Ockham est connu pour le rasoir et pour le nominalisme, mais il devrait l'être un peu plus pour sa théorie des connaissances intuitive et abstractive. Toute sa théorie de la connaissance ne se limite en effet pas au rasoir, c'est-à-dire à un réquisit ontologico-méthodologique, mais comprend aussi une part d'analyse causale, c'est-à-dire métaphysique. C'est sans surprise qu'Ockham considère que la chose sensible cause une connaissance intuitive, c'est-à-dire une connaissance immédiate de l'existence d'une chose - connaissance qui se décompose en connaissance sensitive et en connaissance intellective. Cette connaissance va causer un habitus qui causera une connaissance intuitive imparfaite, ou bien une connaissance abstractive qui causera un habitus. Connaissances intuitive et abstractive ne diffèrent donc pas ici pas en vertu de leur objet, mais en vertu d'elles-mêmes. Dans la même veine, Ockham refuse l'activité de l'intellect humain justifiée par le prétexte qu'une connaissance intuitive ou abstractive peut survivre à la destruction de son objet (Scot) : cet argument, selon lui, ne permet pas de trancher, et sa théorie causaliste de la connaissance le montre bien.
Commenter  J’apprécie         11
L'homme ne peut connaître ici-bas ni la divine essence, ni la divine quiddité, ni quoi que ce soit d'intrinsèque à Dieu, ni quoi que ce soit de la réalité de Dieu..