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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Minha selva, minha selva.

Qui peut vivre ici, des hommes
qui n'ont jamais connu de lois.
Je parle de la loi des hommes
dont la nature ne veut pas,
Qui connaissent comme personne
Tout ce que ne vous saurez pas,
La selva »

Survoler la selva, flotter sur la canopée,
Devenir l'esprit du jaguar.
Percer les secrets de cette pharmacopée à ciel ouvert
Découvrir les trésors oubliés des Indiens pourchassés
Voir la terre saignée la biodiversité menacée.

Gert Nygardshaug avec ce premier volet de la Trilogie de Mino nous emmène dans la forêt primaireviolée et blessée quotidiennement.
Il nous fait rencontrer les péones relégués ou exilés sur des terres devenues exsangues, côtoyer les plus miséreux, les déhérités qui s'en remettent aux padres, les pères de la théologie de la Libération mais aussi aux magiciens: les voies du Seigneur et de l'illusion sont parfois pénétrables...
Une des réponses aux injustices sociales et économiques, et aux déséquilibres écologiques engendrés par la construction de la Trans-amazonienne pour mieux satisfaire les consortiums étrangers pourrait être le renouveau de la voie messianique: Mino, le héros dans le zoo de Mengele en est-il un représentant ?

Mino pourra-t-il retourner à l'équilibre originel de la forêt, sera-t-il capable de créer un nouveau royaume et redonner leur dignité aux hommes de la selva?
« Le coeur de l'Amazonie. le pouls de la planète.
Les indiens, les plantes et les animaux, tout allait être détruit, anéanti, rasé de la surface de la terre. »
Mino que nous rencontrons dès les premières pages, devenu orphelin, se fait l'étendard de la selva, mais avant d'en arriver là nous allons le suivre et l'accompagner de son enfance à l'adolescence et partager son parcours atypique et extraordinaire semé d'obstacles et ponctué de rencontres bienveillantes qui lui feront digérer mais pas oublier les exactions des soldateros et des gringos .
Riche d'enseignements Mino s'ouvre alors au monde et ouvre son coeur : il sera alors prêt pour mener la lutte…armée.
Ses compagnons l'accompagneront dans son projet: leurs actions qui se réclament purificatrices seront-t-elle salvatrices pour la Terre Mère ?

Mino Aquiles Portoguesa, dit Mino, aux multiples identités, choisi comme nom de code: Morpho, allusion au Morpho bleu, grand papillon résidant dans la canopée des forêts primaires d'Amérique latine symbole de leur richesse..
« Dans les profondeurs de la jungle, il le savait, il existait de vrais miracles. Après tout, un mariposa, un papillon, relevait du miracle. Il avait quatre vies. Et la dernière prenait la forme d'une beauté pure, éblouissante. »
Suivre Mino c'est suivre ses métamorphoses, les métamorphoses d'un mariposo et je vous invite à découvrir son envol ! Deviendra-t-il un vrai magicien aux pouvoirs dangereux ?

Un conte philosophique, une fable écologique, un texte visionnaire, un récit poétique et merveilleux, un triller aux caractères dystopiques qui se dessine peu à peu.
Un univers onirique.

En aucun moment de part son écriture et son style foisonnant, l'auteur ne laisse transpirer ses origines norvégiennes, son implication dans la défense de l'Amazonie et un séjour de plusieurs mois l'ont littéralement imprégnés, le lecteur ressent l'expérience et la pratique de la selva, la connaissance des civilisations sylvestres et de leur mythologie: l'auteur envoûté nous ensorcelle et nous charme.
Il nous communique aussi sa passion des papillons qu'il fait partager à son héros Mino .

Formidable moment de lecture aux thématiques plus que jamais actuelles: de la Trans-amazonienne des années 70 nous sommes arrivés à la route Interocéanique reliant l'Atlantique au Pacifique (de Rio de Janeiro à la côte péruvienne via la Bolivie) des années 2000, soit déjà plus de cinquante ans de travaux colossaux au compteur: le tracé de cette dernière traverse la forêt amazonienne notamment la province péruvienne de Madre de Dios, réservoir fabuleux de biodiversité (850 espèces d'oiseaux et 200 espèces de mammifères) et elle contribue toujours et encore à la déforestation accompagnée du déplacement des populations indigènes, de l'augmentation des exploitations minières et des bois exotiques illégales…

« Noir labyrinthe des jungles
Où le chasseur disparaît,
Egorgé près de son flingue
Par le tigre qu'il voulait.
La chaleur et puis la fièvre
Et l'attente du passeur,
Voyageur.

