La foi d'un écrivain

 Je me demanderais un jour pourquoi les formes d’art les plus anciennes, les plus « primitives », semblent avoir été fabuleuses, légendaires et surréelles, peuplées non par des hommes et des femmes ordinaires, de taille normale, mais par des dieux, des géants et des monstres. Pourquoi a-t-on mis si longtemps à en arriver à la réalité ? C’est un peu comme si, en regardant dans un miroir, nos ancêtres avaient répugné à voir leurs propres visages dans l’espoir de découvrir quelque chose d’autre : exotique, terrifiant, rassurant, idéaliste ou illusoire… mais distinctement autre. 

L'artiste digne de ce nom ne peut pas vraiment s'attendre à ne pas être attaqué, ridiculisé, ignoré.

L'atelier de l'écrivain.

Mes recherches n’ont rien de « considérables » comparées à celles de mes amis biographes. J’ai plutôt créé un canevas ou un squelette de la «  vie », assemblé avec la «vie de l’époque ».( Blonde est aussi en partie un roman politique. La montée de la paranoïa anticommuniste, les trahisons et les coups de poignard dans le dos à Hollywood; les présupposés de ce qu’on pourrait appeler la théologie de la Guerre froide: nous sommes la nation de DIEU, l’Union soviétique est le royaume de Satan. ) Tous mes romans d’une certaine longueur sont politique, mais pas de façon importune, je l’espère.

Rien ne devient plus facile avec le temps, pas même le passage du temps.

Écrivez passionnément, sans réserve.
N’ayez jamais honte de votre sujet, ni de la passion qu’il vous inspire.
Il y a de grandes chances pour que vos passions « interdites » nourrissent votre écriture.

Dans Le Canard sauvage, Ibsen parle du " mensonge vital " — l'illusion nécessaire qui rend la vie possible, nous donne de l'espoir (même si c'est un espoir déraisonnable). Pour certains écrivains, le " mensonge vital " est essentiel : il leur faut croire qu'ils ont du génie, sous peine de ne pouvoir écrire du tout. Il n'y a rien à reprocher à cette conviction, sauf lorsqu'elle entre en conflit de façon trop dramatique avec la vie réelle.

L'art énigmatique de l'autocritique.

Peut-on dire quoi que ce soit de définitif, avec une parfaite assurance, sur une œuvre d'art, quelle qu'elle soit ? Expliquer pourquoi elle déclenche chez certains une réaction profonde, irrésistible, qui change parfois leur vie, alors que d'autres y restent totalement indifférents ?

Notes sur l'échec.

Elle était une actrice naturellement douée, de façon souvent confondante. Les acteurs avec qui elle jouait commençaient par la regarder de haut, mais sa présence à l'écran finissait par les impressionner; Elle les "écrasait" presque tous. Au cinéma comme dans les autres arts, l'important, ce ne sont pas les ingrédients mais le résultat. Le processus importe peu, c'est ce à quoi il vous conduit qui compte. Et le processus, mystérieusement, semble avoir peu de rapport avec de produit final.

J’avais espéré évoquer une vérité poétique, spirituelle,« intérieure », en choisissant dans sa vie des incidents, des images, des personnages représentatifs. Écrire un livre purement biographique ou historique ne m’intéressait absolument pas.

Ne vous attendez pas à être traité équitablement par les gens. Ne vous attendez même pas à être traité avec clémence.
La vie se vit dans l'immédiat, comme un tour de montagnes russes : l'"art" est froidement sélectif et ne peut être créé que rétrospectivement. Mais ne vivez pas pour écrire sur votre vie, car une "vie" ainsi vécue serait artificielle et sans intérêt. Il est préférable, et de loin, d'en inventer une autre de toutes pièces.
(P. 33)