Citations sur Métaphysique des tubes (298)
Quelle est la différence entre les yeux qui ont un regard et les yeux qui n'en ont pas ? Cette différence a un nom : c'est la vie. La vie commence là où commence le regard.
"Mais je persiste à penser que la meilleure raison, pour se suicider, c'est la peur de la mort."
"[...] le drame était remis à plus tard. Maigre consolation. Face à la découverte de cette spoliation future, il n'y a que deux attitudes possibles : soit on décide de ne pas s'attacher aux êtres et aux choses, afin de rendre l'amputation moins douloureuse ; soit on décide, au contraire, d'aimer d'autant plus les êtres et les choses, d'y mettre le paquet - puisque nous n'aurons pas beaucoup de temps ensemble, je vais te donner en un an tout l'amour que j'aurais pu te donner en une vie."
Chaque jour, à midi, au moment où e ciel était le plus haut dans le ciel, je pris l'habitude de venir nourrir la trinité. Prêtresse piscicole, je bénissais la galette de riz, la rompais et la lançai à la flotte en disant :
- Ceci est mon corps livré pour vous.
Les sales de gueules de Jésus, Marie et Joseph rappliquaient à l'instant. En un grand fracas d'eau fouettée à coup de nageoires, ils se jetaient sur leur pitance, ils se battaient pour avaler le plus possible de ces crottes de bouffe.
« Le regard est un choix. Celui qui regarde décide de se fixer sur telle chose et donc forcément d'exclure de son attention le reste de son champ de vision. C'est en quoi le regard, qui est l'essence de la vie, est d'abord un refus. »
« La mort, j'avais examiné la question de près : la mort, c'était le plafond. Quand on connait le plafond mieux que soi-même, cela s'appelle la mort. Le plafond est ce qui empêche les yeux de monter et la pensée de s’élever. Qui dit plafond dit caveau : le plafond est le couvercle du cerveau. »
Les sales gueules de Jesus, Marie et Joseph rappliquaient à l'instant. En un grand fracas d'eau fouettée à coup de nageoires, ils se jetaient sur leur pitance, ils se battaient pour avaler le plus possible de ces crottes de bouffe.
Cueille le jour ? Tu parles. Comment veux-tu jouir des fruits du quotidien quand, avant midi, tu ne penses qu'au supplice qui t'attend et quand, après midi, tu ressasses ce que tu as vu ?
A force de scruter Kashima-san, je vis qu'elle souffrait de la maladie de se retenir. Chaque fois qu'il y avait une occasion de se réjouir, de se régaler, de s'extasier ou de s'amuser, la bouche de la noble dame se serrait, ses lèvres devenaient rigides : elle se retenait.
C'était comme si les plaisirs étaient indignes d'elle. Comme si la joie lui était une abdication.
Être centenaire pour une carpe, c'était se vautrer dans une durée adipeuse, c'était laisser moisir sa chair vaseuse de poisson d'eau stagnante. Il y a encore plus dégoûtant que la jeune graisse: c'est la vieille graisse.