Il se faisait encore plus d’illusions qu’avant. Elle qui avait cru lui mettre les pieds sur terre en lui prouvant qu’elle n’était pas un ange, elle s’était bien trompée ; il s’accrochait à son imagination...
S’il croyait qu’elle avait cédé au désir parce qu’elle était extraordinairement amoureuse de lui, il se trompait : c’était un cadeau d’adieu, quelque chose à chérir quand il penserait à elle après l’avoir perdue. Une sorte de petite leçon sur ce qu’il pouvait y avoir de bon, parfois, à oublier ses principes rigides et à se laisser aller. Mais elle ne reviendrait pas.
Elle avait la tête pleine des discours du jeune homme et n’avait qu’une idée : rentrer s’enfermer chez elle et dormir.
Si sa vie de couple était destinée à ressembler à cela, elle était bien certaine d’en mourir d’ennui… En retraversant la rue, elle avait presque envie qu’on surgisse d’un coin sombre pour l’enlever. Elle était largement assez riche pour justifier une telle attaque. Mais rien ne se produisit. L’histoire de sa vie.
Il avait bien compris qu’elle ne voulait pas perdre sa virginité. Il avait terriblement envie d’elle, mais pas au point de contrevenir à cet important interdit. Il était sur elle, prêt à lui faire subir tout ce qui lui passerait par la tête… et il avait tellement d’idées que Nur en avait le vertige, rien qu’à y penser. Tout ce qu’elle savait, c’est que cet homme était plus vieux, plus expérimenté, et diablement pervers ; il lui avait tout de même laissé le roman des Liaisons Dangereuses sur son lit pour l’exciter… au point qu’elle n’avait pas pu s’empêcher de le rejoindre.
Le fait qu’il ressente la chaleur, et elle non, suggéra à la jeune fille qu’il disposait d’un tempérament assez sanguin, ce qui lui plut beaucoup. Elle ne savait pas encore de quoi un amant était censé se montrer capable ; sa culture dans ce domaine était limitée à ce que son amie, aussi naïve qu’elle, mais ayant accès à des films bien plus érotiques, lui avait raconté. Mais elle sentait, instinctivement, qu’un homme capable de coups de sang était aussi capable d’autres efforts. Et cela la faisait délicieusement frissonner.
A ses yeux, cette présence féminine qui lui était offerte sans qu’il ait besoin de la séduire était un confort, comme une sorte de psy disponible à longueur de temps. Il pouvait tout lui avouer, dans les limites de la décence bien sûr, et tout lui raconter, sans qu’elle lui demande de se taire, ou l’ennuie avec des conseils pratiques.