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Ce livre contient quatre nouvelles dont la première "Gibier d'élevage" m'a bien plu (cf la critique que j'ai faite sur Babelio). Les trois autres nouvelles n'ont laissé une impression mitigée surtout la dernière. Les quatre nouvelles ont pour point commun une résonance évidente avec la vie de Kenzaburô Ôé. On sait que l'écrivain prix Nobel, eut un enfant handicapé, événement qui le marqua profondément et qu'il fut un homme révolté, militant pacifiste, anti-nucléaire et combattant le nationalisme d'autant plus qu'il a reçu, comme tous les petits japonais avant 1945, une éducation où on lui apprend à tirer à balles réelles, à se préparer à tuer et à mourir pour ne pas se livrer à l'ennemi et se prosterner devant l'autel impérial.
La deuxième nouvelle, "dites-nous comment survivre à notre folie" raconte l'histoire d'un homme obèse, père d'un enfant profondément handicapé mental et dont la relation avec sa mère est presque haineuse et morbide. Il lui reproche de lui avoir confisqué une biographie imaginaire sur son défunt père. L'homme obèse pense, grâce à un contact tactile permanent, rester en contact avec son enfant. En fait il devient lui-même fou. L'homme obèse arrive finalement à faire front à sa folie quand deux événement se produisent: 1) une missive de sa mère lui relève la raison pour laquelle s'était muré dans le silence à la fin de sa vie ainsi 2) une confrontation avec des voyous lui démontrant que le lien qu'il croyait avoir créé avec son fils était illusoire.
La troisième nouvelle "Agwîî le monstre dans les nuages" narre l'histoire d'un étudiant qui trouve un job alimentaire très particulier: être l'accompagnateur d'un homme hanté par son passé, celui d'avoir volontairement autorisé la mort avant sa naissance de son futur enfant sur la foi d'un diagnostic médical erroné. A travers son asservissement quotidien, exclusif et passionné, aux besoins de l'enfant, ce père répète et interroge son amour pour son propre père.
La quatrième nouvelle, "le jour où il daignera sécher Lui-même essuyer mes larmes" la plus longue et la plus ésotérique avec des phrases interminables et remplies d'incidences, m'a ennuyé. le héros de cette dernière nouvelle, homme hypocondriaque, est hospitalisé pour une cirrhose du foie qu'il considère comme un cancer, mais c'est en fait la mélancolie, le souvenir de son père mort qui le terrassent.
Les quatre nouvelles ont pour point commun des réminiscences de l'enfance. Dans les trois dernières l'auteur essaierait-il de nous faire comprendre les difficultés pour échapper au piège compassionnel?
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"Dites-nous comment survivre à notre folie », le titre m'avait frappé, mais ce recueil de quatre nouvelles de l'écrivain japonais Kenzaburo Oé est resté longtemps à m'attendre sur une vague liste de livres à lire. Ce n'est qu'après le décès de l'écrivain cette année et surtout après avoir écouté la très intéressante émission que France Culture lui a alors adressée ("Kenzaburō Ōe, écrivain abandonné ?" du 29/03/2023) que je me suis enfin décidé enfin à le lire.

Ces nouvelles publiées entre la fin des années 1950 et le début des années 1970, narrent des histoires fictives mais non sans liens avec la biographie de l'auteur.

Le livre s'ouvre sur « Gibier d'élevage », un récit à hauteur d'enfant (l'auteur a lui-même 10 ans à la fin de la guerre) qui aborde la séquestration d'un soldat ennemi, un noir américain dans un petit village japonais pendant la seconde guerre mondiale. Durant la captivité du militaire se tisse une relation paradoxale qui mélange fascination, racisme et une forme d'affection mêlée de méfiance. Un texte marquant et réussi.

Vient ensuite, « Dites nous comment survivre à notre folie » qui donne son nom à l'ouvrage : un texte touchant et un brin mélancolique qui parle du lien entre un père et son fils. La détection d'une anomalie de vision du fils et l'indépendance relative de ce dernier grâce à de nouvelles lunettes va briser le lien de dépendance qui liait de manière fusionnelle le père et l'enfant. Une nouvelle poignante qui ne peut que rappeler le lien de l'auteur avec son fils handicapé de naissance.

