on a peur d'être un monstre pour ses enfants. Qu'on souhaite leur offrir une enfance exemplaire. Pour en faire des adultes sereins. Pour créer du beau dans la vie d'un autre, enfin essayer, à sa micropuscule échelle.

Je referme mon egotrip.
Car on est au delà.
On est dans la vie de quelqu'un que les parents ont souillé.
Sciemment.
Avec joie. Délectation.
On est au delà.
Au delà de tout.
D'habitude je suis émue à en pleurer à lire les horreurs des autres. Je crois que le chimique, cette parenthèse qui en ce moment me protège du réel, me laisse assez froide. Ça me touche mais... de loin.
Alors... Connement, je louerai l'écriture. Simple, incisive. Agaçante en première partie du roman parce que répétitive. Je l'ai lu d'une presque traite (j'ai tabassé des zombies entre), happée, alors que je voulais juste attendre qu'un petit faune s'endorme pour faire plus de bruit. Alors d'une traite on remarque très bien les effets de style. Ici les répétitions. Grr.
Je me suis demandé. Pourquoi parler de haine dans ce livre, j'ai cru, par ce récit cru, qu'au contraire Justine Niogret vomissait et chiait d'amour. D'amour non reçu, d'amour contrarié, d'amour non dit. D'amour trouvé. Perdu. Myope. D'amour.

Je n'ai pas tout lu de l'auteur. Mais. Medieval, historique, autobiographique... Qu'importe le genre, le récit est maîtrisé et on y retrouve sa patte. On prend plaisir à la lire.

Ça paraît un peu dégueulasse pour un tel récit, mais je voulais vous dire Madame Justine Niogret, bravo, quel talent. Quel plaisir (et horreur) de vous lire.  Je souhaite, très Égoïstement, que vous écriviez encore beaucoup.
Je souhaite moins Égoïstement que vous vous aimiez adulte. Que vous allez bien, mieux qu'Eleanor Oliphant. Ça prend du temps paraît il mais j'ai envie de croire, en ce début d'année, que ça vaut le coup.

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D'une enfance horriblement maltraitée à une survie puis à une construction bien différente, le bouleversant roman d'un itinéraire de salut – notamment par la grâce de l'imaginaire.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/04/22/note-de-lecture-le-syndrome-du-varan-justine-niogret/

Récit d'une enfance violemment saccagée (selon le terme très juste utilisé par Chloé Delaume, et l'on sait que l'autrice du « Cri du sablier » s'y connaît en la matière) – on oserait presque méthodiquement saccagée, si le mère et la mère de la narratrice ne se distinguaient, en dehors notamment de la pédophilie (très) mal réprimée de l'un et de la perversité (éclatant à l'occasion en syndrome de Münchhausen par procuration) de l'autre, par leur extrême bêtise, évidente et abyssale -, « le syndrome du varan » n'est pas seulement un roman suffocant (selon le mot de Raphaëlle Leyris dans le Monde des Livres), un hurlement construit de rage et de colère – dont on trouverait de puissants échos du côté de la « Chienne » de Marie-Pier Lafontaine, de « L'inamour » de Bénédicte Heim, ou du « Dans ta sévère fontaine » de Véronique Emmenegger – : il s'agit aussi – et peut-être même surtout – d'un roman qui explique, paradoxalement presque sereinement, bien des années après les faits, le chemin d'une échappée et d'une construction, face aux abus des deux parents, ensemble ou séparément, et face aux graves manquements des institutions censées protéger (un passage particulièrement cruel traite ainsi des empathies honteuses allant du côté des bourreaux plutôt que des victimes).

« le syndrome du varan », avec cette métaphore centrale si puissante, si sauvage, est un récit de survie, de survie reptilienne, qui se transforme, du haut des bientôt quarante ans de la narratrice, en celui d'une éclosion progressive, où la musique, le jeu et l'imaginaire jouent un rôle déterminant. Contre toutes les censures conscientes ou inconscientes, mais toujours bien-pensantes, qui brocardent le jeu vidéo et la littérature dite d'évasion, quelque chose de fort – de résistant et de progressivement souverain – prend forme sous nos yeux, contre toutes attentes raisonnables face à une telle débauche de bêtise et de méchanceté dirigées contre leur proie initiale. Discrètement, au fil des reprises de souffle face au déferlement de l'horreur domestique, des références s'installent, une culture et une personnalité se construisent – et un talent littéraire magnifiquement hybride émerge. Et l'on pourra alors, comme le suggère malicieusement l'autrice dans un bel entretien de 2018 avec le Triangle Masqué (à lire ici), lire le roman une deuxième fois en écoutant Amon Amarth ou les Hatebreed.

Publié en mai 2018 aux éditions du Seuil, première incursion de l'autrice hors des littératures de l'imaginaire étiquetées comme telles, « le syndrome du varan » propose aussi, dans la douleur et dans la sérénité finale, malgré les cahots, une formidable grille de lecture des autres romans de Justine Niogret.

On ne peut plus tout à fait considérer de la même manière les magnifiques « Chien du Heaume », « Mordre le bouclier », « Gueule de truie », « Mordred », « Coeurs de rouille », ou même « Bayuk » (avec son étiquetage jeunesse). Une bonne partie des motifs d'enfance saccagée, d'inamour, de mensonge parental fondamental et de revanche indispensable s'y nourrissent logiquement de ce qui surgit, explicité, dans « le syndrome du varan ». Et le superbe « Quand on eut mangé le dernier chien » de 2023, en comparaison et malgré sa dureté féroce et glacée, apparaît bien comme une forme paradoxale de sortie du tunnel.

Roman foncièrement bouleversant, dont la fureur et la crudité sont en permanence comme rendues opératoires par le recul salutaire qui les environne et leur donne sens, « le syndrome du varan » mérite vraiment toute notre attention.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Une fois de plus, Justine Niogret démontre son talent d'autrice. Il n'y a pas que la fantasy ou l'anticipation où elle excelle. Son incursion dans la littérature blanche est une réussite. le Syndrome du varan est un roman coup de poing qui pose sur notre société un regard acéré et un propos d'une rare intelligence. Ce n'est pas à mettre entre toutes les mains ni face à tous les yeux mais je ne peux que le recommander.
Lien : https://ombrebones.wordpress..
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C'est la chronique de NicolasElie qui m'a rapidement menée à la librairie pour me procurer cette petite sortie, passée plutôt inaperçue, une pile discrète sur le bord du présentoir. Je suis contente d'avoir commencé ma palpitante aventure dans la jungle des publications récentes par cette agréable, si je puis dire, découverte.

Le terme agréable est à prendre avec des pincettes car assister, dans l'impuissance la plus totale, à l'enfance bafouée par les ratés, les hystéries et les déviances du monde des adultes n'a rien d'agréable. le ton est donné et la direction clairement indiquée. Par un tour de force empli de rage, Justine Niogret ferme le caquet au politiquement correct : arrêtons de justifier les bourreaux, hommes (et femmes) condamnés à être libres après tout, et donnons la parole aux véritables victimes.

On ne peut s'empêcher de se demander s'il y a un fond de vérité dans ces pages, un côté autobiographique qui en ferait une confidence. Et puis, une fois notre curiosité morbide reléguée au placard, l'illumination : Justine ou Julien, Emma ou Vincent, Marie ou Kévin, peu importe le nom auquel renverra ce "je" polyphonique, ces lignes resteront criantes de vérité.
Lien : https://chezmayyubo.blogspot..
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