Minha selva, minha selva. »

Extraits de« Minha selva » de Bernard Lavilliers de l'album : Champs du possible 1994
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Le zoo de Mengele a été écrit en 1989 par Gert Nygardshaug, qui est un ardent défenseur de la foret amazonienne. En lisant ce livre en 2014, je constate que pas grand chose n'a changé après tant d'années, sauf peut-être que l'on en parle encore moins qu'à l'époque.

L'auteur nous conte ici, une histoire incroyable, ou on alterne les ressentis, ravissement face à cette splendide nature que l'on imagine sans aucune difficultés, tant Gert Nygardshaug, nous en parle avec merveille.

Ce roman est tout simplement bouleversant, car tout en sachant qu'il n'est en grande partie qu'une fiction, l'arrière plan est on ne peut plus réel, et les exactions qui perpétrée sur cette nature sauvage ainsi que sur les peuples qui en vivent sont tout simplement révoltantes.

Mais il est tellement facile de s'insurger face à tout cela, d'ici, de chez soi...
Lien : https://livresque78.wordpres..
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Je viens de terminer ce roman qui colle pile à actualité,à savoir les problèmes à résoudre pour préserver notre planète.
Les 4 personnages principaux ayant vécu dans leur enfance des drames dus à une gestion assassine des ressources naturelles de la dite planète,dans un but résolument lucratif,ont alors recours à un terrorisme écologique dans lequel la fin justifie les moyens.Même si leurs motivations nous semblent légitimes,on ne peut souscrire aux moyens employés pour sauver la Terre.Le problème est alors de savoir à quel moment les victimes se transforment en bourreaux.Roman fort bien écrit,troublant,dérangeant, car on ne peut s'empêcher d'avoir de l'empathie pour ces héros si atypiques.Une plongée dans une nature luxuriante que l'on aimerait vraiment pouvoir connaître et garder en vie.
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Le zoo de Mengele est le premier tome de la trilogie de Mino. Mino Aquiles Portoguesa est un jeune chasseur de papillon qui vit dans un petit village dans la forêt amazonienne. Sa vie bascule quand son village est entièrement détruit par une multinationale américaine. Gert Nygardshaug signe un thriller écologique magistral. Trente après, le constat n'a malheureusement guère évolué. le point de vue est original et instructif et la lecture addictive.
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Je dois bien admettre que plus on dit d'un livre qu'il est exceptionnel ou plébiscité, moins j'ai envie de le lire... Bizarre direz-vous? Non, j'ai simplement eu trop de déceptions avec les bestsellers ou du moins ceux qui étaient classés comme tel. du coup, je me méfie beaucoup avant d'en lire un. Toutefois, j'étais très intriguée par ce roman et j'ai décidé de tenter l'aventure... et comme j'ai eu raison!

L'auteur nous offre ici un roman inattendu, déstabilisant (dans le bon sens du terme entendons-nous bien) et poétique. Les thèmes sont forts et d'actualité (mondialisation, destruction de l'Amazonie et de la terre en général, main mise des grosses firmes, etc.), et l'auteur réussit à nous en parler sans être moralisateur, mais en nous montrant la réalité telle qu'elle est, ce qui est encore plus troublant et plus effrayant. Difficile de ne pas vouloir monter aux barricades en lisant ce livre et s'il ne vous fait pas réagir, c'est que vous n'avez encore rien compris...

Sous fond d'écologie et d'idéologie, il nous offre un roman qui se décline entre aventure et thriller. Nous suivons la vie d'un jeune garçon qui a vu son village détruit par les grandes compagnies pétrolières qui voulaient le terrain de son peuple. A partir de là, il va décider de se lancer dans une vengeance à grande échelle pour sauver la jungle et faire payer les américains et autres grands de ce monde qui pensent pouvoir faire ce qu'ils veulent de la nature et des gens qui vivent en harmonie avec elle, sous couvert de gagner de l'argent ou de faire vivre les pays dits "développés".

J'ai vraiment été surprise par la qualité exceptionnelle de ce roman. Il nous parle avec la voix de la nature, une voix profonde qui éveille en nous bien des émotions. Les personnages qui portent sa vengeance et tentent de la faire entendre aux autres sont vraiment intéressants à suivre et leur psychologie est bien développée. Nous les suivons avec plaisir au fil des pages et les quitter est un déchirement.