« Agwîî le monstre des nuages » raconte ensuite l'histoire d'un étrange job étudiant : un jeune homme est embauché pour accompagner et surveiller un compositeur dérangé. Dans un style très prenant, Oé nous parle de la frontière entre raison et folie, réalité et mirage, vie et mort. Un sans-faute.

La dernière nouvelle, « le jour où il daignera », est la plus longue mais aussi la plus difficile d'accès. Plus cryptique que les précédentes (mêlant souvenirs de la guerre et réalité déformée), je m'y suis globalement ennuyé pendant une cinquantaine de pages avant d'en cerner véritablement les enjeux et de pouvoir l'apprécier. Contrairement aux trois premières j'en garde un gout mitigé.

Les nouvelles de ce livre nous décrivent réalité dure, crue, grotesque, drôle et triste à la fois. Des thèmes récurrents comme la relation à la mère (immanquablement dure et autoritaire) et au père (absent ou incapable), le rapport au handicap, à la dépendance et le glissement vers la folie jalonnent le livre. Ce fut mon premier livre de l'auteur mais cela ne sera pas le dernier : l'écriture est limpide et j'ai beaucoup aimé la manière dont Oé nous raconte ses histoires à la première personne avec des protagonistes et des sentiments souvent équivoques mais qui n'en sont que plus intéressants. Pour les amateurs de podcasts : n'hésitez pas à vous faire une idée via l'émission de France Culture citée plus haut qui vous donnera un intéressant aperçu de cet auteur.
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Je ne connaissais pas du tout, j'en ai entendu parler à la radio dans une émission sur Faulkner. J'ai suivi les conseils de lecture de l'invité, et j'ai trouvé ce livre d'occasion sur recyclivre ce qui m'a permit de m'offrir une chouette édition Gallimard au passage.
Jusque là tout va bien, je me jette sur ma nouvelle trouvaille avec hâte et me lance dans la lecture de la première des quatre nouvelles qui composent le bouquin. Un peu de mal à trouver mon rythme de croisière au début, l'écriture n'est pas évidente, ça vient peut-être de la police, à moins que ça ne soit la traduction ou une dyslexie...Bref, je peine mais je pressens que mes efforts valent le coup. En effet, avec l'irruption du soldat noir dans l'intrigue, je ne lâche plus l'histoire. La tension dramatique est très prégnante, les liens humains qui se tissent sous nos yeux nous font redouter le pire...Et c'est tout, je ne divulguerai rien.
La deuxième nouvelle est je pense d'un ordre plus intime, parce que si j'ai bien compris, l'auteur est lui même père d'un enfant handicapé mental. Cela dit, ça ne ressemble à rien de ce que j'avais pu lire ou entendre sur le sujet. La filiation est un sujet très important chez Kenzaburô Ôé, mais ici, le rapport père-enfant est totalement fusionnel, la communication par le corps est très bien décrite et assez émouvante d'ailleurs. le non-verbal tient lui aussi une place particulière dans l'oeuvre qui explore des façons très singulières d'être-au-monde. Les rapports familiaux sont complexes, les identités se mêlent, les interprétations du réel aussi, c'est peut-être là le rapport avec l'écriture de Faulkner, une impression de lire à plusieurs niveaux en même temps.
La quatrième histoire est peut-être la plus ardue à saisir, c'est presque une analyse avec l'exécutrice testamentaire dans le rôle de la psy. le narrateur est en proie à un cancer du foie et livre un récit de son existence entre une mère hostile et un père martyr sur fond de seconde guerre mondiale. C'est très étrange à priori quand on n'a pas saisi la manière de peindre de l'auteur. En fait, on se sent "étranger" malgré les nombreuses références à l'occident, mais pas seulement parce qu'on est au Japon, parce qu'on est véritablement dans la psyché du narrateur en train de mourir, avec toutes ses contradictions, ses phantasmes, sa souffrance. Je crois que je n'ai pas su pénétrer ce monde sans me sentir de trop.
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Ces quatre récits croisent des thématiques et des situations assez analogues. Les protagonistes sont souvent confrontés aux traumatismes et à la marginalité de leur origine, ainsi qu'aux "coups du sort" qui bouleversent les perspectives. Des vies chamboulées à l'image du Japon des années 1930 aux années 1950, qui passe radicalement de l'autoritarisme et du bellicisme les plus durs à la démocratie et à la pax americana. Enfin, la virtuosité littéraire de Oé fait merveille dans le dernier récit. Il s'amuse à brouiller les pistes et les voix narratives et nous laisse tâtonner un peu dans l'esprit égarés du héros. C'est magistral, c'est de la très grande littérature.
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Ce recueil est composé de 4 nouvelles ayant pour thème la folie.

