*** Petite chronique dans le cadre de Masse Critique Babelio ; je remercie donc le site, et les Éditions Philippe Rey ***
J'avais très envie de découvrir cette auteur(e), et j'apprécie beaucoup les nouvelles, deux excellentes raisons pour cocher ce livre pour le MC d'octobre 2012 !
J'ignore si beaucoup de recueils font partie de sa biblio, mais celui-ci est sa dernière publication, sortie en octobre dernier en traduction française, et publié en 2010 en VO. Il a d'ailleurs paru sous le titre originel "Give Me Your Heart", titre de la nouvelle ouvrant le recueil, alors qu'en français, c'est le titre d'une autre nouvelle (la 4ème) qui a été choisi, "
Étouffements" : ce n'est pas un choix anodin, un tel titre est assez "accrocheur", plutôt que "Donnez-moi votre coeur"...!
Ce recueil reprend 10 nouvelles parues dans différentes revues, entre 2005 et 2008, dont je ne vous parlerai pas une à une, pour ne pas déflorer le livre, mais ce qui rend l'écriture d'une "chronique" un exercice d'autant difficile !
J'ai plongé la tête la première dans l'ouvrage, très motivée, avec ce désir d'être surprise, remuée, mais je suis restée totalement extérieure et hermétique, j'ai trop souvent trouvé cela caricatural, ou "déjà-vu", donc peu m'importaient la suite et la chute des histoires... ce qui est tout de même bien dommage lorsqu'on lit une nouvelle ! J'ai donc été trop souvent agacée, ou frustrée...
Car les différents thèmes sont plus qu'alléchants ! Dans toutes ces nouvelles planent une tension, une menace, une angoisse, qui découlent de blessures enfouies derrière des vernis, des simulacres.
Le poids du passé est prégnant, vieux souvenirs ou fantasmes, refoulés ou à l'inverse ruminés, des "victimes du passé", blessées, mauvaises, vengeresses, aigries, frustrées, colériques, rageuses, haineuses, etc., au bord de la folie ou de la paranoïa, ou du délire de persécution. Cette position de "victime" est toujours ambivalente, elle alimente leur rage, mais elles semblent en fait s'y complaire, inconsciemment, pour pouvoir enfin s'en "servir" en retour, enfin l'expulser.
Mais si ce recueil m'a fait suer, ce n'est pas de sensations fortes, mais plutôt suer au sens d'ennuyer... Il m'a vraiment "manqué quelque chose", un charme, des subtilités ; ces histoires m'ont paru surfaites, dans ce contexte de courts récits. Je les ai trouvées trop courtes pour que je m'y installe, et inversement trop longues pour l'intérêt que je pouvais trouver à m'installer dans une simple parenthèse. Il m'a trop souvent manqué l' « autour » pour que ces pages prennent sens, elles auraient pour moi justement fait sens au milieu d'un plus long récit. En elles-mêmes, coupées de toute vraie histoire, je n'en ai donc pas du tout perçu ni l'intérêt, ni la portée. Comme 'démembrées'...
La seule nouvelle qui a su me happer a été "Strip Poker", je l'ai d'ailleurs trouvée très cinématographique, mais elle m'a laissée sur ma faim elle aussi, malgré un bon départ et un bon déroulement.
De plus, j'ai été très très déçue de la forme ! le vocabulaire m'a paru plus que maigre, l'écriture et le style m'ont désappointée, j'ai même trouvé certains passages d'une pauvreté assez déroutante, certaines constructions sont bancales et lourdes, et des répétitions d'adjectifs basiques dans le même paragraphe lestent encore le récit, et m'ont empêché une lecture fluide et agréable. (Mais c'est toujours le problème de ces ouvrages traduits, on ne sait jamais vraiment si le traducteur en est plus ou moins "responsable"... c'est pourtant ici
Claude Seban, traductrice d'une grande partie de ses ouvrages...) Mais pour une enseignante en littérature, j'ai trouvé ça assez perturbant...! le site de son éditeur Philippe Rey m'apprend même qu' « elle figure depuis des années sur la courte liste des Nobélisables » , j'en suis donc personnellement plus que surprise, au regard de ce recueil. Certes, l'écriture est "propre" mais je ne lui ai trouvé aucun charme, aucune "patte", aucun "style", et bien au contraire, je l'ai trouvée "passable". Heureusement, j'ai lu d'autres livres en parallèle, entre deux nouvelles... dont les richesses de styles m'ont donc d'autant conquise, "comparativement" !
J'ai sans doute dû trop fantasmer et projeter, face à cette auteur(e), à ce titre et à cette couverture, m'attendant vraiment à être remuée, choquée, dans leurs sens positifs. Son contenu m'a paru bien trop terne face à mes attentes...
Je n'ai lu qu'une dizaine de recueil de nouvelles cette année, mais c'est celui qui m'a le moins conquise.
Je tenterai toutefois de relire Oates, mais "sur la durée", dans une histoire qui prend le temps de s' "installer", c'est-à-dire un roman, pour essayer de me défausser de mon non-enthousiasme, comme "
Les chutes" par exemple, prix Femina Etranger 2005, qui avait charmé le Club de Lecture Babelio cet été.