Ce texte s'arrêtera au moment exact de ma mort.
Avec Hirondelle, l'histoire avait mal commencé, mais elle se termine au mieux puisqu'elle ne finit pas.
C'est une histoire d'amour dont les épisodes ont été mélangés par un fou.
Aimer une morte, c'est peu facile, disent certains. Aimer celle qu'on a tuée, c'est pire.
Aucune fleur ne fleurit autant que la pivoine. Comparées à elle, les autres fleurs ont l'air de maugréer entre leurs dents.
Il paraît que les décadents recherchent le dérèglement de tous les sens : pour ma part, je n'en avais qu'un qui fonctionnait mais, par cette brèche, je m'enivrais jusqu'au plus profond de mon âme. On n'est jamais si heureux que quand on a trouvé le moyen de se perdre.
Tout a débuté il y a huit mois. Je venais de vivre un chagrin d'amour si bête qu'il vaut mieux ne pas en parler. À ma souffrance s'ajoutait la honte de ma souffrance. Pour m'interdire une telle douleur, je m'arrachai le coeur. L'opération fut facile mais peu efficace. Le siège de la peine restait, qui logeait, partout, sous ma peau, dans mes yeux, mes oreilles. Mes sens étaient mes ennemis qui ne cessaient de me rappeler cette stupide histoire.
Je décidai alors de tuer mes sensations. Il me suffit de trouver le commutateur intérieur et de basculer le monde du ni-chaud-ni-froid. Ce fut un suicide sensoriel, le commencement d'une nouvelle existence.
Dès lors, je n'eus plus mal. Je n'eus plus rien. La charte de plomb qui bloquait me respiration disparut. Le reste aussi. J'habitait une sorte de néant.
Passé le soulagement, je me mis à m'ennuyer ferme. Je songeais à rebasculer le commutateur intérieur et m'aperçus que ce n'était pas possible. Je m'en inquiétai.
Je décidai alors de tuer mes sensations. Il me suffit de trouver le commutateur intérieur et de basculer dans le monde du ni-chaud-ni-froid. Ce fut un suicide sensoriel, le commencement d'une nouvelle existence.
Il y a des beautés qui sautent aux yeux et d'autres qui sont écrites en hiéroglyphes : on met du temps à déchiffrer leur splendeur mais, quand elle est apparue, elle est plus belle que la beauté.
Un tueur est un individu qui s'investit davantage dans ses rencontres que le commun des mortels.