Je ne connaissais pas du tout, j'en ai entendu parler à la radio dans une émission sur
Faulkner. J'ai suivi les conseils de lecture de l'invité, et j'ai trouvé ce livre d'occasion sur recyclivre ce qui m'a permit de m'offrir une chouette édition Gallimard au passage.
Jusque là tout va bien, je me jette sur ma nouvelle trouvaille avec hâte et me lance dans la lecture de la première des quatre
nouvelles qui composent le bouquin. Un peu de mal à trouver mon rythme de croisière au début, l'écriture n'est pas évidente, ça vient peut-être de la police, à moins que ça ne soit la traduction ou une dyslexie...Bref, je peine mais je pressens que mes efforts valent le coup. En effet, avec l'irruption du soldat noir dans l'intrigue, je ne lâche plus l'histoire. La tension dramatique est très prégnante, les liens humains qui se tissent sous nos yeux nous font redouter le pire...Et c'est tout, je ne divulguerai rien.
La deuxième nouvelle est je pense d'un ordre plus intime, parce que si j'ai bien compris, l'auteur est lui même père d'un enfant handicapé mental. Cela dit, ça ne ressemble à rien de ce que j'avais pu lire ou entendre sur le sujet. La filiation est un sujet très important chez Kenzaburô Ôé, mais ici, le rapport père-enfant est totalement fusionnel, la communication par le corps est très bien décrite et assez émouvante d'ailleurs. le non-verbal tient lui aussi une place particulière dans l'oeuvre qui explore des façons très singulières d'être-au-monde. Les rapports familiaux sont complexes, les identités se mêlent, les interprétations du réel aussi, c'est peut-être là le rapport avec l'écriture de
Faulkner, une impression de lire à plusieurs niveaux en même temps.
La quatrième histoire est peut-être la plus ardue à saisir, c'est presque une analyse avec l'exécutrice testamentaire dans le rôle de la psy. le narrateur est en proie à un cancer du foie et livre un récit de son existence entre une mère hostile et un père martyr sur fond de seconde guerre mondiale. C'est très étrange à priori quand on n'a pas saisi la manière de peindre de l'auteur. En fait, on se sent "étranger" malgré les nombreuses références à l'occident, mais pas seulement parce qu'on est au Japon, parce qu'on est véritablement dans la psyché du narrateur en train de mourir, avec toutes ses contradictions, ses phantasmes, sa souffrance. Je crois que je n'ai pas su pénétrer ce monde sans me sentir de trop.