Lui-même, Jules Wendall, avait-il jamais été un enfant? [...]
Cela voulait-il dire que l'enfant Jules était encore avec lui, enfermé dans son squelette, gosse alerte, inquiet, aux yeux creux, doué de l'amour des cartes, de la musique, des femmes pâles et ardentes ? p 119
« Nous sommes celles qui feuillettent des revues illustrées en couleur et qui passent de longues et lourdes heures enfoncées dans nos corps, pensant, nous souvenant, rêvant, attendant que quelque chose nous arrive et donne une forme à tant de souffrance. » P361
Maureen avait les yeux fixés sur la chair épaisse et lisse sous ses doigts, et elle comprenait la raison de son silence. Son propre père avait été silencieux. Il y avait trop de chair chez les hommes, trop de poids pour laisser passer les mots.
Un homme, c’était comme une machine : une de ces machines de la laverie automatique où elle emportait le linge. Il y avait certains cycles à accomplir. Le cycle avait débuté quand il lui avait ouvert la portière de sa voiture, et, dans une ou deux minutes, il s’achèverait sur la soudaine tension paralysée, son souffle entrecoupé contre le visage de Maureen, les signes pressants et familiers de l’amour d’un homme.
Quelque chose allait-il se passer ? Cette nuit serait-elle la nuit où il saisirait le couteau de boucher pour régler son compte au vieux ? En plein dans ce gros tas de boyaux ?
Mais s’il faisait cela, pensa Jules, le front légèrement humide de sueur, s’il faisait cela, ce serait mettre fin à tout trop tôt. Trop tôt. À quinze ans, c’était trop tôt pour en finir. Les sœurs, sa mère, sa grand-mère et même quelques flics ne lui avaient-ils pas promis qu’il ne dépasserait pas les vingt ans, ce qui signifiait qu’il vivrait au moins jusqu’à cet âge ? Vingt ans, c’était un but monstrueusement lointain ; il n’y arriverait jamais. Un vaste désert sauvage et indésiré, vingt ans d’âge, et il ne ressentirait aucun regret de mourir. Mais quinze ans, c’était jeune.
« Une femme ne grandit que pour recevoir tous les emmerdements possibles des hommes ; après quoi, elle s’écroule, c’est comme ça. » (p. 236)
« Est-il insultant de dire que je vous écris parce qu’il y a quelque chose qui me ressemble en vous ? » (p. 349)
« J’en suis arrivé à la conclusion qu’on est tous seuls, chacun de nous. » (p. 333)
« Il m’a appris tout ce que j’ai besoin de savoir sur le silence. » (p. 151)
.« Quelque chose en lui aspirait à ce genre de vie, fatale, marginale, enchanteresse. » (p. 104)