Le récit monte en intensité progressivement, nous faisant voyager avec les papillons, l'emblème de Mino. Ces animaux qui portent sur leurs ailes l'avenir de l'Amazonie et des peuples qui y vivent. Un ode qui nous fait toucher du doigt cette si belle région du monde, à tel point que le lecteur a l'impression d'y être et d'en sentir les odeurs et les textures.

Petite précision toutefois, ce livre est classé en thriller, mais ne vous attendez pas à trouver ici une réelle enquête en continu ou tous les éléments qui se retrouvent habituellement dans ce genre de romans. Nous sommes vraiment en présence d'un roman différent, très original et fascinant.

En bref, une découverte sublime et une plongée sombre et poétique au sein de la belle Amazonie. Ce roman est un rappel à l'ordre face à la mondialisation, au capitalisme et à notre monde qui part totalement en vrille... En se surprend presque à souhaiter que Mino existe réellement...
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Ecrit en 1987, le livre a été vendu en Norvège à 150.000 exemplaires, dans un pays qui compte 5 millions d'habitants.
Contrairement à ce que le titre pourrait laisser penser, il ne s'agit pas d'une histoire de Nazis ou de néo Nazis réfugiés en Amérique du Sud !

indexNous suivons la vie de Mino Aquiles Portoguesa (le héros du livre, passionné de papillons), enfant de la jungle amazonienne (on ne sait pas trop le pays) qui voit sa famille et la population de son village exterminés par une armée à la solde d'une multinationale américaine du pétrole.
Mino se jure alors de venger et de protéger à tout prix la forêt amazonienne. En clair : tuer tous ceux qu'il juge responsables de la déforestation et, s'il le faut, tous ceux qui pourraient représenter un obstacle à ses projets.
L'auteur « plante le décor » pendant une soixantaine de pages pour installer le personnage de Mino qu'on découvre enfant et nous montrer son environnement, son village, sa vie quotidienne.
Les nombreuses descriptions riches et détaillées de la jungle amazonienne, de ses animaux (en particulier les papillons) sont très réalistes.
Puis, tout s'accélère et le suspense se construit page après page.

Mino va former un groupe, « le groupe Mariposa » (papillon en espagnol) imagesqui sera composé d'amis ayant la même vision que lui et qu'il a rencontrés au cours de ses pérégrinations en Amérique du Sud. Ils ont pour objectif de débarrasser la planète de ceux qu'ils jugent responsables de la destruction des forêts tropicales (hommes politiques et grands industriels, souvent de mèche).
Le roman peut paraître peu crédible, les événements sont souvent tirés par les cheveux (facilité avec laquelle Mino et ses amis ont accès aux « méchants », la chance de ne pas se faire attraper, l'argent qui semble couler à flot pour mener leurs opérations...), mais grâce à l'aspect « conte », « fable », à l'onirisme que l'auteur distille au fil du récit, ça passe, ça fonctionne même très bien !
Le côté très politiquement correct de la défense de la forêt primaire (qui peut être contre !?) contrebalance avec les moyens utiliser, à savoir : le TERRORISME.
Certes il s'agit de terrorisme ciblé (autant que faire se peut) mais on assiste quand même à l'exécution de plusieurs dixaines de personnes. Et c'est là que l'auteur réussit son coup : il nous rend ces terroristes tout à fait sympathiques et on se laisse aller à comprendre et même à être d'accord avec eux.
Ce roman n'est pas un manifeste politique, c'est bien une oeuvre de fiction qui par de nombreux aspects tirent vers le conte. Et cet aspect de l'histoire, la poésie qui est présente, les capacités hors du commun des héros permettent à l'auteur de tempérer la question principale que pose le livre : le terrorisme peut-il se justifier ? Et si oui, sous quelles conditions ?

