Journal d'Hirondelle

Mon juke-box cérébral programmait en boucle Everything In Its Right Place de Radihoead. Je n'éprouvais aucune émotion, mais une exaltation extraordinaire. Le matin y participait.

Il y a des beautés qui sautent aux yeux et d'autres qui sont écrites en hiéroglyphes : on met du temps à déchiffrer leur splendeur mais, quand elle est apparue, elle est plus belle que la beauté

"Rien n'est vierge comme de tuer. Cette sensation ne s'apparente à aucune autre. On tressaille de plaisir en des régions difficiles à situer. Un tel exotisme libère.
Il n'est pas de plus radical exercice de la volonté de puissance. Sur un être dont on se sait rien, on prend le pouvoir le plus absolu. Et en tyran qui se respecte, on n'y a pas trace de culpabilité."

C’est une histoire d’amour dont les épisodes ont été mélangés par un fou. Avec Hirondelle, l’histoire avait mal commencé, mais elle se termine au mieux puisqu’elle ne finit pas. Je meurs de l’avoir mangée, elle me tue dans mon ventre, en douceur, d’un mal aussi efficace que discret. Je trépasse main dans sa main puisque j’écris : l’écriture est le lieu où je suis tombé amoureux d’elle. Ce texte s’arrêtera au moment exact de ma mort.

On se réveille dans l'obscurité sans plus rien savoir. Où est-on que se passe-t-il ? L'espace d'un instant, on a tout oublié. On ignore si l'on est enfant ou adulte, homme ou femme, coupable ou innocent. (...). Il n'y a pas de liberté plus grande que cette courte amnésie de l'éveil.

Qu’est-ce qu’un rapport humain, aujourd’hui ? Il afflige par sa pauvreté. Quand on voit ce qu’on appelle à présent du beau nom de « rencontre », on se désole. Rencontrer quelqu’un devrait constituer un événement. Cela devrait bouleverser autant qu’un ermite apercevant un anachorète à l’horizon de son désert après quarante jours de de solitude.

Quand j’entends le mot « famille », je pense à ces déjeuners du dimanche, la tante filme tes treize ans avec son Camescope et tu as envie de mourir. Si on m’avait donné un révolver à l’époque, ce n’est pas dans le gigot-haricots verts que je l’aurais vidé.

- Pouah, des enfants. C’est mauvais, stupide, égoïste et braillard.

Ce texte s'arrêtera au moment exact de ma mort.

Avec Hirondelle, l'histoire avait mal commencé, mais elle se termine au mieux puisqu'elle ne finit pas.