Elles prennent naissance dans les expériences personnelles de Ôé : la guerre (L'auteur avait 10 ans en 1945) et la naissance de son fils Môri ( Eoyore) atteint d'une déficience mentale qui bouleversera sa vie en lui révélant le véritable chemin. 

GIBIER D'ÉLEVAGE est celle qui m'a le plus marqué (Chronique précédente).

DITES NOUS COMMENT SURVIVRE À NOTRE FOLIE, un père fait le lien entre notre monde et celui de son fils handicapé mental pour permettre à son fils de percevoir autrement, c'est la fusion entre les deux. Magnifique nouvelle d'amour et de tendresse d'un père qui cherche à atteindre et à attirer son fils.

AGWÎÎ, LE MONSTRE DES NUAGES, c'est l'histoire d'un musicien qui se retire du monde et qui discute avec un nuage que lui seul voit et sent et qui serait son fils mort à la naissance.

LE JOUR OÙ IL DAIGNERA LUI MÊME ESSUYER MES LARMES, Un homme est alité à l'hôpital, persuadé qu'il est atteint d'un cancer du foie et qu'il vit ses derniers jours. Les médecins le contredisent, le mal serait moins grand. Il est pris pour un fou. Je ne connaîtrais pas tout de suite le fin mot de cette nouvelle que j'ai lu à moitié,  trouvant que l'auteur tournait en rond. 

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Pour avoir lu et apprécié quelques livres de littérature japonaise, "Dites-nous comment survivre à notre folie" m'a littéralement tapé dans l'oeil, pour son titre d'abord parce que la folie, je la sens s'insinuer dangeureusement tout autour de moi, et peut-être en moi aussi, allez savoir. Et par l'illustration de sa couverture, qui dénote bien l'atmosphère de ces nouvelles. Vaporeuses comme la légèreté de ces petites fleurs. Déroutantes comme le regard en coin de ce jeune garçon.

Quatre nouvelles qui m'ont toutes perturbées en fait. Les sujets traités ? le style ? Je ne sais trop.

- Gibier d'élevage : relate la relation d'enfants envers un Noir emprisonné dans une cave d'une des maisons du village, la "mairie" ne sachant quoi en faire et attendant les ordres d'en haut.

- Dites-nous comment survivre à notre folie est l'histoire d'un obèse et de son fils handicapé mental, du lien qui les unit et de la découverte par le père que son garçon n'a pas nécessairement besoin de lui pour vivre.

- Agwûû le monstre des nuages : ma préférée. le narrateur obtient un emploi : servir de "nounou" à un prodige de la composition musicale qui s'est retranché dans son monde, affublé d'un ami imaginaire.

- le jour où il daignera... Un homme parle à son cancer ou à son infirmière. Lecture abandonnée car je n'ai rien compris.

Trop intellectuel pour moi.
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Dite nous comment survivre à notre folie est un recueil de quatre nouvelles.

Gibier d'élevage

Gibier d'élevage se déroule dans un village isolé, arriéré au sortir de la seconde guerre mondial. La découverte d'un soldat noir, rescapé d'un accident d'avion vas provoquer quelques remous dans le village. un texte misanthrope ou tout le monde méprise tout le monde et ou l'incompréhension règne en maître. Comme on peut s'y attendre, le soldat est traité comme du bétails, animalisé. il est décrit à la fois comme une bête féroce et docile, se qui donne tout sont sens au belle oxymore du titre. La finesse du texte provient dans le fait que les villageois sont tout autant animalisés que le soldat prisonnier, ils n'ont d'ailleurs pas de prénom ou nom, juste un sobriquet désobligeant, renforçant ainsi le sentiment d'un gibier d'élevage.

