Certains livres ne sont pas faits de mots, mais de chair.
Certains livres palpitent tant que notre rythme cardiaque se cale sur le leur.
Certains livres sont si vivants qu'ils se confondent avec notre propre destin.
Maggie O'Farrel a frôlé la mort 17 fois. 17 mésaventures qui composent les chapitres de son roman autobiographique,
I am I am I am. Il y a eu la fois où son chemin a croisé celui d'un tueur. La fois où elle a failli se noyer dans l'eau glacée. La fois où elle a failli mourir des suites de son accouchement. Son cou, ses poumons, son ventre ont failli l'abandonner.
Dans une suite de chapitres qui se présentent comme des coupes anatomiques, l'auteur met son corps à nu. On en touche du doigt les cicatrices qui sont autant de stigmates. Notre propre corps nous apparaît en miroir, et avec les souvenirs de ce qui aurait pu advenir, ce qui serait arrivé si nous n'en n'avions pas réchappé.
« Frôler la mort n'a rien d'unique, rien de particulier. Ce genre d'expérience n'est pas rare; tout le monde, je pense l'a déjà vécu à un moment ou à un autre […]. Prendre conscience de ces moments vous abîme. Vous pouvez essayer de les oublier, leur tourner le dos, les ignorer : que vous le vouliez ou non, ils vous ont infiltré et se logeront en vous pour faire partie de ce que vous êtes, comme une prothèse dans les artères ou des broches qui maintiennent un os cassé. »
Ce roman est un formidable mirage. Les mots de Maggie O'Farrell recréent sous nos yeux médusés notre propre histoire. Ils ravivent la mémoire de notre corps : fragile, défaillant, mais traversé d'une même énergie vitale.
I am, I am, I am bat comme un poul. Malgré tout, c'est la vie qui gagne, plus puissante que tout.