Bref, un véritable COUP DE COeUR : des personnages attachants, de magnifiques descriptions de la nature, un sens de l'onirique, un thriller écologique qui soulève de grandes questions.
CVT_Le-zoo-de-Mengele-tome-2--Le-crepuscule-de-Niobe_9599 Et la bonne nouvelle, c'est que la suite, le crépuscule de Niobé, vient de paraître en France ! Et que nous l'avons en lecture.
Lien : https://collectifpolar.com
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J'annonce de suite : énorme coup de coeur ! Ce roman fut l'un des meilleurs auquel j'aurai lu jusqu'à aujourd'hui. Passionnant, intelligent, un beau combat pour la nature...Une merveille. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'il à été écrit en 1989. Eh oui, ça rajeunit pas et ce qui est marquant c'est qu'en le lisant, on à l'impression qu'il à été écrit aujourd'hui. Ce que ça raconte, c'est la vengeance d'un jeune garçon, Mino, contre les plus puissants hommes de la planète qui ont des entreprises qui détruisent toute la nature et la biodiversité dans le monde entier. Mino est un homme de jungle. Il vit dans un petit village avec sa petite communauté. Tout est paisible jusqu'au jour où des hommes débarquent pour tout détruire entre la déforestation des alentours et de détruire le village pour mettre leurs machines humaines comme des tours de forage. Ils n'ont aucune pitié. Et ça, Mino va le voir sous son regard attentif de jeune de moins de 10 ans.  Tout va être massacré. On va le suivre sous plusieurs années dans sa quête de vengeance contre toutes ces grosses fortunes et hommes d'affaires puissants qui contrôlent le monde. Ça va être une grande aventure pour lui comme pour vous, à travers l'Amérique et l'Europe. Il va faire le découverte du monde extérieur en dehors de ses forêts et de sa violence. Il va devoir grandir seul. Il va faire la rencontre de plusieurs personnes qui vont lui changer sa vie à tout jamais. Notamment de jeunes comme lui, une fois qu'il sera majeur et qui ont les mêmes objectifs que lui. Ils vont devenir un groupe terroriste. Mais contrairement à tous les autres groupes, eux, n'attaquent que les méchants. Pas d'innocents. Leurs plans est programmé avec merveille. Ils vont devenir de vrais bêtes de sang mais aucune violence gratuite, attention. Et ils auront une manière particulière et propre à eux de les éliminés. Pas d'armes, d'explosions ou autres. Tout est calculé avec grande précision et grande intelligence. Là où c'est violent, c'est ces hommes d'affaires, ce qu'ils font subir aux communautés. C'est une vraie critique de l'homme et de sa méthode de vie du 21ème siècle. La nature, comme cela paraît évident, est énormément présente. On à ce côté horrible des barbaries des gens et de la misère et ce côté poétique, magnifique, incroyable, de la richesse que nous offre la planète mais que tout est en train de disparaître à grand coups de pompe dans le derrière. J'ai adoré cette lecture ! le Zoo de Mengele (pour les personnes qui se pose la question, l'auteur parle un peu du nazi scientifique qui est Mengele. Vous verrez où l'auteur veut en venir avec) est une bombe en puissance et un énorme message pour notre belle planète. Pas étonnant que ce livre est le préféré des norvégiens. On est scotchés sur notre lecture. Il aura fallu attendre plus de 20 ans pour l'avoir traduit en France. Mais comme je le disais au tout début de ma critique et vu que rien n'est différent de son époque à aujourd'hui en 2014, on est vraiment au coeur du sujet et est un débat qu'on connaît tous encore puisque la destruction de notre planète bleue est toujours en cours. La fin est surprenante. Et en rapport avec la couverture, vous verrez que les papillons ont une place très importante. Et contre toute attente, la dernière ligne du livre est "Fin du premier volume" ! Si il y à bien un roman dont je m'attendais qu'il y ai une suite, c'est bien lui ! du coup j'espère que l'éditeur ne mettra pas de temps pour nous le mettre. 

À lire de toute urgence ! D'autant plus que ce roman est un mélange avec un thriller. Mais tout est réaliste, soyez sans crainte. Bel ouvrage des éditions "J'ai lu" en format semi poche.

Et merci beaucoup à Babelio pour leurs Masse Critique car cela à pu me permettre de découvrir cette pépite. Toujours aussi sympa !!!
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Gert Nygårdschaug est de longue date un ardent défenseur de la forêt Amazonienne et il nous propose, avec "le zoo de Mengele", un savoureux et intense roman de politique-fiction, qui fait exploser le politiquement correct avec des personnages qui se battent pour la défense de cette forêt qui représente une si grande part de la biodiversité de la planète.

Mais, direz-vous, prendre la défense de la forêt primaire n'est-ce pas justement du politiquement correct à l'état pur ? Qui oserait approuver les exactions commises par les multinationales qui la détruisent, et détruisent avec elle ses habitants et tout l'écosystème ? de toute évidence : personne ! Ces grandes sociétés et les États qui en sont les complices ne justifient jamais leurs actes, car ceux-ci sont de toute façon injustifiables. Elles se contentent de pratiquer la destruction systématique de la forêt pour des raisons financières, ce qui à leurs yeux suffit à tout justifier, mais nul n'oserait soutenir que cette destruction est une chose normale ou de peu d'importance !