Dite nous comment survivre à notre folie

La seconde nouvelle est basé sur les rapport père-fils entre un fils handicapé et un père obèse (on apprend qu'il fait 80 kilos, se qui semble être considéré comme obèse dans le Japon des années 60) Un texte assez émouvant mais trop de digressions font perdre le fil, se qui est une constante sur l'ensemble du livre.

Agwi le monstre des nuages.

Un étudiant est embauché par le père d'un musicien à succès, pour veiller sur sont fils lors de ses sorties en ville. En effet ce musicien est en proie à d'étranges visions et il serait mal venu pour la carrière du jeune homme qu'il fasse quelques esclandres en publique. C'est donc la mission confié au narrateur d'éviter tout débordement.

Le jour ou il daignera...

Est une nouvelle très ambigu et difficile à suivre. Un homme est allongé sur un lit d'hôpital, attendant la mort, imminente dû à son cancer au foie. Mais le personnels de l'hôpital n'est pas du même avis. difficile de discerner le rêve de la réalité et la folie de la raison dans cette nouvelle trop difficile à comprendre que je n'ai pas fini (lâchement)

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Je dois avouer que j'avais un peu peur de me frotter à Ôé Kenzaburô, peur de trouver ces textes trop intellectuels ou hermétiques.
Mais, bien m'en a pris de lire ce recueil de quatre nouvelles.
Bien sûr, le dernier de ces textes – et le plus long -, le jour où il daignera lui-même essuyer mes larmes, est plus exigeant me semble-t-il à cause de son développement. le personnage est-il fou – il porte constamment des lunettes de plongée - ou malade d'un cancer du foi ? Sur son lit d'hôpital, Il dicte ce qu'il appelle une « Chronique de ce temps » à une exécutrice testamentaire. le passé et le présent se mélangent dans une langue très élaborée.
Ôé décrit des êtres en mal de communication soit, parce qu'ils sont autistes, « fou » ou prétendument fou, reclus, traumatisés, ou encore parce qu'ils parlent une langue étrangère ; les relations filiales, l'enfance, la seconde guerre mondiale sont aussi les thèmes qui traversent ces nouvelles. Comment (sur) vivre à notre folie ? Comment vivre ?, l'écrivain en propose quatre variations : les personnages se débattent pour y répondre, affrontant, ou pas, le réel.
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Dites-nous comment survivre à notre folie est un recueil de quatre nouvelles avec des thèmes, des détails de narration et certains personnages qui se retrouvent d'un récit à l'autre. On y découvre des hommes singuliers qui préfèrent à l'insupportable réalité, un monde de chimères qu'ils se forgent pour lutter contre des événements qu'ils ont vécus ou subis. Ces êtres marginaux qui s'isolent de leur proches et de la communauté pour reconstruise dans le refus du fatalisme et de ce qui à été pour eux un traumatisme, une fissure dans leur existante n'en sont que plus humains, terriblement humains.


Kenzaburô Ôé explore les complexités et les ressorts de la psyché. Ce soucis d'analyse psychologique se manifeste par le recours régulier au courant de conscience ou monologue intérieur et par des phrases d'une longueur inusité. On pense parfois à Proust ou à Albert Cohen. Lorsqu'on sait, en plus, que l'auteur à été primé par le prix Nobel 1994, c'est assez dire tout le profit qu'on peut attendre du présent ouvrage et l'envie de retourner dans l'univers singulier de Kenzaburô Ôé
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Dites-nous comment survivre à notre folie” de Kenzaburo Oe (Prix Nobel de Littérature 1994) regroupe quatre nouvelles d'inspiration autobiographique. Difficile enfance dans le Japon en guerre, relations complexes avec père, mère et fils, coexistence et entremêlement du mythe, du rêve, de la folie et du souvenir. Des textes denses et exigeants qui plongent le lecteur dans un univers sans concession, à la violence latente et toujours au bord de l'aliénation.
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