Second roman de cette autrice que je lis et une nouvelle fois c'est magique, j'entre tout de suite dans cette histoire tragique et belle à la fois et plus je tourne les pages, plus je me rends compte que cette lecture est addictive, impossible de lâcher le livre tellement il est puissant.
Auguste habite une petite maison au Vesinet, Jeanne, son épouse est décédée et tous les jours il vient se poser sur un banc, leur banc, celui des jours heureux mais aujourd'hui Auguste est abattu, il a surpris une conversation de sa belle fille qui veut le mettre en maison de retraite. Auguste qui supportait mal la solitude était si heureux quand son fils unique, Simon, lui a annoncé qu'il revenait vivre dans la maison familiale avec sa femme et son fils. Il a bien vite déchanté quand il a compris que sa belle fille avait des vues sur la maison, elle s'est d'ailleurs mise à la transformer, faisant fi de l'avis d'Auguste, ne le sollicitant même pas, comme si il n'était déjà plus là. Elle est constamment désagréable avec lui, et voilà que maintenant elle veut l'éloigner de sa propre maison. Elle est très directive et manipulatrice il ne pourra pas compter sur l'aide de son fils qui ne dit jamais rien et qui n'ira certainement pas contrecarrer les projets de sa femme. Auguste vient, de surcroît, d'apprendre qu'il est malade et qu'il lui reste peu de temps à vivre, il n'a pas envie de terminer sa vie dans une maison de retraite, il veut profiter du temps qu'il lui reste et il a quelque chose de particulier à faire avant de mourir.
Philomène a 15 ans, elle a perdu sa mère dans un accident de la route. Elle est totalement déprimée d'autant plus qu'elle sent que son père lui cache quelque chose et pour avancer, elle a besoin de connaître la vérité, mais son père qui veut la protéger n'évoque jamais le sujet avec elle. Elle décide d'enquêter toute seule et, en allant lire les Emails de sa mère sur son ordinateur, elle est troublée. Sa mère aurait-elle, délibérément, mis fin à ses jours ? Philomène ne peut pas y croire, jamais elle ne l'aurait abandonnée, pourtant le doute subsiste, il y a quelque chose qui ne colle pas dans cette histoire d'accident et pourquoi ce matin là, sa mère qui se rendait à Tours pour son travail a-t-elle lancé à son mari « ne t'inquiète pas, j'ai fait mon choix » ! de quel choix parlait-elle ? Ses parents sortaient d'une passe difficile avec des disputes quotidiennes, Philomène avait même eu peur qu'ils divorcent mais ils avaient fini par se réconcilier. Elle décide de mener l'enquête toute seule mais pour ce faire, elle doit se rendre à Tours.
C'est sur le banc de Jeanne et Auguste qu'à lieu la rencontre, Philomène venait souvent s'y asseoir avec sa mère, c'est tout naturellement qu'elle est venue pour y réfléchir et mettre sur pied son plan de départ. Pour Auguste c'est son banc, il y vient quotidiennement trouver refuge, pour se souvenir de Jeanne, pour trouver un peu de calme et de paix, fuir cette belle fille toxique et inhumaine. Il réfléchit à l'organisation de sa fuite.
La rencontre est banale, c'est un peu le choc des générations, aucun des deux ne se doute que leur destin est désormais lié pour toujours. Auguste a décidé de partir tôt le lendemain matin, sans avertir personne, il prendra le train en direction de Tours, il a deux choses importantes à faire. Philomène doit se rendre à Tours, c'est là que sa mère a eu son accident qui lui a coûté la vie. Elle en informe Auguste, lui demande de l'aider mais il est imperméable à sa demande, pourtant, le lendemain matin, Philomène se rend au domicile d'Auguste et le suit discrètement jusqu'à la gare, elle compte bien faire le chemin avec lui, elle n'a personne d'autre qui puisse l'aider.
Claire Norton nous embarque dans ce voyage bouleversant où chacun apprend à comprendre et respecter l'autre. Ce sont deux fugitifs qui ont le coeur en miettes. Si Auguste sait qu'il est au bout de sa vie, Philomène n'est qu'au début et a encore tout à vivre. Des liens très fort se tissent doucement mais sûrement, c'est un grand-père qui voyage avec sa petite fille, voilà comment se présente le duo et personne ne trouve rien à y redire parce que la complicité est bien réelle.
Quel merveilleux moment de lecture, cette histoire chamboule, bouleverse, les mots sont puissants et percutent le coeur. Les personnages sont attachants, comment ne pas aimer Auguste, si juste dans ses propos, si beau quand il parle de Jeanne, si attendrissant quand il prodigue ses conseils à Philomène qu'il a pris sous son aile. Comment rester indifférent à la souffrance de Philomène qui ne cherche qu'à sortir la tête de l'eau mais qui a besoin qu'on l'aide. Ce duo est magique et les liens intergénérationnels sont merveilleux. on est dans la transmission, celle d'un papy a sa petite fille même s'ils n'ont pas le même sang, ils s'apprivoisent et c'est bien de l'amour filial qu'il s'agit.
Ce roman propose différentes thématiques, la vieillesse, la solitude, la maladie, la mort, la résilience, le pardon, l'euthanasie, la solidarité, l'amour, les liens intergénérationnels, tout cela apparaît dans ce beau roman où chaque sujet y a sa place et
Claire Norton a parfaitement tout cloisonné, rien ne se bouscule ou se chevauche, tout est à sa place. L'écriture est fluide, elle percute et fait réagir, sortez vos mouchoirs. L'émotion est parfois si forte que j'ai besoin de faire une pause.
Même si c'est triste, ce roman est vraiment très beau, c'est une pépite et j'ai aimé cette rencontre magique et ce voyage avec Philomène et Auguste. C'est un roman que je recommande et j'ai hâte de lire les autres romans de l'autrice.
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