Ce n'est donc pas naturellement au niveau de ce constat que se situe le politiquement incorrect de l'auteur, mais plutôt sur le moyen que les personnages vont utiliser : le terrorisme.

Certes, il s'agit de terrorisme ciblé (au moins partiellement) et non de terrorisme aveugle comme ceux du FLN ou de l'OAS pendant la guerre d'Algérie. Mais alors même que des hommes sont froidement et impitoyablement exécutés, l'auteur va réussir le tour de force de nous rendre ces terroristes sympathiques. Après nous avoir fait partager leurs motivations, il nous fera découvrir en quoi cette forme de lutte est non seulement légitime, mais va se révéler (dans le roman !) la seule efficace.

Naturellement, ce livre est à l'opposé d'un manifeste politique, il s'agit bien d'un roman, et même d'un roman qui par certains de ses aspects tire vers le conte. La poésie de certaines pages, les personnages ayant des capacités hors du commun, le refus du réalisme, le souci d'entrainer le lecteur vers la poésie et le rêve, tout cela permet à l'auteur de tempérer un questionnement qui reste malgré tout central : le terrorisme est-il parfois justifiable, et si oui, dans quelles conditions ?

Celui qui va déstabiliser le monde, celui grâce à qui rien ne sera plus comme avant, est au début du roman un tout jeune enfant, Mino Aquiles Portoguesa. Il est le seul survivant d'un massacre qui a vu ses parents et la totalité des habitants de son village exécutés par les hommes de main d'une puissante société pétrolière américaine. Mino fait partie de l'écosystème de la forêt. Quand il se révolte, c'est tout l'écosystème qui se révolte avec lui, et l'auteur a sur ce sujet des pages magnifiques. Si l'utilisation du terrorisme comme moyen politique ne pose pas de problème éthique au personnage de Mino, c'est qu'il s'agit d'un problème qui dépasse largement les humains : il est celui de la planète entière, considérée comme un système global avec ses sols, ses océans, ses végétaux et ses animaux dont les humains ne sont qu'un simple sous-ensemble.

Mino, qui éprouve une passion pour les papillons et en a une connaissance approfondie, va choisir comme symbole de sa lutte le Morpho, un papillon des forêts tropicales d'un bleu iridescent, d'une grande beauté. Devenu adolescent, puis jeune adulte, il va avec ses trois amis Ildebranda, Jovina et Orlando former le groupe Mariposa dont l'objectif sera de mettre fin au pillage et au saccage de la forêt en exécutant tous les dirigeants des sociétés qui en sont responsables, et cela dans tous les pays de la planète. Les quatre amis vont se répartir le travail en traquant les décideurs et leurs complices dans tous les pays du monde, et ils seront eux-mêmes pourchassés par tous les services secrets occidentaux qui vont créer une cellule spéciale destinée à les débusquer, puis à les exécuter.

La description de l'évolution personnelle de Mino, du début jusqu'à la fin du livre, constitue une vraie prouesse d'écriture. le petit garçon vivant dans la forêt tropicale et qui voit sa famille et ses amis exécutés par des armeros va devenir, au contact, de son ami Isidoro un magicien itinérant capable d'extraordinaires tours qui lui seront utiles dans son futur combat.

Les idées des quatre amis vont faire tache d'huile sur l'ensemble de la planète, et ils vont parvenir à isoler partiellement les gouvernements, la banque mondiale et les grandes sociétés qui pillent les richesses des peuples au détriment d'une partie toujours plus grande de la population :

« Sur le plan officiel, dans les déclarations des chefs d'État, des autorités policières et des gouvernements, de même que dans certains journaux, la condamnation de leurs actions était totale et sans ambiguïté. On considérait le groupe Mariposa comme une bande de fanatiques qui tuaient aveuglément des citoyens innocents en répandant peur et désespoir. À un niveau officieux, en revanche, parmi les gens ordinaires comme dans la communauté scientifique et étudiante, au sein des organisations gouvernementales et dans une partie de la presse (celle qui se fixait un autre but que de flatter le pouvoir), les actes de Mariposa recevaient un accueil positif, car ils attiraient l'attention sur les dysfonctionnements des gouvernements. Quelques journaux affichaient ouvertement leur sympathie pour le groupe, allant jusqu'à questionner le rôle des pays développés dans la déforestation de l'Amérique latine.

