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Critique de hervethro


Chaque année, aux alentours du 15 Août, et depuis une bonne trentaine d'années maintenant, la planète lecteurs a rendez-vous avec un événement incontournable. Tout comme il y a le salon de l'agriculture, le muguet, les feux de la Saint Jean, le réveillon du nouvel an, le festival de Cannes, on a la joie d'attendre la parution d'un nouveau Amélie Nothomb.
Chaque livraison est calibrée comme une poire Belle Hélène : pas plus de 150 pages. Histoire de passer un bon moment lors d'un trajet en métro.
C'est devenu une institution, comme le retour des saisons. Immanquable. Incontournable. Sorte de Beaujolais nouveau deux mois avant la première cuvée.
Et, tout comme le breuvage âpre du nord de la vallée du Rhône, le cru Nothombien varie d'une année à l'autre. Il est parfois ample et consistant (hygiène de l'assassin, stupeurs & tremblements), cruel (Robert des noms propres, mercure, antéchrista, acide sulfurique), vaguement comique (les catilinaires, péplum), jamais totalement ennuyeux.


J'avoue être toujours un peu mitigé lorsqu'il s'agit d'histoires autobiographiques, héritées de la vie trépidante de la jeune Amélie (son père étant diplomate, elle a connu du pays). Paradoxalement, ce sont ses plus grands succès.
Ce Premier Sang relate la jeunesse de son père et on y retrouve tous les thèmes Nothombiens : regret d'une enfance perdue, masochisme, rapport à la nourriture…
Amélie réalise encore la prouesse de citer deux de ses romans favoris : la Princesse de Clèves et la Pitié Dangereuse. Je vous laisse deviner lequel a profondément changé mon rapport à la lecture…
En revanche, il n'est pas question de champagne : aucune bulle du breuvage préféré de la romancière ne vient exploser à la surface des pages. de la même façon, on ne retrouve pas cette obsession de la beauté ou/et de la laideur si chère à l'autrice. du changement dans la continuité.
L'enfance de ce père vénéré vaut le détour, mais je ne peux m'empêcher de regretter les élans un peu extravagants que l'on rencontre dans les romans de pure fiction. Même si la réalité est peinte avec davantage de contrastes que dans la vraie vie, on ne peut pas travestir le passé au risque de s'y perdre. Bref, à mes yeux, une histoire supposée vraie aura toujours moins de force qu'un récit totalement imaginé (enfin, l'imagination se nourrissant d'une certaine façon de voir le réel).
Mademoiselle Nothomb nous offre un chapitre parfait sur la rencontre amoureuse de ses parents, façon Cyrano en double (clin d'oeil au Jeu de l'Amour et du Hasard ?). Il y a de la légèreté dans sa plume, toujours aussi percutante, élégante, si simple et précise (« l'art d'écrire comme personne avec les mots de tout le monde »). Tout fonctionne jusqu'au dernier chapitre, démesurément long, qui relate une prise d'otage dans l'ex Congo belge (tout est véridique, j'ai vérifié). Je mettrais ma main au feu que prochainement Amélie aborde un nouveau thème : le syndrome de Stockholm.
Enfin, à l'ultime phrase, on y apprend qu'Amélie doit d'être en vie (d'avoir été conçue – c'est moins équivoque) à un révolutionnaire africain.
Petit jeu : tentez de déterminer au moins dix personnes auxquelles vous devez d'être au monde.
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