Je l'avoue, voici ma première lecture d'un roman d'
Amélie Nothomb. Jusqu'à présent j'avais résisté au teasing, et un « je ne sais quoi » m'a poussé vers ce livre.
Le prétexte du roman est simplissime : un GI nommé Melvin, écrit à
Amélie Nothomb pour solliciter son soutien. Cette dernière, pour une raison qu'elle élucide mal, répond, et débute ainsi un échange épistolaire qui ne s'achèvera qu'à la fin du roman. Melvin est obèse, sa graisse est sa compagne, il la nomme même Schéhérazade ! ! ! Mais il souffre de cette masse en expansion quotidienne qui figure pour lui les horreurs de la guerre, aberrations et crimes en quelque sorte, incorporées dans son corps.
Le style épistolaire qui peut être ennuyeux ou fastidieux, est ici utilisé à merveille par
Amélie Nothomb qui se met en scène, à la première personne, depuis la première, jusque la dernière ligne du livre.
La richesse de ce court roman, ce sont les passages entre les lettres ou
A. Nothomb se laisse aller à des réflexions diverses et variées sur les relations humaines, le sens de l'art, ou la vie d'écrivain. On se prend même à se demander, sans s'aventurer dans la psy à la petite semaine, si la boulimie de Melvin n'est pas une figure destinée à décrire d'autres souffrances - celles liées à l'écriture, à la célébrité, ou aux contacts humains- soulagées par d'autres formes de boulimies. On apprend de l'auteur que le réel est une épreuve, traitée chez Melvin par internet et le livreur de pizza, chez l'écrivain par le courrier et par l'écriture. L'ambiguïté entre autobiographie et roman, est entretenue par les invraisemblances et le ton de la farce. On ne peut toutefois s'empêcher de sentir poindre quelques vélléités de se livrer enfin au lecteur.
Les plus : le style épistolaire très réussi, l'intrigue minimale qui parvient à porter le roman vers une fin ubuesque, les réflexions d'
Amélie Nothomb dont certaines sont de vrais joyaux rédactionnels. Les interrogations qui demeurent....
En moins : une certaine légèreté, un manque de consistance peut être (un comble pour un roman avec un obèse), la fin sans doute facile.