Et c'était là un fait résolument nouveau.

Aucune organisation terroriste n'avait auparavant réussi à créer un courant de sympathie pour sa cause en recourant à la violence. Mais le groupe Mariposa avait quelque chose d'inédit (...) ».

La force du livre tient également aux descriptions riches et détaillées de la forêt, l'opposition entre ce qu'elle était avant le passage des prédateurs, et à ce qu'elle devient après. Nous le découvrons à travers les yeux de Mino, qui nous fait ressentir pleinement le désastre annoncé, puis réalisé. Les toutes premières lignes nous mettent d'emblée dans l'ambiance : « La colline aux magnolias au sud-est du village s'illuminait d'un vert tendre dans la lumière rasante du couchant ; la douce brise humide, presque imperceptible, apportait le parfum légèrement amer du canforeira, le camphrier. Au milieu de toute cette verdure trônaient les jaracandas en pleine floraison, tels des phares bleu porcelaine qui attiraient tous les oiseaux – depuis les vautours, les zopilotes, les colibris, en passant par les toucans au bec si particulier.

Une nuée de Statiras, ces papillons citron, décollèrent de leur abri après la brève mais intense ondée de l'après-midi pour voleter en direction du village, attirés par les fortes senteurs du marché de fleurs et de légumes. La température torride faisait remonter de la jungle une sorte de brume ».

le récit démarre lentement, il faut une soixantaine de pages à l'auteur pour installer le personnage de Mino enfant et nous montrer son environnement, son village, sa vie quotidienne. Cette première partie s'ancre délibérément dans le réalisme, puis tout s'accélère, le suspense est là, présent à chaque page, et affleurent avec lui l'onirisme et la poésie.

La fin du roman, brutale, laisse un point d'interrogation ; une suite est prévue, sans doute sera-t-elle publiée en France si ce premier volume rencontre des lecteurs. J'espère que ce sera le cas !



Lien : http://www.un-polar.com/arti..
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( Dans le cadre de masse critique )
Quel livre !!! jubilatoire.....
Que je serai heureuse si ce groupe Mariposa existait .......
Tuer les banquiers , hommes de pouvoir...patrons d'entreprises qui salissent et détruisent l'Amazonie et d'autres endroits de notre belle Terre.........
Après la jubilation une profonde tristesse.....livre écrit en 1989.....donc imaginons un peu les dégâts commis en Amérique Latine et ailleurs .....L'Amazonie le poumon de la planète que nous détruisons ...tous ces peuples exterminés....disparus....ces plantes , ces animaux.....
Terrifiant....
Nous allons tous mourir de notre bêtise ...de notre manque d'humilité face à cette nature ....si belle
7 milliards de parasites ....finalement
Je le pense depuis un bon moment ....ce livre me conforte dans cette idée ......
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Sorti de la PAL car le challenge du mois consiste à lire les romans offerts, je ne m'attendais pas à tomber sur un roman si addictif.
Publié initialement en 1989, il est incroyable de constater à quel point l'histoire de Mino est parlante encore aujourd'hui.
Les très longs chapitres - 10 chapitres en tout pour un peu plus de 500 pages - peuvent rebuter certain.e.s lecteur.ice.s. Personnellement je ne m'en suis rendu compte que très tard dans ma lecture.

J'ai été complètement immergée dans la vie de Mino, ce jeune garçon vivant dans la jungle en Amérique du Sud et qui voit la nature dépouillée au nom de la sainte Économie par les gringos - ces fameux hommes blancs qui considèrent que tous ceux qui ne sont pas eux sont des barbares qu'ils peuvent piétiner sans remord.

Au fil des pages, et des années qui s'écoulent dans la vie de Mino, on se prend d'affection pour lui, pour ses ami.e.s, on partage sa vision des choses. C'est particulier de se voir prendre parti pour les terroristes qu'ils deviennent mais ça paraît tellement normal d'adhérer à leur vision de l'écologie !

Je suis malheureusement obligée de stopper mes achats livresques our une durée indéterminée, je n'ai donc pas la possibilité de chercher la suite mais je compte bien lire la trilogie au complet.
Car j'ai autant aimé l'histoire que la façon dont elle est racontée.
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