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Citations sur Premier amour (32)

[...] Mère poursuivit : " Il n'y a pas de "là-bas", il n'y a qu' "ici". Tout comme il n'y as plus d' "avant", mais seulement "maintenant". Ce sont là les principes fondateurs de l'Amérique, et en notre qualité d'Américaines, ils doivent être aussi les nôtres. "
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- Il n'y a pas d'histoires vraies, m'a-t-elle répondu. Mais il arrive, par hasard presque, qu'elles contiennent une part de vérité. Parfois.
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« Il est bon d’avoir peur, il est normal d’avoir peur. La peur te sauvera la vie. » (p. 9)
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Si tu pénétrais dans le marais, tu livrais ton corps. Tu n’étais plus toi-même, tu avais pour nom, toi, elle petite. Tu étais entourée d’imperceptibles bruits de succion. De grognements de crapauds. Pareils à des grognements d’homme – tu avais entendu des hommes grogner et ahaner, ahaner et grogner, il y avait longtemps de cela alors que tu n’étais pas censée écouter. Tu savais ce que c’était, déjà en ce temps-là : la pulpe animale cherchant à s’extraire de force de son carcan. Suintant, bouillonnant, jaillissant enfin.
C’est bien. Mais maintenant il faut te laver. Jared rinçait rapidement tes doigts poisseux dans la rivière, Jared aspergeait d’eau ton visage moite de sueur. Tu avais envie de dire Je t’aime, Jared, mais il t’attrapait par la nuque et te plongeait le visage dans l’eau qui te laissait dans la bouche un goût de métal amer. Jusqu’à ce que tu suffoques en battant l’air de tes bras pitoyables, comme une oie en pleine noyade…
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Il n'est rien d'aussi tristement notoire que la mémoire humaine, Josie. Les cellules du cerveau sont formées à quatre-vingt-dix pour cent de solution saline - c'est un miracle que nous nous souvenions de quoi que ce soit. Les neurones ne cessent de se vider, les synapses cèdent comme des cordes pourries. Il semblerait que l'activité du cerveau consiste en décharges électriques qui frappent comme la foudre telle ou telle zone du cortex. Tu sais combien la foudre est singulière. Impossible de suivre sa trajectoire, de la prévoir. Un clignement de paupière et c'est tout juste si l'on ne s'attend pas que toute la mémoire humaine s'efface. Si l'on te dit "Ah oui, je m'en souviens", tu peux être sûre que c'est déjà une invention. L'instinct du mensonge est situé dans la même partie de la moelle que l'instinct de reproduction.
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Dans le marais, tu le vois, tu vois son corps d’un noir huileux qui lentement ondule, puis voluptueusement se love pour somnoler au soleil.
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" Malade " ? C'est quoi, " malade " ? Qui va " bien " ? Crois-tu vraiment que, si l'on nous examinait attentivement, l'une ou l'autre, nous irions " bien " à cent pour cent ?
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Si tu pénétrais dans le marais, tu livrais ton corps. Tu n'étais plus toi-même, tu avais pour nom toi, elle, petite. Tu étais entourée d'imperceptibles bruits de succion. De grognements de crapauds. Pareils à des grognements d'homme - tu avais entendu des hommes grogner et ahaner, ahaner et grogner, il y a longtemps de cela, alors que tu n'étais pas censée écouter. Tu savais ce que c'était, déjà en ce temps-là : la pulpe animale cherchant à s'extraire de force de son carcan. Suintant, bouillonnant, jaillissant enfin.
C'est bien. Mais maintenant, il faut te laver. Jared rinçait rapidement tes doigts poisseux dans la rivière, Jared aspergeait d'eau ton visage moite de sueur. Tu avais envie de dire Je t'aime, Jared, mais il t'attrapait par la nuque et te plongeait le visage dans l'eau qui te laissait dans la bouche un goût de métal amer.
Jusqu'à ce que tu suffoques en battant l'air de tes bras pitoyables, comme une oie en pleine noyade, et qu'il te prenne en pitié. Oh, pour l'amour du ciel ! Personne ne va te tuer, pourquoi veux-tu que quiconque prenne cette peine? p.57
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Je répétais à Mère, j'ignore au juste pourquoi, "le serpent noir, le serpent noir, si beau, et ces yeux !" d'une petite voix blessée. "Mère , je crois que...j'ai peur" et Mère me regarda d'un air exaspéré, "Ne sois pas ridicule ; la peur n'est qu'un mot," et je balbutiai "...peur de...", et Mère m'interrompit, "La peur n'est qu'un mot, un peu d'air qu'on expire. Ne le prononce pas, pas même en pensée, et elle ne sera plus. "Peeeur"." Elle retroussait les lèvres avec ironie, se moquait de moi. Et elle avait raison de se moquer de moi en me voyant me mettre dans de tels états, me comporter comme une enfant non pas de mon âge mais bien plus jeune, délibérément puérile. Mais soudain, je fondis en larmes en martelant son lit de mes poings, les ressorts avachis grincèrent en signe de protestation et je martelai de plus belle, le bourrai de coups de pieds. Mère m'avait souvent reproché par le passé de me livrer aux simples fantômes sonores que sont les mots et voilà que je m'écriai, "Je te déteste ! A t'entendre, tout n'est que mot ! Tout n'est que son ! Je ne veux pas savoir..."peeeur", j'ai peur...voilà ce que j'ai."
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Lorsque Mère me parlait ainsi, autrement dit souvent, mon angoisse devenait plus aiguë, plus palpable. Je la sentais qui m'envahissait comme un courant électrique à basse tension. Car il y avait toujours cette peur, brandie par Mère telle une menace voilée, que soudain, irrémédiablement, elle n'en dévoile trop. Elle cesserait alors d'être Mère et m'échapperait, me laissant livrée à moi-même, privée d'enfance. Et comment rester enfant sans la présence d'un adulte qui vous définisse ?
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